Défense informationnelle en guerre économique : le cas de Victoria’s Secret (2/2)

Infoguerre a publié un premier article sur ce sujet le 6 septembre 2022 sous le titre : L’utilisation de la Cancel Culture à des fins dissimulées d’influence économique : réalité ou fantasme ?

Le PDF ci-dessous est donc la seconde partie de l’article.

Le capitalisme serait-il devenu « woke » ? Les exemples d’entreprises occidentales qui jouent un rôle actif dans l’antiracisme, la promotion militante de la diversité et la défense des droits des minorités ne manquent pas. Dans son ouvrage particulièrement fouillé, Le Capitalisme woke: Quand l'entreprise dit le bien et le mal, la journaliste Anne de Guigné documente un nombre conséquent de cas où des entreprises abandonnent leur rôle, historiquement apolitique (production, emploi, création de valeur pour les actionnaires, influence économique et culturelle), au détriment d’un rôle politique et militant. GAFAM, Sanofi, L’Oréal, Lego, Disney, Coca-Cola, Lockheed Martin ou encore La Poste Espagnole sont autant d’exemples d’organisations qui cèdent du terrain à cette “dictature intellectuelle”.

Des exemples multiples d'entreprises rattrapées par le wokisme

Moralisme opportuniste ou transformation de fond impulsée par une idéologie sincèrement partagée par tous les employés, les motivations de ces entreprises varient, même si certains cas paraissent franchement ridicules (1). Exit le directeur juridique de Coca-Cola, Bradley Gayton, qui ne s'était pas opposé suffisamment vite au goût de certains à la loi d’intégrité territoriale promulguée en 2021 dans l’Etat de Géorgie. Une loi qui visait à limiter les donations des entreprises à des campagnes électorales, et que ses détracteurs accusaient en réalité de restreindre les droits des citoyens afro-américains dans le sillage de la mort de George Floyd. Un directeur juridique qui, pourtant, faisait pression sur ses cabinets d'avocats pour qu’ils confient une partie des dossiers à…des juristes noirs.

Bad Buzz au sein de la Poste espagnole, qui avait eu la bonne idée de lancer ses “Equality Stamps”, dont le prix, indexé sur la couleur de peau, était fixé à 0,70€ pour un visage noir et à 1,60€ pour celui d’un blanc. Ou encore Lego, toujours dans le sillage du mouvement “Black Lives Matter”, qui retire toute publicité pour ses figurines de policiers.

Si certains cadres peuvent perdre leur poste dans ce nouveau jeu subtil, c’est aussi le cas de PDG, à l’image de Jan Singer, ex-CEO de Victoria’s Secret (2), qui avait démissionné 6 jours après une interview tenue par son directeur marketing dans Vogue, expliquant qu’il n’était pas favorable au défilé de mannequins transgenres dans le show annuel de la marque. Une polémique dont s’était emparé l’un de ses principaux concurrents, ThirdLove, pour pousser son avantage concurrentiel.

Protection de la marque et du dirigeant : quels mécanismes utiliser ?

Si les travers de cette nouvelle doxa prêtent à sourire, les enjeux financiers et réputationnels pour les entreprises et leurs dirigeants sont bien réels. Comment s’en prémunir et en atténuer les risques ? Si le savoir-faire d’un directeur sûreté couvre la protection contre l’ensemble des risques, il semble dans les faits que les mécanismes de défense reprennent bien souvent au champ plus traditionnel de la gestion de la réputation et de la communication de crise. En nous appuyant sur l’exemple de Victoria’s Secret, nous passerons en revue les différents mécanismes de défense informationnels que la marque pouvait utiliser. Nous tenterons enfin d’esquisser un modus operandi pour cibler, ad hominem, un dirigeant d'entreprise sur le fondement d’accusations « woke ».

KG de la MSIE 40 de l’EGE

Lire le PDF : DéstabilisationentrepriseparWokisme.pdf (ege.fr)