De nos jours, la bataille économique entre les différentes entreprises d'un secteur ne se fait pas sans une certaine course à l'innovation. Dans ce contexte, la moindre avance technologique peut être décisive pour l'une et fatale pour les autres restées en arrière. Pour remédier à cela, la plupart des entreprises mettent en place une veille technologique.
Qu'est-ce que la veille technologique ?
Par définition, la veille technologique est un procédé par lequel les entreprises et acteurs d'un secteur surveillent les avancées technologiques et les innovations par tout moyen disponible pour se tenir à jour et ne pas rester en retrait de la concurrence. C'est un processus systématique, qui s'effectue de manière continue tout au long de la vie de l'entreprise, et qui concerne en général tous les participants à leur niveau.
Cette surveillance peut prendre différentes formes, notamment la collecte de sources d'informations officielles et publiques (revues spécialisées, brevets déposés…), mais aussi les tendances émergentes sur les marchés concurrents, voire des marchés d'autres pays qui pourraient être en rapport.
Cette analyse continue permet aux entreprises, institutions et organisations de rester à la pointe de la course et de ne pas se laisser distancer.
La veille technologique a aussi pour rôle de garder un œil attentif sur les évolutions réglementaires et législatives du domaine de l'entreprise. En effet, il est courant qu'une innovation technique, par ses répercussions importantes sur la façon de travailler ou sur la vie privée des usagers, nécessite une adaptation rapide des lois. La veille est donc le meilleur moyen pour une entreprise de demeurer en conformité avec les textes qui régissent son domaine. Par exemple, les évolutions technologiques dans la connectivité et le partage d'informations numériques ont très rapidement conduit le législateur à mettre en place des limites et des cadres d'emploi auxquels il est difficile et dangereux de déroger. Grâce à la veille technologique, les entreprises ont par exemple pu réagir rapidement à la promulgation du RGPD en adaptant immédiatement leur politique de collecte, traitement et diffusion des données personnelles. Un simple retard dans ce domaine aurait pu avoir d'importantes conséquences.
Dans certaines conditions, elle peut devenir une véritable veille stratégique, en permettant d'identifier de potentiels partenaires. Une entreprise pourra facilement voir son intérêt à communiquer avec une autre pour partager et mettre en commun leurs avancées, et ainsi prendre la tête de la concurrence en collaborant l'une avec l'autre. Ce type de situation arrive très souvent dans le monde de l'informatique et les IT companies. Les exemples de rachat et partenariats sont nombreux, notamment lorsqu'il s'agit d'applications innovantes, ou des nouvelles fonctionnalités des réseaux sociaux.
La veille technologique est donc un outil stratégique avec lequel chacun peut participer au développement de l'entreprise en mettant en avant une approche proactive qui permettra d'anticiper les difficultés et de réorienter les axes d'efforts à long terme.
La priorité pour 2024 étant l'environnement, la plupart des entreprises restent vigilantes en ce qui concerne de nouvelles restrictions (émission de CO2, bilan écologique, recyclage…) et commencent dès lors à adapter leurs modes de fabrication ou de fonctionnement par anticipation. Ce faisant, elles ne seront pas mises en défaut et ne se laisseront pas distancer par les autres. Une veille technologique informatique est donc en général mise en place pour surveiller les résultats des colloques, conférences, meetings… Ce faisant, il est facile pour elles de voir émerger de nouvelles tendances et d'anticiper les futures restrictions.
Comment faire de la veille technologique ?
La veille technologique est un outil à la disposition des entreprises pour suivre les dernières avancées qui les intéressent. Ce processus répond presque toujours aux mêmes principes de fonctionnement.
À savoir, premièrement, la définition des objectifs. Il faut en effet savoir ce que l'on recherche parmi les montagnes d'informations disponibles. L'approche sera différente selon que l'on souhaite identifier des partenaires potentiels, surveiller l'avancée des concurrents, rechercher de nouvelles opportunités, faire un point sur les nouvelles tendances du marché…
Il faudra ensuite sélectionner les sources d'information en fonction de ces objectifs. Pour voir émerger des tendances, la participation à des forums ou la veille des réseaux sociaux peut suffire. En ce qui concerne les avancées réglementaires, il faudra aussi garder un œil sur les conférences et colloques politiques. En revanche, dans certains domaines très techniques, il faudra un suivi régulier des revues et sites web spécialisés, voire suivre la publication des nouveaux brevets ainsi que les publications académiques.
De nombreux outils existent pour faire une veille technologique. Il s'agit pour la plupart d'outils informatiques, car 99 % des sources d'informations sont aujourd'hui numériques. Les spécialistes utiliseront donc des logiciels d'agrégation de contenu, qui permettent de scanner le web à la recherche de mots clés bien précis et de recevoir des alertes lorsque certains sujets sont abordés. Ces mêmes outils permettent de dresser une carte des tendances émergentes.
Sans être un spécialiste de la veille informatique, de nombreuses entreprises préconisent à leurs salariés et collaborateurs d'effectuer une veille sur certains sites web. Par exemple en gardant ouvert un site web dans un onglet, et en remplissant des tableaux simples, sur des sujets prédéterminés, avant de les transmettre pour analyse.
Même si la veille technologique peut être l'affaire de tous, bien souvent ce sont des spécialistes en analyse de données qui sont chargés de la mission. Une fois les informations collectées, ils seront à même de les organiser et de les filtrer, pour ensuite les analyser.
En dernier lieu, toutes ces informations doivent être transmises aux décisionnaires, et au moins discutées en réunion pour organiser la réaction de l'entreprise aux potentielles avancées mises en lumière.
Pour résumer, la veille technologique est un processus d'attention continue qui concerne tous les niveaux de l'entreprise, depuis les salariés jusqu'à l'organe décisionnel.
Quels sont les objectifs de la veille technologique ?
Les objectifs de la veille technologique sont nombreux. Mais de manière générale, on peut en identifier 3 principaux : anticiper, innover, et décider.
Anticipation des évolutions et difficultés
Comme nous l'avons vu, la veille technologique a pour principal mot d'ordre l'anticipation. Elle permet de rester à l'affût de toutes les nouvelles tendances et avancées technologiques et réglementaires. Ce faisant, l'entreprise peut anticiper ses changements d'orientation, de politique, ses modes de fabrication, voire ses campagnes de marketing. De plus, en gardant en vue la concurrence, elle peut s'adapter : soit en tentant de la dépasser, soit en envisageant une collaboration ou un partenariat.
Innovation et compétition
La veille technologique permet de tirer l'entreprise vers le haut en matière d'innovation. Les nombreuses informations rassemblées peuvent donner de nombreuses idées et inspirer les sections de recherche et développement des entreprises. Nouveaux matériels, nouvelles chaînes de fabrication, matériaux novateurs… On doit à cette perpétuelle recherche les nombreux bonds technologiques d'ampleur. Elle stimule la recherche et le développement, et force inconsciemment la totalité des acteurs d'un secteur à « rester dans la course ».
La prise de décisions pertinentes
Toute prise de décision en entreprise doit être faite à l'éclairage des nombreuses informations collectées. La qualité de l'analyse est donc primordiale lorsque l'on fait une veille technologique. D'où l'intérêt de recourir à des spécialistes de données et des data scientist, qui pourront par leur expérience et leur spécialisation conseiller les décisionnaires de l'entreprise. La veille peut servir à terme à la planification stratégique.
Comment analyser les résultats de la veille technologique
Si la collecte des informations de la veille technologique peut généralement être dévolue à tout un chacun, c'est en revanche à un spécialiste des données qu'incombe leur analyse.
Pour ce faire, la première étape sera de faire le tri parmi toutes les informations collectées pour ne garder que celles en rapport avec l'objectif que l'on s'est fixé (données relatives à la concurrence, nouveaux brevets…)
Il faudra ensuite les vérifier, ou au moins en déterminer la crédibilité. C'est probablement l'étape la plus complexe. En effet, avec l'avènement de l'intelligence artificielle et des fake news, il est devenu très compliqué de savoir reconnaître une vraie information d'une intox. Dans le doute, il vaut mieux classer les infos selon leur crédibilité et éviter de prendre des paris sur celles non sûres. Il ne faut toutefois pas les occulter totalement, car parfois, aussi improbable que soit une news technologique, elle peut aboutir sur de vrais résultats. Le mieux reste toutefois de se limiter aux médias dont la fiabilité est prouvée et reconnue, et de les sélectionner en amont pour faciliter l'analyse par la suite.
Maintenant que toutes les informations pertinentes et sures sont à disposition, c'est le moment d'identifier des tendances, des opportunités… C'est l'œil et l'expérience de l'analyste qui fera la différence ici et qui permettra le cas échéant d'apporter une vraie plus-value à l'entreprise. Pour en revenir à l'intelligence artificielle par exemple, les premiers à avoir repéré son potentiel lors de la veille technologique ont pu permettre à leur entreprise d'en faire usage avec une avance considérable.
En dernier lieu viendront la synthèse des informations, et le rapport à faire à la section ou au service chargé des décisions. Encore une fois, la qualité de la synthèse est primordiale, elle doit être claire et appuyée sur les preuves documentées, pour permettre de prendre de rapides décisions. Elle doit aussi permettre d'évaluer le ratio risques/bénéfices avec le moins de marge d'erreur possible. Même si le risque zéro n'existe pas.