Ces dernières années, l’Afrique connait la plus grosse croissance en capitaux à risque dans le monde avec un dédoublement des activités en entre 2020 et 2021 et des montants investis qui ont triplé passant de 2 milliards de dollars à 6 milliards de dollars, la francophonie complètement absent du top 3 qui est occupé par le Nigéria 34%, suivi de l’Afrique du Sud et de l’Égypte selon le rapport Partech Africa 2020, le Sénégal très bon élève avec le programme DER/FJ se trouve à la 5ème position.
L’effet levier de croissance des entrepreneurs dans les deux espaces, francophone et anglophone, est une résultante de plusieurs facteurs, mais plus particulièrement de deux principaux aspects :
- La solidité des écosystèmes des pays anglophones, les différents modèles d’affaires et les disparités du climat des affaires qui souvent très fragiles par l’instabilité politique des régions francophones.
- L’influence de la France et du Royaume-Uni sur les écosystèmes entrepreneuriaux. Il suffit de faire une comparaison sur la guerre économique interne et externe des deux anciennes puissances coloniales en termes de politique de promotion des startups.
On ne peut pas dire que l’héritage du système français y est pour rien, en effet la France classée, 2ème pays le plus complexe à faire du Business dans le Monde sur le classement 2021 de l’Indice de complexité globale des affaires après le Brésil au moment où le Royaume-Uni est bien noté se trouvant à la 53ème position avec comme tête de liste le Danemark en 77ème place.
Aides publiques francophones face aux investissements privés anglophones
Selon le Rapport 2020 de Partech sur le Venture Capital en Afrique, En 2021, 640 start-ups technologiques africaines ont levé un total de 5,2 milliards de dollars. Cette croissance de 3,6 fois par an fait de l'Africa Tech VC l'écosystème à la croissance la plus rapide au monde.
On peut analyser 4 principaux pays et types d’écosystèmes d’investissement en Afrique, entre le Nigeria, le Kenya, L’Égypte et l’Afrique du Sud mais pour une première fois un écosystème francophone sort du Lot notamment le Sénégal qui se voit occupé la 5ème place du classement Partech.
Les startups en Afrique approchent les investisseurs de trois modèles principaux :
. Le "modèle nigérian" - en se constituant en société en dehors du pays et en mobilisant des fonds de l’extérieur. Selon Partech, les startups nigérianes ont reçu le plus d'investissements en 2020, pour une valeur totale de 307 millions de dollars dans 71 transactions et une taille moyenne de transaction de 4,3 millions de dollars. En 2019. Le Nigeria a également reçu le plus d'investissements en termes de valeur. L'investissement au Nigeria est intéressant car, selon le rapport Briter, le Nigeria n'est même pas dans les cinq premiers pays du classement des startups par pays d'incorporation. La plupart des startups opérant au Nigeria qui lèvent des fonds ne sont pas constituées dans le pays. Ce phénomène est probablement dû à la difficulté de faire des affaires dans le pays, ce qui est confirmé par leur faible classement Doing Business 2020 noté 131e sur 190 pays dans le monde.
. Le "modèle kenyan", qui consiste à rechercher des capitaux dans le pays où elles ont été constituées. L'investissement en capital-risque au Kenya, en proportion du PIB, est le plus élevé d'Afrique, à 0,32% du PIB, ce qui est supérieur au même ratio pour l'Asie (0,27%) et pour l'Europe (0,16%) mais derrière l'Amérique du Nord (0,57%) et les États-Unis (0,61%). L'investissement en capital-risque par habitant au Kenya en 2020 était de 5,80 dollars (par personne), ce qui est également le plus élevé d'Afrique. Nous pouvons donc déduire du graphique que le marché kenyan semble être le marché africain du capital-risque le plus avancé, car il reçoit plus d'investissements qu'il ne le devrait compte tenu de son PIB par habitant, cela démontre l’attraction et la politique du Pays à s’ouvrir à l’investisseurs étrangers.
. Le modèle à la Française pour les pays francophone qui consiste à se tourner vers le gouvernement à l’exemple du Sénégal très bon élevé avec le programme lancé par le Président Macky Sall, intitulé la Délégation générale à l’Entreprenariat Rapide des Femmes et des Jeunes (DER/FJ) comme un fonds de garantie pour les institutions financières pour faciliter l’accès au financement des startups et PMEs.
Avec un premier financement propre de l’État sénégalais de près de 54,4 milliards pour faciliter l’accès au financement et à l’accompagnement technique pour les entrepreneurs ensuite un déploiement de 150 millions de dollars donc 124 millions de la Banque Africaine de Développement (BAD) 21,851,739 pour soutenir la contrepartie du gouvernement du Sénégal. Cette méthode purement d’assistanat du gouvernement à la population encré même dans le système français utilisé dans tous les domaines sociaux et économique et aujourd’hui un héritage laissé aux pays africains.
Elle est utilisée par l’Agence Française de développement dans plus de 34 pays dans le monde via ARIZ (Accompagnement du risque de financement de l'investissement privé en zone d'intervention), une garantie en perte finale proposée par l’AFD aux institutions financières pour couvrir 50 % à 75 % d’un prêt individuel ou un portefeuille de prêts aux PME et aux institutions de microfinance (IMF) ; et Fasep garantie (Fonds d’étude et d’Aide au Secteur Privé) soutient l’implantation et le développement de PME françaises à l’étranger dont 86% des garanties accordées par l’AFD en 2016 étaient destinées à l’Afrique subsaharienne.
Le Sénégal s'est hissé pour la première fois dans le top 5 grâce à sa première licorne, Wave et devient le troisième pays d'Afrique à avoir produit une entreprise de plus de 1 milliard de dollars après le Nigeria et l’Égypte. En dehors du Sénégal, on peut voir l’émergence d’économie entrepreneurial notamment en Afrique du Nord, qui semble prête à montrer ses muscles. Le Maroc est en tête, suivi par la Tunisie et l'Algérie. La région a levé 108,8 millions de dollars (+443 % par rapport à l'année précédente) en 31 opérations.
Ce modèle d’assistanat est un des blocages majeurs de la croissance des startups en Afrique Francophone car toujours en attente d’appui du gouvernement et avec la multitude de crises politiques, de coup d’états et de pouvoir souvent très corrompu notant que les pays francophones ferme le classement de l’indice de corruption de transparence internationale avec la RDC, Congo, Guinée, Comores, Madagascar et Tchad. L’écosystème business national des pays francophones et anglophones est largement influencé et hérité des modèles des anciennes colonisations française et anglaise.
Faire du Business, une illusion politique en France et une réalité gagnage au Royaume-Uni
Il est largement avantageux de faire du business au Royaume-Uni qu’en France, notant que le dernier rapport Doing Business 2020, classe la France 31ème très loin derrière le Royaume Unies qui est occupé la 8ème place. Durant ce dernier quinquennat, le locataire de l’Élisée a beaucoup mis un accent sur une politique en faveur de la jeunesse et surtout de l’accompagnement à la création de PME et de Startup sur le territoire Français, avec la mise en place de plusieurs initiatives de communication et d’influence politique. On peut citer le tour de France pour l’entrepreneuriat, l’évènement BIG de BPI France et d’autres où le Président Macron s’illustre avec des discours choc en faveur de l’entrepreneuriat des jeunes.
- Mais les chiffres sont là, selon le rapport du Global Entrepreneurship Monitoring 2021, à travers une enquête menée sur les populations de 18 à 64 des pays, voilà ce que pensent les Français :
. 61.1% considèrent ne pas avoir les compétences et les connaissances requissent pour devenir entrepreneurs contre 48.9% au Royaume-Uni
. 48% disent qu’il est très difficile de lancer une entreprise contre 29.3% dans le Royaume-Uni
. 48.9% n’ont pas assez d’opportunité de faire du business dans leurs régions contre 39.8% pour le Royaume-Uni
D’après un rapport de la banque en ligne Tide, le Royaume-Uni est le premier pays européen pour ouvrir son entreprise et Forbes, le classe 2ème dans le monde après les États Unies en 2021. Selon le rapport 2021 de l’indice de complexité de faire des affaires « La complexité de la juridiction est motivée par la complexité des processus comptables et fiscaux et par les des réglementations RH fortement axées sur les employés. Toute la comptabilité en France est soumise à des exigences linguistiques locales, ce qui peut s'avérer difficile pour les entreprises non francophones. En tant que juridiction très axée sur les salariés, la France est également très complexe en ce qui concerne les ressources humaines et la paie. Le conseil de prud'hommes - une juridiction spécifique pour le contentieux du travail - donne raison au salarié dans plus de trois cas sur quatre. »
Les pays francophones qui ont hérité d’un système plutôt accès sur la protection des personnes avec un système d’assistance sociale, considéré pour certains comme étant un ralentissement de la productivité ; avec un écosystème business français très complexe et très fragile très loin derrière l’empire anglaise, sont aujourd’hui très désavantager dans la course au développement et souvent les rends complètement absent dans la seine des grandes petites de startups en Afrique et dans le Monde.
Une francophonie d’influence linguistique et culturelle face à une dynamique économique et de croissance du Commonwealth
Au-delà de la politique interne, il est aussi important d’observer les dynamique d’influence avec les institutions francophones et anglophone. Déjà dans les appellations, Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) pour les pays sous influence française et Commonwealth qui signifie littéralement Richesse Commune.
« La francophonie, une organisation de coopération internationale en langue française au début très culturelle très langue française mais de plus en plus c’est devenu une organisation politique internationale et une organisation de coopération sur certains sujets précis donc l’éducation et d’autres ». Louise Mushikiwabo, Secrétaire Générale de la Francophonie au Pavillon des femmes de l’Expo Dubaï 2020, ce 08 mars 2022.
Initiée en 1926, par des écrivains sous le nom de l’Association des écrivains de langue française (Adelf), devenu Agence de coopération culturelle et technique (ACCT) le 20 mars 1970 puis en 2005, L’Organisation Internationale de la Francophonie. L’OIF a comme principale mission de faire la promotion la langue et la culture française au sein des pays membres.
L’OIF met en œuvre ladite « coopération » multilatérale francophone au côté de quatre opérateurs.
- L'Agence universitaire de la Francophonie (AUF).
- TV5 Monde, la chaîne de télévision francophone.
- L'Association internationale des maires francophones (AIMF).
- L'Université Senghor d'Alexandrie.
Quatre institutions qui sont totalement accès sur la culture, la langue, l’information et l’éducation autour de la langue française et cela est illustrés sur le seul Grand Rapport Officiel de l’OIF présenté durant chaque célébration de la Journée Internationale de la Francophonie, le 20 mars en grand pompe intitulé : ''La langue française dans le monde''
Prenant ces origines à travers l'Empire britannique, le Commonwealth est né en 1949 à travers une volonté du Royaume Uni et de l’ensemble des Dominions (Nom donné aux anciens membres de l’empire) qui devenaient indépendants de continuer à nouer des relations de développement, avec comme ambition : « Nous soutenons les gouvernements membres et nous nous associons à la famille élargie du Commonwealth et à d'autres acteurs, afin d'améliorer le bien-être de tous les citoyens du Commonwealth et de promouvoir leurs intérêts communs à l'échelle mondiale. » Commonwealth charter.
On peut donc constater qu’il n’y aucune ou quasiment pas de mention de la langue ou de la culture mais des ambitions basées totalement sur un partenariat de croissance et développement, ce qui favorise et influe largement le devenir et l’émergence des Pays membres qui occupe aujourd’hui les premiers loges en termes d’entrepreneuriat et de croissances économique.
En guise de conclusion, les pays d’Afrique anglophones battent les pays francophones dans tous les aspects en termes de stratégies et de méthodologies en faveur de l’investissement et de la croissance des startups que ce soit au sein des pays lead Français et Royaume Uni que chez les pays d’Afrique.
Les stratégies francophones
Sur l’aspect influence en termes de communication et de politique, la francophonie remporte haut la main cette guerre informationnelle mais sur le terrain les chiffres et les résultats impactant se trouvent chez les voisins anglophones. Il est donc important de renforcer le système financier, d’alléger les procédures de création et développement des startups et d’accentuer les efforts pour améliorer et renforcer le climat des affaires. Mais on ne peut pas, ne pas observer l’engouement d’une nouvelle dynamique d’émergence des startups en francophonie avec une grande campagne informationnelle mené par l’Élysée.
Est-ce donc un pur et simple hasard que le seul pays Francophone d’Afrique qui se démarque dans le classement Partech soit le Sénégal, dont le président Macky Sall, qui dans la même année devient Président de l’Union Africaine, et a été invité récemment à Station F aux coté du Président français Emmanuel Macron en marge du sommet UA-UE durant un évènement de haut niveau regroupant tout l’écosystème business de France. Un événement organisé par le groupe AFD, le 16 février 2022 afin de promouvoir une nouvelle alliance euro-africaine pour des investissements durables ou plutôt un espoir d’une nouvelle alliance franco-africaine.
« Je crois dans cette alliance parce que je pense que l'Europe du XXIème siècle ne peut pas se construire sans cette alliance et ce partenariat renouvelé avec son voisinage direct qu'est le continent africain. Et je le dis, il est normal que l'Afrique regarde tous ses partenaires en voulant les regarder de manière égale. On a tous cette préoccupation quand on fait la même chose avec le reste du monde. Je dis simplement, nous sommes les enfants de la mer Méditerranée. Mare Nostrum, c'est le foyer de notre civilisation. Cette mer Méditerranée, c'est le cordon ombilical entre l'Afrique et l'Europe. Et donc, nous, nous avons une relation très particulière, qu'on le veuille ou non, c'est que ces deux continents sont liés de mémoire, de civilisation et ne peuvent pas construire les siècles qui viennent l'un sans l'autre. Et donc, oui, l'Europe du XXIème siècle sera une Europe qui se pensera avec le continent africain. C'est une évidence. » Emmanuel Macron, Président de la République française
Aujourd’hui, la Francophone fait la promotion d’un rêve acheté et consommé chez les voisins anglophones, le rêve ou l’entrepreneuriat est un parcours à la disposition de tous et qui crée de la valeur ajoutée et de l’impact réel.
Omar Ibn Abdillah