Alexander Boris de Pfeffel Johnson, « The Blonde Bombshell », « The Britain’s Donald Trump », « Bojo », « Back door Boris », l’ex Premier Ministre britannique n’a pas du tout été ménagé par les éditorialistes qui lui ont livré une véritable bataille médiatique pendant son long séjour au Downing Street.
Le profil de Boris Johnson
Nous sommes à la haute saison touristique de l’an 1964, dans le célèbre quartier de l’Upper East Side, New-York, Etats-Unis. Les températures sont enregistrées à la hausse, car c’est bientôt l’été lorsque Alexander Boris de Pfeffel Johnson arrive dans ce monde. Alex (diminutif de Alexander) est donc né américain, avec la double nationalité américano-britannique, car de parents, tous deux Britanniques. Cet individu est un pur produit de la mixité culturelle. Il est lié biologiquement a presque toutes les grandes familles royales Européennes de son côté paternel. En remontant jusqu’à la 4ème génération avant lui, on lui trouve des origines française, suisse, turque et allemande.
Une enfance cosmopolite sans racines
En grandissant, Alex sera entrainé par les orientations de carrières de son paternel. Aussitôt né, la famille Johnson prend la direction du Canada, avant de rejoindre la même année l’Angleterre. En 1966, quand Alex a deux ans, Stanley Johnson son père est rappelé aux Etats-Unis, mais cette fois ci en direction du Bureau de la Banque Mondiale à Washington. À peine les valises défaites, la famille déménage à nouveau dans le Connecticut, avant de rejoindre le vieux continent en 1969. La longue série de déménagement se poursuivra.
Un brillant parcours scolaire
Quand Alex à 9 ans, son père devient haut fonctionnaire à la Commission Européenne dont les quartiers généraux se trouvent à Bruxelles. Toute la famille y aménage et Alex est vite inscrit dans la prestigieuse École Européenne d’Uccle ; école qui a vu évoluer de nombreuses figures politiques Européennes telles que l’actuelle Présidente Ursula Von Der Leyen.
Lorsqu’il a 11 ans, Alex retourne dans la capitale anglaise avec sa mère. Il est admis à l’école préparatoire d’Ashdown House dans l’East Sussex. Dans le royaume, c’est l’un des établissements les plus prisés où il fait bon d’y être pour préparer son admission dans les public school de renoms. Là-bas, il est régulièrement victime d’intimidation du fait de son mix culturel, ses origines turques, et son séjour dans la capitale belge. Alexander est brillant, même très brillant. Il fait une prépa qui dure normalement cinq années, en deux années. Ainsi, deux années plus tard, il décroche une bourse d’étude et intègre le fleuron des public school Britannique, le Collège d’Eton.
La montée en puissance
Alexander a été très vite confronté aux prémices de la vie adulte. Entre son père Stanley, qui ne comptait plus ses réalisations professionnelles d’une part, et sa mère Charlotte qui était sujette à des dépressions d’origine conjugale, Alex voulait survivre. À Eton, il fallait se faire remarquer, quelle que soit la manière, il fallait se faire un nom. Alex a commencé à se présenter sous le nom de Boris… Boris Johnson. Boris est un personnage qui ne rentre dans aucune case sociale, anticonformiste et très fantaisiste. Il était le mouton noir dans le troupeau, la singularité parmi la pluralité. Il ne laisserait plus jamais le monde indifférent, la légende était bien construite.
Expérience extra-académique riche et controversée
À 19 ans, Boris est admis au Balliol College de la prestigieuse université d’Oxford, où il étudie les Lettres classiques et la Philosophie. Là-bas, il a une expérience extra académique enrichie. Il adhère au très réputé Bullingdon Club… Club adepte de bizutages et toute forme de vandalisme, qui est fréquenté par certains enfants de la royauté, de la noblesse, et des hauts fonctionnaires au cours de leurs parcours académique. Outre cela, à la suite d’une deuxième tentative, Boris devient président de l’une des plus anciennes et prestigieuses associations estudiantines de débat au monde : La Oxford Union Dans le milieu estudiantin, Boris Johnson est au sommet, il côtoie les étoiles ! L’évidence était là, la stratégie pour construire son personal branding était la bonne, et elle faisait ses preuves.
Carrière Journalistique
À peine diplômé du Balliol College d’Oxford avec des Honneurs de secondes classes, Division supérieure, il s’établi en tant que Consultant en gestion avant d’embrasser une carrière journalistique après seulement une semaine. Sa carrière de journaliste se résume dans les grandes lignes suivantes :
.1987 : Journaliste stagiaire chez Times
. 1987 : Journaliste chez The Daily Telegraph
. 1989 - 1994 : Correspondant de l’Europe à Bruxelles chez The Daily Telegraph
. 1994 - 1999 : Rédacteur en chef adjoint chez The Daily Telegraph
. 1994 : Chroniqueur politique chez The Spectator
. 1999 - 2005 : Rédacteur en chef chez The Spectator
Boris Johnson a brillé pour ses productions satiriques à scandales. Il traitait avec dérision des sujets sensibles sur l’Europe et ses institutions. Il nourrissait des idées, les écrivait et les transmettait pour alimenter des polémiques non fondées sur l’intégration européenne. Sauf que ses articles confortaient les positions et les arguments du parti conservateur britannique. Boris Johnson était devenu un symbole du conservatisme politique. Boris était une machine à scandales. Et cela concourait à se faire un nom dans la haute sphère politique.
Une instrumentalisation de la polémique
Tant dans sa carrière politique, que dans sa vie politique, Boris Johnson est à l’initiative de plusieurs scandales médiatiques.
Boris face aux Liverpooliens
14 octobre 2004 : le journal The Spectator publie un article qui évoque de manière inappropriée, insensible et erronée la catastrophe d’Hillsborough à Sheffield. Catastrophe survenue le 15 avril 1989 et qui a enregistré 97 personnes décédées, lors du match Liverppol vs Nottingham Forest. Dans son article, Boris fait mention de 50 personnes décédées au lieu des 97 et va plus loin en les accusant d’avoir causé la tragédie eux-mêmes par la consommation excessive d’alcool.
Son article était hors de propos et blessant pour tout Liverpool. Par la suite, il est sommé de présenter publiquement ses excuses, avant d’être démis de ses fonctions au sein du parti conservateur.
Boris face à Hillary Clinton
Novembre 2007 : Dans le journal le Telegraph, Boris Johnson publie une chronique intitulée « I want Hillary Clinton to be President », il la décrit suivant la retranscription suivante : « elle a les cheveux blonds, les lèvres boudeuses et le regard bleu acier. Comme une infirmière sadique dans un hôpital psychiatrique ». Il a dû se rendre à Manhattan, dans les bureaux d’Hillary Clinton pour lui présenter ses excuses.
Boris nargue la France
Août 2008 : Nous sommes à la cérémonie de clôture des JO de Pékin lorsque Boris Johnson déclare que « Le ping-pong a été inventé sur la table dans une salle à manger en Angleterre, au XIXe siècle. On l’appelait alors le wiff-waff ». Avant de poursuivre : « Lorsque les Français regardaient une table, ils voyaient une occasion de dîner. Lorsque les Britanniques regardaient une table, ils voyaient une occasion de jouer au wiff-waff. C’est bien pour cela que Londres est la capitale mondiale du sport ».
Boris s’en prend à Obama
Avril 2016 : Le célèbre journal The Sun publie un article rédigé par Boris Johnson en pleine campagne pour le référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union Européenne. Barack Obama, président de la première puissance de l’époque avait publiquement encouragé au maintien au sein de l’Union-Européenne du Royaume-Uni. Boris écrit ceci : « quelques-uns ont dit qu’il snobait les Britanniques. D’autres disent que c’est le symbole de l’aversion ancestrale de l’Empire britannique d’un président en partie Kényan ».
Boris Johnson savait attirer l’attention sur lui
Il excellait dans l’art de tourner en dérision les évidences et tout ce qui entrait en contradiction avec sa vision de la société Britannique. Toutefois, malgré tous ses dérapages dont certains pouvait être qualifiés de très graves, sa popularité était grandissante… grandissante à un point où il est propulsé à la tête de l’exécutif après avoir occupé les fonctions de :
. Député de la circonscription de Henley-On-Thames (2001-2008)
. Maire de Londres (2008-2016)
. Secrétaire d’État des Affaires Étrangères et du Commonwealth (2016-2018)
. Chef du parti conservateur (2019-2022)
. Député de la circonscription d’Uxbridge et South Ruislip (Depuis 2015)
Une guerre informationnelle ancrée au jeu médiatique
Devenu pensionnaire de la Downing Street, Boris Johnson est toujours resté fidèle à sa personnalité excentrique et sensationnaliste. C’était la stratégie dès le départ, et il ne fallait surtout pas la changer, ni la réviser puisqu’elle fonctionnait plutôt bien. Mais, scandale après scandale, le seuil de tolérance va être vite atteint. Boris a propulsé Johnson au sommet... Boris précipitera la chute de Johnson.
Le Partygate
Le 30 novembre 2021, le célèbre journal britannique The Daily Mirror révèle qu’une flagrante violation des mesures sanitaires avait été commise au Downing street par certaines autorités politiques. Bien évidemment, Boris avait répondu de façon non convaincante qu’il était au courant de rien, mais mettrait tout en œuvre pour identifier ceux qui auraient pu y participer.
Il s’est finalement avéré, à la suite d’enquêtes diligentées par l’administratif, et indépendamment par la police et aussi par les médias qu’au moins une quinzaine de fêtes avaient été organisées au Downing street et que Boris y avait participé à au moins trois d’entre elles.
Le premier ministre avait froidement menti devant la face de son peuple. Dans un contexte sanitaire aussi sensible, la pilule ne passait plus. Partout dans la presse telle que Independent, The Conversation, The Atlantic, The New York Times, The Guardian, etc. on pouvait lire « Boris le menteur compulsif », « Boris est un menteur », etc.
Ce scandale avait fait resurgir les premières expériences de Boris en tant que journaliste au Time, où il fut licencié pour des faits de malhonnêteté intellectuelle, modification de la vérité. Rien n’allait dans son sens. De milliers de Britanniques qui n’ont pas pu accompagner leurs proches mourants de covid demandaient sa démission, les partis de l’opposition, et même certains membres du parti conservateur. Un site internet a été dédié au listing de quelques-uns de ses flagrants mensonges ainsi que de ceux de son gouvernement.
L’affaire Owen Paterson
Ancien Secrétaire d’État pour l’Irlande du Nord, et proche de Boris, Owen était accusé de plaider pour la cause de lobbies agricoles moyennant des fortes sommes d’argent qu’il recevait depuis de longues années. Ainsi, coupable d’avoir violé les règles éthiques et déontologiques du Parlement, il fut contraint de démissionner. Sauf que devant l’évidence de ces faits Boris n’a pas manqué de le soutenir en clamant que l’enquête parlementaire n’était pas juste, et qu’elle n'offrait pas suffisamment de marge de manœuvre à Owen, pour qu’il puisse se défendre.
Les travaux au Downing street
Dans le courant de la semaine suivant l’affaire du Partygate, un autre scandale éclate. La pression médiatique était fortement soutenue. L’organe de contrôle démocratique avait mené des missions d’audits des travaux de rénovation de luxe de l’appartement privé de Boris. Les rapports révélaient que le premier ministre n’avait pas payé de sa propre poche les travaux supplémentaires de rénovation. Chaque année, une enveloppe de 30 000 livres sterling est allouée à l’entretien de son appartement. Boris aurait dépensé pas moins de 250 000 livres au total pour l’entretien de son appartement. Ce scandale fait mouche, et une amende est imposé au parti conservateur pour avoir dissimulé des dons. Quant à Boris il s’en est sorti aussi facilement pour avoir déclaré qu’il était à ‘l’hôpital pendant la tenue des travaux.
Scandales sexuels
Au total sept (7) députés de son parti conservateur ont été cités dans des cas d’agressions sexuelles contre des femmes et des mineurs. Puis vint le cas de Chris Pincher. Il était le parlementaire chargé par Boris, de veiller à la discipline parlementaire des députés conservateur, le ‘’Whip adjoint’’. À peine révélé au public que la presse Britannique déterra ses multiples casseroles : accusé d’agressions sexuelles à plusieurs reprises.
Le premier Ministre a comme à son habitude niée avoir connaissance de ses accusations, avant de finalement avouer qu’il était au courant d’articles dans la presse qui traitaient de ces accusations.
La défaite informationnelle de Boris Johnson
Boris Johnson se retrouve au cœur des scandales les plus sordides, enrichis par les médias et qui le décrédibilisent de plus en plus. La coqueluche des conservateurs voyait sa cote dégringoler de façon spectaculaire. Même s’il n’était pas clairement coupable dans certains cas, sa mauvaise gestion des différents scandales auxquels il a été mêlé a pollué l’environnement autour de lui. Boris a reçu au total 57 démissions au sein de son gouvernement. C’est alors qu’il s’est rendu compte que ce n’était pas qu’une crise, c’était la fin pour lui en tant que leader des conservateurs, leader du Royaume.
Le 07 juin 2022, il déclarait officiellement qu’il quittait le pouvoir. Cette annonce fut effective le 05 septembre 2022 au terme de l’élection de Mary Elisabeth Truss, nouvelle cheffe du parti conservateur, première ministre de Royaume-Uni.
Danin-Magloire Guei, MSIE40 de l’EGE