Guerre informationnelle entre l'Iran et les puissances moyen-orientales

Le 11 mars 2021, un article du Wall Street Journal révélait qu’Israël avait attaqué au moins une douzaine de navires iraniens entre 2019 et 2021. Ces navires, principalement, des pétroliers, voguaient, majoritairement, à destination de la Syrie. L’article stipulait que cette information n’avait jamais été révélée auparavant. Concomitamment depuis 2019, l’Iran est régulièrement voué aux gémonies dans la presse internationale pour avoir stipendié ou réalisé directement plusieurs attaques contre des pétroliers et autres sites pétroliers saoudiens.  

Dans un cas, les navires iraniens attaqués ne sont pas référencés alors que dans l’autre, toutes actions « supposées » iraniennes, le sont abondamment. Un tel traitement asymétrique de l’information par la presse internationale est surprenant et questionnable.  Quelles sont les raisons du traitement asymétrique de ces informations par l’ensemble des médias mainstream ? Quels sont les enjeux technologique, économique, politique, religieux, géopolitique et idéologique qui se trament dans un Moyen-Orient complexe et volatile ?

Présentation des principaux acteurs moyen-orientaux

Le Moyen-Orient est influencé par les quatre forces locales dominantes que sont la Turquie, Israël, l’Iran et les pays du Conseil de coopération des États arabes du Golfe (CCG), dont le leadership est saoudien et émirati. Nous concentrerons notre étude sur les relations entre l’Iran, Israël, l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis (EAU).

L’Iran est une République Islamique dotée d’une Constitution. Ses 85 millions d’habitants, majoritairement chiites, et son PIB de 412 milliards de dollars en font une puissance régionale de premier rang. Malgré des embargos occidentaux successifs depuis sa révolution de 1979, le pays recèle un énorme potentiel qui ne demande qu’à être développé. En raison de l’effondrement de l’Irak de Saddam Hussein en 2003, l’Iran étend désormais son influence économique, militaire, politique, religieuse et géopolitique jusqu’à la méditerranée. Le croissant chiite composé, entre autres, du Liban, de la Syrie, de l’Irak et de l’Iran sied peu à Israël, à l’Arabie Saoudite et aux Emirats Arabes Unis pour les raisons évoquées ci-dessus. L’Iran a un rôle de challenger sérieux dans la quête du leadership régional.

Israël est une République parlementaire, créée en 1948, composée de 9,3 millions d’habitants. Son PIB est de 370 milliards de dollars. Jusqu’à la chute du Shah d’Iran en 1979, Israël entretenait de bonnes relations diplomatiques, économiques et militaires avec l’Iran. En 1968, la construction, en partenariat des deux Etats, de l’oléoduc trans-israélien permettant le transport de brut iranien en est la plus vive démonstration. Les accords d'Abraham signés en septembre 2020 à Washington, témoignent d'une évolution stratégique des États du Golfe accentuant, dans le contexte géopolitique du Moyen-Orient, la césure entre les États sunnites, désormais alliés officiels ou officieux d’Israël, et l'Iran et son croissant chiite. On pourrait dès lors parler de la création d’une nouvelle alliance sémitique et un retour à une normalisation des relations tribales israélites et musulmanes sunnites de pré-1948.

Les Emirats Arabes Unis sont une monarchie constitutionnelle sunnite créée en 1971. Son PIB est de 353 milliards de dollars. Le pays compte 9,9 millions d’habitants dont 80% sont des travailleurs étrangers. De l’ordre de 500 000 Iraniens vivent aux EAU et profitent du pays pour contourner l’embargo occidental et importer en Iran les biens nécessaires à sa subsistance. Depuis la normalisation des relations avec Israël en septembre 2020, les relations diplomatiques avec l’Iran se sont tendues.

L’Arabie Saoudite est une monarchie absolue sunnite créée en 1932. Son PIB est de 782 milliards de dollars. Le pays compte 34 millions d’habitants dont 15% sont des travailleurs étrangers.  Le Royaume et les Etats Unis auraient signé en février 1945, le pacte du Quincy, garantissant à la monarchie saoudienne une protection militaire en échange d'un accès à son pétrole. La durée de cet accord était prévue pour être de 60 ans. Il aurait été renouvelé pour une même période le 25 avril 2005 lors de la rencontre entre le président George W. Bush et le prince héritier Abdallah à Crawford, au Texas. L’Arabie est la gardienne des deux principaux lieux saints de l’islam. Elle n’a pas ratifié les accords d’Abraham et partage cependant une communauté d’intérêts avec Israël dans sa lutte d’influence régionale contre l’Iran et son croissant chiite.

L’ensemble de ces pays sont des puissances pétrolières et/ou gazières. Israël est le dernier en date, avec la découverte du champ gazier de Léviathan en 2010 en méditerranée, pour une réserve estimée à 40 ans de consommation domestique. Malgré ces richesses en hydrocarbures, ces pays cherchent à se doter d’énergie nucléaire et sont à différents stades dans cette quête.

Du programme nucléaire israélien au Plan d'action global commun (PAGC)

L’histoire du nucléaire dans la région commence en Israël en 1949. Dans les années 50, Le partenariat stratégique et discret entre la France et Israël permet aux deux pays de progresser ensemble dans la maitrise de cette nouvelle technologie pleine de promesses tant d’un point de vue civil que militaire. Le programme nucléaire israélien actuel est officiellement destiné à la recherche atomique, bien que le pays se soit secrètement doté d'armes nucléaires. L'État israélien refuse catégoriquement que ses installations nucléaires militaires soient contrôlées par l'agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). L’AIEA a cependant rejeté à plusieurs reprises la résolution de 18 pays arabes, dont l’Arabie Saoudite et les EAU, appelant Israël à placer ses installations nucléaires sous sa supervision.

Jusqu’en 2014, les pays arabes, soutenus par l'Iran et les pays non-alignés, déplorent qu’Israël, qui n’est pas membre du Traité de non-prolifération (TNP), ne doive pas rendre de comptes sur ses activités atomiques alors que l'Iran, qui a ratifié le traité, est visé par une enquête de l'AIEA sur son programme nucléaire.

Israël disposerait de 90 à 300 ogives nucléaires. Chaque année, Israël produirait entre 10 et 15 nouvelles bombes nucléaires. Depuis le début de son programme nucléaire, Israël aurait produit de 690 à 950 kilogrammes de plutonium. Le site nucléaire de Dimona serait la pièce maîtresse de la recherche militaire israélienne. Dans ces conditions, la maitrise de la technologie nucléaire garantirait à Israël une assurance vie et une puissance plus que raisonnable dans une région réputée hostile à l’Etat hébreu.

L'Arabie Saoudite n'est pas connue pour avoir un programme d'armes nucléaires. D'un point de vue officiel, l’Arabie est un opposant aux armes nucléaires au Moyen-Orient, ayant signé le TNP des armes nucléaires, et membre de la coalition de pays réclamant une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient. Cependant, au fil des ans, les médias ont rapporté l'intention du pays d'acheter une arme nucléaire à une source extérieure.

En 2003, il est divulgué un document de stratégie présentant trois options possibles pour le gouvernement saoudien: acquérir un moyen de dissuasion nucléaire, s'allier et devenir protégé par une nation nucléaire existante, ou essayer de parvenir à un accord sur un Moyen-Orient exempt d'armes nucléaires.

Des responsables de l'ONU et des spécialistes des armes ont suggéré que cet examen était motivé par une distanciation des relations avec les États-Unis depuis les attentats du 11 septembre 2001, ainsi que par des préoccupations concernant le programme nucléaire iranien et le manque de pression internationale sur Israël pour qu'il renonce à ses armes nucléaires. Depuis quelques années, les agences de sécurité occidentales estiment qu'Israël vend des informations nucléaires militaires à l'Arabie Saoudite. L'intention d’Israël consisterait d’une part, à contrebalancer la montée en puissance de l’Iran par un équilibre de la terreur et d’autre part, à détourner le royaume du savoir-faire du Pakistan en la matière.

En mai 2008, les États-Unis et l'Arabie saoudite ont signé un protocole d'accord, dans le cadre du programme américain vintage Atoms for Peace, afin de stimuler les efforts saoudiens en faveur d'un programme nucléaire civil. En janvier 2012, le Premier ministre chinois Wen Jiabao a signé un accord de coopération mutuelle sur l'énergie nucléaire avec le roi Abdallah. Dans ce cadre, le Royaume aurait prévu l’achat de 16 réacteurs nucléaires civils d'ici 2030. Les États-Unis, la Russie, la France et la Corée du Sud ne sont pas en reste pour remporter ces contrats.

Les EAU sont le premier pays arabe à mettre en service des réacteurs nucléaires civils en avril 2021. Bien que la construction et la technologie des réacteurs soient sud-coréennes, EDF assure l’exploitation et la maintenance de la centrale nucléaire pour une durée de dix ans.

Le programme nucléaire iranien a été lancé par le Chah d'Iran dans les années 1950 avec l'aide des États-Unis, puis de la République Fédérale d’Allemagne et de la France. Après la révolution iranienne en 1979, le programme a été temporairement arrêté. Il fut rapidement remis en route, mais avec l'assistance de la Russie, à la suite de la guerre Iran-Irak. L'Iran a ratifié le traité de non-prolifération nucléaire en 1970, ce qui l'engage à ne pas fabriquer d'armes nucléaires et à ne pas chercher à s'en procurer. Cependant, l'AIEA estime que l'état de ses relations avec l'Iran, caractérisé par l'absence de coopération, rend impossible la conduite d'inspections afin de s'assurer que la technologie n'est pas détournée à des fins militaires. Les gouvernements régionaux et occidentaux pensent que le programme nucléaire civil cache des desseins militaires visant à l'obtention de bombes atomiques.

C’est dans ce contexte régional de montée en puissance du nucléaire et de défiance exacerbée que l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien ou Plan d’action global commun (PAGC) est signé à Vienne, en Autriche, le 14 juillet 2015 à l’initiative de Barack Obama, Président démocrate des Etats Unis.

Le PAGC et la politique américaine du stop and go

Les démocrates américains, sont à l’initiative du Plan d’action global commun (PAGC). Pour se faire, ils ont créé le lobby pro israélien « J street » afin de contrer le puissant lobby pro israélien AIPAC, lié aux républicains, et obtenir un vote favorable au Congrès. Les républicains ont toujours été opposés à une normalisation des relations avec l’Iran afin de privilégier Israël. A l’inverse, les démocrates cherchent à développer les relations commerciales avec l’un des plus grand pays du Moyen-Orient et ses 85 millions d’habitants dans lequel les Etats Unis pourraient massivement investir dans les infrastructures et les services après des décennies d’embargos.

 Le PAGC est signé par les huit parties suivantes : les pays du P5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies — les États-Unis, la Russie, la Chine, la France et le Royaume-Uni — auxquels s'ajoute l'Allemagne), ainsi que l'Union européenne et l'Iran. Cet accord-cadre a pour but de contrôler le programme nucléaire iranien et de faire lever les sanctions économiques qui touchent le pays.

L'accord marque un réchauffement des relations diplomatiques de l'Iran avec de nombreux pays occidentaux et surtout avec les États-Unis, lesquels avaient interrompu tout contact depuis la crise des otages de 1979.

Début 2017, l'AIEA valide les engagements iraniens et donne son feu vert à la levée des sanctions après que cette dernière ait pris en compte la déconnexion de milliers de centrifugeuses, la mise hors d’état de fonctionner du cœur des réacteurs Arak à eau lourde, et la vente de l'uranium faiblement enrichi en excès à la Russie.

La levée des sanctions a profité à l'économie iranienne. Le pays, grand producteur de pétrole, membre de l'OPEP, et deuxième réserve mondiale de gaz, a pu à nouveau exporter ses matières premières, notamment vers l'Union européenne et l’Asie. Les investissements étrangers en Iran, ainsi que les partenariats commerciaux, ont également augmenté. À titre d'exemple, le groupe PSA a annoncé, en lien avec la fin des sanctions, la création d'une coentreprise avec le constructeur automobile Iran Khodro pour fabriquer des voitures Peugeot en Iran. Les retombées économiques sont moins importantes qu'escomptées, l'Iran peine à rassurer dans la durée les investisseurs étrangers.

Les relations américaines avec l'Iran restent cependant houleuses. Aucune normalisation des échanges diplomatiques n'a eu lieu, et le 8 mai 2018, le président républicain Donald Trump a annoncé que les États-Unis se retiraient unilatéralement de l'accord de Vienne, bafouant ainsi le droit international et l’ONU. Ce retrait fait craindre aux autres signataires un démantèlement complet des engagements iraniens et une reprise du programme d’enrichissement d’uranium à des fins militaires. Concomitamment, l’administration Trump souhaite établir un niveau plus élevé de sanctions économiques contre l’Iran.

Les autres pays signataires de l’accord ont déploré cette décision.

Le retrait des États Unis de l'accord sur le nucléaire iranien a été perçu de manière très négative par les Européens. En réponse à cet acte unilatéral américain, ils ont donc mis en place un Special Purpose Vehicle (SPV), instrument financier de créances visant à honorer les contrats conclus avec l'Iran hors de la zone Dollar. Nommé « Instex », ce fonds revêt une double symbolique : la volonté pour les Européens du groupe E3 (Britanniques, Français et Allemands) de montrer leur attachement au PAGC, mais aussi une opposition claire à la politique illégale américaine incarnée par le Président Trump. Malgré cela, ce fonds fait rapidement long feu, et démontre la pusillanimité et l’impéritie des européens vis à vis des Etats Unis. A ce jour, Instex restera dans les mémoires comme une déclaration d’intentions non suivie d’effets.

 C’est dans ce contexte d’incertitudes liées à une politique américaine partisane de stop and go que vont s’opérer, à compter de 2019, les évènements que nous allons présenter avec en toile de fond les craintes d’une montée des périls entre l’Iran et les puissances régionales pour un leadership à dimension atomique.

De 2019 à 2021, d'un crescendo à une coda de la guerre informationnelle au Moyen-Orient ?

L’Iran et ses concurrents régionaux se font la guerre par procuration sur les théâtres d’opérations que sont la Syrie, l’Irak, et la province de Jazan, en Arabie Saoudite, frontalière du belligérant Yemen. Nous ne nous concentrerons pas sur ces conflits de haute intensité et étudierons les conflits de basse intensité, à bas bruits, connexes. De même, nous n’effectuerons pas une liste exhaustive des évènements qui se sont déroulés entre 2019 et 2021 afin de concentrer les traits sur ce qui nous semble tactiquement substantiel pour les différentes parties.

Le 5 mai 2019, John Bolton, U.S. National security adviser, annonce que les Etats Unis vont déployer le porte-avions USS Abraham Lincoln et sa flotte ainsi que quatre bombardiers B-52 au Moyen-Orient afin de mettre une pression maximale sur l’Iran. D’après des messages des agences de renseignement américaines, les iraniens et ses affiliés prépareraient des attaques contre les forces américaines. Les Israéliens auraient également prévenu les Américains que les iraniens souhaitaient frapper des navires saoudiens.

Le 8 mai, les Etats Unis se retirent unilatéralement du PAGC et réaffirment la mise en place de sanctions à l’endroit de l’Iran contre ses visées nucléaires. En conséquence, l’Iran affirme qu’elle pourrait fermer le détroit d’Ormuz afin d’empêcher la délivrance d’hydrocarbures.

Le 10 mai, Téhéran annonce qu’elle ne répondra pas favorablement à l’invitation lancée par Donald Trump pour que les dirigeants iraniens l’appellent. Les iraniens ne souhaitent pas reprendre des négociations pour amender le PAGC.

Le 12 mai, quatre navires au mouillage proche du port de Fujairah, aux EAU, sont sabotés de manière superficielle. L’opération qui a touché deux pétroliers saoudiens, une barge émiratie et un tanker norvégien aurait été orchestrée avec une précision digne d’une opération spéciale avec ce qui semblerait être des mines limpet misent en œuvre par des plongeurs. Aucun des navires n’a coulé ce qui laisserait à penser que l’opération serait plutôt une mise en garde. Dans les heures qui suivent ces évènements, les Etats Unis critiquent l’attaque et estiment qu’elle provient surement de l’Iran. Les Iraniens, au travers de leur Ministre des Affaires Etrangères (MAE), estiment qu’une enquête internationale devrait être diligentée sur place pour faire toute lumière sur ce qui semble être un sabotage par une tierce partie.

Deux jours plus tard, le 14 mai, en Arabie Saoudite, deux pompes de l’oléoduc servant au transfert de pétrole du golfe persique à la mer rouge sont attaquées par des drones. Cette attaque est revendiquée par les Houthis, alliés de l’Iran, qui combattent les saoudiens au Yemen. Les saoudiens critiquent l’attaque et y amalgament le sabotage des navires. Ils estiment que ces actes, d’inspiration iranienne, ne sont pas destinés contre les intérêts saoudiens mais contre les intérêts de l’économie mondiale et de sa chaine d’approvisionnement.

Dans les jours qui suivent cette attaque, les journalistes de CNN commencent à parler de coïncidence, de ce qui semble être une bonne coordination entre ces 2 opérations. Ils estiment en prenant des réserves qu’il serait possible qu’il s’agisse d’un sabotage opéré par les Saoudiens eux-mêmes.

Le 15 mai, Fox news présente une photo d’une des pompes de l’oléoduc prise après l’attaque. Cette photo que l’agence de presse américaine « Associated Press » a obtenue auprès de Planet Labs Inc, ne montre aucun dommage de la pompe attaquée. Ce que confirme et complète la dépêche associée.

Suite à ces signaux faibles, le questionnement d’opérations sous fausse bannière est dès lors légitime.

Le 13 juin, deux pétroliers norvégien et japonais sont de nouveau la cible d’attaques en mer d’Oman. Le navire norvégien est secoué par trois explosions qui ne le coulent pas. Le pétrolier japonais est touché par deux explosions qui ne le coulent pas. Rapidement les Américains stipulent que des mines limpet ont été utilisées incriminant les Iraniens ou leurs affiliés. Cependant rapidement, le représentant du navire japonais précise que les membres de l’équipage ont vu au moins une ogive volante. Ceci vient contredire les propos américains.

Des militaires américains et iraniens contribuent à secourir les équipages des deux navires. Ces attaques ont lieu un mois après un l’évènement similaire de mai, et le jour d'une rencontre entre l'Ayatollah Khamenei, guide suprême de la Révolution islamique, et le Premier ministre japonais Shinzo Abe. Abe apporte une lettre de Donald Trump et joue un rôle de médiateur entre la République islamique d'Iran et les Etats Unis. Dans la journée Mike Pompeo, chef de la diplomatie américaine  précise : « Le gouvernement des États-Unis estime que la République islamique d’Iran est responsable des attaques de ce jour en mer d’Oman ». Il accuse Téhéran de vouloir empêcher le passage du pétrole par le détroit d’Ormuz pour perturber le marché mondial.

Javad Zarif, MAE iranien, juge hautement suspecte la coïncidence entre des « attaques » ayant visé les deux pétroliers en mer d’Oman et la visite à Téhéran du premier ministre japonais Shinzo Abe alors que celui-ci a exprimé son souhait de reprendre l’achat de pétrole iranien. Il estime que les accusations portées contre son pays sont infondées et que certains officiels tentent de saboter la diplomatie à un moment crucial.

 La conclusion sur ces évènements pourrait venir du collectif d'investigation Bellingcat, qui a analysé tous les éléments disponibles. La localisation des navires correspond aux déclarations faites, et des images obtenues de manière indépendante confirment l'identité des bateaux et les dommages observés : une image satellite montre une épaisse fumée noire s'élever du pétrolier norvégien. Bellingcat a ensuite examiné la vidéo diffusée par le Pentagone qui montrerait des Gardiens de la révolution iraniens retirer une mine non détonnée de la coque du navire japonais, Kokuka Courageous. L'équipage avait décrit une attaque par un «objet volant» dirigé contre le tanker avant l'explosion. D'une définition médiocre, les images montrent de manière sûre une embarcation, similaire à celles utilisées par les Gardiens, qui retire quelque chose de la coque. Pour Bellingcat, «il n'y a pour l'instant aucune preuve permettant de vérifier que ce qui a été retiré de la coque du navire était une mine, ni aucune preuve de qui l'a mise là».

L’attaque visant deux tankers dans une région déjà sous tension du fait de la crise entre les États-Unis et l’Iran a immédiatement fait grimper les prix du pétrole.

Le 17 juin, le Département de la Défense des Etats Unis annonce le déploiement de 1 000 soldats supplémentaires au Moyen-Orient ce qui pourrait être la conséquence de l’application du Pacte du Quincy.

Le 20 juin, l’Iran abat un drone américain en prétextant que ce dernier survolait son espace aérien, ce qui est réfuté par les forces américaines. Les attaques sur les navires ainsi que la destruction du drone pourraient ressembler à une stratégie de déni d’accès par les iraniens.

Le 26 juin 2019, les Émirats arabes unis refusent de soutenir les accusations américaines et demandent « des preuves claires, scientifiques et convaincantes » avant d'accuser un pays.

Le 21 juillet, l’Iran remercie l’Arabie Saoudite pour le retour de son pétrolier qui était en réparation dans le port saoudien de Jeddah pour cause d’avarie depuis mai 2019. Cette dernière est due à une fuite d’eau au niveau de la salle des machines, ce qui pourrait rappeler les évènements de sabotage des mois précédents. Il est surprenant de constater que l’Arabie qui se dit attaquée à plusieurs reprises par l’Iran laisse partir un pétrolier iranien aussi facilement sans exiger de contreparties ou d’assurances de la part de ce dernier. Les Etats ont des raisons que la raison n’a pas.

Le même mois, les risques de dérapage conduisent le Pentagone à lancer l’opération militaire Sentinel destinée à assurer la sécurité du trafic maritime dans la péninsule arabique, notamment autour du détroit d’Ormuzcrucial pour l’approvisionnement mondial en hydrocarbures. Peu de temps après, les Européens mettent en œuvre, à l’initiative de la France, leur propre mission afin de ne pas s’aligner sur les positions radicales de l’administration Trump. Baptisée Agenor, elle est toujours en cours et doit permettre aux capitales européennes de disposer d’une évaluation autonome de la situation, pour ne pas dépendre du renseignement fourni par l’allié américain. Le manque de confiance entre les deux alliés semble total, ce qui en dit long.

Le 11 octobre, un pétrolier iranien subit deux attaques de missile au large de Djeddah en Arabie Saoudite.

Treize mois plus tard, le 25 novembre 2020, un tanker grec subit une explosion mineure dans le port saoudien d'Al Shuqaiq. Les Houthis sont présentés par les médias internationaux comme étant les acteurs de cette attaque.

Le 14 décembre, un pétrolier singapourien est touché de manière mineure de l'extérieur pendant qu'il déchargeait à Jeddah. De nouveau, la presse internationale présente les Houthis comme étant les instigateurs de cette attaque.

Le 20 janvier 2021, Joe Biden, candidat démocrate à l’investiture, devient Président de Etats Unis.

Le 25 février, un cargo israélien est attaqué en mer d’Oman. La double attaque endommage peu le navire. On apprend également que ce cargo est un bateau espion qui recueillait des renseignements sur le golfe Persique et la mer d’Oman. Les médias rapportent que l’attaque est attribuée à l’Iran. Alors que l’Administration américaine est désormais démocrate, c’est la première fois en deux ans, malgré un nombre substantiel d’attaques dites « iraniennes », qu’un navire battant pavillon israélien est attaqué. Cela pose question sur les raisons pour lesquelles les iraniens ne l’auraient pas fait avant ? Le changement  de couleur politique de l’Administration américaine aurait-il eu un rôle ?

En mars, l'Iran dénonce le "sabotage" en Méditerranée d'un porte-conteneurs appartenant à la société iranienne IRISL. La coque a été touchée par "un engin explosif" sans trop de dommage. Le même mois, un pétrolier affrété par l’Iran déverse du pétrole au large d’Israël créant ainsi une marée noire et souillant les plages du pays.

Les pétroliers iraniens seraient désormais escortés en méditerranée par des navires de guerre de la flotte russe.

C’est dans ce contexte le 11 mars, qu’un article du Wall Street Journal révèle qu’Israël a attaqué au moins une douzaine de navires iraniens entre 2019 et 2021. En rendant publique les opérations à bas bruit israéliennes par voie de presse, l’Administration Biden n’essaie-t-elle pas de les faire stopper ? Mise en lumière, le storytelling israélien pourrait devenir plus difficile à se justifier alors que les navires iraniens attaqués ne sont pas militaires. L’affaire pourrait être portée devant l’ONU pour entrave à la liberté de navigation dans les eaux internationales.

C’est la raison pour laquelle il serait possible que les évènements de cette guerre larvée marquent une pause durant la mandature démocrate, marquant ainsi une coda après un crescendo dans cette partition de la guerre informationnelle.

Cependant, le 13 avril, la presse internationale annonce qu’un navire israélien est légèrement endommagé par des tirs, probablement iraniens, près du port émirati de Fujairah. Ce nouvel incident « présumé » intervient alors que l'Iran a accusé, début avril, Israël d'être derrière l'attaque contre son usine d'enrichissement d'uranium de Natanz, l'un des centres névralgiques du programme nucléaire de la République islamique, promettant une "vengeance", en retour. Ces incidents, dans lesquels "Israël a joué un rôle" selon des sources des renseignements israélien et américain citées par le New York Times, interviennent à l'heure où des pourparlers sont prévus à Vienne pour tenter de sauver l'accord sur le nucléaire iranien de 2015 auquel Israël, l’Arabie Saoudite et les EAU sont farouchement opposés. Par une attaque sur le complexe de Natanz, si elle était confirmée, ou toute autre attaque récente et à venir, Israël pourrait chercher à faire dérailler les négociations en cours sur le nucléaire iranien.

Mais le temps se prête désormais davantage à un decrescendo des tensions et à la mesure battue par la partition démocrate américaine.

En mai, l’invitation lancée par les Etats Unis à l’endroit de l’Arabie Saoudite pour négocier directement avec l’Iran, sans intercessions américaines, est la démonstration la plus vive d’une volonté d’apaisement des tensions régionales.

Courant juin, l’éviction de Benjamin Netanyahou, Premier Ministre israélien, par une coalition marquée pour la première fois par la participation d’un parti arabe, et saluée par l’administration Biden, pourrait marquer un changement majeur de la politique étrangère israélienne pour le plus grand bénéfice d’une accalmie régionale.

La guerre informationnelle menée par les Républicains américains, Israël, l’Arabie Saoudite et les EAU contre l’Iran et le PAGC n’aura pas porté ses fruits. Essayons d’en trouver les raisons.

Tactique et stratégie informationnelle des quatre acteurs

Sous la mandature Trump, la tactique informationnelle opérée par les Etats Unis est celle du fort. Elle consiste à exercer une menace d’usage de forces vives, de sanctions économiques, à utiliser la manipulation et le matraquage médiatique massif d’une propagande afin d’obtenir l’effet recherché : la renégociation du PAGC en incluant les missiles balistiques iraniens au nouvel accord. Ces derniers menaçant gravement Israël.

L’envoi de troupes dans le golfe persique ainsi que la mise en place de nouvelles sanctions, suivi d’une invitation à la négociation des Iraniens au sujet d’un amendement du PAGC, ressemble fort à une menace larvée. Dans les jours et les mois qui suivent le refus iranien de participer à toute négociation, l’incrimination à chaud des attaques sur des navires ou autres actifs, sans les délais raisonnables d’une enquête internationale, semble participer d’une manipulation de l’information savamment mise en place.  Le relais des commentaires de l’Administration Trump par la presse internationale est massif, ce qui amplifie la force informationnelle de cette dernière. Le storytelling des médias américains dicte la mesure mondiale de ce qu’il convient d’être dit, écrit et pensé. Exception faite, des deux contre-exemples que nous avons cités, et qui étaient noyés dans un courant d’information mainstream abondant dans le sens du Président républicain. La quantité d’informations et sa répétition créée l’histoire et sa crédibilité. Il s’agit de propagande. Cette administration a donc utilisé le sharp power comme stratégie informationnelle.

Bien sûr, une telle stratégie ne pourrait être planifiée et mise en œuvre sans les alliés régionaux que sont l’Arabie Saoudite, les EAU et Israël.

Sous la mandature Biden, la tactique informationnelle opérée par les Etats Unis est celle du fort. Bien qu’encore peu documentée pour cause d’investiture récente, il semble cependant que les démocrates insistent sur la transparence de l’information avec les révélations du Wall Street Journal sur la douzaine d’attaques israéliennes commises contre les navires iraniens. En agissant ainsi, les Etats Unis tentent d’influencer Israël de manière coercitive. Ils souhaitent infléchir la politique étrangère agressive du pays. Les sabotages israéliens étant dénoncés, ils devraient cesser sous peine de risques d’actions juridiques iraniennes devant l’ONU, dans le cas contraire, comme nous l’avons déjà présenté.

On observe encore au travers de cette divulgation, la puissance des médias mainstream internationaux à cacher une vérité qui ne doit être dite s’ils n’en ont pas l’autorisation. On peut dès lors parler de dépendance cognitive aux médias américains. A posteriori, le manque d’enquêtes des médias internationaux sur ce sujet en dit encore long sur une profession en souffrance.

Pour en revenir à notre sujet, l’invitation de l’Administration démocrate à l’endroit de l’Arabie Saoudite vis-à-vis de l’Iran, comme nous l’avons évoqué, ressemble plus à de l’influence qu’à de la contrainte. Le rôle de cette Administration pour un changement de premier ministre israélien reste à déterminer mais des faisceaux d’indices laissent à penser qu’une bienveillante influence ait pu avoir lieu. La stratégie informationnelle de cette nouvelle administration semble donc être bâtie davantage sur l’influence, coercitive ou non, base du hard power.

. La tactique informationnelle opérée par l’Arabie Saoudite est celle du fort. Malgré des dépenses militaires à hauteur de 67 milliards de dollars en 2018, la classant à la troisième place mondiale, L’Arabie est un colosse aux pieds d’argile.

Le doute sur la concomitance des attaques de mai 2019, image d’Associated Press à l’appui ainsi que l’extrême permissivité des systèmes de défense saoudiens pour protéger une des plus grandes réserves d’hydrocarbures au monde, laisse songeur. Dans tous les cas, les attaques n’ont fait que des dégâts mineurs, comme si les vecteurs n’avaient pas porté d’ogives explosives. La cinétique des vecteurs suffisait à provoquer une perforation suivie d’incendies spectaculaires mais sans réelles incidences majeures. Aucun navire n’a coulé, et les réparations sur les sites attaqués ont pu être réalisées dans des temps records, si tant est qu’ils aient réellement été attaqués, dans certains cas.

Comme nous l’avons évoqué, il est possible que des opérations sous fausses bannières aient eu lieu en Arabie. Les attaques de navires au port de Fujairah, centre nodal mondial pour le transport d’hydrocarbures, et celles dirigées contre l’oléoduc saoudien, ont visé les deux moyens permettant d’éviter l’acheminement d’hydrocarbures par le détroit d’Ormuz. Ils sont utilisés notamment en cas de blocage de ce dernier dans le cas d’un conflit avec l’Iran.

La communication, en profil bas, de l’Arabie pourrait avoir pour but d’influencer et de rassurer le monde économique et politique de la résilience du pays et de sa compagnie pétrolière alors que cette dernière allait entrer en bourse et cherchait des investisseurs institutionnels. Le pays en montrant sa résilience joue ainsi le rôle d’un régulateur mondial crédible assimilable à celui d’une banque centrale du pétrole. Les autres effets recherchés sont la mise à l’écart de l’Iran, l’annulation du PAGC et permettent également de justifier la guerre de la coalition saoudienne au Yemen.

Dans le cas où les hypothèses ci-dessus seraient vérifiées, ce pays procède au sabotage de ses propres biens, utilise la manipulation de l’information et l’influence non coercitive. On pourra alors prétendre qu’il joue de son soft power comme stratégie informationnelle pour le développement de sa puissance. Cependant, à moyen, long terme, le dirigeant d’un pays utilisant de tels procédés pourrait se mettre à dos un establishment militaire et civil déjà en proie à de sérieux questionnements. Il pourrait se faire déposer comme Mossadegh ou le Shah d’Iran en cas de paupérisation de la population et d’infortunes avec la puissance dominante. Dans un tel cas, qu’adviendra-t-il des investissements massifs de Totalenergies dans le pays ?

. La tactique informationnelle opérée par les Emirats est celle du fort. Bien que paraissant plus mesuré dans les réponses aux attaques supposément iraniennes, le pays commente peu mais agit stratégiquement pour assurer la surveillance conjointe avec Israël du détroit de Bab el Mandeb et assurer ainsi son assise sur le commerce maritime mondial au travers de ses investissements portuaires notamment en Afrique. Les Emirats utilisent leur soft power comme stratégie informationnelle afin d’occuper de manière permanente l’ile yéménite de Socotra sans attirer les foudres de la communauté internationale et de l’ONU. Ils sont soutenus en cela par les Etats Unis, qui y voient un moyen de contrôler les routes commerciales et les ports africains sous influence de la Chine et de sa marine de guerre. Les autres effets recherchés sont la mise à l’écart de l’Iran,  l’annulation du PAGC et permettent également de justifier la guerre de la coalition saoudo-émiratie au Yemen.

. La tactique informationnelle opérée par Israël vis-à-vis de l’Iran est celle du fort. Elle consiste à exercer des menaces ou à user de forces vives incluant des bombardements contre des sites et des troupes, des assassinats ciblés contre des personnalités stratégiques, des actions clandestines de destruction de sites et de sabotage de pétroliers. Le but recherché consiste à induire en erreur l'opinion publique internationale sur les « supposés » auteurs des sabotages de navires, et pour masquer ou détourner l'attention d'informations négatives le concernant. Les effets recherchés sont la mise à l’écart de l’Iran, l’annulation du PAGC, et l’arrêt de l’acheminement de pétroliers iraniens aux deux raffineries syriennes en opération. La visée est géopolitique et consiste à amoindrir la puissance iranienne, la puissance syrienne, et le développement économique du croissant chiite.

La question de sa propre victimisation, avec les récentes attaques contre deux navires affrétés par des intérêts israéliens, est légitime. Surtout lorsqu’une nouvelle Administration américaine est opposée à la politique étrangère israélienne et le fait publiquement comprendre par voie de presse. Encore une fois, pour ces deux cas, il semble que les vecteurs n’ont pas porté d’ogives explosives. La cinétique de ces derniers suffisant à provoquer une perforation suivie d’incendies spectaculaires mais sans réels incidences majeures. Il semble qu’il y ait un même pattern pour toutes ces attaques, ce qui pourrait faire penser à la signature d’un seul et même acteur. Israël a donc utilisé la guerre hybride et le sharp power comme stratégie informationnelle.

. La tactique informationnelle opérée par l’Iran est celle du faible. L’Iran joue la carte de la transparence et dénonce systématiquement les attaques obscures. Elle prête concours et assistance aux navires endommagés, autant que faire se peut, et demande systématiquement à ce que des enquêtes internationales soient diligentées afin de faire toute lumière sur les auteurs de ces sabotages. Elle ne surréagit pas par la violence, aux attaques informationnelles américaines, saoudiennes, émiraties ou israéliennes et répond de manière équilibrée en faisant référence à la légitimité de la stricte application du droit international. Sa finalité est de maintenir le lien avec les signataires du PAGC. Dans le cas où une Administration démocrate remporterait les élections, le pays aura su manager la possibilité d’une reprise d’un dialogue avec les Etats Unis.

Même au moment de la signature des Accords d’Abraham par les Emirats, la critique iranienne contre ceux-ci est pondérée alors que les conséquences géopolitiques pour l’Iran sont majeures. Sans angélisme aucun, elle sait également user de ses « proxis » notamment en Irak pour apporter du répondant, toujours dans la pondération. On déplore la mort de quatre américains à ce jour malgré plus de 300 actions dénombrées.

En mars, dans les deux mois suivant l’investiture du Président Biden, la négociation avec la Chine d’un contrat de plus de 400 milliards de dollars, n’est-elle pas la preuve de l’utilisation du soft power iranien pour faire revenir rapidement les Etats Unis à la table des négociations ? Les iraniens avec leur culture bazaari  ont manifestement des siècles de savoir-faire pour avoir réussi à négocier la récente levée des sanctions américaines contre le pays. Les conséquences positives pour le pays que pourrait avoir le nouveau projet occidental contrecarrant les routes de la soie chinoises pourrait également en être la démonstration.

Conclusion

Les enjeux géopolitiques de long terme, qui font de l’Iran un pivot nodal mondial, sont importants dans la bataille que les puissances du G7 livrent à l’influence grandissante de la Chine. Tels sont la raison principale de l’échec de la récente guerre informationnelle menée par les républicains américains, Israël, l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis contre l’Iran et le PAGC.

La somme des actions de guerre informationnelle liées au sharp power, hard power et soft power n’ont pas réussi à déstabiliser l’Iran et son soft power savamment orchestré. Comme le disait Hafez, poète persan du XIVème siècle, « la patience et la victoire sont bonnes amies ». Cette maxime est une des doctrines de la pensée politique iranienne.

Comme nous l’avons présenté, l’alternance politique entre les Démocrates et les Républicains agit comme le facteur déterminant dans les relations qu’entretiennent les Etats Unis avec l’Iran. On peut se demander si les conséquences induites sont fortuites ou voulues. Dans le cas où l’effet recherché par les Etats Unis et Israël, consisterait à la mise en place d’une politique de stop and go au long cours. On pourrait, en effet, voir une analogie à la situation de la Palestine et de l’éternelle promesse des deux Etats. La tactique dilatoire contre l’avènement d’une puissance régionale incontournable risquerait de pousser l’Iran à se tourner définitivement vers la Chine.

La remise en cause du Pacte du Quincy par les Etats Unis avec l’Arabie Saoudite, au gré des changements de mandatures, pourrait avoir des conséquences substantielles pour le pays. Nous avons également constaté qu’une alliance sémitique s’opposait dorénavant à un croissant chiite.

 

Michel Durand
Auditeur de la 36ème promotion MSIE