Confrontation informationnelle entre la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest et l’Alliance des États du Sahel
Depuis moins de cinq ans, le continent africain semble replonger dans la spirale des coups d’État : le Mali (en 2020 et en 2021), le Tchad (avril 2021), la Guinée (septembre 2021), le Soudan (octobre 2021), le Burkina Faso (deux en 2022), le Niger (juillet 2023), et le Gabon (août 2023). Outre la ferveur populaire qui accompagne ces putschs, les différents facteurs qui conditionnent l’arrivée des militaires au pouvoir sont, intentionnellement ou non, peu évoqués.
En Afrique de l’Ouest, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), organisation communautaire qui existe depuis 1975 et qui regroupait, jusqu’en 2023, les quinze pays de la région, n’hésite pas de condamner fermement tous les coups d’Etat qui surviennent dans les pays relevant de son territoire, et de déployer une batterie de sanctions économiques et diplomatiques contre les gouvernements putschistes de ces États (Mali, Guinée, Burkina Faso et Niger). En réplique, les soutiens des putschistes taxent la CEDEAO d’être un syndicat de chefs d’Etat africains à la solde de l’Occident contre les intérêts de leurs peuples. C’est dans ce contexte que le Mali, le Burkina Faso et le Niger, trois pays du Sahel qui ont la spécificité d’être confrontés à une crise sécuritaire sans précédent, ont annoncé, en septembre 2023, leur sortie de la CEDEAO et la création de leur nouvelle organisation communautaire dénommée Alliance des États du Sahel (AES) ou Liptako-Gourma.
Outre le bras de fer diplomatique entre l’organisation communautaire et ces trois pays dirigés par des putschistes, les luttes partisanes se sont transportées sur le terrain d’une guerre informationnelle ouverte. D’une part, la CEDEAO et ses relais tentent de porter un discours institutionnel crédible mettant l’accent sur le retour à la légalité et à légitimité démocratiques ; et d’autre part, les pays de l’AES (le Mali, le Burkina Faso et le Niger) développent des arguments souverainistes, qui séduisent une importante portion de leurs sociétés civiles.
Des sanctions économiques et financières mal vécues par les populations
Après la chute du président Ibrahim Boubacar Keita, en aout 2020, la CEDEAO avait imposé un embargo dans le but de faire pression sur le Comité national pour le salut du peuple (CNSP). Cet embargo a entraîné des répercussions importantes sur l’économie du Mali, un pays qui en plus du terrorisme était déjà en proie à une inextricable crise sociale et politique. Ces problèmes sécuritaires, politiques et sociaux combinés au contexte international épidémique (COVID 19) ont contribué à l’accélération de la dette publique malienne et à la hausse du seuil de pauvreté, soit une augmentation du nombre de pauvres de près de 900 000 personnes (Banque mondiale. 2021. Mali note sur la situation économique, édition printemps 2021).
A la suite du deuxième putsch, le pays devait faire face aux sanctions économiques et financières combinées de la CEDEAO et de l’Union économique monétaire ouest africaine (UEMOA). Cependant, en janvier 2022, l’UEMOA décida de la levée des sanctions économiques financières contre le Mali. Pour la CEDEAO, il n’était pas question de reculer face aux trois juntes (Mali, Burkina Faso et Niger) par crainte de voir se reproduire des régimes putschistes dans tout l’espace ouest africain.
Au Burkina Faso et au Niger, l’organisation communautaire n’a pas manqué de faire montre de la même intransigeance qu’au Mali. Au Burkina Faso, pays ayant connu deux coups d’État en 2022, les deux juntes brandissent l’argument de la reconquête du territoire contrôlé par les organisations djihadistes. A une année d’intervalle près, c’est au Niger, un autre pays miné par le fléau du terrorisme, qu’un autre coup d’État est perpétré contre le président élu, Mohamed Bazoum.
La CEDEAO hausse le ton. Début août 2023, l’organisation menace de faire recours à une intervention militaire au Niger pour contraindre la junte à rendre le pouvoir aux civils. Bien qu’il n’y ait pas eu de recours à l’intervention militaire dans les trois pays, les sanctions de la CEDEAO ont lourdement eu des impacts sur les opérations logistiques transfrontalières. Il convient de préciser que les trois pays sont enclavés et n’ont pas d’accès direct à la mer. Leurs populations ont si mal vécu ces sanctions que les militaires auteurs des putschs ont commencé à utiliser dans leurs discours l’expression « sanctions illégales, inhumaines et humiliantes de la CEDEAO ».
Les sanctions dans les trois pays du Sahel ont engendré de nombreuses difficultés économiques, et les populations ont souffert de ces mesures. Le sentiment de méfiance envers la CEDEAO a augmenté, avec une opinion majoritaire dans ces pays voyant l'organisation comme influencée par l'Occident, et en particulier par la France.
Discours de discrédit porté contre la CEDEAO
Les sanctions imposées par la CEDEAO ont été largement ressenties de manière négative par les populations du Mali, du Burkina Faso et du Niger, particulièrement en raison de la menace d'une intervention militaire au Niger. Cette situation a contribué à façonner la perception de ces populations vis-à-vis du conflit opposant leurs gouvernements à l'organisation communautaire, renforçant le sentiment nationaliste. Les gouvernements putschistes ont souvent présenté la CEDEAO comme le vecteur de l'influence française en Afrique de l'Ouest. Cet argumentaire est largement relayé tant par des acteurs locaux de la société civile, notamment la structure Urgence panafricaine (Urgence panafricaine), que par certains médias occidentaux à tendance marxiste. Ces derniers perçoivent la confrontation entre la CEDEAO et l'Alliance économique sahélienne (AES) comme un pivot dans un modèle de reconfiguration des alliances régionales, mettant en avant l'AES comme un instrument potentiel de restauration de la souveraineté africaine.
Initialement créée en mai 1975 pour favoriser la coopération économique et monétaire en Afrique de l'Ouest, la CEDEAO a évolué vers une orientation plus politique organisation économique monétaire à forte teneur politique au point d'être décrite par ses critiques comme un syndicat de chefs d’Etat de la région. Ces détracteurs soulignent son échec à faire respecter les limitations des mandats présidentiels, comme illustré par les présidences prolongées en Guinée avec Alpha Condé et en Côte d'Ivoire avec Alhassane Dramane Ouattara. Par ailleurs, d’autres dirigeants de l’espace CEDEAO, à l’instar de Faure Eyadema du Togo, se sont maintenus au pouvoir depuis plusieurs années au prix de réformes constitutionnelles contestées et d’une répression féroce des opposants. Ces situations seraient, pour de nombreux défenseurs de l’AES, les causes objectives des coups d’Etat devenus le seul moyen d’imposer des changements politiques et institutionnels dans les pays de la région.
La gestion de la crise sécuritaire dans le Sahel n’a pas plaidé non plus en faveur de l’organisation communautaire. En dépit de la mise en place de l’intensification de l’initiative d’Accra lancée depuis 2017 la CEDEAO est également jugée inefficace dans la lutte contre le djihadisme, faute d'une coordination adéquate des approches et des méthodes.
Hypothétique incapacité des régimes civils à maintenir la sécurité et à favoriser l’alternance politique
Dans la foulée des reproches adressés à la CEDEAO, celui du troisième mandat vient régulièrement dans les arguments. C’est sur ce point qu’il devient important d’aborder la part des représentations dans la guerre informationnelle : « pour comprendre un conflit ou une rivalité géopolitique, il ne suffit pas de préciser et de cartographier ses enjeux, il faut essayer […], surtout quand les causes sont complexes, de comprendre les raisons, les idées de ses acteurs principaux […] chacun traduisant et influençant à la fois l’état d’esprit de la partie de l’opinion publique qu’il représente. » (Gourdin, P. (2022). Une affaire de représentations, Manuel de Géopolitique (pp.251). Diploweb. Ainsi, les représentations, qu’elles soient vraies ou fausses, seront importantes à traiter dans l’analyse de la confrontation CEDEAO et AES. Il importe bien d’analyser les récits des partisans de l’AES, car ils se trouvent dans bien des cas, volontairement ou involontairement, en contradiction avec les réalités géopolitiques du Sahel.
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, sont des États au sein desquels il n’y a pas eu de troisième mandat présidentiel. Ce sont des processus démocratiques qui ont été interrompus par les militaires. Au Mali, alors que le pays traversait une grave crise sociale et sécuritaire, le président Ibrahim Boubacar Keita avait été contraint par les armes à démissionner de sa fonction et les militaires avaient promis la tenue d’élections générales dans un délai raisonnable. Trois années après le putsch, le Mali n’a connu ni stabilité politique et sociale, ni retour à la légalité constitutionnelle. Clairement, la tenue d’élections générales n’est plus la priorité des autorités militaires maliennes. Au Burkina Faso, c’est à la faveur de plusieurs manifestations populaires contre le régime du président élu, Roch Kaboré, que l’armée s’empara du pouvoir. Il était reproché au président déchu son incapacité à lutter contre le terrorisme et à assurer la sécurité des populations.
Au Burkina Faso également, la junte avait promis le retour à l’ordre constitutionnel dans un délai raisonnable. Les évènements qui se succèdent depuis cette date ne permettent plus d’assurer que cette promesse sera tenue. Au Niger, ce fut le même scénario, à la seule différence que le débat s’était enlisé sur l’ethnicité et la légitimité du président élu déchu, Mohamed Bazoum. Tous ces événements, en dépit de leurs différences de degré, mettent en lumière l’inanité des arguments portant sur la fréquence des coups d’Etat constitutionnels dans la région. Les régimes déchus des trois pays n'entraient pas dans le schéma des mandats constitutionnels modifiés.
Les auteurs des coups d’Etat justifient leurs actions par « l’incapacité » des présidents civils à résoudre la crise sécuritaire dans le Sahel et accusent ces derniers de nouer des alliances avec l’Occident, notamment la France, dont les actions contre le djihadisme au Sahel se sont soldées par un échec. Il se trouve que ce sont les militaires eux-mêmes qui étaient sur les théâtres d’opérations, de ce fait qu’il est difficile d’éclipser leur responsabilité dans cet échec à contenir et à éliminer le terrorisme dans le Sahel. Nous verrons, dans la phase suivante de cette analyse, que dans la confrontation qui oppose l’AES à la CEDEAO, le recours à l’histoire constitue un puissant argumentaire et il faut systématiquement passer au crible de la critique leur valeur scientifique.
La manipulation de l’histoire et des symboles comme stratégie de légitimation de l’action des juntes militaires
Le 11 février 2024, au cours d’une longue prise de parole sur les antennes de la télévision nationale nigérienne, le général Abdourahamane Tiani, chef de la junte au Niger, s’est livré à ce que des médias pont décrit comme un cours d’histoire et de géopolitique destiné à la CEDEAO. Quelques jours plutôt, le président de la transition burkinabé, le capitaine Ibrahim Traoré, qui se présente souvent comme un épigone de son prédécesseur, le révolutionnaire Thomas Sankara, s’était livré au même style d’exercice de référence à l’histoire et aux symboles. La lecture critique de ces propos s’impose, car la préoccupation principale de ce type de discours sur l’histoire et les symboles réside dans la démonstration par chaque acteur qu’il est dans son bon rôle. Tout n’est pas forcément faux dans les prises de parole de ces chefs de juntes, mais la vérité elle-même peut faire l’objet de manipulations, notamment lorsqu’elle est partielle. On relève dans leurs propos plusieurs points qui évoquent ce qu’on pourrait appeler de la désinformation par omission.
Le président nigérien s’est exprimé à la télévision nationale de son pays et uniquement en présence des journalistes de cette chaine publique. Ce qui voudrait dire que les risques qu’une question déroutante soit posée étaient faibles pour ne pas dire nulles. L’interview a fini par prendre l’allure d’un monologue qui donnait l’impression d’un cours magistral dispensé. Dans le cas du président de la transition burkinabé, il avait été interviewé par et sur la chaîne d’Alain Foka, ancien journaliste chez Radio France internationale (Rfi), qui est entré dans la dissidence et qui dit vouloir apporter sa pierre à la renaissance de l’Afrique à travers sa chaine d’opinion panafricaine. Le journaliste tente de faire preuve de neutralité au cours de l’entretien, mais il ne tarde pas à reconnaitre qu’il partage le même point de vue que le chef de la transition burkinabé. C’est donc un capitaine Traoré très à l’aise qui s’exprimait sur un média quasi acquis à sa cause. Par ailleurs les médias français, tels que RFI, France 24 et TV5, sont désormais interdits dans les pays de l’AES.
Présentant leurs actions comme une œuvre à caractère messianique, les deux chefs de juntes (Niger et Burkina Faso) font vibrer les cordes sensibles du panafricanisme, idéologie à laquelle une nouvelle génération d’africains s’est révélée réceptive et qui porte le projet collectif de contrer les velléités sécessionnistes et les fortes tensions sociales qui menacent l’équilibre des États de la région.
En défendant le Niger à l’ONU, les représentants du Mali et du Niger n’ont pas manqué d’accuser la France de complicité avec le djihadisme dans le Sahel. La CEDEAO quant à elle est accusée d’incapacité depuis sa fondation. Or, l’histoire révèle que tel n’a pas toujours été le cas. Tout d’abord, en 2013, l’intervention militaire française avait été accueillie dans la plus grande ferveur populaire au Mali. C’est bien des années plus tard que la désaffection vis-à-vis de la France est née, à la suite de la perte d’espoir que l’arrivée des forces françaises avait suscité. Quant à la CEDEAO, cible de toutes les représentations négatives véhiculées, elle a joué un rôle en faveur de la paix et de la stabilité dans la région.
Dans la décennie 1990, l’ECOMOG (Brigade de surveillance du cessez-le-feu de la Cédéao) avait été créée pour rétablir la paix et maintenir la sécurité dans la région au cours de la terrible guerre du Libéria et de la Sierra Léone. L’intervention militaire de la CEDEAO s’était soldée par des victoires contre les forces rebelles de Charles Taylor et de son acolyte Foday Sankoh. Par ailleurs, rien ne permet de garantir le fait que seuls les régimes putschistes auraient la capacité de mener la résistance contre les groupes djihadistes. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, depuis l’aube des indépendances africaines, ont connu plus de régimes militaires que de régimes civils.
Les performances passées de la CEDEAO, ainsi que les avantages liés à la possibilité de voyager sans visa dans son espace, sont passées sous silence dans les discours des putschistes.
Ingérence étrangère et désinformation dans la confrontation AES et CEDEAO
Outre l’échec global des opérations françaises contre le djihadisme, les activistes partisans de l’AES reprochent à Paris sa diplomatie à géométrie variable dans le traitement des putschs sur le continent. Alors que Paris avait condamné énergiquement les coups d’Etat au Mali, au Burkina Faso et au Niger, ce ne fut pas la même fermeté lorsqu’il s’est agit de la prise de pouvoir inconstitutionnelle au Tchad et au Gabon. Avec la junte guinéenne, pays voisin au Mali, la France et la CEDEAO se sont montrées plutôt conciliantes. Il faut admettre que ce pays, dirigé par un ancien légionnaire français, bat sa propre monnaie et jouit d’une façade maritime. Les moyens de pression sont ainsi très faibles.
Dans tous les cas, avec l’arrivée d’acteurs nouveaux sur le continent (Russie, Chine, Turquie etc…) La France fait face à une perte de son influence dans la région ouest africaine. A l’annonce des coups d’Etats au Mali, au Burkina Faso et au Niger, les drapeaux français avaient été brulés par une foule de manifestants scandant des slogans antifrançais et agitant des drapeaux russes. Les sanctions politiques, économiques et financières de Paris n’ont pas changé la donne. Au Niger, alors que se poursuivait le bras de fer entre Paris et les nouvelles autorités, la foule s’en était pris même à l’ambassade de la France située à Niamey ; au Burkina Faso, l’institut français de Ouagadougou avait été dévasté par de jeunes gens très en colère. « A bas la France, à bas la CEDEAO ». « Nous allons faire partir les Français ! La CEDEAO n’est pas indépendante, c’est une manipulation de la France, il y a une influence extérieure ». Ces slogans émanent de jeunes leaders d'organisations de la société civile, généralement plus politisés que leurs prédécesseurs, et formés aux idées des idéologies décoloniales. Il apparaît que c’est parmi eux que les acteurs russes trouvent des collaborateurs pour renforcer leur propagande sur les réseaux sociaux, ciblant la France, un acteur historique dans la région.
Des activistes africains adjuvants de la propagande russe sur les réseaux sociaux
Pour marquer sa présence sur le terrain de la confrontation AES et CEDEAO, la propagande russe a recours à des dessins animés qui représentent la France comme une puissance coloniale désireuse de maintenir le continent dans le carcan du néo-colonialisme. C’est la dimension contenu (images et textes) de cette guerre informationnelle. Ces contenus représentent la Russie et le groupe Wagner comme étant les sauveurs des africains de « l’influence dominante française ». Les réseaux sociaux (contenant) constituent le terrain favori de cette guerre informationnelle.
Facebook, Twitter, Télégramme, TikTok et WhatsApp sont les principales applications qui permettent de relayer à grande échelle le narratif russe, (exprimant un sentiment critique envers l'influence française et celle de son partenaire de la CEDEAO).
Ces acteurs, auteurs de fakenews, se cachent derrière de faux comptes sortis pour la plupart de l’usine à troll du groupe Wagner.
En réplique, les partisans de la CEDEAO, constitués de soutiens aux chefs d’Etats opposés à ceux de l’AES, disposent aussi de leur réseau de guerre informationnelle qui est toutefois moins efficace que celui de leurs adversaires pros russes. L’avatar Gauthier, qui défendait la France et les positions de la CEDEAO, se qualifiait de « cyberpatriote ». Cet avatar, qui fut un temps le plus célèbre d’Afrique de l’Ouest, avait été contraint de cesser ses activités sur internet car, à l’inverse des pro russes, il n’a bénéficié ni du soutien des officines de la CEDEAO, ni de celui de la Côte d’Ivoire, pays dont il serait originaire. La disparition de cet avatar a laissé le champ numérique libre aux trolls russes et à leurs adjuvants africains. A ce propos effet, un groupe d’activistes africains sur les réseaux sociaux se sont révélés être les plus grands les plus grands relais de la propagande russe en Afrique. Nous allons citer trois parmi eux qui sont les plus connus et qui ont un lien direct avec la France ou l’Occident de manière générale. Ce sont les activistes Kemi Seba (franco-béninois), Nathalie Yam (suisso-camerounaise) et Franklin Nyamsi (franco-camerounais). Sans jamais l’assumer, ces trois protagonistes qui totalisent des millions d’abonnés sur les réseaux sociaux sont les principaux adjuvants de la propagande russe dont ils relaient le narratif.
Notons qu’ils sont invités à prendre part à de grandes rencontres en Russie et organisent des conférences un peu partout dans le monde, notamment en Afrique et en France. Nathalie Yamb est interdite de séjour sur le territoire français, Kemi Seba est menacé d’être déchu de sa nationalité, et Franklin Nyamsi fait régulièrement l’objet de suspensions dans le lycée rouennais où il dispense des cours de philosophie. Ces mesures prises contre ces activistes africains proches de milieux russes sont également utilisées à des fins de propagande contre l’Etat français représenté comme persécuteur et hostile à la critique. L’ONG urgence panafricaine de Kemi Seba était même financée par Prigojine, le défunt patron de Wagner. Les militants de cette ONG puissamment organisés au Mali, au Burkina Faso et au Niger, étaient de ceux qui brandissaient les drapeaux russes au cours des manifestations antifrançaises et anti CEDEAO.
Les sanctions économiques et financières prises contre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, se sont révélées contreproductives. Elles ont servi au déploiement de la technique offensive de désinformation efficace utilisée contre la CEDEAO. Ainsi, l’effet recherché par les partisans des trois juntes était de décrédibiliser l’institution sous-régionale. Ces partisans sont constitués d’un groupe d’activistes africains qui se servent des réseaux sociaux et de manifestations publiques (mobilisations publiques, pancartes, conférences etc…) pour relayer une intense propagande russe contre la CEDEAO et l’Occident.
Alpha Diallo,
étudiant de la 44ème promotion Management stratégique et intelligence économique (MSIE)