La défaite informationnelle du pétrole canadien

 

Le Canada est un exportateur majeur d’hydrocarbures. Ses réserves représentent 168 milliards de barils. Ce sont les troisièmes du monde après celles de l’Arabie Saoudite et du Venezuela. 

 

La colonne vertébrale de l’économie canadienne — ou son talon d’Achille ?

Le Canada, 6ème exportateur mondial en volume n’est pourtant pas une puissance du pétrole. C’est-à-dire que ce pays n’utilise pas le pétrole comme un levier de puissance. Raisons : absence de stratégie nationale de l’énergie concernant la mise en valeur et l’exploitation de la ressource et, du côté international, absence de volonté de faire usage du pétrole comme levier stratégique. Plutôt, depuis 2015 et l’avènement du gouvernement de Justin Trudeau, celui-ci entretient une relation ambivalente avec le secteur des hydrocarbures qu’il traite au mieux comme un mal nécessaire.

La prospérité du Canada, est étroitement liée à l’exportation de ressources naturelles. Selon un rapport de Statistique Canada[i] (2023), le pétrole représente 16 % des exportations canadiennes, illustrant la forte dépendance économique du pays à cette ressource. Le pétrole est aussi le moteur économique de la province d’Alberta, responsable d’environ 85% de la production de pétrole nationale canadien qui est aussi la région la plus riche du Canada avec un PIB par Habitant de CAD$101,000[ii]. Pour les milliers de familles qui dépendent des sables bitumineux pour subvenir à leurs besoins, ce 16 % ne constitue pas simplement un chiffre—c’est une question de subsistance, le socle des économies locales de la province. Pour mettre les choses en perspective, chaque jour, l’Alberta produit assez de pétrole pour remplir 4 000 piscines olympiques. C’est l’envergure d’une industrie qui fait tourner les commerces locaux, finance les écoles, et construit les infrastructures communautaires. Si le Canada n’est pas un pétro-état, l’Alberta se rapproche certainement de cette définition.

Selon un sondage de 2016 mené par Abacus Data[iii], une majorité de Canadiens soutient l’industrie pétrolière, un sentiment confirmé en 2023 par un sondage de Nanos Research[iv]. Pourtant, il y a incohérence entre l’attitude des autorités et celle de la population. En 2015, Justin Trudeau déclare désirer l’abandon progressif de l’industrie au profit de la green transition[v]. Il serait réducteur d’expliquer ce froid entre le gouvernement central et cette industrie stratégique par une simple volonté de décarbonisation de l’économie. Aux élections de 2015 qui vont porter Justin Trudeau au pouvoir, l’Alberta et la Saskatchewan ne vont contribuer que 5 députés à sa majorité parlementaire en contraste avec les 120 sièges accordés par les provinces d’Ontario et du Québec, régions non productrices de pétrole. Une puissante stratégie d’influence orchestrée par les opposants au développement de l’industrie pétrolière serait en cause. On peut aussi voire là un échec stratégique de communication de la part de l’industrie pétrolière et du gouvernement d’Alberta qui n’ont su convaincre le gouvernement fédéral de l’Importance de cette industrie pour l’intérêt national.

Le couteau à double tranchant de la géographie

Les gisements de pétrole ne sont pas distribués de manière équitable et profitent particulièrement à l’Alberta qui détient 97%[vi] des réserves nationales. D’autres provinces majeures telle l’Ontario et le Québec sont axées sur les biens et services. Or la force du dollar canadien de la fin des années 2000 et du début des années 2010 va certainement être un irritant pour un secteur manufacturier souhaitant exporter ses produits. On peut donc interpréter l’hostilité du gouvernement fédéral actuel envers le secteur pétrolier canadien comme la manifestation des intérêts divergents des provinces qui ne bénéficient pas de cette ressource et dont il tire la majorité de son soutien populaire. 

À noter aussi : le WCS (Western Canadian Select) n’est pas comparable, au pétrole conventionnel extrait en forme liquide. Ce pétrole brut lourd riche en souffre provient de bitume mélangé à de vastes quantité de sables d’où l’expression ‘sables bitumineux’ (tar sands en anglais). Cela nécessite l’excavation de grandes surfaces après quoi le pétrole doit être extrait par un processus énergivore et polluant. Il faut aussi noter que le processus d’extraction par excavation a un effet visuel frappant sur les surfaces exploitées. 

 

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Ces images dramatiques ont contribué à la réputation de l’industrie comme étant l’une de plus sale du monde telle que décrite par le Wall Street Journal[vii] et promptement reprises par nombre de groupes écologistes.

 

Enclavée : La course aux pipelines pour conquérir de nouveaux marchés.

L’Alberta contenant la vaste majorité des champs pétrolifères est enclavée. N’ayant pas d’accès direct à l’océan, elle ne peut pas atteindre les marchés d’outremer. La quasi-totalité des hydrocarbures canadiennes exportées sont donc vendues sur le marché américain[viii]. Cela donne un avantage majeur aux États-Unis qui peuvent dès lors imposer un rabais substantiel. Le WCS est vendu, en moyenne, $15 moins cher que le WTI. L’Alberta a vendu environ 14 milliards de barils de WCS entre 2010 et 2024. Une différence en bénéfices de 15$ par barils par rapport au WTI représente un manque à gagner de presque 60 milliards de dollars. Ce manque à gagner de 60 milliards de dollars pour l’Alberta en raison de la décote appliquée à son pétrole aurait pu financer des milliers de postes d’enseignants, élargir les services de santé, ou bâtir des infrastructures vitales pour des communautés à travers le territoire.

Soucieux de diversifier sa clientèle et d’amoindrir sa dépendance sur les marchés américains, l’industrie pétrolière canadienne, en collaboration avec les gouvernement provinciaux et fédéraux de l’époque, va lancer multiples projets d’expansion des oléoducs existants et de construction de nouveaux oléoducs. Les objectifs : briser l’emprise du marché américain sur le pétrole canadien afin d’augmenter le prix de vente du WCS et ouvrir de lucratifs marchés en Asie et en Afrique acheminant le pétrole vers des terminaux océaniques. Un bénéfice additionnel mais à ne pas négliger : un grand nombre de postes liés à la construction et la maintenance de ses nouveaux oléoducs à travers multiples régions qui ne bénéficient pas historiquement de l’industrie du pétrole permettrait de créer une base de support politique pour l’industrie qui pourrait se traduire par une meilleure relation avec les instances gouvernementales qui octroieront les permis de développement futurs.

Le Trans-Mountain Pipeline de Kinders Morgan, doit emmener le pétrole directement au port de Vancouver et l’océan Pacifique. La société TC Energy quant à elle, veut convertir un ancien Gazoduc, le Energy East, afin d’amener le pétrole dans l’est canadien du continent et vers les marchés de l’outre-Atlantique d’Europe et d’Afrique. Il y a d’autres projets bien sûr mais leurs objectifs sont tous similaires. L’industrie du pétrole canadien, consciente de ses vulnérabilités géographiques tente donc de désenclaver ses bassins de production et d’accéder à de nouveaux débouchés afin de réduire sa dépendance sur les marchés américains surtout en vue d’un voisin américain qui montre déjà sous Obama les regains d’une tendance protectionniste.

 

Une opposition grandissante

Le Canada étant décentralisé, le gouvernement fédéral n’a aucun contrôle sur l’extraction des ressources. En effet, la constitution qui régit les champs de compétences des différents niveaux de gouvernement au Canada assigne la gestion des ressources naturelles aux provinces qui ont le droit exclusif d’imposer des royalties. Cela ne veut pas dire que l’opinion du gouvernement fédéral ne va pas jouer surtout lorsque le celui-ci a droit exclusif de négocier à l’étranger. D’autre part, l’accord des autres provinces doit être obtenu afin de construire des oléoducs qui traverseraient leurs territoires. On voit là une des sources de l’échec informationnel au niveau du gouvernement albertain et de l’industrie. Aucune des administrations successives de la provinces (3 partis vont se succéder au pouvoir entre 2010 et 2024) ne vont tenter de négocier des accords sur la base du partage des richesses afin d’obtenir la coopération des autres gouvernements du territoire canadien. Un rapport de 2013 du Pembina Institute[ix] a estimé que le projet Energy East aurait généré environ 30 mégatonnes de CO₂ par an, un chiffre alarmant qui a alimenté le débat public sur les émissions de gaz à effet de serre. La population québécoise, quant à elle, ne soutient pas particulièrement le projet. Un sondage datant de 2014 par l’Université de Montréal estime que seul un tiers de la population de la province est en faveur du projet[x]. Il faut tout de même préciser que celle-ci est généralement en faveur au développement du pétrole, c’est sur le passage d’un oléoduc à travers son territoire que le public se refroidit. 

Les politiques du gouvernement Trudeau restent résolument du côté écologiste : Imposition d’une taxe sur le carbone, interdiction des véhicules thermiques dès 2035. Il nomme de plus Steven Guilbeault, membre fondateur d’Équiterre et ancien activiste chez Greenpeace comme ministre de l’environnement en 2021, confirmant l’attitude résolument anti-hydrocarbures de son gouvernement. 

Vu l’opposition du Québec et son poids dans le gouvernement Trudeau, le projet Energy East sera annulé par ce même gouvernement quelques mois après son entrée en fonction. Une victoire pour la Pembina Institute. L’Alberta et ses son secteur de l’énergie n’ont su séduire leurs compatriotes franco-canadiens. La stratégie du gouvernement albertain cherchant à faire valoir le droit de la province à faire passer un oléoduc à travers le territoire d’une autre province sans offrir de bénéfices concrets et sans son consentement a clairement aliéné la population et la classe politique du Québec. Échec de communication, oui, mais certainement exacerbé par des facteurs externes. Le Pembina institute aurait été bénéficiaire de sources de financement étrangères démontrant que la lutte contre le pétrole canadien s’internationalise. Mais aussi que certains intérêts américains voient leur intérêt dans l’enclavement du pétrole canadien. Cui bono?

Un autre facteur : la perception des projets de développement de l’énergie par les différentes tribus indigènes dont les terres ancestrales parsèment le territoire canadien. Par ce fait, ces mêmes tribus bénéficient d’un droit de veto officieux car il est très difficile de faire avancer un projet d’infrastructure à travers un territoire amérindien hostile à ce développement surtout quand ceux-ci ont la capacité de mener une guerre légale par les poursuites répétées et les injonctions[xi] et par l’action physique prenant souvent la forme de blocus telle que l’occupation d’un site industriel qui prends place en septembre 2021 tel que rapporté par Amnesty International[xii].

Une taxe sur le carbone est imposée dès 2016 par le gouvernement Trudeau sur le principe de pollueur payeur visant à réduire la demande nationale en pétrole. Le permis pour l’expansion du Pipeline Keystone qui avait été octroyé par l’administration Trump est annulé par le Président Biden peu après la fin du mandat de Donald Trump. En réponse, le gouvernement Trudeau opte de ne pas actionner le gouvernement américain malgré un préjudice évidente à l’industrie canadienne du pétrole. On notera qu’il existait des leviers légaux sous les accords de l’USMCA qui aurait permis aux pétrolières et au gouvernement canadien de poursuivre l’administration Biden mais le gouvernement Trudeau refuse à l’époque de faire valoir le droit de ses entreprises. Le discours de son gouvernement par rapport à la pollution est résolument écologiste. Cette position pourrait paraître surprenante vu l’opinion généralement positive de l’électorat canadien envers les sables bitumineux et vu les dommages économiques à des firmes canadiennes mais elle s’inscrit dans la tendance d’une défaite informationnelle de l’Industrie du pétrole. On peut même dès lors parler d’un véritable encerclement cognitif de cette industrie qui ne commence à réagir que trop tard à la réelle menace.

 

Influence étrangère : Qui est vraiment derrière les campagnes anti-pétrole au Canada ?

Comme l’a révélé la chercheuse Vivian Krause dans une analyse publiée par le Financial Post en 2010[xiii], plusieurs ONGs opposées aux sables bitumineux reçoivent un financement important de la part d’organisations américaines, y compris la Tides Foundation. Dans cet article, elle démontre qu’une campagne informationnelle dénommée la Dogwood initiative financée par la US Tides Foundation est à l’origine d’une initiative législative au parlement canadien ayant pour objectif d’établir un moratoire sur le trafic de tankers sur les côtes de la Colombie Britannique. Ce moratoire viserait à empêcher l’exportation du pétrole canadien par le Port de Kitimat. La Compagnie Kinders Morgan tentait alors de construire un oléoduc vers Kitimat afin de pouvoir exporter le pétrole canadien vers l’Asie. Krause note que cette même U.S. Tides Foundation ne finance pas d’initiatives visant l’imposition d’un moratoire total des tankers sur la côte ouest nord-américaine De manière plus générale, la Tar Sands Campaign, ce que Krause désigne comme étant le réseau d’opposition à l’industrie pétrolière albertaine, serait l’indication d’une attaque concertée contre l’industrie canadienne par le côté américaine[xiv]. Une incohérence qui pourrait cacher des motifs ultérieurs. Cui bono? La campagne d’influence législative sera couronnée de succès puisqu’un moratoire sera effectivement imposé par le gouvernement Trudeau, mettant fin au projet Northern Gateway qui perd tout sens économique si les tankers ne peuvent pas atteindre le terminal de Kitimat.

Dans un autre article[xv], celui-ci datant du de 2013, celle-ci implique un certain nombre d’associations américaines notamment, la Tides Foundation mais aussi le Rockefeller Brothers Fund (dont la richesse, on notera non sans ironie, vient de la Standard Oil) et la Sea Change Foundation parmi d’autres. Elle expose aussi le fait que la Tides Foundation encore une fois est très active dans ces efforts de suppression du pétrole albertain notamment en finançant des groupes telles les premières nations de Fort Chippewan notoires pour leurs multiples actions directes et actes de sabotage contre visant les compagnies pétrolières canadiennes. D’autres fonds encore pour Équiterre, ONG québécoise (dont le ministre de l’environnement canadien actuel, Steven Guilbeault est membre fondateur) qui va militer contre le projet Energy East qui avait comme ambition la conversion d’un gazoduc en oléoduc afin de permettre au pétrole albertain d’atteindre les marchés d’outre-Atlantique. Selon Krause, l’industrie des sables bitumineux canadienne serait sujette d’une vicieuse offensive cognitive organisée et financée en grande partie par des intérêts américains. 

 

La réponse : Une bien faible riposte.

Conscient d’une offensive informationnelle, le Premier Ministre albertain annonce en 2019 la création d’une véritable war room du pétrole et du Gaz (dans les mots du Premier Ministre albertain de l’Époque). Le Canadian Energy Centre (CEC) financé directement par le gouvernement albertain a pour mandat[xvi] de faire la promotion de l’Énergie canadienne (mais en particulier le pétrole albertain). On voit là donc les balbutiements d’une réalisation de la nécessité de la guerre économique par le gouvernement albertain, fait surprenant dans un pays qui ne possède pas une culture développée de la guerre économique. Le CEC tente de contrer la guerre informationnelle un supportant la dissémination d’information positive sur l’industrie. On parle ici de combattre le feu par l’eau. On voit aussi là les faiblesses d’une stratégie qui est conçue par une organisation qui n’a pas de cellule spécialisée de guerre économique. C’est une stratégie purement défensive qui ne cherche pas à activement discréditer ses adversaires, choisissant plutôt de s’attaquer à des objectifs superficiels. On prendra l’exemple d’une curieuse campagne informationnelle menée pour contrer le film Bigfoot Family, film pour enfant publié sur Netflix, une allocation très douteuse des ressources de l’organisation. Les efforts de la CEC vont se solder par l’échec car incapable de démontrer son utilité au gouvernement qui va la dissoudre en juin 2024.

Une enquête commanditée par le gouvernement albertain dont les résultats sont publiés le 21 octobre 2021[xvii] est aussi lancée. L’enquête de Vivian Krause est validée : Il est établi qu’entre 2003 et 2019, des ONGs américaines s’opposant au développement du pétrole canadien ont reçus $1.28 milliards de sources étrangères en versements directs à des campagnes informationnelles opposées au développement des hydrocarbures au Canada, une somme beaucoup plus importante que ce que Krause avait elle-même révélée. Au-delà de ce chiffre, on se rends compte que certaines ONG agissent comme sous-traitants dans la distribution de fonds et qu’une fois des fonds redistribués à d’autres organismes, ceux-ci ‘perdent’ leur nature étrangère. Une forme de blanchiment géographique d’argent. Le rapport conclut donc selon cette information qu’il est impossible de connaître la quantité exacte mais qu’une somme beaucoup plus importante a probablement été distribuée par des sources américaines à des ONGs canadiennes dans le but de nuire à l’industrie Pétrolière canadienne. Malgré ces révélations choc, le gouvernement fédéral reste muet et le gouvernement albertain semble incapable d’élaborer une stratégie de communication cohérente afin de faire travailler l’angle du scandale. Idem pour le secteur privé. 

Cui bono igitur? Les États-Unis qui profitent d’une remise importante sur l’achat de WCS? Les groupes écologistes canadiens et américains qui bénéficient de grasses subventions pour mener le combat? Le gouvernement fédéral soucieux d’atteindre ses objectifs de décarbonisation au profit d’une région qui ne lui apporte aucun soutien politique? La liste de suspects est longue.

 

Le bilan : Résultats mitigés et faiblesses persistantes

Les multiples tentatives d’augmenter la portée des marchés disponibles au pétrole canadien se sont avérées un échec généralisé. Le projet de l’oléoduc Energy East est abandonné en 2017, face à une opposition concertée menée par les groupes indigènes dont les territoires seront traversés par le projet ainsi que le Québec, qui oppose fortement le projet, grâce, entre autres, à une campagne médiatique orchestrée par Équiterre. Le public québécois rejette résolument toute expansion de la capacité d’exportation du pétrole canadien). Un sort similaire attend le projet Keystone XL. L’administration Biden annulera les permis d’expansion par décret dès sa prise de pouvoir et le projet sera lui aussi abandonne en 2021.

Le projet Trans-Mountain quant à lui passera proche de l’annulation aussi avant d’être racheté à prix d’or par le gouvernement canadien à qui on reprochait de négliger les intérêts canadiens. Il existe donc une lueur d’espoir pour le pétrole canadien qui a vu un de ses projets de désenclavement réussir.

Docteur Tiberghien, professeur en sciences politiques à l’Université de Colombie-Britannique, note avec un certain désarroi que le Canada est un des derniers pays du monde qui croît encore au rules based international order (Y. Tiberghien, communication personnelle, 26 octobre 2024.) Cette conception libérale des relations internationales trahit une certaine naïveté de la part des autorités canadiennes qui croient encore exister dans un environnement chimérique de fairplay. La série d’échec et les importantes pertes financières subies par le Canada ainsi que son incapacité à se concevoir comme puissance énergétique ou faire usage agressif de ses atouts géographiques au service de ses intérêts trouve sa source dans cette délusion. Le seul succès, l’achèvement de l’oléoduc Trans-Mountain qui va finalement permettre l’acheminement du pétrole canadien aux marchés asiatiques menace d’être mis en échec par une hostilité montante entre la Chine et la sphère d’influence américaine dont le Canada fait partie.  Certes il est crucial que le Canada élabore des meilleures stratégies de communication, et développe une conception réaliste et pragmatique de la guerre économique mais avant toute chose, le Canada a criant besoin de commencer à se concevoir comme une entité distincte à part entière avec des intérêts qui vont diverger du système international dans lequel il évolue. L’incapacité de la province d’Alberta à défendre son industrie-moteur, l’absence de coopération interprovinciale sur le sujet et le refus du gouvernement centra; d’élaborer une stratégie nationale énergétique a toutes les marques d’un état qui régresse peu à peu au niveau de sa souveraineté. Si le pays ne peut développer une conception forte de son identité qui va, malheureusement pour les internationalistes et libre-échangistes de ce monde, devoir s’élaborer en opposition aux intérêts de des voisins et alliés, ces problèmes continueront à sévir et la prochaine fois, ça ne sera pas les hydrocarbures mais les secteurs industriels, de la tech, du bois d’œuvre et autres. Les Canadiens doivent cesser de se complaire dans leur réputation de bons élèves de la communauté internationale et demander de leur gouvernement que celui-ci adopte une position résolument Nationaliste au niveau de l’économie et du développement sans quoi ce pays, verra sa prospérité et sa qualité de vie lui glisser entre les doigts.

C. B (SIE28 de l’EGE)

 

 

Sources

[i] Statistics Canada. (2024, May 9). StatCan daily reporthttps://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/240509/dq240509a-fra.htm

[ii] Statistics Canada. (n.d.). Supply and demand of primary energy. https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/en/cv.action?pid=3610022101

[v] CBC News. (2017, January 13). Justin Trudeau says Canada needs to phase out oilsands. CBC News. https://www.cbc.ca/news/canada/edmonton/justin-trudeau-oilsands-phase-out-1.3934701

[vi] Government of Canada. (n.d.). Energy facts: Oil, natural gas, and coal. Energy Information Canada. https://energy-information.canada.ca/en/energy-facts/oil-natural-gas-coal

[vii] Wall Street Journal. (2022). Canada’s oil sands and environmental impactshttps://www.wsj.com/articles/oil-sands-canada-dirty-carbon-environment-11642085980

[ix] Pembina Institute. (n.d.). Climate implications of the proposed Energy East pipelinehttps://www.pembina.org/pub/climate-implications-proposed-energy-east-pipeline

[x] Montreal Gazette. (n.d.). Few Quebecers support Energy East pipelinehttps://montrealgazette.com/news/local-news/poll-shows-few-quebecers-support-energy-east-pipeline

[xi] Vice. (n.d.). Indigenous lawsuits could paralyze the tar sandshttps://www.vice.com/en/article/indigenous-lawsuits-could-paralyze-the-tar-sands

[xii] Amnesty International. (2022). Canada pipeline endangers Indigenous land defenders. https://www.amnesty.org/en/latest/news/2022/10/canada-pipeline-indigenous-territory-endangers-land-defenders

[xiii] Financial Post. (n.d.). Demarketing Albertahttps://financialpost.com/opinion/demarketing-alberta

[xiv] Global News. (2018). Researcher argues anti-Alberta oil campaigns protect U.S. interestshttps://globalnews.ca/news/4657720/b-c-researcher-argues-anti-alberta-oil-campaigns-about-protecting-u-s-interests-not-environment

[xv] Financial Post. (n.d.). Vivian Krause on U.S. funding against Canadian oilhttps://financialpost.com/opinion/vivian-krause-new-u-s-funding-for-the-war-on-canadian-oil

[xvii] Government of Alberta. (n.d.). Public inquiry into anti-Alberta energy campaignshttps://www.alberta.ca/public-inquiry-into-anti-alberta-energy-campaigns