Les enjeux liés au changement climatique conduisent les gouvernements européens à revoir en profondeur leur politique énergétique, notamment de production d’électricité, afin de réduire drastiquement la part des énergies fossiles – pétrole, charbon, gaz… – fortement émettrices de Gaz à Effet de Serre, au bénéfice d’énergies moins carbonées. Si le nucléaire, énergie sur laquelle est fondée la souveraineté énergétique de la France depuis les années 50, peut être considéré comme une énergie décarbonée, elle présente d’autres écueils, comme le risque d’accidents ou le retraitement des déchets nucléaires, difficilement compatibles avec la transition écologique. A l’heure où les centrales historiques vieillissantes doivent être remplacées, la France doit faire un choix pour son mix énergétique à l’horizon 2050. Dans ce contexte, émerge depuis les années 2000, le développement industriel des énergies renouvelables, dont l’énergie éolienne est le fer de lance. Leurs défenseurs affirment qu’elles seraient aptes à remplacer totalement le nucléaire dès 2050, tout en assurant une production d’électricité décarbonée. Si l’énergie éolienne est la figure de proue des EnR, c’est qu’elle repose sur une ressource naturelle, fréquente, non polluante et gratuite : le vent.
La France bénéficierait de surcroît d’un fort potentiel de vent, se plaçant à la 2e place européenne derrière le Royaume-Uni. Or, cette énergie éolienne suscite de nombreuses polémiques quant à son bilan énergétique, écologique et économique, mais également politique, sociétal et sanitaire. Considérée intermittente, non pilotable et non concentrée, elle nécessiterait énormément d’investissements pour l’intégrer aux réseaux de transport de l’électricité et garantir la sécurité énergétique du pays. Cette piètre rentabilité conduirait à l’emploi d’une énergie complémentaire possiblement carbonée. Autre écueil important, de nombreuses éoliennes seraient nécessaires pour remplacer une centrale nucléaire. Cet effet de taille gâcherait les paysages et l’environnement des riverains, entraînant des effets sanitaires désastreux et un défaut de démocratie encouragé par un système de financement crapuleux instauré par l’Etat.
Enfin, d’un point de vue économique, le développement de l’énergie éolienne conduirait à l’abandon de la filière nucléaire, ce qui induirait des pertes de compétence et d’emplois, mais également une perte de la souveraineté énergétique de la France. Du côté de ses défenseurs, l’énergie éolienne, certes encore perfectible, serait beaucoup plus sécurisée et coûterait beaucoup moins cher à développer que le nucléaire de 3e et 4e génération. L’intermittence et la non pilotabilité seraient largement contournables par la répartition des éoliennes sur le territoire et le foisonnement. En étant beaucoup moins centralisée que le nucléaire, elle permettrait de relocaliser la production d’électricité dans les région et d’assurer une autonomie énergétique locale. Les études d’impacts permettraient de contourner les problèmes environnementaux et sanitaires soulevés. Enfin, les éoliennes favoriseraient l’essor d’une économie circulaire créatrice d’emploi et d’apports financiers pour les communes, tout en garantissant leur indépendance énergétique.
A partir d’une étude attentive des grilles de lecture des détracteurs et des défenseurs des éoliennes, ce mémoire se propose de dresser le bilan de l’énergie éolienne et de remettre en perspective cette polémique, à l’heure où les choix politiques autour du mix énergétique européen revêtent un caractère crucial.
Frédéric Autret, Anne Lucile Jamet, Arnaud Laborde, Delphine Leroux, Hicham Saadli,
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