La situation de l’Allemagne est une situation particulièrement intéressante au sens où le pays maîtrise et subit à la fois ses dépendances.
L’Allemagne subit tout d’abord une dépendance aux apports en énergie. Elle tente toutefois de la piloter en s’associant avec un certain nombre de partenaires commerciaux comme les États-Unis et la Russie à travers Nord Stream 2. Ce jeu d’équilibriste n’est cependant pas du goût des Américains qui craignent que l’Allemagne n’échappe à leur emprise. Cette situation devient de surcroît problématique pour sa défense nationale, autre secteur dans lequel l’Allemagne doit composer avec l’étranger. Il apparaît en effet que les États-Unis et l’OTAN sont les plus grands acteurs de la défense outre-Rhin. Dès lors, Washington dispose d’un moyen de pression important sur son protégé germanique.
L’Allemagne pilote en outre sa dépendance à certains produits nécessaires pour son industrie. Ce pilotage s’effectue à travers des partenariats commerciaux conclus avec des pays lui fournissant des produits peu manufacturés. La dépendance envers ces tiers est ainsi très restreinte, cette production ne nécessitant pas de grande spécialisation. De plus, d’autres pays peuvent fournir l’Allemagne, ce qui ne la contraint pas d’être économiquement liée à un pays en particulier. Berlin compte par ailleurs sur une immigration de main-d’œuvre étrangère pour venir alimenter son industrie et répondre aux besoins de celle-ci.
Ces deux dernières dépendances tendent finalement à montrer que l’Allemagne dépend de son industrie, qui représente une part très importante de sa richesse nationale (26,5 % du PIB en 2020). La force du pays réside cependant dans sa capacité à contrôler cette dépendance en réalisant des arbitrages efficaces au niveau des importations. La crise de la Covid-19 aura toutefois révélé que cet équilibre est précaire et qu’une déstabilisation des chaînes logistiques peut avoir un impact hautement négatif pour l’industrie allemande.
Enfin, le rôle de l’opinion publique dans l’arbitrage économique participe aux choix de dépendance. Dans le domaine énergétique par exemple, l’Allemagne adopte une position claire en préférant se passer de charbon et de nucléaire quitte à accroître sa dépendance au gaz. Concernant le recours à l’immigration, la politique berlinoise oscille en fonction du degré d’adhésion de la société civile, même si l’économie manque cruellement de bras. Elle adopte donc une position ambivalente vis-à-vis de ses dépendances économiques, en maintenant un équilibre entre besoins économiques et acceptation des décisions par le peuple allemand.
Rayane Aït Haddou, Théo Caselli, Maxime De Lataillade, Olivia Luce, Paul Margaron
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