Confrontation informationnelle autour de l'abandon des énergies fossiles

Le monde retiendra de la COP28 que les énergies fossiles sont pour la première fois inscrites dans un accord de COP et certains n’hésitent pas à qualifier l’accord d’historique. Quoiqu’il en soit, il aura fallu attendre trente ans pour que les énergies fossiles soient au centre des discussions. La formulation qui a finalement été conservée dans l’accord final laisse sans aucun doute place à l’interprétation, ce qui permet de contenter le plus grand nombre, une victoire du multilatéralisme et de la diplomatie climatique. Il s’agit d’"abandonner (transitioning away, en anglais) progressivement les combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques, de manière juste, ordonnée et de manière équitable, en accélérant l’action au cours de cette décennie critique, afin d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, conformément à la science".  C’est dans ce contexte que l’'abandon des énergies fossiles fait l'objet d'une confrontation informationnelle intense, car il touche à des enjeux environnementaux, économiques, sociaux et politiques majeurs. Cette confrontation oppose plusieurs acteurs : gouvernements, entreprises, ONG, scientifiques, médias, et citoyens, chacun ayant des intérêts, des priorités et des positions variées. 

L'Afrique et les pays producteurs d'énergies fossiles sont au cœur d'un débat mondial concernant l'abandon des énergies fossiles au profit des énergies renouvelables. Ces énergies fossiles identifiées sont les suivantes avec les pays producteurs :

  • Pétrole : Les principaux pays producteurs sont les États-Unis, l'Arabie saoudite, la Russie, l'Irak et le Canada. En Afrique, les principaux producteurs sont le Nigeria, l'Angola, l'Algérie et la Libye.

  • Gaz naturel : La Russie, les États-Unis, l'Iran et le Qatar dominent la production mondiale. En Afrique, l'Algérie, l'Égypte et le Mozambique jouent des rôles importants.

  • Charbon : La Chine, l'Inde, les États-Unis et l'Indonésie sont les plus gros producteurs. En Afrique, l'Afrique du Sud est un grand producteur de charbon.

 

Une offensive de l’Union Européenne, des ONG et des professionnels de la santé 

L'un des principaux arguments en faveur de l'abandon des énergies fossiles est la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) responsables du réchauffement climatique. Les combustibles fossiles (pétrole, gaz, charbon) sont les premières sources d’émissions mondiales de CO2, et leur réduction est essentielle pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris qui limite le réchauffement à 1,5°C c’est à dire la limitation du réchauffement climatique à +1,5°C au-dessus des températures de l’ère préindustrielle. 

Pour réduire les gaz à effet de serre, la loi européenne sur le climat fixe des objectifs juridiquement contraignants pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre : ils devraient baisser de 55 % d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990 et l'UE devrait atteindre zéro émission nette d'ici 2050.  

Pour atteindre ces objectifs, l'UE prend un large éventail de mesures à savoir :

  • Réduire les émissions dans les transports.

  • Établir des règles pour économiser l'énergie et investir dans les énergies renouvelables.

  • Empêcher la délocalisation des industries émettrices de gaz à effet de serre en dehors de l'UE dans le but d'éviter des normes plus strictes.

  • Stimuler le premier grand marché du carbone au monde.

  • Instaurer un système européen d'échange de quotas d'émission.

  • Fixer des objectifs de réduction pour chaque pays de l'UE.

  • Développer les forêts et autres zones de capture de carbone. 

 Il faut noter que lors du COP 28, les professionnels de la santé ont eux aussi réclamé l'abandon des combustibles fossiles. C’était une première dans l'histoire des négociations sur le climat, des discussions sur la santé, notamment aux effets directs du changement climatique sur le bien-être des individus et sur les systèmes de santé. 

Or, « nous sommes déjà les témoins des effets de la crise climatique sur notre santé : stress thermique, malnutrition, anxiété, maladies à transmission vectorielle, maladies respiratoires dues à la pollution de l'air », souligne le docteur Lujain Alqodmani, président de l'Association médicale mondiale. À elle seule, la pollution atmosphérique est déjà responsable de 7 millions de décès prématurés par an dans le monde, soit plus que le nombre de morts recensés pendant toute la durée de la pandémie de Covid-19.

 

Insuffisance des technologies actuelles pour remplacer les énergies fossiles 

Certains acteurs industriels ou politiques minimisent l'urgence climatique ou soutiennent que les technologies actuelles sont insuffisantes pour remplacer complètement les énergies fossiles sans compromettre la croissance économique. Ils appellent parfois à un développement parallèle des énergies fossiles et renouvelables, soutenant que des technologies comme la capture de carbone peuvent atténuer les émissions.

D’autres prônent l’intermittence des renouvelables dans le solaire et l’éolien. Selon eux, ces sources d’énergie ne peuvent pas garantir une production d’électricité stable 24/7 sans une infrastructure de stockage d’énergie à grande échelle, technologie encore peu développée et coûteuse. Cela rend difficile la gestion des réseaux électriques sans recourir à des énergies fossiles pour combler les lacunes.

Il y a aussi les limitations technologiques, bien que les technologies vertes progressent rapidement, certains estiment qu'elles ne sont pas encore prêtes à être déployées à grande échelle dans des secteurs critiques comme le transport aérien, le transport maritime, et certaines industries lourdes (ciment, acier, etc.). Ces secteurs restent fortement dépendants des combustibles fossiles, et les alternatives actuelles ne peuvent pas encore répondre à leurs besoins énergétiques.

Les technologies de capture et de stockage de carbone (CSC) sont souvent évoquées par ceux qui prônent le maintien des combustibles fossiles. Ces technologies permettent de capturer les émissions de CO2 à la source (par exemple, dans les centrales à charbon ou à gaz) et de les stocker de manière permanente sous terre. Certains voient dans le CSC une solution pour continuer à utiliser des combustibles fossiles tout en réduisant leur impact environnemental.

A ce jour, des milliards de personnes n’ont toujours pas accès à une source d’énergie propre, fiable et accessible économiquement. Et cette pauvreté énergétique n’est pas sans conséquence sur les inégalités sociales et sur la dégradation de l’environnement.

 

Opportunités économiques et création d'emplois pour l’Union européenne 

L’abandon des énergies fossiles est souvent vu comme une opportunité de transition vers une économie plus verte et durable, créant de nouveaux emplois dans les énergies renouvelables (solaire, éolien, etc.) et la technologie verte (mobilité électrique, économie circulaire). Des secteurs comme celui de la construction ou des infrastructures énergétiques peuvent bénéficier d’importants investissements.

Pour les européens, c’est la naissance d’une industrie verte. La transition vers les énergies renouvelables est vue comme une opportunité de stimuler l’innovation, créer des emplois et renforcer les industries nationales. L’UE, par exemple, a investi massivement dans la production de technologies propres, telles que les panneaux solaires, les éoliennes et les véhicules électriques. C’est le moment du développement de nouvelles technologies. Les investissements dans la recherche et le développement autour de l'énergie propre, des batteries, des réseaux intelligents et de l'efficacité énergétique sont une priorité pour l'UE. Cela permet à l'Europe de maintenir un avantage compétitif sur le marché mondial des technologies vertes.

 

La contre-offensive des pays producteurs et de l'Afrique 

Les industries fossiles génèrent des milliards de dollars de revenus et emploient des millions de personnes dans le monde. Certains pays et entreprises qui dépendent fortement des revenus pétroliers (pays de l’OPEP, par exemple) s'inquiètent d'une transition trop rapide. Ils craignent des crises économiques et des pertes massives d'emplois dans les secteurs traditionnels, ainsi qu’une volatilité sur les marchés de l'énergie.

L'Afrique possède d'importantes réserves de pétrole et de gaz, en particulier en Afrique de l'Ouest et en Afrique du Nord. De nombreux pays africains dépendent fortement des revenus de l'exportation des énergies fossiles pour soutenir leur économie. Les pays comme le Nigeria, l'Angola et l'Algérie tirent une grande part de leurs revenus nationaux du pétrole et du gaz.

De nombreux pays africains ont des économies dépendantes des exportations d'énergies fossiles. L'abandon des énergies fossiles représente donc un défi économique majeur et dans certaines régions d'Afrique, les infrastructures pour soutenir les énergies renouvelables sont encore peu développées. De nombreux Africains n'ont toujours pas accès à l'électricité, et les énergies fossiles représentent une solution rapide pour accroître l'accès à l'énergie, même si elles ne sont pas durables à long terme. Les pays africains sont sous pression pour développer des énergies renouvelables telles que l'énergie solaire, éolienne et hydroélectrique. Certains pays, comme l'Afrique du Sud, investissent massivement dans ces secteurs.

Nous notons cependant qu’en Afrique, l’exploitation des énergies fossiles reste massivement destinée aux besoins de l’Occident. Selon un rapport publié lors de la COP27, deux tiers des nouveaux projets développés sur le continent sont portés par des multinationales étrangères et la majorité sont tournés vers l’exportation selon Laurence Caramel.

Alors qu’il faudrait cesser d’investir dans de nouveaux projets d’énergie fossile pour conserver des chances de limiter le réchauffement en dessous de 1,5 °C, l’Afrique demeure un champ actif de prospection pour les majors occidentales. Des projets d’exploration et d’exploitation de réserves récemment découvertes sont en cours dans 48 pays du continent, selon le rapport « Qui finance l’expansion des énergies fossiles en Afrique ? », rendu public mardi 15 novembre 2022 à Charm El-Cheikh (Egypte), où se déroule la conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP27).

« Deux tiers de ces projets sont portés par des multinationales dont le siège se trouve hors d’Afrique et la majorité sont tournés vers l’exportation pour satisfaire les besoins occidentaux », explique Heffa Schücking, directrice de l’ONG allemande Urgewald et coautrice du rapport avec une trentaine d’associations africaines.

Certaines entreprises continuent d'investir dans les énergies fossiles tout en communiquant sur leurs initiatives vertes. Cela crée une confusion dans l’opinion publique, car elles revendiquent un engagement pour la transition écologique tout en poursuivant l’exploitation des ressources fossiles.

 

Greenwashing : les grandes compagnies pétrolières protègent les combustibles fossiles en mentant sur leurs ambitions écologiques

Pourtant, malgré son engagement public en 2019, le PDG d’ExxonMobil, Darren Woods, a demandé à un groupe de pression de l’industrie pétrolière de supprimer une référence à l’accord de Paris sur le climat de 2015 dans le projet de déclaration sur le développement durable qu’il avait préparé. Cette mention, a déclaré Darren Woods : « pourrait créer un engagement potentiel à défendre les objectifs de l’accord de Paris », ce qui sera contraire à certaines actions d’ExxonMobil. On le note quand l’État du Massachusetts a porté plainte contre ExxonMobil et met en avant des campagnes de marketing telles que celles présentées sur la chaîne YouTube d’ExxonMobil, qui montre encore une publicité produite il y a huit ans : Making the World’s Energy go Further, qui, en seulement 30 secondes, présente un pot-pourri des plus grands succès de l’écoblanchiment – biocarburant à base d’algues, nouvelle technologie pour capturer les émissions de CO2, et les voitures deux fois plus efficaces en termes de consommation d’essence. Les biocarburants à base d’algues ont toutefois mordu la poussière ; il n’existe pas de méthode abordable et sûre pour capturer et stocker le dioxyde de carbone ; et les voitures électriques sont entre « 2,6 et 4,8 fois plus efficaces pour parcourir un kilomètre qu’un moteur à combustion interne à essence », selon le Conseil de défense des ressources naturelles (Natural Resources Defense Council). Comme l’explique le bureau du procureur général, Andrea Campbell, il « affirme que l’entreprise viole la loi du Massachusetts par le biais d’une campagne de marketing trompeuse d' »écoblanchiment qui présente de manière trompeuse Exxon comme un leader de la recherche de pointe sur les énergies propres et de l’action climatique […] et […] ses produits comme verts alors que l’entreprise augmente massivement sa production de combustibles fossiles et ne consacre qu’environ la moitié de 1 % de ses revenus au développement des énergies propres. » 

Le plus grand défaut de ces publicités, cependant, est que les concepteurs de la compagnie pétrolière essayaient de convaincre le public qu’ExxonMobil investissait des ressources importantes dans des alternatives durables. 

C’est une campagne de marketing trompeuse de blanchiment écologique car ExxonMobil a investi des milliards de dollars dans le développement d’énormes projets de sables bitumineux au Canada, qui sont parmi les projets d’extraction de pétrole les plus coûteux et les plus polluants au monde. »

 

Des campagnes de désinformation

Des campagnes de lobbying ou de communication orchestrées par des groupes d’intérêts fossiles cherchent à semer le doute sur la gravité de la crise climatique ou sur l’efficacité des énergies renouvelables. Elles financent parfois des études ou des experts pour défendre le maintien des énergies fossiles.

Depuis des décennies, les entreprises de combustibles fossiles et les États alignés dépensent des sommes colossales dans des campagnes visant à retarder la transition énergétique et à maintenir le monde accroché à leurs produits. La question n'est plus de savoir si nous allons mettre fin à notre dépendance au pétrole, au charbon et au gaz, mais à quelle vitesse. La rapidité et l'ampleur sont désormais des questions essentielles. Comme l'a dit le secrétaire général des Nations unies dans sa déclaration de clôture de la COP28, "le monde ne peut pas se permettre des retards, de l'indécision ou des demi-mesures". Les données scientifiques sont claires : des mesures ambitieuses visant à réduire les émissions de carbone et à accélérer la transition vers les énergies renouvelables peuvent encore permettre d'éviter les pires conséquences du changement climatique. Nous devons en faire une priorité mondiale urgente.

L'ONU s'oppose à la désinformation climatique pour montrer aux gens qu'il n'est pas trop tard pour sauver la planète. Pour ce faire, nous donnons un coup de fouet à nos communications sur le climat en utilisant l'initiative " Verified for Climate", un programme conjoint des Nations unies et de Purpose.

Une analyse inédite révèle le greenwashing des projets climaticides de TotalEnergies par les énergies renouvelables. En amont de l’Assemblée générale de TotalEnergies, alors que citoyens et scientifiques dénoncent les investissements fossiles de l’entreprise et appellent ses actionnaires à voter contre sa prétendue « stratégie climat », BLOOM publie une enquête inédite « Le joker ENR » qui révèle l’instrumentalisation faite par TotalEnergies de ses investissements dans les énergies renouvelables pour masquer ses investissements fossiles et « verdir » ses plateformes pétrolières.

En analysant tous les communiqués officiels de l’entreprise depuis le 1er janvier 2021, nous constatons que TotalEnergies a annoncé 30 nouveaux projets fossiles au cours des deux dernières années, au mépris du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) et de l’Agence internationale de l’énergie. Dans 66% des cas, TotalEnergies évoque simultanément des projets dans les énergies renouvelables pour tenter de rendre ses projets climaticides plus acceptables et faire miroiter la chimère alchimiste d’énergies fossiles « propres ».

En utilisant les renouvelables comme un véritable joker dans sa communication publique, c’est une fabrique du doute aux dimensions industrielles que TotalEnergies déploie sous nos yeux. 

 

Une stabilité économique dépendante des énergies fossiles 

Les pays exportateurs de pétrole et de gaz (Russie, États du Golfe, etc.) perçoivent souvent l'abandon des énergies fossiles comme une menace directe à leur stabilité économique et à leur influence géopolitique. En réponse, ils peuvent renforcer des alliances et utiliser l'énergie comme levier politique (guerres énergétiques, manipulations des prix du pétrole).Les revenus pétroliers pour beaucoup de ces pays, le pétrole et le gaz représentent une part majeure de leur PIB, de leurs revenus fiscaux et de leurs exportations. Par exemple, environ 90 % des revenus budgétaires de l’Arabie saoudite proviennent des hydrocarbures. La Russie, également très dépendante de ses exportations de gaz et de pétrole, utilise ces ressources pour stabiliser son économie. Il y a une vulnérabilité économique avec la transition mondiale vers les énergies renouvelables et les pressions pour réduire les émissions de carbone, ces économies se trouvent face à un risque de baisse de la demande pour leurs principales ressources d'exportation, menaçant ainsi leurs sources de revenus à long terme.

 

Une géopolitique et pouvoir des ressources énergétiques 

Les pays exportateurs utilisent souvent leurs ressources énergétiques comme un outil de politique étrangère et le pétrole comme levier géopolitique. Par exemple, la Russie a utilisé le gaz comme moyen de pression dans ses relations avec l’Europe, notamment à travers la manipulation des flux de gaz lors de conflits avec l'Ukraine ou lors de tensions avec l'UE.

La concurrence pour l’accès aux marchés énergétiques ou le contrôle des routes d’approvisionnement peut provoquer des tensions ou des conflits. Les guerres en Irak, en Libye et même la guerre en Ukraine ont toutes des composantes énergétiques significatives, notamment en ce qui concerne le contrôle des pipelines ou des gisements de pétrole et de gaz. Enfin, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), menée par l’Arabie saoudite, et l’alliance avec des pays non-membres de l’OPEP, comme la Russie (OPEP+), se sont souvent réunies pour ajuster la production de pétrole afin d'influencer les prix mondiaux. Ils peuvent réduire la production pour faire monter les prix ou l’augmenter pour maintenir leur part de marché.

De l’autre côté, les pays favorisant la transition énergétique (comme l'UE) voient l'abandon des énergies fossiles comme une manière d’améliorer leur indépendance énergétique et de réduire leur dépendance à l’égard des importations de pétrole et de gaz.

 

Une indépendance énergétique accrue pour l’Union européenne 

Nous constatons une réduction de la dépendance aux importations. De nombreux pays européens sont fortement dépendants des importations de pétrole et de gaz, notamment de la Russie et des pays du Golfe. Cette dépendance crée une vulnérabilité face aux fluctuations des prix mondiaux de l’énergie et aux tensions géopolitiques. La transition vers des énergies renouvelables (solaire, éolienne, hydraulique, etc.) permet de réduire cette dépendance.

La transition énergétique permet aussi de diminuer la dépendance aux matières premières critiques nécessaires pour l’extraction et la production d’énergies fossiles. Toutefois, elle déplace la question vers d’autres ressources, comme le lithium ou les terres rares, nécessaires pour les batteries et autres technologies vertes. Aussi en réduisant sa consommation de combustibles fossiles, l'UE diminue l'influence des grands pays producteurs de pétrole et de gaz, comme la Russie et l'Arabie saoudite, qui ont historiquement utilisé leurs ressources énergétiques pour influencer les relations internationales. Par exemple, les coupures de gaz russes en réponse aux sanctions de l'UE ont démontré à quel point l'Europe était vulnérable à de telles tactiques.

 

Un marketing informationnel mené à travers plusieurs médias avec comme objectif de convaincre pour une position favorable à la transition énergétique 

De nombreux médias, ONG et chercheurs soulignent l'urgence climatique et promeuvent activement la transition vers une énergie durable, soutenue par des études scientifiques et des rapports d'experts (GIEC).

Dans une lettre rendue publique ce mardi 13 août 2024, 77 anciens hauts responsables politiques et lauréats du prix Nobel s’alarment de l’absence de toute référence aux combustibles fossiles, principaux responsables du réchauffement climatique, dans un projet de déclaration onusienne en cours de négociation. Les 22 et 23 septembre prochains, un « Sommet de l’avenir » organisé par l’assemblée générale des Nations unies doit se tenir à New York, aux Etats-Unis. À cette occasion, un « Pacte pour l’avenir » doit être adopté par les États. « Nous sommes grandement préoccupés », précisent les auteurs de cette lettre. 

« Nous appelons les Nations unies [ONU] à veiller à ce que le Pacte pour l’avenir [qui doit être adopté en septembre] comprenne de solides engagements en faveur de la gestion et du financement d’une transition mondiale rapide et équitable vers la fin de l’extraction du charbon, du pétrole et du gaz », écrivent les Prix Nobel de la paix Muhammad Yunus (Bangladesh), Shirin Ebadi (Iran) et Denis Mukwege (République démocratique du Congo), les Françaises Emmanuelle Charpentier (Nobel de chimie) et Françoise Barré-Sinoussi (Nobel de médecine) ou encore l’ancienne présidente d’Irlande Mary Robinson.

D’autres médias, souvent influencés par des intérêts économiques et politiques, diffusent des messages plus sceptiques, en insistant sur les coûts de la transition ou en amplifiant les défauts des technologies renouvelables.

 

L’influence des médias sur les coûts élevés de la transition énergétique

Les sceptiques insistent souvent sur le fait que la transition vers les énergies renouvelables nécessite des investissements massifs en infrastructure (parcs solaires, éoliens, réseaux de stockage, etc.) et que ces coûts seront répercutés sur les consommateurs et les contribuables. Ils critiquent les subventions publiques accordées à ces technologies, soutenant que cela entraîne une hausse des taxes et des coûts de l'énergie. Ils mettent en exergue aussi le prix de l’électricité pour les consommateurs. Les médias sceptiques mettent en lumière l'impact potentiel sur les ménages, en particulier dans les pays où les factures d'électricité sont déjà élevées. Ils soutiennent que les coûts de mise en place des énergies renouvelables pourraient augmenter les factures d'électricité à court terme, rendant la transition impopulaire, notamment parmi les classes moyennes et les classes populaires.

 

Le pari de la transition énergétique

Pour les pays qui favorisent la transition énergétique, comme ceux de l'UE, l'abandon des énergies fossiles représente une opportunité stratégique majeure. Cela leur permet de gagner en indépendance énergétique, de réduire leur vulnérabilité aux fluctuations des prix des combustibles fossiles et aux tensions géopolitiques, et d’assurer leur leadership dans l’économie verte mondiale. De plus, cette transition est essentielle pour répondre aux défis du changement climatique. Toutefois, elle pourrait aussi redessiner les relations géopolitiques, créant de nouvelles alliances et exacerbant les tensions avec les pays exportateurs d’énergies fossiles.

Pour les pays producteurs et surtout l’Afrique, il est clair que chaque pays doit pouvoir se développer en valorisant ses ressources, pétrole et gaz naturel compris. L’Europe ne s’est-elle pas appuyée sur son charbon et sur son gaz pour se développer ? selon les pays producteurs et l’Afrique qui disent qu’Il n’y a pas de honte d’investir dans les énergies fossiles pour assurer leur développement. Sur le plan mondial, aucune nation ne bannit l’usage du pétrole et du gaz, et les pays consommateurs, où qu’ils soient, continuent d’en acheter et de les utiliser.

 

Gérard Dogbe (Msie 44 de l’EGE)

 

Sources

https://www.actu-environnement.com/ae/news/lettre-ouverte-acteurs-sante-COP28-exclusion-fossiles-42851.php4

https://www.latribune.fr/climat/energie-environnement/cop28-l-union-europeenne-defendra-bien-la-fin-des-energies-fossiles-980345.html


https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/11/15/en-afrique-l-exploitation-des-energies-fossiles-reste-massivement-destinee-aux-besoins-de-l-occident_6150019_3212.html

chrome-extension://efaidnbmnnnibpcajpcglclefindmkaj/https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/2023-incidences-economiques-transition-climat-rapport-de-synthese_1.pdf

https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/08/13/climat-des-etats-font-disparaitre-toute-mention-de-sortie-des-energies-fossiles-d-un-projet-de-declaration-onusienne_6279685_3244.html

https://www.actu-environnement.com/dit-aujourdhui/1500-136.html

https://www.wwf.fr/champs-daction/climat-energie/dereglement-climatique

https://www.europarl.europa.eu/topics/fr/article/20230316STO77629/les-gaz-a-effet-de-serre-a-l-origine-du-rechauffement-climatique

https://www.europarl.europa.eu/topics/fr/article/20180305STO99003/reduction-des-emissions-de-co2-objectifs-et-actions-de-l-union-europeenne

Références

(1) BLOOM a analysé l’ensemble des communiqués de presse produits par TotalEnergies du 1er janvier 2021 au 15 mai 2023, soit 313 communiqués.

(2) TotalEnergies (2023) Notre ambition dans le pétrole et le gaz

(3) TotalEnergies (2022) Global strengths, global resultsSur les 16,3 milliards de dollars investis par TotalEnergies en 2022, seuls 3,6 milliards de dollars sont allés aux énergies «bas-carbone». Qui concernent les renouvelables, mais aussi… les centrales à gaz!

(4) Reclaim Finance (2023) Évaluation des stratégies climat des entreprises pétro-gazières