Dans un contexte de rivalités économiques plus prégnant que jamais depuis la fin de la guerre froide, les principales puissances rivalisent de stratégies et de subterfuges pour bloquer et piéger leurs adversaires dans la course à l’ultra-puissance économique.
Les Etats-Unis, pour conserver leurs avantages stratégiques hégémoniques (politique, militaire, financier, économique et technologique), ont depuis la crise financière de 2008 adopté une stratégie agressive dans le recours à l’arme des sanctions, en utilisant le droit américain comme un véritable glaive au service d’une guerre tous azimuts et notamment économique et financière.
Cette méthode d’agressivité économique, démarrée par le Président Bill Clinton et mise en lumière sous l’ère de Donald J. Trump, a servi d’électrochoc aux autres grandes puissances telles que la Russie, la Chine ou même l’Union Européenne qui se sont vues pénalisées dans leurs projets économiques et financiers par l’utilisation du dollar américain, tombant de fait sous législation américaine.
Face à ces agressions de la super-puissance américaine, l’impact sur l’utilisation du dollar dans les échanges internationaux se fait de plus en plus sentir devant cette rupture de confiance des équilibres prônés par le libre-échange. En 2021, selon un rapport du Fond Monétaire International (FMI), la part du dollar américain dans les réserves des banques centrales a chuté de 70% à 59%, son plus bas niveau depuis 25 ans, au profit d’autre devises tel que l’euro, le rouble, le yuan (Renminbi) ou même l’or.
Comment en est-on arrivé à cette dédollarisation ?
Après la seconde Guerre Mondiale, la démocratisation et le caractère universel du dollar comme devise de référence permet aux Etats-Unis, uniques détenteurs du pouvoir régalien, de l’utiliser comme vecteur d’influence et de puissance.
Depuis quelques années, le billet vert interroge du fait de son utilisation massive dans le cadre des sanctions américaines. En effet, alors un temps outil de Soft Power pendant la Guerre Froide, il est résolument devenu le symbole du Sharp Power américain depuis le début des années 2000.
En effet, depuis la crise financière de 2008 mais aussi auparavant du temps de la présidence de Georges W. Bush (2001-2009), les Etats-Unis se sont engagés dans une stratégie de sanctions afin de punir et de remettre dans le droit chemin les sociétés, personnes ou nations qui ne respecteraient pas les lois américaines et qui, en même temps, utiliseraient des outils économiques américains pour arriver à leurs fins. Le dollar fait justement partie de ces outils. Ce dernier représente aujourd’hui plus de 60% des échanges mondiaux (85% sur les matières premières) et est détenu aux deux tiers par des investisseurs ne résidant pas aux Etats-Unis.
En France notamment mais également en Allemagne, en Chine, en Russie et dans bien d’autres pays, les lois extraterritoriales américaines font débat quant à leur application supranationale et quant à leurs visées géopolitiques comme « arme de destruction économique massive ».
Sans reprendre le détail des différentes affaires depuis ces dernières décennies, des lois à portées extraterritoriales comme le Foreign Corrupt Practices Act (FCPA) de 1977, les différents régimes d’embargos ou des sanctions économiques permettent aux Etats-Unis de sanctionner efficacement et de manière dissuasive leurs ennemis tous désignés Rogue States ou bien leurs adversaires économiques comme peuvent l’être la Chine ou certains pays européens. Bien entendu, à chaque adversaire une mesure de rétention systémique est mise en place de manière plus ou moins visible. Dans toutes les lois américaines à portée extraterritoriales, l’utilisation de la devise nationale et de moyens se trouvant sur le sol américain (serveurs emails, VoIP…) ouvrent la porte à une enquête par le Department of Justice (DoJ) ou de la Standard Exchange Commission (SEC).
Le rôle du dollar dans la grande majorité des poursuites intentées par le gouvernement américains contre des gouvernement étrangers, des multinationales et des établissements bancaires, est prédominant : amende records en 2014 de la BNP Paribas de 8,974 milliards de dollars pour violation d’embargos et de régimes de sanctions en ayant autorisés des flux financiers en dollars US par des entités sous sanctions, 772 millions de dollars d’amende pour la société Alstom, également en 2014, dans le cadre de corruption d’agents publics étrangers avec paiements associés en dollars, ayant pour conséquence économique le rachat d’Alstom par son concurrent américain General Electric et l’incarcération honteuse et abusive de Frédéric Pierruci, alors cadre supérieur d’Alstom Power, afin de pousser l’entreprise française au plaider coupable. (1, 2).
D’une manière globale, 30% des sociétés pénalisées par le FCPA sont étrangères mais ont payées 67% des amendes collectées par le DoJ ou la SEC (Rapport Lellouche-Berger, 2016)…
Cependant, certaines voix de magistrats aux Etats-Unis dénoncent l’utilisation de la loi américaine comme étant supranationale aux législations locales, mais la très grande majorité des affaires sanctionnées par la justice américaines, se font sur le mode du Plea Guilty (plaidé coupable) et restent une affaire de négociation entre l’administration et l’entreprise incriminée, sans passer devant un juge, évitant ainsi à l’entreprise un long et couteux procès assortis de rétorsions économiques comme notamment la potentielle privation de l’accès au marché américain avec les répercussions économiques désastreuses que cela pourrait engendrer pour cette dernière.
Dos au mur face à l’utilisation du dollar comme arme de dissuasion par Washington, certaines grandes économies s’organisent pour réduire leur exposition et sortir de cette dépendance.
L'hostilité de la Russie : clé dans ce processus de dédollarisation
Avec la politisation du dollar, la Russie tombe sous le coup de nombreuses sanctions américaine (3). Les dernières en date du 15 avril 2021, annoncées par le Président Joe Biden, infligent une nouvelle salve contre les institutions financières russes, avec notamment l’interdiction pour les sociétés américaines d’acquérir des bons émis par la Russie dans le cadre de ses émissions de nouvelle dette.
Suivant une stratégie politique initiée par le Président Vladimir Poutine depuis 2014, ces nouvelles sanctions confortent Moscou dans sa stratégie de dédollarisation de son économie. En effet, à chaque nouvelle série de sanctions, Vladimir Poutine dénonce le fait que Washington se serve du dollar « pour étendre sa juridiction au monde entier ».
Mais pour la Russie, la solution d’une dédollarisation de son économie ne peut se résumer à libeller l’ensemble de ses exportations ou importations en devise nationale. En effet, la volatilité du taux de change étant bien trop importante, cela empêche ainsi toute conclusion de contrat à terme libellé en roubles.
En 2019, lors du Forum économique eurasiatique à Vérone en Italie, le géant de l’énergie Rosneft a annoncé, par la voix de son dirigeant Igor Setchine, que l’ensemble des contrats export de sa société (120 millions de tonnes par an) seraient dorénavant libellés en euros et non plus en dollars. Cette stratégie ayant notamment pu se mettre en place après une année particulièrement profitable pour l’entreprise. Également, selon Bloomberg, les exportations russes libellées en dollar sont passés pour la première fois fin 2020 sous la barre des 50% à 48%, soit une baisse de 13% par rapport à 2019 et de 38% depuis 2013.
A la stratégie de Rosneft s’ajoute également celle du fond souverain russe le National Wellbeing Fund, principalement alimenté par les exportations d’hydrocarbures, qui a pour objectif de supprimer la totalité de ses investissements en dollar pour remplacer cette devise par l’euro, le yuan et l’or. L’objectif annoncé par le ministre russe des Finances Anton Silouanov, lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg de juin 2021, est clair : « Nous avons décidé de renoncer complètement aux actifs en dollars au profit de l’euro et de l’or ». Selon le ministre, l’objectif est d’arriver à la répartition suivante : dollar 0%, euro 40%, yuan 30%, or 20%, livre sterling 5% et yen 5%. Les actifs en dollars devant être liquidés d’ici à fin juillet 2021 selon le ministre.
A ceci près que l’économie russe est très dépendante du marché des matières premières, encore largement dominé par le dollar. Une entreprise comme Notavek, exportateur russe de gaz, est pourtant déjà passé du dollar à l’euro « bien avant Rosneft » pour la plupart de ses contrats export selon Leonid Mikhelson, son dirigeant. Aussi, dans le cadre du chantier titanesque du Nord Stream 2 (menacé de sanctions américaines), le Président Vladimir Poutine avait déclaré dans la presse : « L'euro est tout à fait acceptable pour nous pour les paiements du gaz. Cela pourrait se faire et devrait probablement être fait ».
Avec les tensions entre Washington et l’Union Européenne et plus précisément Berlin autour du projet de Nord Stream 2, sanctions américaines finalement écartées en partie pour les européens, la Russie et les pays de l’UE se sont mis d’accord pour libeller les importations de gaz russe en euro, afin de se délier du dollar US.
Autre exemple : alors sous le coup des sanctions contre son industrie de défense, la Russie a signé un contrat d’achat de missiles S-400 par New Delhi pour 5 milliards d’euros, permettant ainsi de passer outre les menaces de sanctions américaines sur les contrats d’armement via la loi extraterritoriale Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act (CAATSA).(4)
Malgré le fait que le « dollar soit facile à utiliser » tel que l’a déclaré le Ministre des finances Russe Dmitry Timofeev, le but ultime pour la Russie est d’inciter l’ensemble des acteurs économique de la fédération à s’euroïser complètement au détriment du dollar.
La fin du dollar : une réalité au sein des BRICS
Face à la politisation du billet vert, les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) préparent leur riposte, à l’instar de la Chine qui, devant les enjeux que porte la guerre commerciale avec les Etats-Unis, se décide à accélérer sa politique de dédollarisation. En effet, celle-ci commence à réaliser que dans le cadre d’un regain de tensions économiques avec Washington, l’utilisation de véhicules financiers contrôlés par l’occident ne lui serait pas favorable et augmenterait d’autant plus son exposition face aux sanctions et rétorsions économiques.
Les BRICS s’organisent pour mettre sur pied un système de paiement transnational qui permettra de s’affranchir du système occidental SWIFT afin d’échapper aux yeux de Washington. En effet, depuis les attentats du 11 septembre, ceux-ci ont un acquis auprès de l’institution bruxelloise un droit de regard sur l’ensemble des transactions passant par ce système au nom de la lutte contre le terrorisme.
Menacé d’exclusion du système de messagerie interbancaire SWIFT, la Russie milite pour que le BRICS Pay se mette en place le plus rapidement possible. BRICS Pay permettrait également à tous les pays des BRICS et à leurs partenaires de procéder à des échanges économiques et financiers à partir de leurs propres devises via des portefeuilles électroniques dans un cloud dédié.
Mais la Russie semble être prête en cas de déconnexion de SWIFT (pourtant 4ème client de la messagerie) grâce au SPFS, le Financial Messaging System of the Bank of Russia, qui pourrait être interconnecté au CIPS chinois, China International Payment System et à d’autres pays comme l’Iran, l’Inde et la Turquie. Ces systèmes de messagerie interbancaire sont déjà extrêmement développés technologiquement et commercialement avec plus de 1189 partenaires pour le CIPS et 400 partenaires pour le SPFS, mais restant pourtant loin derrière les 9281 partenaires de SWIFT.
A l’échelle mondiale, bien que la Russie de Vladimir Poutine milite fortement pour que son économie se dédollarise au plus vite et que ses partenaires suivent sa stratégie, c’est bien la Chine du Président Xi Jinping qui donne le tempo, par notamment la validation des accords bilatéraux sur la baisse de l’utilisation du billet vert : 90% des transactions en 2015 l’étaient en dollars pour tomber à 51% en 2019 puis 46% début 2020.
Alexey Maslov, directeur de l’Institut d’études sur l’Extrême-Orient de l’Académie des Sciences en Russie, avait notamment décrit que cette alliance sino-russe aller évoluer très rapidement d’une « relation » à une « alliance » économique & financière : « La collaboration entre la Russie et la Chine dans le domaine financier nous indique qu’ils sont finalement en train de trouver les paramètres d’une nouvelle alliance bilatérale, […] beaucoup s’attendaient à ce que ce soit une alliance militaire ou une alliance commerciale, mais maintenant, l’alliance évolue davantage dans la direction bancaire et financière, et c’est ce qui peut garantir l’indépendance des deux pays. »
Aujourd’hui, Moscou apparaît comme le leader de cette initiative de dédollarisation et joue à couteaux tirés avec Washington. Ayant davantage l’habitude de se battre politiquement que Beijing, c’est aussi pour la Russie un moyen de se dépêtrer des politiques de sanctions infligées depuis l’annexion de la Crimée en 2014.
A Alexey Maslov d’ajouter « La Russie a une position considérablement plus décisive envers les États-Unis [que la Chine ndlr]. La Russie a l’habitude de se battre, elle ne négocie pas. Une façon pour la Russie de rendre la position de la Chine plus décisive, plus disposée à se battre, est de montrer qu’elle soutient Beijing dans le domaine financier. »
L’essor des cryptomonnaies, une alternative au dollar
La cristallisation des tensions autour du dollar, encore largement rependu dans la plupart des échanges internationaux, a tendu les relations économiques, commerciales et financières entre les différents pôles économiques mondiaux.
Avec l’essor des cryptomonnaies décentralisées, comme le Bitcoin, l’Ether ou le Tezos, vu par certains comme le futur de l’économie et par d’autres comme de simples actifs spéculatifs, de nombreux acteurs se sont lancés dans la course à la création, au lancement et à la démocratisation de leur nouvelle cryptomonnaie dans le but de concentrer plus rapidement et plus efficacement l’ensemble de la chaîne économique en leur sein.
Face à l’arrivée de mastodontes économiques tels que les GAFAM ou BATX dans la course à la création de leur propre cryptomonnaie, les banques centrales se sont également emparées du dossier pour ne pas perdre leur privilège historique de création et de régulation de la monnaie en travaillant d’arrache pieds au lancement de leur propre MNBC (Monnaie Numérique de Banque Centrale ou CBDC en anglais) afin de proposer leur devise en version digitalisée.
La Chine est particulièrement en pointe dans ce domaine. Deuxième économie mondiale la plus avancée sur cette technologie, après le Sand Dollar des Bahamas lancé le 20 octobre 2020, elle prévoit de lancer son crypto-Yuan avant les jeux olympiques d’hiver 2022 selon CNBC. Ce serait la première économie majeure à permettre à des étrangers d’utiliser une crypto-devise digitale.
La Russie n’est pas en reste également. Constatant que Beijing a plusieurs trains d’avance, elle a lancé en octobre 2020 une stratégie de développement rapide d’un rouble numérique qui est prévu d’entrer en circulation d’ici 3 ans selon Anatoly Aksakov, le Président de la Commission des Marchés Financiers à la Douma : « Dans un proche avenir, la Banque centrale publiera un scénario pour le développement d'une monnaie numérique et, à l'automne, très probablement, elle aura déjà préparé un prototype de rouble numérique […] et dans 2 ou 3 ans, cette monnaie fera partie intégrante des règlements nationaux ».
Cette stratégie de développement de ces devises digitales permettrait ainsi de renforcer la confiance dans l’utilisation des devises au sein même des économies nationales mais également dans le cadre d’échanges économiques régionaux et internationaux.
Les facteurs liés à la facilité d’utilisation, les très faibles coûts de transactions et l’instantanéité des transferts des fonds, associés à la confiance que peuvent avoir les acteurs économiques envers une banque centrale, vont très certainement renforcer les stratégies de contournement du dollar américain mis en place par la Chine, la Russie et les BRICS en général.
Conclusion
Finalement, si l’on souhaitait conclure sur ce qui n’est que le début d’un nouveau cycle économique augurant des rapports de forces économiques de plus en plus violents, les Etats-Unis semblent être pris à leur propre jeux de sanctions à vouloir imposer leurs lois à leurs partenaires.
Lors du Forum Economique de Saint Petersburg en 2018, le Président Emmanuel Macron et le Président Vladimir Poutine échangeaient justement sur les problématiques que rencontrent les pays européens vis-à-vis de leur allié américain en matière de sanctions économiques considérables. Le Président Poutine déclarait alors : « il est nécessaire de mettre fin à ces pratiques. C’est inacceptable. […] Cela détruit l’ordre mondial existant. Nous devons convenir avec nos partenaires américains de règles de conduite communes ». Et d’ajouter « La confiance : soit il-y-a de la confiance, soit il n’y en a pas. »
Par ailleurs, il est intéressant de noter que la stratégie de Pékin en matière de crypto-devise complète parfaitement son projet global des Nouvelles Routes de la Soie (Belt and Road Initiative), reliant la Chine à l’Europe en passant par les pays eurasiatiques, le continent africain et le Moyen-Orient, par la terre (chemins de fers, autoroutes) et par la mer (ports maritimes internationaux). Dans le cadre de ce projet titanesque dans lequel Pékin investit massivement, l’utilisation d’un crypto-yuan relié à un système de paiement 100% digital permettrait de faciliter à l’extrême les relations financières et commerciales.
L’on comprend parfaitement pourquoi la Russie avec son e-rouble, l’Union Européenne avec son projet d’euro numérique et les Etats-Unis avec leur crypto-dollar souhaitent également aller vite dans le développement de ce nouveau type de devise afin de ne pas se faire supplanter purement et simplement par le e-Yuan qui deviendrait alors la monnaie internationale de référence.
Explicité dans un rapport de mars 2021 publié par le Council on Foreign Relations dans un rapport indépendant (5), la Chine est entrain de créer de véritables Routes de la Soie Digitales, dépassant de loin ce qui a pu être déjà construit entre les Etats-Unis et le reste du monde après la seconde Guerre Mondiale. Se servant de la crise sanitaire mondiale du COVID-19 pour redorer son image aux yeux des économies occidentales, via le concept de Health Silk Road, il conviendrait cependant de rester en alerte quant aux challenges futurs qui se présenteront si le yuan (ou bien e-yuan) devenait la devise prédominante dans les échanges économiques mondiaux.
Guillaume-Henri Hurel
Auditeur de la 36ème promotion MSIE
Lectures complémentaires
1. « Le Piège Américain » de Frédéric Pierruci, Matthieu Aron – Editions Lattès, 2019
2. « Le Droit, nouvelle arme de guerre économique, Comment les Etats-Unis déstabilisent les entreprises européennes » de Ali Laïdi – Editions Actes Sud, 2019
3. Article récapitulant les sanctions américaines prises à l’égard de la Russie : Russia Now Focal Point of Additional Sanctions and Export Controls, With an Added Bonus for Public Companies (Oh my!)
4. Rapport traitant de l’application des sanctions CAATSA et de la stratégie indienne afin de tenter de les éviter : India’s Purchase of the S-400: Understanding the CAATSA Conundrum
5. Rapport explicitant les enjeux des nouvelles routes de la soie pour les Etats-Unis : China’s Belt and Road Implications for the United States