Le Président Xi Jinping réaffirme continuellement son objectif de hisser la Chine « au premier rang du monde » à l’horizon 2049, centenaire de la naissance de la République de Chine.
La 5G est-elle un cheval de Troie ?
En ce sens, l’État-Parti ambitionne à travers le déploiement de la 5G d’atteindre cette suprématie globale sur la scène internationale. Véritable défi structurel comme géopolitique, la réalité derrière cet enjeu est la consécration de sa place de première puissance économique mondiale, aliénant par là-même le contrôle jusque-là inébranlé des États-Unis sur les systèmes de communications.
De fait, le déploiement de la 5G à travers les continents est un sujet éminemment d’actualité pour lequel les tensions se cristallisent désormais au sein d’une compétition internationale acharnée entre la Chine, les États-Unis et l’Union Européenne. Sujet transversal dans son élaboration, l’étude de la stratégie chinoise nous exhorte à l’aborder sous ses différentes dimensions stratégiques, à la fois géopolitique, mais aussi économique et sociétale.
Les trois échiquiers
L’analyse de la stratégie de puissance liée à la recherche du contrôle global de l’information nous apprend d’une part comment la Chine assure son projet de suprématie informationnelle en passant par le contrôle de l’infrastructure globale de la 5G et un quadrillage de la normalisation au service de la Chine. Les risques et opportunités qui accompagnent la suprématie informationnelle et vont de pair avec le déploiement de la 5G révèlent les risques majeurs mais aussi l’intelligence déployée par l’avance chinoise sur ce marché.
L’analyse de la stratégie marchande de la Chine souligne que si les acteurs des télécommunications chinoisent n’avaient qu’un rôle d’observateur durant le déploiement de la 3G et de la 4G, ce positionnement s’est drastiquement modifié du fait d’alliances des intérêts publics et privés pour le déploiement de la 5G qui a permis au pays de se positionner comme précurseur en la matière, et sur l’ensemble des écosystèmes d’intérêts dans la chaine de valeur de la 5G. Cela malgré la guerre commerciale US-Chine dont les effets ont, au final, participé à la montée en puissance de la Chine.
La stratégie sociétale chinoise exerce enfin un rôle substantiel dans le déploiement de la 5G, tant par le modèle diffusé à l’international que par la réaffirmation d’une stabilité inhérente à la société chinoise. Confirmation de la réalisation du rêve chinois, les potentialités qui en découlent apparaissent pour le gouvernement comme des réponses aux difficultés structurelles auxquelles il doit faire face, tout en garantissant un contrôle accru de sa population. La démocratisation du modèle chinois à l’étranger qu’offre le déploiement de la 5G s’inscrit dans une volonté entamée depuis de nombreuses décennies et dont l’accélération que celui-ci offre s’inscrit pleinement dans la volonté de l’État-Parti d’exercer une influence internationale d’ici à l’horizon 2050.
Si l’on pouvait craindre – ou espérer – que la crise économique et sociale liée au coronavirus ne ralentisse le déploiement de la 5G par la Chine, celle-ci semble pourtant être en passe de parvenir à un tour de force étonnant. De nombreuses entreprises de la Silicon Valley chinoise ont vu leurs activités véritablement prospérer. Il n’est pas à n’en pas douter que le lancement par le gouvernement de la campagne « Nouvelles infrastructures » et les différentes aides allouées aux pays en difficulté ne seront pas en reste quant aux bénéfices tirés de cette crise dans la très probable accélération du déploiement de la 5G.
SIE 23 de l’EGE
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