Carrefour d’échanges commerciaux et culturels, faisant la jonction entre les mondes européens et asiatiques, l’Iran entretient, depuis des millénaires, des relations complexes avec ses voisins. Si l'histoire récente l’a vu solidement arrimé au bloc de l’Ouest lors de la Guerre Froide, la Révolution Islamique de 1979 représente néanmoins un véritable basculement. Cet événement a secoué le Moyen Orient et a inscrit le pays dans un rapport de conflictualité dès lors ininterrompu avec le monde occidental, redessinant les rapports de force géopolitiques dans la région. Depuis, la tentative iranienne de se doter de l’arme atomique n’a fait qu'accentuer la tension entre l’Iran et l’ex-allié américain, atteignant un point critique ces dernières années.
En 2018, les Etats-Unis se sont ainsi retirés de l’accord de 2015 sur le nucléaire et ont rétabli de lourdes sanctions envers l’Iran, plaçant le pays sous embargo commercial. L’économie de l’Iran est aussitôt entrée en récession, avec une contraction du PIB de 10% en 2019. Cela est dû notamment à l’effondrement des exportations de pétrole du pays, passant de 2,2 millions de barils en 2018 à 600 000 en 2019. Ces exportations cruciales représentaient pourtant entre 40 et 50% des recettes de l’Etat iranien. Les entreprises américaines ont dû stopper tout échange avec l’Iran, de même que la plupart des entreprises européennes, qui se voient menacées d’être privées d’accès au marché américain en cas de poursuite des relations avec l’Iran. L'embargo américain qui s’est abattu sur le pays a rendu la notion de guerre économique plus pertinente et plus visible que jamais. Il a fourni un exemple éclatant de l’utilisation de moyens économiques à des fins politiques de déstabilisation.
L’objectif explicitement affiché, c’est à dire le renversement du régime islamique, a conduit les Etats-Unis à adopter une stratégie de “pression maximale” vis-à-vis de l’Iran, en le coupant partiellement des échanges mondiaux tout en asphyxiant son économie.
Mais cet épisode n’a fait, dans une large mesure, que révéler et creuser les brèches qui préexistaient déjà dans l’économie du pays. La fragilité de sa monnaie, ses exportations reposant principalement sur le pétrole, ainsi que son instabilité politique sont autant de failles que les sanctions américaines sont venues aggraver. La crise sanitaire n’a rien arrangé, précipitant une dégringolade déjà largement amorcée.
Cette accumulation d’obstacles a aussi mis en évidence la dépendance économique de l'Iran. Par sa situation géopolitique particulière, le pays est sujet à une dépendance certaine vis-à-vis de l’étranger. En effet, la situation d’embargo prive l’Iran de certains de ses partenaires, réduisant la diversité de ses fournisseurs, coupant ses approvisionnements et limitant ses marges de manœuvres sur les marchés mondiaux. La dépendance est ainsi généralisée à une grande variété de secteurs.
Alexandre Jeandat, Loik Le Cam, Clémentine Lhomme, Maryanne Labet, Armand Pivot
Etudiants en SIE - MBA en Stratégie et Intelligence Economique
Lire le PDF : Rapport_Dépendance économique de l'Iran.pdf