L’Ukraine est un pays « enjeu », qui est le cœur de cible (pour des raisons différentes) de deux superpuissances opposées, les Etats-Unis et la Russie : militairement, politiquement, économiquement et civilement. La Russie est l'envahisseur. L'Ukraine, le défenseur. Mais au-delà de ce constat élémentaire, se joue une guerre de l'information par le contenu qui prend appui principalement sur des acteurs de la société civile.
L'évolution des postures cognitives des puissances concernées par le conflit en ukrainien
L’encerclement cognitif de l’Ukraine par les organisations non-gouvernementales (ONG), une stratégie des Etats-Unis déployée depuis la guerre froide, peut s’apprécier plus ou moins facilement, parfois en filigrane, à travers la guerre informationnelle. Ce véhicule d’influence tout terrain, qui infuse de multiples champs de la société (politique, institutionnel, économie, enseignement et éducation), et qui investit les médias avec maîtrise pour remporter la bataille de l’opinion, n’a pas été investi par la Russie avec la même amplitude et capacité offensive que le camp anglosaxon. La culture subversive élaborée à l’époque du Komintern pour infiltrer la société occidentale par le biais de la culture, de l’éducation et de l’intelligentsia, n’a pas survécu aux purges répétitives de la période stalinienne. L’affaiblissement progressif des partis communistes prosoviétiques a accentué cette perte d’influence menée par le bais des compagnons de route de ces parties communistes et des forces dites progressistes.
Le renversement du rapport de force cognitif
Aussi, après l’effondrement de l’URSS et les fragilités de la période Eltsine, le Kremlin va-t-il se placer en position défensive sur ce terrain, les ONG occidentales cristallisant les tensions, et pouvant devenir à leur tour, un objet de guerre informationnelle.
Les ONG occidentales, dont le rôle peut apparaître ambigu, constituent parfois malgré elles, une arme subversive de lutte non-violente. Sans chercher à déterminer le caractère intentionnel ou non, il est possible d’observer leur imbrication dans les différents écosystèmes aboutissant à l’encerclement multi-dimensionnel de l’Ukraine face aux techniques plus « traditionnelles » d’influence et à la puissance militaire de la Russie.
Les ONG mises en lumière à l’occasion du conflit actuel invitent à la fois à une rétrospective sur la politique d’influence menée ces dernières années et un éclairage sur les premiers jalons qui se posent pour la période post-guerre à venir.
Christian Harbulot
Lire le PDF (réalisé par un membre de la MSIE 38 de l'EGE): ONGenUKRAINE