Naval Group vulnérable face à une guerre de l’information sur l’augmentation des coûts des sous-marins australiens
“Tout l'art de la guerre est basé sur la duperie.” Sun Tzu, L’Art de la Guerre, 512 av J.-C.
En Australie, les médias et l'opinion publique en sont convaincus, Naval Group est responsable de l’explosion du coût du programme FSP (Future Submarine Program) pour la construction de 12 nouveaux sous-marins. Nous tenterons de répondre à deux questions fondamentales : Le coût du programme est-il réellement passé de 50 à 90 milliards de dollars australiens ? Que cette augmentation soit réelle ou le fait d’une fausse information, quels sont les intérêts de l’Australie à faire croire que Naval Group en est responsable ?
La guerre de l’information contre Naval Group par l’angle du prix a commencé dès que Naval Group a remporté l’appel d’offres pour la construction de la nouvelle flotte de sous-marins australiens. Entre 2016 et 2018, il a été reproché à Naval Group d’être trop cher. Plus cher que les propositions de ses concurrents allemands, suédois et japonais et plus cher que le coût de la précédente flotte de sous-marins Collins. À partir de 2018, la guerre de l’information sur le prix prend une toute autre tournure. Non seulement le prix est toujours trop cher, mais surtout il augmente considérablement, passant de 50 milliards de dollars australien à 80 milliards, puis à 90 milliards.
Dans un pays comme l’Australie, où l’opinion publique est très sensible à la manière dont les taxes et impôts sont dépensés, cela ne pouvait passer inaperçu. Naval Group fut immédiatement désigné comme responsable de cette augmentation.
Voilà par exemple ce qu’on lisait la veille de l’annonce de la rupture du partenariat avec Naval Group dans le Sydney Morning Herald : "Dans le débat actuel sur la débâcle des sous-marins australiens, le French-bashing a fait fureur. Et avec l'explosion des coûts du constructeur français Naval Group, cela a été un sport facile." On notera la formulation “l’explosion des coûts du constructeur français”, qui ne laisse aucun doute sur l’origine de ces surcoûts.
Ces assertions sur les surcoûts du programme sont légion en Australie, et malheureusement en France également. Apparue dans la presse française en 2020, c’est en 2021 que l’information sur la responsabilité de Naval Group dans les surcoûts du programme va se répandre.
Ci-après quelques articles en France, parmi d’autres, qui reprennent cette information sans la contredire, ni mentionner que Naval group s’en défend : Les Echos, Ouest France, Le Figaro, Sputnik, France Bleu, Usine Nouvelle, Challenges, Le Monde, Libération. Nous n’avons pas relevé ici les dizaines d’articles qui relaient cette information en ajoutant seulement à la fin une formule qui veut tout et rien dire : “en raison de dépassement de coûts et d’effets de change.”
Ce constat soulève plusieurs questions, qui n’ont pas encore été posées et qui méritent de l’être, pour une meilleure lecture d’une situation complexe favorable à des situations de guerre économique par l’information.
Plusieurs des journalistes auteurs de ces articles sont des correspondants basés en Australie, cela influence-t-il leur approche de l’information ? Rex Patrick, farouche opposant à Naval Group, peut s’exprimer dans la presse française, par le biais d’un correspondant australien, pour dire que les coûts du contrat ont explosé de 50 à 90 milliards de dollars sans que cela soit vérifié et/ou contredit, est-ce normal ?
Seulement quelques articles ont mentionné que Naval Group démentait fermement ces accusations, toujours très brièvement en quelques mots de type “l’industriel s’en défend” ou “Naval Group s’en défend”, pourquoi si peu ?
Hervé Guillou, et plus tard son successeur Pierre Eric Pommellet, ont toujours démenti ces accusations. Le 21 février 2020, Hervé Guillou déclarait en conférence de presse : “Ces critiques sont totalement malveillantes et totalement infondées […] Ceci est une campagne malveillante qui n’a aucune raison d’être”. Le 21 janvier 2021, Pierre Eric Pommellet déclarait quant à lui : “Nous n’avons jamais été 50 % au-dessus du coût initial, comme le reprochent certains de nos détracteurs. Nous sommes dans l’épure du montant annoncé”. Des démentis peu relayés dans la presse nationale.
Le coût du programme est-il réellement passé de 50 à 90 milliards de dollars australiens ?
Ce document officiel, reproduit en annexe pour mémoire, est uniquement disponible au téléchargement depuis le site du gouvernement australien, il reprend les étapes de l’estimation du coût d’acquisition du programme FSP. Il n’est pas daté, mais est forcément postérieur à septembre 2020, qui est la dernière date référencée dans le tableau.
Une estimation de 50 milliards de dollars courants pour 8 à 12 sous-marins
On y apprend en première page que le 21 octobre 2015, le secrétaire Richardson et le député secrétaire Baxter estiment lors d’une audition devant le Sénat le coût du FSP (Futur Submarine Program) à 50 milliards de dollars courants (“ $50bn out-turned”). Deux choses importantes ici. Le montant de 50 milliards de dollars australiens est établi depuis au moins 2015. Il est exprimé en dollars courants (out-turned), c’est-à-dire en prenant en compte l’inflation et les variations du dollar australien sur la durée d’exécution du programme.
On y apprend également que le nombre de sous-marins qu’il faut construire avec ces 50 milliards de dollars n’est pas défini. C’est surprenant, et nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls surpris. De la page 120 à 123 de la retranscription des échanges du 21 octobre 2015 au Sénat, le député Conroy interpelle MM. Richardson et Baxter sur le fait qu’il est impossible de faire une estimation globale sans savoir si elle comprend la construction de 8 ou 12 sous-marins.
En effet, si le Defence White Paper 2009 de la Défense prévoyait bien 12 sous-marins (p. 64), le Competitive Evaluation Process (CEP), l’appel d’offres, qui devait démarrer le mois suivant en novembre n’en comptait que 8 (tableau susmentionné).
Lors de l’appel d’offres en novembre 2015, le budget prévu par l’Australie pour son programme de sous-marins était 50 milliards de dollars courants pour 8 sous-marins. Sur le fait que les 50 milliards sont bien en dollars courants, voir également la retranscription de l’audition au Sénat ci-dessus mentionnée à la page 120.
Quelques mois plus tard, en février 2016, sont publiés le Defence White Paper 2016 et le Integrated Investment Program (IIP) 2016. Le projet concerne alors à nouveau, comme en 2009, la construction de 12 sous-marins (p.90 du DWP) pour un budget indiqué “>50bn” (P. 77 du IIP) sans préciser s’il s’agit de dollars constants ou courants. C’est important car 50 milliards en dollars constants représentent en réalité 80 à 90 milliards en dollars courants sur toute la durée de vie du programme. Tous les autres chiffres étant indiqués en dollar courant, on peut imaginer que celui-là l’est aussi. Ce qui est d’ailleurs confirmé par le tableau susmentionné. Le budget prévu était donc de 50 milliards de dollars courants en 2009 (DWP) et en 2015 (CEP). Il est passé à “supérieur à 50 milliards” de dollars courants en 2016 (IIP).
Rappelons-nous que l’appel d’offres a été lancé sur la base de 8 sous-marins, et non de 12. Et comme le faisait remarquer à juste titre le député Conroy dans l’audition au Sénat du 21 octobre 2015, avec 50 milliards de dollars on ne peut acheter à la fois 8 sous-marins et 12 sous-marins. Ce qui explique certainement que le budget soit passé de 50 milliards à “>50” milliards entre 2015 et 2016. On remarquera ici que les coûts du programme ont déjà augmenté alors que Naval Group n’a pas encore remporté l’appel d’offres.
Un document classifié de 2016 mentionnait une estimation à 78,9 milliards de dollars courants
Toujours dans le tableau mentionné ci-dessus, il y a dans la case correspondant à cet évènement un autre précieux renseignement. On y apprend que le Integrated Investment Program (IIP) avait une version classifiée dans laquelle le budget était estimé à 78,9 milliards de dollars. Cette information ne sera révélée dans la presse australienne qu’en octobre 2020.
L’affaire est suffisamment importante pour que l'Australian Strategic Policy Institute y consacre un chapitre dans un rapport paru en novembre 2020 et intitulé Sous-marins, les réponses à vos questions. Le Think Tank répond à la question que tout le monde se pose : “Est-ce que le prix des sous-marins augmentent ?” Si la Défense savait depuis 2016 que le coût du programme serait de 78,9 milliards de dollars c’est que les coûts n’ont pas augmenté.
Les auteurs du rapport font face à un bien étrange constat : “Pourquoi la Défense a continué à fournir un chiffre au Parlement et au public qui était d'environ 30 milliards de dollars inférieur à son estimation réelle est un mystère.” Et ils poursuivent ainsi : “Il en a résulté une spéculation médiatique considérable sur les explosions des coûts, portant atteinte à la crédibilité du gouvernement et de la Défense.” (p. 47 du rapport). Et également à Naval Group.
Dans la foulée, toujours au mois de novembre 2020, le député de l’opposition Richard Marles saisit l'Australian National Audit Office, l'équivalent de la cour des comptes en France, pour avoir des réponses. Il reproche au gouvernement d'avoir caché le coût réel du programme, et il veut savoir pourquoi
Il écrit : "Entre 2015 et 2019, le Parlement et le public n'étaient au courant d'aucun changement substantiel dans le coût d'acquisition final. Le ministère des Finances a confirmé que les dispositions de financement, alors classifiées, pour l'acquisition des futurs sous-marins en 2016 étaient de 78,9 milliards de dollars australiens. Le ministère des Finances a noté que ce coût n'avait pas été rendu public en raison de sensibilités commerciales."
Pour le député Richard Marles, la pratique budgétaire régulière n’a pas été respectée. Le coût du contrat aurait dû être inscrit au budget en dollars courants, et non en dollars constants.
“Comme vous le savez, il est de pratique courante en matière de budgétisation de citer des estimations prévisionnelles en dollars courants. [... ] En raison de la décision d'éviter la pratique standard, entre octobre 2015 et novembre 2019, le Parlement et le public n'étaient au courant d'aucun changement substantiel dans le coût d'acquisition final pour l'acquisition du futur sous-marin.”
Et c’est là que les choses se compliquent et que l’on commence à entrer dans la dimension d’un fiasco gouvernemental “Made in Australia”. Souvenons-nous, l’estimation de 50 milliards avait bien été enregistrée en 2009 (DWP), en 2015 (CEP) puis en 2016 (IIP) en dollars courants. Et pourtant, en novembre 2020, le député Richard Marles pense que cela n’a pas été le cas. Pourquoi ?
Selon Greg Sammut, l’estimation de 2016 n’était pas en dollars courants mais constants
Parce que 2 ans plus tôt, le 29 mai 2018 lors d’une audition au Sénat l’Amiral Greg Sammut, à la tête du programme FSP pour la défense australienne, annonce que le montant de 50 milliards inscrit au budget en 2016 est en dollars constants et non en dollars courants. C’est sans surprise le député indépendant Rex Patrick qui pose la question (vidéo en bas de page). Suite à un rapport de la cour des comptes, il veut savoir ce qui est exactement inclus dans le budget de 50 milliards : design, construction, maintenance, etc. Sa question ne porte pas sur l’enregistrement de l’estimation en dollars constants ou courants.
Greg Sammut répond : “Les coûts d’acquisition, comme indiqué dans le IIP pour le programme des futurs sous-marins (SFP), sont de 50 milliards de dollars sur une base de prix constant.” Le sujet est suffisamment sensible pour que l’Amiral Greg Sammut envoie un mois plus tard, le 28 juin 2018, une lettre pour corriger légèrement ce qu’il avait voulu dire sur le sujet. Ce qui semble davantage être une correction de forme que de fond.
Il poursuit en disant que les coûts de maintenance sont quant à eux estimés à 50 milliards de dollars, également en prix constant. C’est dans un premier temps ce qui retiendra l’attention de la presse, finalement le coût total ne sera pas de 50 milliards mais de 100 milliards.
Mais d’autres n’ont pas manqué de voir rapidement où se situait le véritable problème. Une semaine plus tard, l'ASPI annonce que si les 100 milliards sont bel et bien en dollars constants, alors une fois corrigés avec le coefficient d’inflation sur la durée de vie du programme, le coût réel du programme tourne aux alentours de 200 milliards de dollars courants. Au lieu des 50 milliards de dollars courants mentionnés dans les documents de 2009, 2015, 2016 et même 2017 puisque c’est ainsi que le coût est renseigné dans Naval Shipbuilding Plan (NSP) de 2017 (p.80). De 50 à 200 milliards, voilà une augmentation très importante du coût du programme qui là encore n’a rien à voir avec Naval Group.
Comme indiqué dans notre tableau de suivi de l’estimation du coût du programme, Greg Sammut va réaffirmer devant le Sénat le 29 novembre 2019, puis le 4 mars 2020 que le coût du programme a toujours été de 50 milliards de dollars constants. Mais pourtant ce n’est pas le cas, et ce sont les documents officiels de son propre ministère de la Défense qui le disent.
L’Australie face à ses contradictions budgétaires
À ce stade, l’objectif de la Défense et de l’Australie est donc de ne pas perdre la face. Il faut absolument trouver le moyen de rester cohérent et crédible face à tant de contradictions. L’opinion publique australienne n’acceptera jamais qu'un programme annoncé à 50 milliards de dollars en coûte finalement 200 ! Certes l’accord conclu avec Naval Group n’y survivra pas, mais le gouvernement non plus. Rex Patrick et son parti politique sont en embuscade pour faire d’une pierre deux coups : se débarrasser de Naval Group et déstabiliser le gouvernement.
Il n’y a qu’une manière de résoudre l’équation sans perdre la face. Et c’est la manière retenue par le Force Structure Force 2020 (FSP) dans un passage consacré à expliquer la différence entre dollar courant et dollar constant. En bonne pédagogie, il faut bien un exemple pour illustrer le propos : “Par exemple, le coût d’acquisition des sous-marins de classe Attack est actuellement de 89,7 milliards de dollars en dollars courants, qui s’ajuste en fonction de l’inflation et des variations des cours de change ; une fois isolé de ces facteurs le prix reste bien 50 milliards de dollars, en dollars constants de 2016.” (pp. 21-22) C’est cette approche qui avait été retenue dans un rapport de l’ASPI, mais également dans ces deux études, ou encore dans ce rapport de Submarine for Australia.
L’enregistrement du budget en dollars courants en 2009, 2015, 2016 et 2017 était certainement le fait de la maladresse d’un stagiaire qui a confondu dollar courant et dollar constant... ? Et de toute façon, qui ira vérifier ?
Précisément Rex Patrick, qui ne veut pas seulement la tête de Naval Group, mais aussi celle du gouvernement en place. Le 1er septembre 2020, il questionne donc à nouveau le Sénat sur cette question. Pour lui, le coup du budget soi-disant enregistré en dollars constants est un écran de fumée qui masque d’importantes dérives budgétaires…
Tout ce méli-mélo autour du coût du programme est un fiasco interne au ministère de la Défense, et plus largement interne au gouvernement australien. Il n’y est jamais question de Naval Group.
Le gouvernement australien a choisi son explication “plausible” pour sauver la face et cacher au peuple australien son incompétence à gérer un dossier d’une telle ampleur. Son explication repose sur le fait de dire que les 50 milliards étaient inscrits dans les budgets en dollars constants, ce qui donne 79,8 milliards en dollars courants en 2016 et 89,7 milliards de dollars courants en 2020, à cause d’une dévaluation du dollar australien.
Une autre explication possible ?
Lors de l’appel d’offres en 2015, il y avait un budget de 50 milliards de dollars pour 8 sous-marins, soit 6,25 milliards par sous-marin. C’est d’ailleurs l’estimation du député Conroy du coût par sous-marin dans l'audition au Sénat du 21 octobre 2015 (pp.120-123).
Finalement, l’Australie a demandé à Naval Group 12 sous-marins au lieu de 8, soit 12 fois 6,25 milliards qui font 75 milliards de dollars. On peut aisément imaginer qu’il y a quelques ajustements à faire entre un budget estimé et une proposition détaillée d’un industriel. Ce qui peut très bien nous amener à un budget révisé pour 12 sous-marins de 79,8 milliards de dollars.
Soit le budget enregistré dans la version classifiée du IIP en 2016. C’est certainement le budget qui a été convenu entre Naval Group et l’Australie et que Naval Group a toujours respecté, comme l’ont affirmé à plusieurs reprises ses dirigeants, Hervé Guillou puis Pierre Eric Pommellet.
Quels sont les intérêts de l'Australie à faire croire que Naval Group est responsable de ce fiasco budgétaire ?
La réponse à cette question est forcément complexe, à plusieurs facteurs..
De nombreuses personnes furent impliquées dans la diffusion d’informations, vraies ou fausses, contre Naval Group. Rex Patrick voulait depuis les origines couler ce partenariat entre la France et l’Australie. Et également utiliser cela de manière politique pour déstabiliser le gouvernement en place et promouvoir son propre parti. Gary Johnston, également à l’origine de la guerre informationnelle contre Naval Group, et fondateur du Think Tank “Submarine for Australia”, est resté très actif. En juillet 2020, il remettait un rapport de 36 pages au gouvernement australien suggérant d’acheter des sous-marins nucléaires aux Etats-Unis… On peut évoquer également le milliardaire australo-américain Rupert Murdoch, propriétaire de 70% des médias en Australie, qui a pu également jouer son rôle dans le volet médiatique. Et certainement bien d’autres qui ont œuvré sous la surface des eaux.
Sur ce volet médiatique, on ne peut que constater que le gouvernement australien a laissé faire. Encercler cognitivement l’opinion publique australienne pour faire de Naval Group le responsable de l’abandon du programme était sans aucun doute le meilleur écran de fumée pour cacher ses propres contradictions, dissensions et dysfonctionnements. Couler Naval Group, et tenter de sauver la face, est certainement devenu le mot d’ordre à partir de 2019 ou 2020 lorsque la crise de la gestion budgétaire du programme devenait intenable.
L’échec du gouvernement australien dans ce programme ne se situe pas qu’au niveau de la gestion budgétaire. La virulence d’un Rex Patrick dès le mois d’août 2016 révèle les dissensions profondes qui étaient à l'œuvre au sein de la classe politique australienne autour de ce projet. Or, un projet si important et si long dans le temps ne doit pas subir la guerre de partis, il ne peut être remis en cause à chaque élection. L’Australie s’est lancée dans ce projet, le plus grand de son histoire navale, sans avoir réussi à créer une entente politique. C’est certainement une des raisons de cet échec, et un des plus gros dangers qui pèse sur la construction à venir des sous-marins nucléaires américains. Déjà, les écologistes grondent…
Le partenariat stratégique a été rompu, mais ce n’est pas la fin de l’histoire pour autant. La sortie du programme et la négociation autour des compensations pourraient durer 3 ans. Et dans ces conditions les fausses informations, notamment sur la responsabilité de Naval Group dans le volet budgétaire, vont continuer à prospérer. Rex Patrick est toujours en guerre. Pour lui, Naval Group ne devrait pas recevoir de compensations financières car le contrat aurait dû être annulé pour fautes... Le combat n’est donc pas terminé.
Tragique, le cas australien Naval Group illustre la nécessité de la riposte informationnelle. Sans riposte informationnelle, la vulnérabilité est extrême. Cette riposte informationnelle ne peut parfois pas être le fait de la cible attaquée. Pour des raisons stratégiques, ou parfois même contractuelles. Les attaques sont souvent indirectes, et la riposte devrait certainement l’être aussi.
D’autres acteurs peuvent alors entrer en action. La Presse par une vérification plus pointue des informations qu’elle diffuse. Des organismes indépendants (Think Tank, Observatoires, Centres de recherche, …) par des investigations approfondies, et la publication de rapports exploitables en guerre de l’information. Et bien entendu l’Etat français, par la mise en œuvre de moyens de contre guerre de l’information, dans le but de défendre les intérêts stratégiques et économiques français.
Guillaume Anjou
Auditeur de la 36ème promotion MSIE
Annexe 1 : Tableau de synthèse des étapes de l’estimation du coût du programme FSP