Une lecture des stratégies par le contenu de la guerre informationnelle entre la Russie et la France en Afrique

Le 16 décembre 2020, le magazine Jeune Afrique révèle une guerre d’influence sur Facebook entre la France et la Russie en Afrique, en particulier en Centrafrique et au Mali. Dix jours plus tard,  l’information est reprise et développée par le quotidien Le Monde qui titre sur une « guerre informationnelle ». Dans le prolongement de ces articles, d’autres médias, en particulier français reprendront l’information. En effet, Facebook a détecté des comptes dont l’action est coordonnée et identifie des opérateurs Russes et Français derrière ces pages et profils. Le théâtre numérique de ces opérations s’étend à Instagram, YouTube et Twitter. Chaque partie prenante pratique la défense de leurs intérêts nationaux ou la décrédibilisation et le dénigrement des intérêts adverses. La rhétorique  des publications s’articule autour d’un sentiment anti-français en Afrique au regard du passé colonial de la France. L’opérateur de réseaux sociaux ferme les comptes identifiés. L’observatoire du numérique de l’université Stanford associée à la société d’analyse de contenus numériques Graphika produit un rapport d’analyse sur le sujet.

La guerre informationnelle concernant la présence de la France dans le Sahel a déjà été précisément étudiée. Mais l’affrontement numérique révélé par Facebook est différent :

  • Premièrement, la géographie de ce conflit d’influence dépasse la seule bande sahélienne pour s’étendre jusqu’en Afrique du sud et englobe même Madagascar, avec certes moins d’intensité.
  • Deuxièmement, il s’agit réellement d’un engagement de deux parties distinctes, comme le révèlera Facebook.
  • Troisièmement, c’est la première fois, selon le réseau social, qu’il constate une opération de cette nature, menée par deux puissances en interaction directe et frontale.

La Turquie et la Chine sont aussi évoquées dans la presse comme étant des puissances propageant un sentiment anti-français en Afrique, sans pour autant donner de preuves ni énoncer de faits tangibles ou pouvant se rapporter à de telles affirmations, à ce stade. Elles ne figurent pas dans le rapport Stanford-Graphika

Les parties prenantes

Les deux parties prenantes sont la Russie et la France. La Russie est à l’œuvre depuis 2015  dans des opérations d’influence numérique en Afrique à travers deux sociétés. La première est la société Wagner, agence de sécurité privée fournissant des mercenaires sur différents théâtres d’opérations dans le monde. La seconde est l’IRA, Internet Research Agency, considérée comme une officine du Kremlin pour des opérations numériques d’influence.

Les opérations conduites par les sociétés Wagner et IRA en 2015, relatées notamment par Jeune Afrique, concernent l’influence numérique dans les opérations électorales au Mozambique et à Madagascar. Facebook est alors déjà intervenu pour fermer les comptes impliqués dans ces manœuvres. Ces sociétés sont dirigées par Evgueny Prigojine, réputé proche de Vladimir Poutine. Evgueny Prigojine est précisément identifié et nommé par le rapport de Stanford-Graphika.

La France, pour sa part, opère à travers des agents du  Ministère français de la défense. Le rapport de l’université Stanford identifie en effet des liens avec des militaires français, ce que n’infirme pas la déclaration du porte-parole de l’Etat-Major des armées suite aux sollicitations de la presse.

Enjeux

Ces opérations d’influence engagées par la Russie peuvent être lues en premier lieu sous à l’angle de rapport de puissances sur le continent africain. Un objectif clairement identifié de l’offensive russe sur ce terrain est la démarche de déstabilisation de dirigeants au pouvoir, dans la perspective des élections à venir dans les pays concernés. Toutefois, le sentiment anti-français qu’elles nourrissent contribue significativement à la dégradation du climat des affaires pour les intérêts français, commerciaux ou industriels.

L’impact économique de cette perception de la France est observé. Des acteurs économiques de premiers plans constatent un affaiblissement des relations d’affaires françaises dans différents pays pour cette raison. On peut donc aussi lire cet engagement comme une guerre informationnelle impactant la sphère économique. Les acteurs économiques africains peuvent en effet se demander pourquoi nouer des relations d’affaires la France, comme dans un bégaiement de l’histoire, plutôt que d’envisager de nouveaux horizons. De même pour la société civile, en termes de modèle de consommation et de relation à l’Autre.

Un enjeu de la campagne russe sur les réseaux sociaux est de bâtir un agenda de l’opinion publique sur le thème d’un néo-colonialisme français en Afrique. Une réflexion facilitée par le contexte d’offres diversifiées de partenaires économiques potentiels, dans un contexte de ruée vers l’Afrique sub-saharienne de la Chine, de l’Inde, de la Russie, de la Turquie, du Japon, mais aussi de l’Allemagne pour ne citer que les acteurs les plus importants.

Analyse de la guerre informationnelle

Notre analyse ne portera pas sur les questions géopolitiques et de puissance en tant que telle. Notre étude porte, dans ce contexte de rapports de puissances, sur la stratégie informationnelle en termes de contenus et des méthodes qui y sont liées. L’ensemble des références aux contenus et moyens de cet affrontement cognitif sur lesquelles nous structurons notre analyse est à retrouver dans le rapport Stanford-Graphika.

Les comptes des réseaux sociaux impliqués étant fermés, il est difficile d’en analyser les contenus, notamment les commentaires sur les réseaux sociaux. Nous nous intéressons donc ici essentiellement aux lignes de forces qui structurent la stratégie des parties prenantes. Toutefois, le rapport de Stanford-Graphika contient des captures d’écran qui nous permettent de prendre connaissance de certains de ces contenus. Nous serons ainsi en mesure de formuler certaines remarques sur les narratifs utilisés par chacune des parties. Les stratégies cognitives offensives russes et contre-offensives françaises se déclinent à partir d’outils numériques similaires sur des modalités différentes.

Décryptage de la stratégie russe : une structuration très aboutie

L’offensive cognitive russe semble être le produit d’une préparation précise. La lecture que nous faisons de la stratégie russe s’articule sur un contenu et une méthode. La construction des éléments de langages est fondée sur  des représentations dans l’opinion publique africaine de l’histoire coloniale africaine de la France. L’objectif opérationnel est l’exacerbation du ressentiment générée par cette histoire coloniale.

Les narratifs inscrivent cette histoire dans le présent par une rhétorique sur la recolonisation de l’Afrique par la France, sur les plans :

  • Militaires à travers la construction d’un imaginaire autour de Barkhane.
  • Economiques.

C’est un point central d’une stratégie cognitive : pointer les contradictions de son adversaire. Ici, la contradiction réside entre le discours institutionnel français actuel sur le partenariat avec les acteurs africains d’une part et, d’autre part, sa mise en perspective historique du passé colonial et postcolonial[1] qui a spolié l’Afrique de ses ressources naturelles et humaines.

Le matériel narratif structuré autour du sentiment anti-français construit une représentation de la France fondée sur : la déloyauté, la subversion, le mensonge, la dissimulation, l’hégémonie. L’observation des publications russes à travers les captures d’écrans du rapport Stanford-Graphika montre la construction de storytelling[2], c’est-à-dire d’une mise en récit.

L’idée principale russe est d’insérer les narratifs de subversion dans la mise en forme d’un récit qui va contribuer à en faciliter la diffusion, l’appropriation et à terme l’accréditer. La qualité de réception d’un message augmente en l’inscrivant dans une histoire[3]. L’exactitude qui paie se situe au niveau des faits. Le mensonge nécessaire, et qui paie aussi, se situe au niveau des intentions et des interprétations. Telle est la règle fondamentale d’interprétation de la propagande. [4]» Notons que dans ce cas précis, outre un objectif d’affaiblissement de la France dans l’imaginaire des populations cibles, la propagande russe a un effet plus large. En effet, elle contribue à (re)construire des identités nationales par le récit, principe structurant de la fondation des identités nationales[5].  Ce faisant, cette stratégie fonde cette identité sur la construction d’un ennemi[6], méthode dont les effets sont particulièrement puissants. L’ennemi, ici français, devient le nœud du récit identitaire et la trame de l’identité qu’il tisse.

Le recrutement des relais locaux est un point très important de cette démarche. Les Russes ont commencé depuis longtemps à sensibiliser le terrain cible en partant des acquis subversifs de la guerre froide et notamment de leur mode de soutien cognitif aux mouvements qui luttaient contre les puissances coloniales. Ils ont donc éveillé un écho parmi les nouvelles générations de militants qui s’inscrivent dans la continuité de ce débat. Ce point est capital pour comprendre leurs capacités de pénétration dans la société civile « africaine ».

Enfin, l’approche russe valorise les initiatives russes en Afrique. Pour ce pays qui n’a pas de contentieux historiques avec les pays cibles, il se construit par effet de comparaison une figure russe pour laquelle il n’y pas d’hostilité, présente sur le terrain dans un esprit d’entraide, d’échange sans a priori.

Sur le plan de la méthode en lien avec les contenus, les Russes ont choisi les réseaux sociaux comme espace d’affrontement et de diffusion d’influence, particulièrement Facebook,  comme une  arène cognitive[7]. L’objectif est de toucher largement la société civile des pays cibles dans la perspective de « construire des perceptions du monde [et] de ses enjeux […] [8]». Cette stratégie se traduit opérationnellement notamment par la constitution de forums de discussions. Ce choix a un double effet. D’une part, à travers la constitution d’une communauté numérique globale anti-française structurée par un archipel de communautés articulées autour d’ancrages cognitifs plus spécifiques dans lesquels les internautes se reconnaissent plus particulièrement, dans une forme d’intimité[9].

D’autre part, à travers ces communautés la méthode russe travaille sur des relais d’opinion dont la vocation est à terme de faire passer le discours anti-français du territoire numérique au territoire physique. Cette méthode d’ « ambassadeur » est un principe connu des praticiens de la politique et de la communication de masse[10] et depuis du marketing digital. 

On observe enfin le ciblage d’un niveau de langue, de syntaxe et de forme narrative qui « sonne » réseaux sociaux et territoires-cibles, ce qui contribue à ancrer le récit dans le réel et accrédite le propos. Dans ce cas, à nouveau, on peut penser à un travail en amont et/ou à l’action de collaborateurs locaux.

La contre-offensive cognitive française

La contre-offensive française présente des éléments de méthodes similaires à la stratégie russe, mais moins de diversité de nature de contenus. L’usage de l’image et de l’iconographie structure la diffusion des contenus de la réponse française. Ainsi, la contre-offensive française est majoritairement articulée autour de contenus de dénonciation des attaques anti-françaises par la démonstration qu’il s’agit de fake-news. Les captures d’écran observables dans le rapport Stanford-Graphika présente notamment un travail par comparaison, notamment entre image originale et image modifiée ou détournée de son contexte d’origine par la propagande anti-française.

L’axe structurant de la démarche française est donc une pédagogie des contenus, dans une fonction éducative. Le défaut de contenus des réseaux sociaux, fermés par Facebook, nous a conduits à une investigation sommaire pour tenter de retrouver et mieux percevoir les contenus français. Si les pages de réseaux sociaux sont fermées, toutefois il est possible de retrouver des contenus à partir des noms de comptes Facebook visibles dans les captures d’écran du rapport Stanford-Graphika. En effet, certains de ces noms d’emprunts ont signé des articles ou commentaires sur des sites locaux toujours accessibles.

Ainsi, l’un d’eux notamment, dénonce l’intention de la Russie d’exploiter les ressources naturelles du continent. Il dénonce aussi l’existence de comptes Facebook pro-russes visant à influencer l’opinion publique.  De plus, il pointe « un simulacre de formation militaire russe » comme une parodie de la coopération. Il évoque aussi des fournitures d’armes obsolètes. Sur ce plan, il s’agit d’une réponse à des posts Facebook russes, qui ne sont pas mentionnés dans l’article, valorisant la fourniture de matériels militaires russes, notamment des chars au profit de la RCA. Enfin, il dénonce la présence de mercenaires russes relevant de la société Wagner, citant nommément Evgueny Progojine.

Une illustration ouvre l’article présentant la Russie sous la forme d’une pieuvre dont les tentacules remplissent une carte du continent africain et se saisissent de diamants et de lingots d’or. Un dessin se trouve sur le front de la pieuvre. Nous avons retrouvé ce dessin sur des photographies en ligne sur les uniformes de mercenaires correspondant au logo de la société Wagner. Cette illustration, qui ne saurait traduire tout ce qui a été mis en œuvre sur le plan des contenus français dans le cadre d’une contre-offensive cognitive présente une communication argumentée et explicative. Elle semble confirmer l’axe d’une stratégie narrative pédagogique que nous évoquions.

Il s’y s’ajoute le dénigrement ou la décrédibilisation des initiatives russes et la dépréciation de l’image des Russes. Ces éléments constituent un axe narratif observé par ailleurs. Enfin, bien sûr, les contenus français valorise les initiatives françaises. La partie française met elle aussi en œuvre une stratégie de développement de forums et de communautés numériques, dont les principes et effets attendus ont déjà été décrits.

L'irruption du gouvernement français dans le conflit cognitif : une surprise stratégique ?

Un point remarquable de la communication française face aux attaques informationnelles russes est la prise de parole au plus haut-niveau de l’Etat français afin de dénoncer publiquement un processus de dénigrement de la France sur les réseaux sociaux en nommant les responsables.  Ainsi, la prise de parole publique du Ministre français des affaires étrangères, le 23 novembre 2019, au Sénat, pointant nommément Evgueni Prigogine et la société Wagner. Le ton et le propos sont sans nuance et menaçants à l’endroit de Monsieur Prigogine. Elle est suivie un an après par la prise de parole publique du Président de la République française dans une interview à Jeune Afrique, le 20 novembre 2020, dénonçant expressément les manœuvres de la Russie et de la Turquie sur ce plan.

La décision de la prise de parole publique à ce niveau de l’Etat est systématiquement l’objet d’une évaluation et d’un arbitrage. Le choix est donc signifiant. En l’occurrence, la lecture qui peut être faite est :

  • L’expression de la volonté que soit mis un terme immédiat à ces opérations d’influence par des acteurs étrangers contre la France.
  • Cette parole de l’Etat français est graduée dans le temps : l’intervention du Ministre des affaires étrangères puis, l’année suivante, celle du Chef de l’Etat qui ne peut être suivie d’aucune autre. Cette expression peut être interprétée comme marquant le terme de la phase de dialogue.
  • Le choix de s’exprimer, à ce niveau, sur ce sujet, révèle aussi l’importance de l’impact de ces campagnes d’influence anti-françaises.

Conclusion

Les effets des stratégies respectives et leur évaluation sont significativement défavorables à la partie française, tel que l’indique le rapport Stanford-Graphika[11].

L’offensive russe s’appuie sur un imaginaire existant, ancré et vivant au sein des populations cibles. La préparation russe a pris en compte le soubassement sociologique des sociétés civiles ciblées. Ce que ne semble pas avoir envisagé la partie française. La communication russe engage l’internaute par les ressorts de l’émotion et des valeurs. Ces notions sont véhiculées par la construction de récits qui en amplifient la diffusion et l’effet. La communication française, plutôt fondée sur la raison et un mode descriptif/explicatif, est moins impactante.

Le sentiment anti-français préalable et vivant favorise la partie russe. L’absence dans ces sociétés cibles d’un sentiment antirusse historique affaiblit les initiatives de dépréciation de l’image russe. On peut considérer une plus grande préparation russe, qui semble répondre à une stratégie aux buts précis. La contre-offensive française se lit plus comme une réponse tactique à une situation d’engagement qui n’aurait pas été envisagée préalablement. La question des imaginaires, au cœur des offensives russes, ne peut pas être traitée par un mouvement tactique. C’est un facteur contingent durable[12] et donc un sujet de long terme.

La confirmation par Facebook et Stanford-Graphika d’opérations d’influences menées jusqu’à présent de façon dissimulée par la France est susceptible d’être perçue plus négativement par les opinions africaines concernées, précisément du fait de la perception de ces opinions publiques à l’encontre de la France. L’expression directe de l’Etat dans un tel cadre peut alors être observée comme de nature à affaiblir sa position dans les opinions publiques concernées, mais aussi susceptible d’avoir un impact défavorable en politique intérieure française.

L’offensive informationnelle russe dans l’espace numérique a produit un encerclement cognitif tel qu’il a influencé et contraint la partie française à porter le débat hors de l’espace numérique. Pour faire face, l’anticipation et la construction de connaissance restent des facteurs déterminants. Une étude récente de la datasphère remet en perspective la stratégie russe sur les réseaux sociaux. Elle note ainsi que « la guerre informationnelle est en fait « une donnée permanente quel que soit l’état de la relation bilatérale [13]», menée en temps de paix et qui couvre « un champ très large d’activités et de processus visant à voler, installer, interdire, manipuler, détourner ou détruire de l’information ». Il y est appelé «  à une meilleure préparation des pays occidentaux face au challenge informationnel russe, alors que les trolls et les réseaux sociaux sont devenus des armes informationnelles privilégiées ».

La guerre informationnelle ou cognitive s’affirme, comme les conflits classiques, comme un système complexe[14] . Elle nécessite notamment le recensement et la meilleure combinaison des facteurs de conception en cohérence avec les facteurs contingents pour une configuration de l’organisation qui soit adaptée[15]. L’analyse des contenus de cette guerre informationnelle permet d’identifier des éléments structurants et des points d’attention pour une guerre informationnelle, spécifiquement par le contenu.

Jérôme Vellayoudom

Auditeur de la 36ème promotion MSIE

 

[1] Par postcolonial nous n’entendons pas la période historique suivant la période coloniale à partir des indépendances, mais, à partir de cette période, la permanence des structures, des interactions et des relations d’interdépendances qui sont celles de la période coloniale dans le temps présent. Cette lecture correspond à la stratégie cognitive russe visant à démontrer une permanence coloniale française.

[2] Christian Salmon, Storytelling. La machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits, La Découverte, 2007.

[3] Jérôme Bruner, Pourquoi nous racontons des histoires ? Le récit au fondement de la culture et de l’identité individuelle, AGORA, 2005

[4] Jacques Ellul, Propagandes, Economica, 2008, p.67

[5] Anne-Marie Thiesse, La création des identités nationales : Europe XVIIIème – XXème, Seuil, 1999.

[6] Pierre Conessa, La fabrication de l’ennemi : ou comment tuer avec sa conscience pour soi, Robert Laffont, 2011.

[7] Philippe Baumard, « les limites d’une économie de la guerre cognitive », in Christian Harbulot, Didier Lucas, La guerre cognitive. L’arme de la connaissance, Lavauzelle, 2002, p.44.

[8] Ibidem.

[9] Ibidem.

[10] Elihu Katz, Paul F. Lazarsfeld, Personal influence. The part played by people in flow of mass communications, Routledge, 2017.

[11]«  Across the two operations, only one French asset assembled over 4,000 followers; this was focused on Mali. The best-performing Russian page, focused on South Africa, had over 140,000 followers. In CAR itself, the best-performing Russian page, which was dedicated to President Faustin-Archange Touadéra (referred to by the page’s URL as “President FAT”), had 50,000 followers. Nineteen different pages and groups had over 1,000 followers each. By contrast, the best-performing French asset focused on CAR, the group called “anti-fake news Centrafrique,” had 34 followers. », Rapport Stanford-Graphika, p.6.

[12] Albert Memmi, Portrait du colonisé. Portrait du colonisateur, Gallimard, 1985.

[13] Camille François, Herbert Lin, « Cartographier un angle mort : la surprise stratégique des opérations informationnelles russes sur les réseaux sociaux en 2016 », Hérodote, 2020/2 N°177-178, p.33-57, p.50.

[14] Edgard Morin, Introduction à la pensée complexe, Points, 2005 ; Joël De Rosnay, Le macroscope, Seuil, 1975.

[15] Henry Mintzberg, Structure et dynamique des organisations, Editions Eyrolles, 2018.