« Dans la guerre économique systémique, les puissances sont obligées de travailler sur plusieurs échiquiers et d’orchestrer des jeux d’acteurs sur le terrain ouvert tout en dissimulant leur stratégie, ce qui exige un savoir- faire bien plus subtil qu’il n’y paraît. Il s’agit d’une guerre systémique ». Christian Harbulot
L’objectif ici, n’est pas de cartographier de façon exhaustive ce soft colonialisme mais de tenter de conceptualiser celui-ci, l’objectif étant de pointer les nouveaux points de repères cognitifs, les champs thématiques d’influence cognitive, ainsi que leur mise en relation. Cet encerclement cognitif qui fonde un des systèmes stratégiques de ce « soft colonialisme », a permis à la Chine de progressivement conquérir des positions dominantes sur les différents échiquiers en présence (économique, politique, sociétal) à l’échelle mondiale.
En ce sens, il semble que ce « soft colonialisme chinois » se caractérise par une forte capacité à relier des éléments, à penser en système, au travers d’une pensée complexe, développée par Edgar Morin (1) : mutualisant, décloisonnant les savoirs et reliant les échiquiers.
En outre, si l’idée d’un « soft colonialisme chinois » vise à mettre en avant l’accroissement de la puissance chinoise (2) sans faire usage de la force ou de la coercition, elle relève surtout d’une redéfinition du centre de gravité du rapport de force pensée comme symétrique (ou le laissant penser) avec ses partenaires. Là où le colonialisme repose généralement sur un rapport d’infériorité (dominant/dominé), la Chine promeut la refondation de ce rapport, en gagnant/gagnant (dominant/dominant) afin de conquérir des territoires matériel ou immatériel en dehors de ses frontières, en coopérant avec d’autres.
Sylvia Grollier
Auditrice de la 35ème promotion MSIE
Notes :
(1) Edgar Morin, Introduction à la pensée complexe, Paris, Seuil, coll. «Points», 2005.
(2) La logique d’accroissement de puissance repose sur 3 piliers : conquête, domination et séduction. Nicolas Mazzuchi, Les stratégies, d’accroissement de la puissance des États, dans Le Manuel d’Intelligence Économique, 2ième édition sous la direction de Christian Harbulot, p. 120, coll. « Puf», 2012.
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