Comment se joue la guerre cognitive autour la récolte de matière minérale dans les grands fonds marins ?

Revendiqué comme un projet visant la décarbonation de l'économie par l'approvisionnement de minerais rares utilisés dans la composition des batteries automobiles ou l’industrie militaire, le Deep-Sea mining consiste en la récolte de matière minérale dans les grands fonds marins, au-delà de 200 mètres de profondeur. Découverts à la fin des années 1960, les nodules se sont révélés être constitués d’éléments métalliques divers tels que le manganèse, le nickel ou le cobalt, en proportions variables. 

Contexte

Ces nouveaux minerais sous-marins avaient provoqué dès les années 1970-1980 un grand engouement. Tous les océans sont concernés, cependant le sujet se concentre actuellement sur la zone de Clarion-Clipperton dans le Pacifique entre la Californie, le Mexique et Hawaï, du fait de leur forte concentration à cet endroit. Cependant, dans la Zone, ils relèvent du patrimoine commun de l’humanité et se trouvent sous le contrôle de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM). Les appels à un moratoire voire à une interdiction de l’activité minière en eaux profondes se sont généralisés ces trois dernières années dans les sphères académiques, associatives, institutionnelles et politiques, et dans des dizaines de pays du monde.  A l’heure actuelle, l’AIFM, l’autorité régulatrice (ISA) demande un délai pour la réalisation des études d'impact nécessaires.

La lutte contre le réchauffement climatique, réaffirmée comme un objectif vital lors de la COP 27 qui s’est tenue à Dubaï en 2023, fixe les objectifs en matière de réduction de gaz à effet de serre. Pour les Etats engagés dans cette lutte, les politiques menées sont une source d’opportunités de croissance et de transformations structurelles de leurs économies, mais sont aussi porteuses de risques pour l’activité́ économique. Au centre de cette stratégie de décarbonation, le pari technologique semble dominer et l’investissement dans les véhicules électriques et ce dans un contexte de crise des matières premières et de souverainement économique de plus en plus menacée. 

Mais ces derniers demeurent dépendants aux énergies fossiles, amenées à s’épuiser, et l’idée d’autoriser l’extraction minière des grands fonds marins pour allonger l’échéance des besoins en terre rares au profit d’une transition s’inscrit au cœur de ces enjeux éthiques, sécuritaires, économiques, politiques et idéologiques. 

L'extraction des nodules polymétalliques en ZCC est le théâtre d'une guerre informationnelle qui reflète les enjeux économiques et géopolitiques entre les pays pour le partage de l’espace maritime international et surtout la gestion de la transition énergétique et de la pression du réchauffement climatique. En l'état actuel des choses, le besoin de ces ressources est voué à croître tandis que leur disponibilité diminue et la pression s’accentue. 

Les parties prenantes et leurs objectifs

La création de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) ou International Seabed Authority, (ISA, 1994) s’est faite dans un but de régulation de l’activité d'exploitation des nodules polymétalliques, depuis leur découverte dans les années 60. Ainsi les compagnies élaborant le projet d’extraction travaillent indirectement en partenariat avec l’ISA, afin d’effectuer les missions d’exploration , les études de faisabilité et les analyses d’impact. 

Parmi les compagnies, citonsl’entreprise canadienne The Metals Company, qui cherche à procéder à l’extraction dès que possible qui se traduit par l’obtention d’un permis délivré par l’AIFM. Son objectif primaire est de disposer des droits : même si l’AIFM est l’organe de régulation, son fonctionnement est géré par un comité qui rend directement compte aux 157 pays signataires et membres. Pour ce faire, les objectifs intermédiaires de TMC sont doubles : 

-Établir sa légitimité et disposer des financements

-Éviter les objections et neutraliser les éventuels adversaires. 

L’audience primaire sera donc les gouvernements en question, et de manière secondaire, ce qui influe sur leurs décisions : opinions publiques / groupes de pressions politiques et commerciales. Mais également, ce qui influe sur les financements : industriels, institutions financières. 

La DSCC et Greenpeace

Au sein de cette guerre informationnelle aux enjeux multiples, intervient un grand nombre d’acteurs de part et d'autre, scientifique, juridique, politiques, économiques et environnementaux.

Autour d’un centre de gravité marqué principalement par l’aspect environnemental et écologique, nous trouverons donc face à ce projet, la Deep-Sea Conservation Coalition (DSCC) fondée en 2004, matérialisant la ligne de front s’opposant aux ambitions d’extraction minière des fonds marins. Composée aujourd’hui de plus de 100 ONGs, associations de pêcheurs et instituts juridiques et politiques du monde entier, ces derniers travaillent ensemble sous l'égide de la DSCC pour assurer la protection des écosystèmes vulnérables des grands fonds marins. Agissant au travers de ces acteurs, une ONG se distingue particulièrement dans le cadre de son affrontement contre l’AIFM et TMC, il s’agit de Greenpeace International et notamment de son entité Néo-Zélandaise, Greenpeace Auteorea qui feront l’objet de notre analyse. Greenpeace, qui se distingue par ses actions particulièrement offensives, en plus de sa taille et de sa puissance d’influence, confirmé par les événements dans le cadre de cet affrontement. La guerre informationnelle s’est intensifiée entre 2021 et 2023, ainsi cette étude sera circonscrite à cette période. 

L'objectif primaire du DSCC est de promouvoir un renforcement de la gouvernance des océans et de la loi afin de préserver la vie marine et de son écosystème et dans le but de lutter contre le projet de Deep-Sea Mining (en l'état actuel des choses), de préserver l'économie bleu de son impact potentiel et enfin l’océan des projets de géo-ingénierie qui sous-tendent cette économie. Pour ce faire, les objectifs intermédiaires sont :

-En termes juridique, via l’obtention d’un moratoire. 

-En termes d’image par l’obtention de la reconnaissance du rôle vital joué par les grands fonds marins afin de déjouer les stratégies des compagnies minières.

Greenpeace s’inscrit dans cette stratégie. Son action se traduit par une pression exercée sur l’AIFM, la seule à pouvoir interdire l’exploitation minière des océans. Alors qu’elle commence déjà à délivrer ses premières autorisations expérimentales, ils cherchent à rallier un maximum de pays à cette cause.

Tactiques menées par The Matals Company (TMC) depuis 2021

Établir sa légitimité et disposer des financements

Dans le cadre de cette confrontation informationnelle, The Metals Company s’inscrit sur un échiquier économique et socioculturel et fait face à un certain nombre de contraintes et d’incertitudes avec un fort degré de probabilité liée à son activité d’une part, car nécessitant de lourds investissements, une planification à long-terme et ce dans un contexte juridique et économique instable mais également du point de vue sociétal et environnemental. Le degré de myopie sur son environnement est donc important. 

*Appropriation du discours écologique pour établir sa légitimité

Dans toute guerre informationnelle, le concept de légitimité est primordial. Sur ce point, TMC part avec un net désavantage en lien avec une activité largement décriée. TMC compare son activité aux mines terrestres pour souligner l’absence de pollution ou de déforestation qu'elle génère par exemple. Ce parti pris la garde dans cette cosmologie extractiviste, associée à l’avidité, à la domination et aux zones sacrifiées dans l’imaginaire collectif. Afin de canaliser cette posture du fort ou du persécuteur, TMC passe dans un premier temps par un contenu informationnel à forte connotation environnementale et RSE. 

Sa stratégie de communication s’inscrit totalement dans le discours politique de la transition énergétique. Ainsi les termes "solve energy crisis", "stop impact on human civilization", "impact on our ecosystem of land mining”, illustrent parfaitement plusieurs tactiques : 

La réappropriation du discours écologique. Cela a pour effet de “diluer” le propos et de brouiller les intentions, ce qui présente un double-impact, en renforçant sa légitimité tout en faisant perdre de son sens et de sa force au discours de l’adversaire. 

Deuxièmement, le focus fait sur une caractéristique de durabilité indépendamment des activités en amont et en aval que celle-ci implique (raffinage, production des batteries ou l’absence de déforestation) permets d’invisibiliser les impacts et aspects négatifs (Sauver la forêt cache l’impact sur l'océan d’autant qu'aucune preuve garantissant l’arrêt des mines terrestre n’est apportée). En outre, la technique du Deep sea mining s’apparente plus au raclage de fond et aux méthodes de chalutage qu’aux excavations terrestres, ce qui révèle que l’on ne s’embarrasse pas d’un manque de pertinence. Ainsi, l’impasse est faite sur ce dont il s’agit réellement, à savoir une énergie non renouvelable. 

L’usage de ces biais, entre dans la tactique du greenwashing, définie par “des prétentions écologiques qui servent à masquer une activité industrielle inchangée”.

Biais cognitifs

Secteur en tension, contexte d’urgence climatique, discours de transition écologique. Tout cela permet de tirer parti d’un sentiment d’urgence. Ce qui sert deux biais. Premièrement une situation de double contrainte en réduisant les options : soit la déforestation, soit le deep sea mining, éliminant de fait toute question et en faisant usage d’une fenêtre d’Overton : le minage des fonds marins passe pour un moindre mal face à la pollution des sols et aux destructions engendrées par les mines terrestres.

Deuxièmement, en présentant la solution comme innovante, miraculeuse et indispensable, elle devient prioritaire aux dégâts engendrés par peur de l’inaction. The Metals Company justifie ses actes comme une “nécessité pour la transition verte” (termes du PDG de The Metals Company, Gérard Barron), et sur son site, l’entreprise affirme que l’exploitation minière des fonds marins impactera les écosystèmes, mais que “la transition verte nécessite des sacrifices” (Gérard Barron). Finalement, l’épuisement des ressources (de minerais terrestres) permet de rejeter les réglementations et de profiter tant qu'elles sont disponibles en plus de justifier de nouvelles exploitations.

Opacité et contrôle de l'information

Dans l’ensemble, le succès de ces stratégies dépend entièrement du degré d’informations délivré. Ainsi TMC tout comme l’AIFM conservent une certaine opacité et mesurent leur visibilité, excepté en ce qui concerne leurs activités d’exploration scientifique et leurs perspectives de rentabilité via leur site de stock market. Pratiquer une certaine rétention de l’information réduit le risque d’objections et facilite l’attrait et la recevabilité du discours délivré. Exploitant par la même un vide de données, en effet, la méconnaissance du milieu maritime et de cette innovation technologique facilite le voile d’illusion ce qui s'assimile à une forme de propagande. 

Philanthropie : RSE et R&D, cultiver les soutiens

La facette RSE se traduit quant à elle par un investissement important dans l’innovation et des initiatives environnementales en collaboration avec des instituts de recherche, le parrainage de groupes communautaires et des programmes de subventions pour l’éducation, la recherche scientifique, les femmes ou la lutte indigène, encourageant les populations locales (insulaires) à se tourner vers TMC au nom d’une justice sociale et d’une revanche économique. Le lobbying s’oriente envers les communautés des gouvernements partenaires (Nauru) ou parmi les premiers impactés par l’enjeu climatique (tels que Fidji, îles Cook). Etant donné que les peuples du Pacifique ont été mis à l'écart et exclus des processus de prise de décision sur leurs propres territoires, en associant ce combat idéologique d’innovation, de développement à un discours intersectionnel[i] qui a récemment intégré les groupes de travail au sein des discussions de Montego Bay, TMC dessine une ébauche d’encerclement cognitif pour gagner une paix sociale nécessaire au bon fonctionnement et l’équilibre de son empire. 

Ces missions d’exploration scientifiques, fortement documentée, qui sont présentées comme une contribution aux avancées scientifiques et qui répondent aux exigences de mesure d’impact requises par l’AIFM, servent à dissimuler la collecte anticipée de nodules avec un objectif de 1,5 million d'euros, via divers essais de prototype de collecteur de nodules et d’une colonne montante, afin d’établir les estimations techniques et économiques du projet.

Alliance avec l'AIFM

En revanche, la position désavantageuse de TMC sur l’échiquier sociétal est renforcée par ses liens ambigus avec l’AIFM, faisant l’objet d’accusations sur de potentiels conflits d'intérêts. Malgré un soutien financier de l’AIFM, TMC doit faire face à une offensive de ses détracteurs tel que Greenpeace. Il est essentiel pour TMC de préserver la réputation de l’AIFM et d'agir en son nom propre, sans exploiter cette relation de manière inappropriée. Les contributions innovantes de TMC, notamment par le biais de la recherche scientifique, l’aident à faire face aux scandales comme l’a démontré l’affaire des kayaks avec Greenpeace, présentée plus loin. 

B. Éviter les objections et neutraliser les éventuels adversaires 

Manipulation - Achat d'influence

Sur l’échiquier politique et économique, les activités de fusion-acquisition et de déploiement stratégique ainsi que les négociations juridiques et les partenariats locaux jusqu’à former l'éco système actuel composé de quelques acteurs, sont des éléments clés de la stratégie de TMC pour dominer le secteur. TMC s’est constitué un board composé en majorité de profils issus du monde de la finance et se compose de quelques noyaux durs provenant d’entreprises telles que McKinsey, afin de cultiver les soutiens. Ces liens avec l’AIFM, ses investisseurs, ses permis d’explorer et le pedigree de son dirigeant Barron, ont permis la montée en puissance de TMC, le développement de ses capacités techniques et l’obtention de permis d’explorer. 

L’environnement juridique est-il lacunaire ou y a-t-il eu une entorse au droit ? Potentiellement les deux.

Certains évoquent la faiblesse du système de réglementation maritime international du fait de son obsolescence car les moyens techniques au moment de son élaboration ne permettaient pas les activités à l'origine des questions qui se posent aujourd’hui. Néanmoins, considérant que la loi, bien qu’imparfaite, fait mention de l’obligation du caractère “soutenable des activités envisagées par quiconque sur ces communs”, l’extraction de terres rares nécessitant des millions d’années à se former ne peut en aucun cas être conforme. Enfin, TMC, faisant usage du parrainage par la négociation de contrat avec Nauru et Tonga grâce à sa stratégie socio-politique, a levé en 2021 un des derniers leviers, celui de l’extraction, en exploitant une potentielle faille juridique : la « règle des deux ans ». Acceptée par l'AIFM, qui se voit obligée à l'expiration du délai, de traiter les demandes de licence d'exploitation formulées par les États. Ceci, que le code minier soit finalisé ou non.

Opération éclaire

Un “code minier” est actuellement en négociation entre les États, sous pression des industriels qui voudraient le voir adopté dans l’urgence dès juillet 2023. Pourquoi cette date ? Car à ce moment, The Metals Company pourra faire valoir une faille législative qui lui permettrait de débuter l’exploitation commerciale des ressources des abysses même en l’absence de code minier, s'inscrivant dans l’intention d’attaquer avant que le monde s'éveille et ne s’empare du sujet. L’AIFM occupe donc une place centrale. Sur un temps court, l’effet de surprise, le rapport coût/effet recherché et l'opacité par l’absence d’information sur les fonds marins et les méthodes exactes d’exploitation empêche une attaque ciblée de l’adversaire.

Écolo Bashing ou Écolo Cancelling ?  

La compagnie fait peu de cas des opposants, invisibilisant l’adversaire afin d’agir vite et discrètement. Les tactiques de décrédibilisation et de dénigrement permettent la neutralisation de l’adversaire, tel que lors du procès de Greenpeace, en proposant des mesures pour limiter la capacité de Greenpeace à protester en mer[ii], tout en soulignant qu’elle est contre-productive pour la mission de recherche environnementale menée par TMC au profit du patrimoine mondial. Cette approche constitue un exemple de greenbashing et d’intelligence juridique, car elle cherche à discréditer Greenpeace en minimisant son rôle et en présentant ses actions comme nuisibles à la collecte de données scientifiques essentielles pour la prise de décision. Les mesures de contre-offensive sont également perpétrées au nom d’autre entité : “les scientifiques opposés au Deep Sea Mining entretiennent une relation financière incestueuse avec les activistes environnementaux” (propos de Michael Lodge, secrétaire général de l’AIFM). 

Distraire l'audience

“La distraction de l’audience limite le potentiel de rébellion.”

TMC utilise la tactique de "smoke and mirror" (ou Mirroring effect) pour distraire l'audience et limiter le potentiel de rébellion contre ses activités. En insistant sur la responsabilité des consommateurs et leurs choix limités, TMC détourne l'attention de ses propres actions et responsabilités, minimisant ainsi la critique. Cette stratégie provoque des divisions et des querelles, ce qui profite à l'industrie en maintenant le statu quo et en empêchant une mobilisation effective pour un changement écologique. Ceci met en avant le phénomène de Green Backlash, le contre coup des intérêts à perdre dans une société qui s’écologiserait.

TMC utilise la tactique du techno-solutionnisme en présentant des solutions technologiques comme la recherche scientifique et la collecte de données environnementales pour répondre aux préoccupations climatiques. En insistant sur ces approches, TMC détourne l'attention des mesures politiques nécessaires et retarde l'action climatique réelle. Cette stratégie repose sur le brandissement de termes liés aux avancées technologiques futures et la géo-ingénierie, comme la capture des émissions ou la neutralité carbone, afin de ne pas remettre en cause les pratiques actuelles, déplacer la pollution plutôt que de l'éliminer et donc de gagner en temps et en puissance.

Enfin, en nommant son premier bateau explorateur "RS James Cook", nom lourd de connotations historiques négatives pour les peuples indigènes du Pacifique, TMC semble instaurer l'autorité via une forme d’humiliation, la déstabilisation ou la provocation. En effet, James Cook, explorateur britannique, est associé à la colonisation et aux souffrances infligées aux populations autochtones, ravivant ainsi des blessures historiques et suscitant la colère des communautés locales qui voient cette dénomination comme une insulte et un manque de respect envers leur héritage et leurs luttes passées.

Contrôle

TMC garde le contrôle en fournissant des preuves scientifiques via ses propres chercheurs pour minimiser les préoccupations environnementales. Par exemple, l'évaluation d'impact environnemental (EIE) du test de collecteur de NORI[iii] conclut que les risques de "dommages graves" pour le milieu marin sont négligeables, malgré les incertitudes. Cette stratégie permet aux entreprises minières d'évaluer elles-mêmes l'impact de leurs activités (loup dans la bergerie), tout en influençant les négociations de l'AIFM et en contrôlant l'ordre du jour pour empêcher la discussion de moratoires, laissant la société civile à l'écart des décisions cruciales.

Tactiques menées par GreenPeace (DSCC)

L'objectif primaire du DSCC, rappelons-le, est de promouvoir un renforcement de la gouvernance des océans et de la loi. Pour Greenpeace, il s’agit concrètement de :

-Déjouer les stratégies des compagnies minières et faire pression sur l’AIFM 

-Obtenir le soutien de l’opinion publique et générer des perturbations

-Obtenir le soutien des gouvernements en faveur d’un moratoire (demande depuis 1er décembre, 2021)

Greenpeace et les techniques d'offensive contre TMC depuis 2021

Comment sont conçues les manifestations, campagnes médiatiques, actions en justice et lobbying afin de faire pression sur TMC et l’AIFM ? Les méthodes du fort (TMC) sont contraintes par une résonance donnée à l’opinion publique. C’est là-dessus que s’appuie la stratégie de la coalition contre le deep sea mining, la DSCC (Deep Sea Conservation Coalition fondée en 2004). Bénéficiant d’un nombre de relais important, constitué d’ONGs, de Think tanks, de certains gouvernements du Pacifique et d’ailleurs[iv], la DSCC, obtient sa légitimité de par l’origine humaniste de son combat qui se joue avant tout sur l’échiquier idéologique. Cela lui octroie une position de victime dite posture du faible, considérée comme favorable en guerre de l’information. Il y a ainsi une asymétrie qui caractérise le combat entre ces acteurs et c’est pourquoi nous analyserons les stratégies employées par Greenpeace USA et NZ (son entité néo-zélandaise), relais actif de la DSCC dans le cadre de cette affaire. 

Subversion et contre-information

La subversion permet de déstabiliser l’ordre établi en instillant le doute, en suscitant les contestations et en neutralisant les groupes soutenant l'autorité, afin de créer un mouvement d'appui et de mobilisation. Pour cela, selon théoricien anarchiste russe Kropotkine, il suffit de frapper les contradictions de l'adversaire et d'orienter le projecteur sur l'endroit indéfendable, et c’est la tactique utilisée par Greenpeace afin de faire apparaître les incohérences et les injustices de TMC. L’utilisation de rapports scientifiques, d’avis consultatifs et d’études financières, qu’ils produisent ou relaient pour informer le public, décideurs politiques et médias, s’inscrivent dans une stratégie de contre-information. Une simple confrontation permet de souligner rapidement les oppositions (voir annexe). L’argumentaire adverse est démonté point par point au moyen d’éléments objectifs et vérifiables. L’on constate que cette guerre informationnelle se joue à tous les niveaux : juridique, scientifique et politique, en ciblant les gouvernements signataires pour le vote d’un moratoire, mais aussi financier ciblant les investisseurs autour de la question de la rentabilité[v].  L’obtention d’un moratoire servirait à ralentir leur progression. Ce facteur temps amène une série d'avantages tactiques et opérationnels :

-Préserver la situation actuelle, exempt de permis d’exploitation. 

-User financièrement l’adversaire et affaiblir ses forces de soutien.

-Recueillir davantage d’informations sur les forces et les faiblesses de l’adversaire mais aussi écologique et scientifique.

-Poursuivre la campagne et l’amplification du mouvement jusqu’à l’interdiction du minage par les gouvernements, cédant sous le poids de la pression de l’opinion publique.

C’est pourquoi la subversion s’appuie sur une mobilisation des masses, le maintien d'une effervescence et le recrutement de leaders. Le but est de faire prendre conscience au prolétariat de la nécessité de lutter contre l'oppresseur en mettant en lumière les incohérences et injustices, également connu sous le nom de propagande par le fait. Dans cette technique, la culture civile est centrale et s’appuie sur les mouvements progressistes et intersectionnels, inscrits dans cette démarche de justice sociale à travers le monde. Par résonance avec les mouvements écologistes, une identification à la posture du faible et une appropriation de ces combats, il en résulte une amplification du mouvement de subversion. Enfin, le contexte de guerre éclaire et d’opacité maintenue par la compagnie minière comme vu précédemment, rend toute révélation scandaleuse à son sujet d’autant plus impactante. 

L’adversaire fait également l’objet d’une campagne de dénigrement et de caricature (surnommé par exemple “Le cauchemar des océans[vi]”) impactant leur légitimité. En ciblant la réputation de Michael Lodge, Secrétaire général de l’AIFM, et en mettant en avant les conflits d'intérêts[vii] ou les échecs passés[viii] de Gérard Barron (CEO de TMC) par exemple, ils cherchent à influencer directement les négociations et à discréditer les compagnies et les organismes de régulation en place.

Rôle central des réseaux, exemple de trolling

Le rôle des réseaux est central, notamment dans le camp du faible, qui se base sur la transparence, la conversion des groupes et l’effet boule de neige afin de démultiplier les perturbations. Tous les médias sont mobilisés (Le New York Times est également un important relais d’influence[ix]) : journaux, affiches, tracts, cinéma, photographie, et les médias issus des NTIC. La manipulation des hashtags, du nombre de vue, les systèmes d’abonnement et de suivi de compte, mais aussi l’usage de sites index comme link.tree ou d’extensions comportant des liens vers des pétitions ou des manuels d’action mobilisent la communauté en ligne afin que l’information devienne virale. 

Etude de cas : Trolling vidéo

TMC a fait l’objet le 11 janvier 2023 d’une campagne de trolling via la diffusion sur Vimeo, Instagram et Youtube d’une vidéo[x] publiée par Greenpeace Aotearoa NZ, l’illustrant lors d’une mission d’exploration déversant un liquide noir dans l’océan. L’effet est immédiat, 112k vues sur Twitter, ce qui a attiré l’attention des médias (Reuters, Canada today...) et semé le chaos au sein de la communauté en ligne. La séquence était un extrait d'une vidéo publiée à l'origine par TMC visant à promouvoir ses recherches scientifiques lors de sa campagne d’exploration. Il s'agit d’une information sortie de son contexte, la rendant libre d’interprétation dans un but de polémique, constituant une tactique de désinformation. TMC a répliqué[xi] 24 h plus tard par la republication de la vidéo officielle et d’un communiqué de presse.

L'objectif est plutôt ici de créer la dissension que de tromper. En effet, l’absence d’analyse comparée des faits peut induire en erreur et le choix de la séquence s’appuie sur des mémoires traumatiques liées aux marées noires et aux scandales des mines terrestres. Les sociétés civiles d’Hawai’i, de Nouvelle Zélande et du Pacifique sud sont également concernées malgré la qualité de leur couverture réseau et leurs habitudes culturelles et numériques différentes. Facebook, Instagram, TikTok, Twitter et Reddit figurent parmi les réseaux sociaux les plus populaires chez eux avec également les plateformes Mastodon, Rumble et Lemmy, moins connus en Occident. En combinant toutes ces stratégies sur les réseaux sociaux, Greenpeace parvient à sensibiliser un public plus large, jouant sur l’effet de résonance émotionnelle des réseaux, facteur de viralité et mobiliser des activistes en faveur de ses actions.

Activisme écologique

Des méthodes subversives incluant le sabotage et le soutien de leaders locaux sont utilisées pour déstabiliser la progression des miniers via une démultiplication des perturbations. Les différentes actions de terrain survenues entre 2021 et 2023 indiquent que Greenpeace est parvenu à susciter la mobilisation d’un nombre croissant d’autochtones et de communautés du Pacifique autour de sa cause. Les sites relais provenant d’autres Ongs[xii] de la coalition ont participé à cette expansion. L’on retrouve des plateformes telles que defendthedeep.org. ou secure.avaaz. Mais aussi des kits de passage à l'action en ligne tel que des mails prérédigés et prêts à envoyer aux dirigeants de différents gouvernements, susceptibles de générer une situation de Mail Bombing, attaque cyber constituée d’un afflux de mails externes sur une courte période afin de saturer la messagerie et perturber les communications, le fonctionnement d'une entreprise ou pour nuire à la réputation d'une personne. Cette attaque, souvent associé aux attaques par déni de service (DoS), qui consistent à inonder un serveur ou un site web avec une quantité excessive de trafic pour le faire tomber, est susceptible d’être beaucoup plus impactante pour la victime en l’exposant à des cybermenaces plus dangereuses.

L'action des activistes autochtones hawaïens et de Greenpeace a gagné en visibilité, notamment grâce à des manifestations et des campagnes sur les réseaux sociaux. Par exemple, l’Uncle Sol[xiii], leader Hawaiien, bien que les USA n'aient jamais ratifié le traité international qui a créé l'ISA (AIFM) et ne jouent donc aucun rôle actif au sein de cet organisme. L’acteur Jason Momoa (Aquaman) a joué un rôle clé en utilisant sa notoriété pour sensibiliser le public au problème de l'exploitation minière en eaux profondes. Mais aussi Quack Pirihi, parmi les “voix du Pacifique” qui touche sur Tiktok une large communauté de jeunes néo-zélandais, australiens et insulaires du Pacifique. 

Etude de cas : Activisme 

Greenpeace a mené en novembre 2023 une opération d'activisme contre un navire de The Metals Company en mission d'exploration. L'action s’est déroulée dans la zone de Clarion Clipperton, ils ont utilisé des kayaks pour s'approcher du navire de The Metals Company et y déployer des bannières avec des messages protestataires. Les militants de Greenpeace ont également utilisé des mégaphones pour diffuser des messages de protestation et sensibiliser l'équipage du navire et le public aux enjeux environnementaux de l'extraction de nodules polymétalliques. Greenpeace a partagé des photos et des vidéos de l'opération[xiv] sur les réseaux sociaux pour accroître la visibilité de leur cause et recueillir le soutien du public. 

Chaque réaction de l’oppresseur vécue comme répressive renforcera la légitimité du faible, en position de martyre. L’opération est donc efficace du point de vue de l’impact médiatique mais pas directement sur les activités d’extraction. 

The Metals Company a répondu de différentes manières : 

> Renforcement de sa communication sur les mesures de protection de l'environnement et les avantages écologiques de l'extraction de nodules polymétalliques.

> Procès contre Greenpeace afin de se protéger contre de futures actions pouvant gêner leurs opérations.

> Dénigrement[xv] de l’action de Greenpeace dans un objectif d’Ecolo bashing et de sape tel que la rumeur[xvi] d’exclusion de Greenpeace des négociations de l'ONU pour avoir perturbé son expédition de recherche.

Cette opération, plus forte en termes de visibilité et d’impact, est une réponse à la tournure des événements survenus en juin 2021, en faveur de TMC. Le déclenchement par TMC de la règle des 2 ans[xvii] via sa filiale Nauru Ocean Resources Inc. (NORI) a provoqué un effet de surprise dans le camp du faible, précipitant les événements. Les appels au moratoire émanant des différents gouvernements se sont succédé. L’onde de choc s’est fait sentir jusqu’en France et des mouvements tels qu’Extinction-Rebellion ou Avant l’Orage se sont saisis de l’affaire à cette période. 

Enfin, les Etats-Unis d’Amérique, pays non-membre de l’AIFM, ont voté en mars 2023 la mise en place de l’Ocean Climate Action Plan[xviii], indiquant une prise de conscience générale de la situation. Enfin, les résultats des négociations du Conseil de l’AIFM de juin 2023 démontrent le succès de ces mesures, avec un rallongement des délais d’obtention de permis d’exploitation. Cette forme d’activisme présente néanmoins des risques en s’exposant à des sanctions tel que le montre la menace de retrait de Greenpeace de son statut d'observateur au sein de l'AIFM par les Nations unies.

Modèles culturels : l'influence d'opinion au service d'une lutte idéologique

Intelligence culturelle : La voix des autochtones

Au cœur des stratégies de Greenpeace dans le Pacifique siège une approche culturelle et inclusive impliquant des références traditionnelles et des minorités. Ces mouvements visent à influencer les mesures socio-écologiques et à promouvoir l'intersectionnalité (principes de solidarité fondés sur l'intersection des luttes sociales) fournissant une base pour la mobilisation politique et le changement social. Les synergies avec les groupes souverainistes tel qu’observé à Hawai’i avec NDN collective, engagé dans la lutte indigène et a permis à Hulo, organisation activiste locale opposée au DSM, de s’organiser et de s'entraîner pour les opérations de terrain. Greenpeace cherche à faire entendre la voix des autochtones en matière de justice sociale, inséparable du combat écologique et d’égalité économique, en tenant compte des défis uniques auxquels ces communautés sont confrontées. Cela apporte un modèle de société, une réappropriation des croyances et une profondeur à leur discours via l’intégration des variables culturelles, sociétales, idées et représentations du monde.

Cas illustrant cette stratégie 

> Hawai’i : Greenpeace soutient la première créature émergée dans l'histoire hawaïenne, le polype corallien uku ko'ako'a via l’hashtag #polypcoral, #hanakēhau, #kiaikanaloa ((Gardien au sens activiste, du dieu de la mer en mythologie hawaïenne) et #kumulipo (chant hawaiien de la création). Et plus généralement, mobilisation des minorités marginalisées via l’hashtag #aoleDeepSeaMining (stop DSM) ou #kiaikanaloa.

> Nouvelle-Zélande : Greenpeace reconnaît et intègre les valeurs culturelles, spirituelles et ancestrales maories, telles que le Rangatiratanga et le Mana Motuhake, concepts maoris d'autonomie et de gouvernance autochtones. 

> Greenpeace utilise TikTok pour promouvoir les voix autochtones liées à la kaitiakitanga (responsabilité environnementale) et souligner l'opposition aux industries extractives coloniales du passé.

Greenpeace s'allie à des leaders locaux et mobilise des ressources pour les soutenir via les médias sociaux et les campagnes de communication. Les réseaux sont un complément aux organisations locales, à la presse et aux ateliers collectifs qui dominent. Leur approche met en lumière les luttes locales et culturelles dans le cadre d'une lutte mondiale pour la justice sociale et l'écologie. Ils visent un public jeune et permettent d’engager une nouvelle génération d'activistes environnementaux créant ainsi un mouvement mondial des activistes du Pacifique, comme le démontre le leader activiste maori et LGBTQI+, Quack Pirihi, qui s'est jeté à l'eau en mars 2023[xix] devant un navire d'exploitation minière en brandissant un drapeau comme symbole de protestation et générant 18,6k vues sur son compte TikTok[xx] auprès d’un public jeune.

Analyse sémantique, sémiologique et visuelle de campagne publicitaires

Au sein de ce combat idéologique, l’analyse sémantique et visuelle des campagnes de communication illustre les deux cosmologies en opposition. L’analyse de la campagne de Greenpeace met en scène des mythes et des symboles inspirés des concepts des peuples indigènes qui servent d’appui à la lutte contre le DSM comme vu en amont. L’objectif est l’éveil des consciences tout en défiant les normes et les valeurs culturelles dominantes, via un vocabulaire émotionnel riche, l’appel aux croyances animistes, à l’imaginaire, au sensible (poulpe humanisé, animation), véhiculant un message politique et éducatif efficace.

Cette dichotomie est particulièrement visible au travers des représentations de l’océan et des machines : 

> Greenpeace : Présence d’un récif corallien éclatant de couleurs, avec une machine gigantesque à l’échelle du poulpe.

> TMC :  Fonds marin vide et lisse, dénué de toute vie marine avec une machine ressemblant à un lego face à l’immensité de l’océan.

Intelligence juridique et façonnage de lobbyistes

L'organisation tire parti de son réseau mondial de sympathisants et de ses partenariats avec d'autres organisations environnementales pour amplifier son message et faire pression. Ils ciblent les gouvernements, les institutions internationales et les entreprises impliquées dans l'exploitation minière en eaux profondes pour adopter des mesures de précaution et un moratoire[xxi] en s'appuyant sur les résolutions des Nations unies (l'article 145 de la Convention sur le droit de la mer). Les règlements de l'UE adoptés en 2016 et l'entrée en vigueur du traité sur la haute mer BBNJ indiquent une évolution favorable.

Etude de cas : Hawaii et alliance gouvernementale / sabotage 

Au niveau politique, l'exploitation minière en eaux profondes est abordée au niveau de l'État par le biais d'une législation défendue par le sénateur hawaïen Chris Lee, qui permet au ministère des transports d'Hawai’i de retarder ou de refuser l'approbation du port d'entrée aux navires engagés dans des activités d'exploitation minière en eaux profondes qui ne sont pas autorisées ou licenciées par l'État. La résolution de la représentante Nicole Lowen appelle également le ministère hawaïen des ressources foncières et naturelles (DLNR) à interdire l'exploitation minière des fonds marins dans les eaux de l'État[xxii]. Leur alliance a permis de faire avancer des propositions de loi visant à interdire cette pratique et à protéger l'environnement marin.

Cette confrontation informationnelle reste complexe, avec des pressions croissantes de l'industrie minière, notamment de The Metals Company, malgré les pertes d'investisseurs et le désaveu de grandes entreprises. L'analyse des techniques de communication et de mobilisation montre un combat acharné pour imposer des visions divergentes, révélant ainsi la nécessité d'une coopération internationale pour une régulation équitable et responsable des ressources marines. 

 

Sarah Sakji,
étudiante de la 44ème promotion Management stratégique et intelligence économique (MSIE)

 

 

Notes


 


[i] Si les questions allant de la discrimination fondée sur l'identité de genre à la disparité des charges environnementales peuvent sembler distinctes à première vue, le féminisme intersectionnel met en lumière les liens entre toutes les luttes pour la justice et la libération. Il nous montre que la lutte pour l'égalité ne consiste pas seulement à renverser les injustices liées au genre, mais aussi à éradiquer toutes les formes d'oppression. Elle sert de cadre à la construction de mouvements inclusifs et solides qui s'efforcent de résoudre simultanément les formes de discrimination qui se chevauchent. 

[ii] Propositions de Nauru lors de la réunion du Conseil (22 et 28 mars), Ordonnance du tribunal de district d'Amsterdam (30 novembre 2023) source 

[iii] NORI Collector Test EIS, 24 septembre 2021, pages 270 et 274 source

[iv] Deep Sea Conservation Coalition, le Natural Resources Defense Council, la National Ocean Protection Coalition, la Sustainable Ocean Alliance, Earthworks, le Benioff Ocean Science Lab, la Blue Climate Initiative, The Ocean Foundation, Marine Conservation Institute, Parley for the Oceans, Oceanic Preservation Society, Inland Ocean Coalition, FutureSwell, Conservation Council for Hawaiʻi, Keiko Conservation, 350Hawaiʻi, Zero Waste Hawaiʻi Island et Greenpeace Hawaiʻi.

[vii] “The International Seabed Authority is not fit for purpose” https://soalliance.notion.site/Kit-on-Deep-Sea-Mining-276bc99082d14ed69d3c003d647e391e 

[xvii] L'activation par l'État de Nauru de la « règle des deux ans » en 2021, acceptée par l'autorité internationale des fonds marins, obligera cette dernière, à l'expiration du délai, à traiter les demandes de licence d'exploitation formulées par les États. Ceci, que le code minier soit finalisé ou non.

[xxi] source To speak in the room with decision-makers, ensuring that their voices calling for precaution were heard.

[xxii] source

Annexe 

 

 

 

TMC

DSCC / Greenpeace

Océan

 

 

 

Point de vue

 

Les océans représentent 70 % de la surface de notre planète

Seuls 3 % de la biomasse résident dans les océans, alors que 97 % se trouvent sur terre.

 

Les grands fonds constituent plus de 90 % de la biosphère.

L’océan séquestre 30% des émissions de CO2 humaines.

“L'océan absorbe 90% de l'excès de chaleur généré par les activités humaines via l'effet de serre [xxii]

Eugenie Sage, Nouvelle Zélande, Green Party oceans spokeswoman[xxii] 

Biodiversité

La majeure partie de leur surface est dépourvue de végétation et, par conséquent, les possibilités d'évolution de la vie sont limitées[xxii]

Les grands fonds marins abritent une diversité d'espèces qui vivent dans des écosystèmes particulièrement fragiles et uniques**. Nombre de ces espèces ne se trouvent nulle part ailleurs sur notre planète.

Sédiment

Non impactant

  • Les sédiments contiennent jusqu'à 15 fois moins de carbone que l'ensemble de la végétation et des sols terrestres.

  • Perturbation sur 5 cm de fond du plancher océanique, ces sédiments se réinstallent relativement rapidement et à une courte distance de leur point d'origine 

  • Ne flotteront pas à 4 kilomètres pour atteindre l'atmosphère. 

  • Collecte exempte de libération de carbone séquestré dans les fonds marins[xxii]

Impactant  

  • Modifierait la composition chimique de l’eau. 

  • Transformerait le sol océanique autour de la zone exploitée. 

  • Impacterait l’eau en surface

  • Perte irréversible de biodiversité

  • Destruction d'écosystèmes

  • Libération de panaches de sédiments pollués qui affecteraient la colonne d'eau, et risquerait de perturber les capacités de séquestration du carbone de nos océans[xxii] 

  • Impact 25x plus important que les mines terrestres[xxii].

  • Pollution chimique, sonore et lumineuse lors de l’extraction

Point de vue

“La zone perturbée par l'exploitation minière sera très très petite par rapport à l'échelle des profondeurs.”

Il faudrait donc miner des surfaces gigantesques.

L'ISA a émis 30 contrats couvrant ~1,5 million de km 2 pour l'exploration minière à faible impact

Transition

 

Criticité des métaux

Les gisements de métaux à haute teneur (et, par conséquent, souvent à faible impact) ont été en grande partie épuisés sur les terres de la planète, il n'y a pas d'autre solution.

Les nodules polymétalliques ont retenu notre attention parce qu'ils présentent les caractéristiques suivantes :

. Quatre métaux essentiels à la transition vers ; une énergie propre.

. dans une seule roche[xxii]

“Les stocks de cobalt et de nickel (les deux métaux les plus recherchés en haute mer) ne sont pas menacés d'épuisement sur terre[xxii]

 

“Le lithium (le métal le plus utilisé pour produire des batteries) et les terres rares ne se trouvent pas en quantités importantes dans les grands fonds marins”

 

La teneur en matière de ces nodules équivalente voire moindre à celles des gisements terrestres[xxii]

eco

échiquier économique

 

Demande future

Une image contenant texte, capture d’écran, Police, ligne

Description générée automatiquementPrévisions d’augmentation de la demande pour les batteries des véhicules électriques : 

“Les fabricants de véhicules électriques et de batteries abandonnent déjà le cobalt et le nickel : Tesla, par exemple, vend déjà des voitures dont les batteries ne contiennent ni cobalt ni nickel[xxii]” 

 

Google, Samsung, BMW Group, Renault, Volvo ou Volkswagen font partie de la liste croissante des 38 entreprises qui refusent l'exploitation minière en eaux profondes[xxii]

Soutenabilité

Coût de restauration : 

TMC = restaurable  par la technologie 

 

Non restaurable ou 5,3-5,7 millions US $ par km2

La restauration de seulement 30 % des concessions minières potentielles en eaux profondes dans les eaux internationales coûterait probablement plus cher que l'ensemble du budget mondial de la défense

Rentabilité

Projections de TMC

  • $30bn (£24bn) de bénéfices au cours des 20 prochaines années avec un impact environnemental minimal dont

  • 13,1 milliards de dollars de métaux[xxii]

Coûts cachés = n/a

Projections 

  • Pas rentable

Coûts cachés

  • Il faudrait 7,1 milliards de dollars pour la récupération des nodules