Apprendre à penser autrement
L’émergence du marché de l’information
Pour comprendre la genèse de l’EGE, il faut remonter à la fin des années 80 quand le Japon se hisse à la 1re place des puissances économiques sur le marché des technologies de l’information. Le gouvernement américain commande alors un rapport à la CIA : le désormais célèbre rapport Japan 2000. Ce dernier démontre la mise en place par le Japon d’une doctrine d’intelligence économique aussi puissante que discrète. Ce rapport va bouleverser les priorités nationales américaines, qui n’est plus de battre l’Union soviétique en déliquescence depuis 91, mais défendre leurs intérêts économiques. Leurs nouvelles priorités deviennent le soutien aux technologies comme le démontre l’émergence de la Silicon Valley, mais plus généralement le monde immatériel, ou les technologies de l’information allaient jouer un rôle de plus en plus décisif.
La naissance de l’IE à la française
En France, la sortie l’étude Techniques offensives et guerre économique, rédigée par Christian Harbulot pour le compte du Ministère de la Recherche, donne lieu à une rencontre avec Mme le premier Ministre Édith Cresson, lorsqu’elle était encore aux Affaires Etrangères. Ces échanges ont donné naissance à un groupe de travail présidé par Henri Martre, alors Commissaire Général au Plan. Le Rapport Martre devient alors le 1er rapport sur la nécessité d’appréhender les rapports de force économiques et la genèse de l’intelligence économique à la française.
Le 1er think tank de l’IE
De ce rapport nait alors un dialogue entre plusieurs acteurs de 1er ordre, dont certains du Ministère de la Défense et en particulier du Renseignement. Christian Harbulot rencontre alors un certain nombre de profils engagés dans la défense des intérêts français comme le Général Mermet, ancien directeur de la DGSE le Général Alain de Gaigneron de Marolles, et le Général Pichot Duclos, ancien directeur de l’EIREL (l’Ecole Interarmées du Renseignement et des Etudes Linguistiques). Le mélange de culture entre militaires et Christian Harbulot, anciennement militant maoïste, donne tout son sens aux dialogues autour des cultures du renseignement.
Au début des années 90 voit le jour un groupe de réflexion, Intelco, sous l’impulsion du Contrôleur Général des Armées Yvon Jouan, hébergé par le groupe DCI (opérateur de référence du Ministère des Armées pour le transfert de savoir-faire militaire à l’international) qui permet la rencontre des bâtisseurs de l’IE comme Nicolas Moinet, Bruno Delamotte, Laurent Hassid…
De ces travaux et rencontres donnent naissance à une Ecole : l’Ecole de Guerre Economique en 1997.
La naissance de l’EGE
L’EGE est créée en septembre 1997, sous la gouvernance bicéphale du Général Pichot Duclos et Christian harbulot, pour traiter des affrontements économiques, de l’importance des grilles de lecture et du patriotisme économique (La France doit dire Non). Loin des critères universitaires qui tournent le dos à cette nouvelle démarche, hormis certains pionniers comme Philippe Baumard, Pierre Fayard… L’EGE enseigne alors à ses premiers élèves le « Penser autrement » qui sert encore aujourd’hui d’approche fondamentale de la pédagogie. La géoéconomie, la collecte d’information par les technologies Internet, la guerre de l’information… furent autant de matières pionnières de la discipline. Cette approche profondément nouvelle du marché de l’information est alors enseignée, loin de l’approche anglo-saxonne de la Business Intelligence. Un deuxième rapport en 2004 vient appuyer le développement de l’Ecole : le rapport Carayon. Ce dernier est écrit par le député Bernard Carayon, traitant de la nécessité de la mise en œuvre d’une politique publique d’IE, qui permis un essor considérable à la discipline, en créant notamment une structure d’Etat placée à l’époque au SGDN sous la direction de Monsieur Alain Juillet.
L’approche académique de l’EGE
Les premiers écrits et l’originalité de l’Ecole sont issus d’une approche historique des rapports de force, de grilles de lecture multiculturelles et d’un savoir-faire militaire. En effet, un certain nombre de méthodologies furent issues des doctrines militaires, et plus particulièrement de différents services de renseignement, comme des approches méthodologies de type MRT ou Medo, adaptation dans un cadre économique des enseignements militaires.
De ces travaux naissent notamment un outil « made in EGE » que sont les matrices socio dynamique ou l’analyse en 3 dimensions des rapports de force politique, économique et sociétal.
L’innovation pédagogique passe aussi par la mise en situation sur des cas réels, les travaux de groupe, et la capacité à innover pour former les étudiants au monde de demain. L’EGE devient alors leader dans l’enseignement des grilles de lecture, de l’influence ou encore de l’OSINT (Open-Source Intelligence).
La connaissance
L’un des piliers de l’Ecole s’avère être l’engagement de Christian Harbulot sur la production de connaissance. Si l’EGE est née en capitalisant sur l’ensemble des travaux d’Intelco, elle a gardé cet axe majeur et est de loin la plus importante fabrique française de contenu sur la discipline. Plutôt qu’une évaluation traditionnelle des enseignements par des QCM, la rédaction d’analyse, d’études, de rapports d’étonnements ponctue la scolarité. Ces travaux, ajoutés à l’ensemble de la production de l’Ecole se retrouve aujourd’hui dans :
- Le Manuel de l’IE (3e édition sous la coordination de Christian Harbulot).
- Une bibliographie très riche issue de l’Ecole, de son corps professoral ou son réseau.
- Les ouvrages rédigés par des groupes d’étudiants.
- Infoguerre : base de connaissance des articles et études des étudiants.
- Le Portail de l’IE : ensemble des ressources de la discipline coordonné par les anciens.
- De nombreux ouvrages comme la collection les Cahiers de la Guerre Economique.
- Plus de cent séminaires de recherche qui régulièrement anticipent la création de nouvelles formations.
- Des centaines de conférences que l’Ecole ou son réseau AEGE organisent tous les ans.
Le réseau
Le 2e pilier est né en 1998 où d’anciens élèves, autour de Charles Pahlawan, ont décidé de promouvoir le projet de l’EGE, encore considéré par beaucoup comme un OUNI (Objet Universitaire non Identifié), et de faire rayonner l’Intelligence Economique dans le paysage français. Se crée alors l’AEGE, devenu aujourd’hui le plus important réseau français dans la matière. Ce réseau aujourd’hui est unique dans l’univers de la formation puisqu’il est piloté avec la direction de l’Ecole autour d’un axe stratégique commun. En effet, non seulement il fédère l’ensemble des élèves et diplômés de l’EGE, mais il est un des plus importants acteurs français de l’intelligence économique par l’émergence de ces clubs qui, dans leurs écosystèmes, sont devenus des moteurs de la discipline (club Risque, Club Défense, Club Cyber, club OSINT…). Pour porter l’ensemble de la connaissance de la communauté de l’EGE, l’Association a créé en 2010 le Portail de l’IE, aujourd’hui le plus important site d’intelligence économique français.
L’EGE à l’aube des années 2020
De la stratégie élaborée en 1993 par le rapport Martre, avec une pédagogie innovante et les deux piliers que sont la connaissance et le réseau, l’EGE s’est hissée en tête de la formation française en intelligence économique, en particulier au profit de professionnels. Si la formation « Stratégie et Intelligence Economique » reste sa formation d’excellence, elle propose aujourd’hui un ensemble de programmes, pour un public d’étudiants (M1 et M2) comme de professionnels sur des produits de formations diplômantes, certifiantes comme de Masterclass. Elle a aussi mis en place une filiale au Maroc qui propose des formations exécutives pour les dirigeants marocains et africains.
Si la discipline enseignée à sa création était le management offensif de l’information (Collecte, analyse et influence), les programmes traitent aujourd’hui des métiers de l’information en général, et plus particulièrement du risque, qu’il soit en sureté ou Cybersécurité, mais aussi de l’intelligence juridique, de l’intelligence et innovation… Et plus généralement du traitement de l’information au sein des organisations.
Pour se projeter dans le monde éducatif de demain au cœur du marché de l’information, l’EGE ne cherche pas à s’identifier à un modèle classique d’une Business School, mais de se positionner sur un modèle d’artisanat d’art en ambiance start-up, à la croisée d’un Institut d’Etude Politique, d’une Ecole d’ingénieur, d’une université et d’une Ecole de Commerce.
Si les valeurs comme la camaraderie et l’aventure humaine sont l’essence même de son patrimoine, l’EGE promeut une certaine éthique des affaires, la défense des intérêts français, et une nouvelle approche de la compétitivité à l’international.
L'école en chiffres
La production de la connaissance est le fil rouge pédagogique de l'Ecole de Guerre Economique
L'équipe de direction
La proximité et la disponibilité de la direction de l'Ecole est aujourd'hui une "marque de fabrique" de l'Ecole de Guerre Economique.
L'esprit de famille qui y règne, les nombreux events, l'implication du corps professoral, tout cela favorise les échanges entre les anciens et les promotions en cours de formation, offrant ainsi les meilleures conditions de travail pour mener à bien les différents projets.