La cyberpuissance chinoise

 

La Chine veut depuis longtemps garder ses prérogatives en matière de contrôle de l’information pour légitimer le pouvoir politique. Le gouvernement chinois étend depuis 2015 les buts de sa stratégie cyber. Il applique un contrôle de l’information, auquel s’ajoute premièrement la volonté d’influer sur l’architecture du cyberespace, notamment par le levier normatif ; puis la volonté de contrer les autres puissances mondiales (notamment les États-Unis) et enfin la volonté de défendre les intérêts économiques et militaires chinois. La politique cyber chinoise évolue en fonction de la géopolitique mondiale et part d’une position défensive sous Hu Jintao puis voit dans l’affaire Snowden un point de bascule. Sous Xi Jinping depuis 2013, la Chine développe une politique cyber active. Elle vise à gagner en autonomie vis-à-vis de l’économie numérique américaine, à défendre ses intérêts nationaux par l’utilisation des moyens cyber et enfin à encourager l’innovation nationale.

La Chine met alors ostensiblement en place un nouveau type de modèle, qui surpasse le cadre du numérique pour s’étendre à des questions de modèle de société.  Parmi les objectifs du gouvernement, on retrouve donc la mise en place d’un cadre normatif, qui expose le contexte doctrinal et l’accompagnement juridique du domaine cyber de la Chine. Pour cela, le PCC a peu à peu pris conscience de l’importance du numérique ces dernières années. Le pays est d’ailleurs passé à une stratégie de défense active afin de répondre au mieux à ce nouvel enjeu cyber. Ensuite, le développement économique du pays et notamment des entreprises est rendu possible grâce à l’absence d’un cadre législatif international clair dans le domaine cyber. Les entreprises chinoises peuvent ainsi librement se servir du numérique comme d’une arme face à leurs compétiteurs. De plus, cet aspect économique permet de servir les intérêts politiques du gouvernement chinois, qui souhaite aller vers une souveraineté numérique de la Chine. À cela s'ajoutent également le rôle des universités chinoises et de la R&D qui permettent d’affirmer les aspirations d’hégémonie chinoise en termes d’innovation. Enfin, le numérique chinois sert un objectif de maintien de la stabilité du pays et de contrôle de la population, qui passe par la diffusion d’un modèle politique à travers le monde et la montée en puissance militaire. La Chine se base effectivement sur une interdépendance entre le civil et le militaire. La chaîne de commandement et les motivations en matière de cyberdéfense du pays sont complexes. Il existe de multiples unités et opérations des autorités chinoises pour s’approprier les technologies étrangères. Celles-ci ont été impactées au fil du temps par les réformes successives de l’APL pour s’adapter aux nouveaux enjeux cyber. Plus qu’une simple affirmation de souveraineté, c’est une volonté ferme de projection de cyberpuissance qu’effectue la Chine.

 

Margaux Collot, Tiphaine Dieudonne, Bastien Humbert,

Teo Lacharmoise, Arnaud Sers, Mélanie Y Breh Hwing

 

Lire le PDF : La cyberpuissance chinoise.pdf (ege.fr)