La gestion du risque informationnel dans le secteur de l’eau

L’Ecole de Guerre Economique a étudié jusqu’à présent les cas de guerre de l’information par le contenu dans le domaine de l’industrie de l’eau. Ce rapport élargit notre champ d’étude à la dimension cyber qui est de plus en plus présente dans la prise en compte des attaques informationnelles que subissent les entreprises dans ce secteur clé de l’économie.

Un enjeu de plus en plus stratégique

Les organismes d’importance vitale (OIV) sont aujourd’hui des piliers centraux dans le fonctionnement d’un pays. Parmi eux, les OIV rattachés à la gestion de l’eau. Les rapports de forces sont de natures diverses, complexes et opèrent sur plusieurs niveaux. Les conflits entre les secteurs publics et privés se complexifient au fur et mesure des nouveaux besoins et de l’évolution des politiques territoriales. L’accès à l’eau devient un réel atout pour celui qui la délivre au regard des nouvelles pratiques tarifaires.

Coté en bourse et très prisé dans les pays en manque tel que l’Australie, l’eau se transforme en produit de première qualité de moins en moins accessible. Ces nouvelles pratiques accroissent considérablement la corruption entre acteurs rendant ainsi le possesseur de l’information à un niveau supérieur sur le marché concerné.

Si l’eau est de plus en plus considérée comme un produit par l’ensemble de la masse, de nombreuses problématiques apparaissent. Le conflit éthique de la vente d’un produit vitale et le bénéfice apporté par cette dernière s’entrechoquent dans un vide juridique sans précèdent. La régulation des marchés de l’eau est encore récente et faible ne protégeant que partiellement les acteurs contre toutes dérives (accroissement des prix, corruption). Néanmoins, certains acteurs présentent favorablement cette restriction de l’eau par le prix dans le sens où cela permet une réduction de gaspillage (au profit des générations futures) et de prendre réellement conscience de la valeur de l’or bleu.

L'importance de la cybersécurité dans le domaine de l'eau

La compréhension du rôle des OIV liés à la gestion de l’eau dans les nombreuses stratégies nationales et internationales ainsi que l’augmentation des nouvelles technologies laissent place à de nombreuses vulnérabilités exploitables. L’exposition aux cyberattaques sur les OIV est en réelle hausse. Ransomwares, intrusions dans les systèmes, cheval de Troie, etc. Les systèmes (informatiques) de gestion (communs aux OIV) possèdent de nombreuses vulnérabilités par manque d’entretien (mise à jour, remplacement). L’utilisation accrue de l’IA dans le domaine favorisant la productivité ouvre davantage une faille dans les exploitations de données très mal protégées. La notion de cybersécurité, encore très récente demande une véritable acculturation de l’importance de l’information et de sa nécessité de protection. Acculturation encore très faible en France.

Le manque d’eau ou son accessibilité de plus en plus restreinte ouvre de nouvelles perspectives dans l’exploitation des eaux initialement non potables. Les eaux usées ou l’eau salée apparaissent comme l’eau potable de demain. Un enjeu fort qui peine portant à trouver sa place. Plusieurs facteurs techniques et opérationnels ralentissent les processus (cout de mise en place, main-d’œuvre, mauvaise régulation). Mais plus encore, l’information joue un rôle capital dans ce ralentissement par son aspect ici asymétrique : les croyances populaires sur les eaux usées (accrues suite à la crise sanitaire du Covid-19) et sur le marché du dessalement (contradiction d’opinion sur les bienfaits de cette alternative et les impacts néfastes sur l’écosystème) jouent tantôt en faveur tantôt en défaveur de ces marchés. Les études de cas proposés dans ce rapport ; la première sur les relations complexes entre le Gabon et l’entreprise française Véolia, la seconde sur la crise sanitaire du Covid-19 et enfin la troisième sur le marché de l’eau au Brésil tendent à révéler les manipulations de l’information dans une guerre discrète et sans arme.

Damien Bour, William Bossy Guerin, Clément Dumeyniou, Grégoria Mezzano, Paul Pelletier, Bertrand Teissier, Adam Thongsavarn, Ophélie Weber

 

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