En dépit des risques inhérents à la piraterie dans sa forme moderne, principalement maritime, en Afrique subsaharienne en général et plus particulièrement au large de l’Afrique de l’ouest, dans le golfe de Guinée, le déclic de la lutte contre ce phénomène réside en grande partie dans la mise en place de solutions durables, capables d’apporter des alternatives aux populations locales, dont le seul recours à la pauvreté absolue, en l’absence d’opportunités d’emploi, n’est autre que les activités de banditisme et de crime organisés, au regard de leur lucrativité grâce notamment à la prise d’otage contre rançon.
En effet, ce sont majoritairement les activités de brigandage qui alimentent ce fléau de piraterie, dans son acception la plus générique, à la suite des reconversions criminelles des jeunes pêcheurs de cette région qui s’étend de Conakry en Guinée jusqu’en Angola, et qui reste considérée par l’industrie maritime, comme étant la zone la plus dangereuse du monde. Dans le même ordre d’idée, ce sont principalement des pirates nigérians originaires du delta du Niger qui mènent l’essentiel des attaques perpétrées en haute mer du Golfe de Guinée. Si le vol à bord des navires demeure la principale activité des pêchers-acteurs du brigandage. La prise en otage de marins pour l’obtention de rançons est la spécialité des pirates nigérians.
Bien que la lutte contre ce fléau repose en principe sur la coopération inter-étatique entre pays riverains, et au-delà du fait que la violence dans le golfe de Guinée reste symptomatique de problèmes de gouvernance profonds et complexes, plusieurs facteurs font que les mécanismes antipiraterie restent inefficaces au regard des résultats escomptés dans le cadre des programmes mis en place à cet effet. En dehors de l’énormité du Golfe de Guinée et des contraintes sécuritaires y afférentes, l’assainissement du fléau de la piraterie demeure sujet à des considérations notablement socio-économiques plutôt qu’à des enjeux politiques comme imaginé par la conscience collective. Partant de cette réalité, nous avons couvert à travers ce rapport, une panoplie de solutions pouvant potentiellement contenir le phénomène, pensées dans une démarche anticipative reposant sur des stratégies de développement socioéconomique, toutes regroupées dans un « modèle d’éradication de la piraterie » à portée pratique.
Ahmed IRAQI, Fatine BADR ABOUSSOF, Yassine Mohamed BENKIRANE
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