Evaluation de la puissance bancaire de la France

La puissance du secteur bancaire français est réelle : les banques françaises disposent de vraies forces pour s'imposer dans la compétition mondiale. Mais l'absence de vision prospective, couplée à une stratégie d'innovation trop tardive et trop frileuse, prive la France de son pouvoir véritable. En l'absence de vision offensive, le secteur bancaire français continuera à n'être qu'une potentialité non exploitée, proie facile de la concurrence internationale.

Depuis au moins deux décennies, le secteur bancaire a mené une politique de fusion entre les grands acteurs. Cette grande restructuration, accompagnée d'une diversification de leurs activités vers d'autres secteurs (immobilier, assurances), permet aux banques françaises de demeurer concurrentielles.

Dans une optique diplomatique, l'État français peut compter sur ses banques et institutions financières pour déployer son influence à l’internationale, notamment en Afrique : le franc CFA et les fonds d'investissement français permettent ainsi à l'hexagone d'exercer son influence sur le continent africain.

Sur le plan national et européen, le lobbying des acteurs bancaires français permet au secteur de défendre ses intérêts et d'influencer les décideurs politiques dans un sens favorable.

Malgré tout, le secteur bancaire français souffre de graves lacunes, notamment sur le plan technologique : malgré une récente augmentation des investissements dans la Fintech et les start-ups, les banques françaises sont dominées technologiquement par les Américains et les Chinois. De fait, des acteurs émergents (néo-banques, blockchain) grignotent des parts de marché aux banques françaises. La France a aussi perdu une partie de sa puissance, car elle n'a pas été capable de développer une alternative nationale au processeur de paiement américain SWIFT.

Enfin, le secteur bancaire français se trouve affaibli sur le plan juridique : si le droit européen protège les banques françaises de la concurrence, il contribue aussi à les placer dans une posture défensive et passive. Cela alors même qu'une stratégie offensive s'imposerait pour faire face aux attaques des banques américaines, qui utilisent leur droit de façon conquérante et utilitariste.

 

Sophie Baille, Céline Cracieuneac, Olivier Dolley, Florian Grepin, Hubert Le Gall, Olivia Luce, Matthias Hauser, Nicolas Menard, Malo Monel

 

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