« Qu’est-ce qui ne finit pas ? » propos du Lieutenant Kouassi Sanni Adam, matérialisant l’épilogue de 181 jours de détention. La Côte d’Ivoire pays dont la paix est la seconde religion venait de payer très cher une accusation d’atteinte à la défense nationale d’un pays frère et ami de plusieurs siècles de d’histoires communes. Après 6 mois de batailles diverses, d’Abidjan à Bamako en passant par Lomé, Accra, New-York, Bissau, le soldat de l’ombre le Ministre d’Etat, ministre de la Défense (MEMD) de la République de Côte d’Ivoire (RCI), cet homme de missions discret a fini par apposer son sceau sur un Mémorandum Of Understanding (MOU) ou protocole d’accord ouvrant la porte des geôles maliennes pour ses hommes.
Du Biafra à Bamako, de Libreville à Ouaga, la Côte d’ivoire est souvent interpellée et ses fils paient souvent très cher le prix de missions dont l’Etat assume souvent la responsabilité sans reconnaître son implication. L’épisode de Bamako en juillet 2023 est tout simplement un épisode d’une opération d’influence et de contre-influence dans laquelle la République de Côte d’Ivoire a sauté pieds et bras joints à l’image de la désactivation des 84 comptes Facebook de l’Armée Française sur le même terrain malien.
Les nouvelles pratiques informationnelles qui émergent en Afrique
Avril 2022, à la faveur de notre mémoire de fin de MBA avec trois autres amis d’Afrique nous concluions que de nouvelles puissances émergeaient désormais en matière de guerre de l’Information Par le Contenu (GIPC), mais que les pratiques restaient les mêmes que celles de puissances traditionnelles. En Amont en octobre 2021, nous attirions l’attention des Etats-majors des Armées Africaines en général et celles de la CEDEAO en particulier sur la nécessité d’intégrer une cellule influence et contre-influence pour faire face au conflit asymétrique du terrorisme. Au sortir de la crise politico-militaire avec le Mali nation sœur avec laquelle nous sommes condamnés à vivre mais qui n’ignore pas que malgré le MOU du 23 décembre 2022 il faut rester sur ses gardes. Les intérêts des nations sont beaucoup plus forts que leurs engagements et la Côte d’Ivoire devra intégrer que si c’était à refaire, le Mali le ferait à nouveau.
Si aujourd’hui la pensée commune ne peut dire avec exactitude le contenu du MOU, il est clair que la Côte d’Ivoire a concédé une partie de son armement dont l’autre a été rapatriée par Antonov le même jour que nos soldats, d’importantes compensations financières sous formes de dérogations et exonérations en matière de douanes ont été déjà annoncées par la Direction Générale des Douanes, il en est de même dans nombres de secteurs tels le carburant, l’électricité. Des appuis budgétaires avec le concours de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) et de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), le maintien du contingent ivoirien au sein de la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA), la reprise de la coopération militaire de façon plus accrue dans le cadre de la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent. Si la Côte d’Ivoire refuse officiellement l’extradition de citoyens maliens, en retour elle s’engage à ne plus les autoriser à des actions politiques et subversives depuis son sol et n’apportera plus son soutien officiel aux anciens membres du régimes IBK dans les institutions régionales et internationales. L’un des points essentiels de ce MOU est l’élément de langage sur lequel les deux parties se sont accordées, ainsi par exemple de part et d’autre on ne parlera plus de junte ou de mercenaires.
Le Mali encadré par une majeure comme MIDAS aura réussi ce coup d’essai dont l’effet final Recherché (EFR) et le Comportement Final Recherché (CFR) conjugués auront permis de ravir à la Côte d’Ivoire le marché de la sécurisation de la base européenne de Bamako pour le compte de SAS, octroyer les anciennes bases françaises aux Forces Armées Maliennes (FAMa) et à une de leur SMP contractante. Un élément psychologique important dans la grisaille de la Lutte Anti-Terroriste (LAT) est bien la montée en puissance du nationalisme car qui n’a jamais attendu parler de « notre grand Mali » ou « ANGA MALIBA », en voguant sur le populisme et le nationalisme, les Autorités maliennes auront réussi le temps d’un semestre à redonner aux maliens leur fierté d’antan perdu depuis l’invasion de 2013.
L’analyse des déclarations officielles des deux parties laisse clairement transparaître d’autres épisodes plus épiques car si le gouvernement malien a eu la bienveillance de bien vouloir ignorer les autorités ivoiriennes dans le communiqué de grâce et de remise de peine, il ne s’est pas fait prier pour tirer à boulets rouges vifs sur la CEDEAO et son président en exercice, en retour la Côte d’Ivoire par la voix de son Chef Suprême des armées a bien voulu ignorer royalement au chapitre des remerciements les autorités de la transition et a par contre passer la pommade au président en exercice de la CEDEAO.
Quel changement de posture à adopter pour la Côte d'ivoire ?
Il est désormais temps pour la Côte d’Ivoire de sortir de la posture défensive en matière d’Intelligence Economique pour éviter d’autres opérations qui pourraient faire vaciller notre souveraineté Politique, Militaire et Economique. Pour rappel la Côte d’Ivoire c’est 40% de l’UEMOA loin devant le Sénégal avec 20%. La Côte d’Ivoire malgré son tissu industriel embryonnaire est la base industrielle la plus importante des Economies d’Afrique de l’Ouest francophone et donc une cible idéale pour des puissances économiques traditionnelles qui ont décidé à travers un plan commun d’éjecter la France de son pré carré traditionnel. Alors que la Côte d’ivoire présente des signes de transformation structurelle passant d’une économie autrefois essentiellement primaire à une économie émergente désormais industrielle et tertiaire, il devient prioritaire et même indispensable pour la gouvernance d’intégrer la veille stratégique et la prospective pour en faire une réalité. Une économie dynamique qui veut compter se doit d’adopter une posture offensive ou tout au moins dissuasive. A l’image de l’Artillerie ivoirienne qui s’y frotte doit pouvoir s’y sentir piqué, car en guerre de l’économie se défendre c’est avoir perdu.Quand le 23 septembre 2017, le Tribunal International des Droits de la Mer (TIDM) tranchait en faveur du Ghana au détriment de la Côte d’ivoire après 4 années de procédure, la Côte d’Ivoire venait de perdre une bataille qui loin d’être uniquement judiciaire était plus économique et financière. Si la RCI était légitime à disputer cette zone pétrolifère, elle ne s’en était pas donné tous les moyens. Le champ objet du conflit concédé depuis 2007 par le Ghana en partie au russe LUKOIL a une production de 100.000 barils/ jour contre une production totale actuelle avoisinant les 45.000 barils/jour pour la Côte d’Ivoire, aurait permis à cette dernière de converger vers son objectif de 200.000 barils/ jour. Malheureusement en plus de sa batterie d’avocats internationaux chevronnés au droit international de la mer gracieusement rémunérés par les lobbies russes et américains mis en œuvre par les exploitants LUKOIL et VANCO face à une Côte d’ivoire qui n’y a vu que du feu.
Cette guerre économique avec un important préjudice pour la Côte d’Ivoire est loin d’être le seul épisode d’affrontement d’avec le voisin anglophone de l’Est, il y a aussi cette communication autour de la vente du cacao où la Côte d’ivoire de façon timide depuis Houphouët Boigny, communique sur la fuite du cacao vers le Ghana qui chaque année propose des coûts d’achats plus élevés afin d’attirer sur son territoire la fructueuse récolte des paysans de l’Est qui par ailleurs pour beaucoup ont longtemps été opposant au régime d’Abidjan. Il y avait même été instauré la coupe nationale du progrès pour fidéliser les paysans, les galvaniser afin de déclarer toutes leurs récoltes. Le Ghana a patiemment muri et développer une stratégie avec l’aide d’ONG telles Cocoa’s Child Initiative et de lobbyistes anglosaxons dont l’institut de recherche NORC qui ont développé des campagnes de dénigrements du cacao ivoirien supposé produit par des mineurs issus d’un trafic d’enfants venus du Burkina voisin. Deuxième revers pour la Côte d’Ivoire qui campe sur sa posture défensive même si elle a fini par obtenir le soutien de la fondation mondiale du cacao (WCF) à travers des interpellations de Richard Scobey dans la presse américaine. Pour rappel l’argumentaire du travail des enfants est ressorti chaque fois que la Côte d’ivoire s’apprête à réclamer une revalorisation des cours. L’ambition conjuguée à la volonté de faire de la Côte d’Ivoire une Nation émergente doit se faire accompagner d’un véritable outil de guerre de l’information par le contenu. En effet dans une société où la rumeur et les réseaux sociaux sont des vecteurs culturels ancrés, la maîtrise de l’information et son maniement doivent être indispensables. Le changement de posture devrait permettre à la Côte d’Ivoire de passer de terre d’expérimentation à acteur sinon puissante émergente en matière de GIPC. Mieux, elle pourrait opérer une transformation structurelle en passant de la notoriété de l’escroquerie numérique « terre du broutage » à celle de Safe Cyberspace, Car qui n’a pas entendu l’anecdote de l’Officier Général français commentant le défilé du 14 juillet 2022 sur TF1 justifier la création du commandement cyber en réponse principalement à la cybercriminalité ivoirienne. Il serait alors judicieux d’engager à titre d’orientation une réflexion profonde sur les cinq axes suivants :
La Restructuration du continuum de la sécurité et de la Défense à travers la réforme SSD, la formation, l'équipement
Au titre de la Réforme du Secteur de la Sécurité et de la Défense, il apparait pour une puissance émergente de s’inspirer d’exemples réussis et non de persister sur des voies qui ont montré leurs limites. Tiéné Birahima OUATTARA (TBO) le soldat de l’ombre MEMD de la RCI a réussi à faire passer les FACI de la 24ème place africaine et 115ème place mondiale avec un indice de -11 au moment où il arrivait à la tête du Département de la Défense en 2021 à la 19ème place africaine et 105ème place mondiale en 2023, devant des armées comme le Mali, le Niger, le Burkina , l’Erythrée et la Centrafrique qui sont des armées au contact permanent du feu, selon le prestigieux site américain Global Fire Power (GFP). Si cette performance exceptionnelle est à saluer en l’espace de deux années dont une de pandémie mondiale, il n’en demeure pas moins que la précédente Loi de Programmation Militaire (LPM) a été peu ou faiblement exécutée tant elle était ambitieuse. Pour y palier une sorte de plan Marshall de la Défense a été déclenché par ce fin financier qui a réussi à assainir les finances de la grande muette sans toutefois réussir à structurer de façon efficiente le continuum de la sécurité et de la défense. Il apparait désormais incontournable d’intégrer les « ESSD », « les Contractor », ou « les SMP » dans le microcosme de la défense ivoirienne car out sourcer c’est se consacrer à l’essentiel. Les nations qui se sont entièrement décomplexées en encadrant et en incubant les entreprises privées ont vu leurs performances s’accroître et se positionnent aujourd’hui comme des puissances militaires. Ces continuums sont de réelles réponses aux problématiques de sécurité intérieure et de défense nationale. Une fois cette question structurelle prise en compte, il appartient à la Côte d’Ivoire de se doter d’une dynamique de renseignements plus efficace.
L’Appropriation régalienne de la veille stratégique par la redynamisation de la Communauté Nationale du Renseignement qui devra s’adapter à son environnement géopolitique. La veille est avant tout l’affaire de personnes formées et développant des réflexes d’extractions insoupçonnées. L’efficience du renseignement réside dans la qualité du traitement de l’information qui doit s’adapter à l’ère du temps. Une meilleure interopérabilité avec les opérateurs des différents secteurs garantit à l’Etat un accès permanent à l’information et la possibilité de développer une réserve citoyenne en matière d’analyse de la Data. Il appartient à l’Etat d’organiser avec la collaboration si besoin de structures privées spécialisées, la collecte et le traitement des informations qui permettront tant à l’outil de défense qu’au tissu économique d’être performant et surtout d’éviter de se faire surprendre. La Côte d’Ivoire dispose d’une Communauté Nationale du Renseignement mise en place dans le cadre de la Lutte Anti-Terroriste qui gagnerait à être stimulée et réorganisée afin d’être plurivalente et surtout au fait des défis contemporains et des nouvelles formes de conflictualités de l’Intelligence Economique. Les Armées et Economies les plus fortes sont celles qui disposent de veilles dynamiques et redoutables. Evoluant dans un environnement de performance avec des acteurs encadrés et surtout innovant en matière d’analyse géostratégique, la CNR sera à même de fournir des informations qui permettront en aval la mise en place de prospectives adéquates aux ambitions d’une nation en voie vers l’émergence.
La Réorientation de la prospective plus adaptée aux PND
L’adage populaire le dit si bien, « qui veut aller loin ménage sa monture », il est donc important de déterminer quels sont nos priorités, nos activités vitales par des état généraux de l’intelligence Economique (IE) en RCI qui aboutiront à un livre blanc. Ce document unique transversale sera un outil d’orientation et d’aide à la prise décision avec des Plans de Continuité d’Activités (PCA) des différents secteurs. La Prospective déterminera notre nouvelle posture dans notre conquête vers l’émergence. Elle permettra de rompre avec les décisions à vue ou encore « les vu l’urgence ». La Prospective est un outil de bonne gouvernance et lorsqu’elle est bien menée comme le stipule le crédo du Centre des Opérations Inter Armées (COIA), elle permet de « prévoir l’incertain pour décider de demain ». La Côte d’Ivoire a le devoir de donner les moyens à son armée, à son économie et à ses citoyens d’évoluer dans un environnement sécurisé et apaisé dans les 5 dimensions (terre, air, mer, espace, cyberespace) et pour cela il lui faut faire une analyse critique de son fonctionnement en la matière et laisser apporter les suggestions correctives. A ce jour la Côte d’Ivoire compte moins d’une centaine d’Experts IE dont plus de 80 % se sont formés à leurs frais, aucun ordre IE n’existe et encore moins aucun Expert IE n’a été inscrit à l’ordre des experts judiciaires, ces faiblesses devraient interpeller les décideurs car tous les secteurs ont besoin de référents IE et mieux vaut en faire des alliés que de les marginaliser dans la mesure où la nouvelle conflictualité est avant tout informationnelle.
La prospective permettra d’atteindre les objectifs fixés dans les PND ou tout au moins d’atteindre un niveau record d’au moins 50% jamais atteint à ce jour, pour y parvenir la condition suffisante et nécessaire sera le capital humain à travers la formation.
Le Développement de la formation et des réflexes d'anticipation et de Plans de continuité d'Activités
Cette démarche doit intervenir tant au niveau des formations initiales que continues permettra de disposer d’acteurs suffisamment préparés à la GIPC. L’instauration de programmes universitaires et post-universitaires, de formations au profit des militaires du rag et des cadres militaires permettrait de rendre moins vulnérables nos institutions. Ainsi en donnant plus de consistances au Centre d’Etudes Stratégiques de Défense (CESD) et à l’Institut d’Etudes Stratégique de Défenses (IESD), la Côte d’Ivoire se donnera les outils d’un rayonnement régional et d’une nation forte, par la formation d’hommes cultivés et rompus à l’art des nouvelles formes de conflictualités. La création de Masters, de Brevets et même de Certificats permettra de vulgariser la culture de l’IE permettant ainsi aux institutions civiles et militaires, aux structures publiques et privées d’adopter des réflexes de protection de leurs patrimoines matériels et immatériels et de développer des PCA en vue d’atténuer les pertes en cas d’agression. L’Intelligence Artificielle (IA) prendra toute sa place dans ces enseignements permettant aux institutions et aux entreprises ivoiriennes d’accélérer leur marche vers une digitalisation plus sécurisée, plus maîtrisée, moins appréhendée le tout aux couleurs locales. L’une des doctrines des armées et de la conduite des états est bien le concept de paix armée « Si vis pacem, para bellum » du célèbre romain Végèce, il est donc primordial de bien former ses « combattants 2.0 » avant l’instant T. La culture des fermes de trolls permettrait d’avoir un avantage comparatif et d’inspirer la crainte chez les adversaires. Des fonds devront être renforcés et/ou constitués afin de permettre une prise en charge de la formation, des bourses d’études plus importantes octroyés et un accent sur la coopération internationale en matière d’IE. Toutes ces dispositions devront intervenir ou viendront compléter un environnement déjà aseptisé par un esprit civique exemplaire et une confiance numérique retrouvée.
La Culture du Civisme et de la confiance Numérique
Il s'agit de développer une immunité communautaire par la vulgarisation d’une hygiène de combat. Phase élémentaire de la guerre informationnelle par le contenu dans une société où l’encerclement cognitif est aisé car les rumeurs et les contenus des réseaux sociaux sont des paroles d’évangile. « Radio Treichville » « Kongossa » « ounkou ounkou » « gbairai » «wahoo » autant de terminologies qui renferment des biais auxquels sont attachés les ivoiriens. S’ils sont pétris de talents et ont décidé de faire payer « la dette coloniale » aux occidentaux à travers « le broutage », ces expertises auraient pu être encadrées à travers des concours de Hackings et de cybersécurité desquels on aurait pu déceler des aptitudes qu’on aurait pu faire évoluer et transformer au service de la nation ivoirienne. Les Responsables d’Institutions, les Chefs d’entreprises, les Enseignants et même les parents devront être sensibilisés et sensibiliser à leur tour sur le clic de trop ou l’information superflue. La sécurisation de la data et la confidentialité des informations est d’une importance vitale. Apprendre désormais à communiquer par messagerie professionnelle cryptée, donner les moyens aux armées de communiquer via des solutions critiques plus souveraines, éviter le « BYOD » et donner un prix à la souveraineté par la prudence et l’acquisition en propre de data centers. Cultiver le principe des ilotiers et référents IE, et également celui de la minute de l’hygiène numérique. Si le Renseignement ou même l’information ne fuite pas, il apparait difficile pour l’adversaire de poser son embuscade, de même si on a une bonne grille de lecture, il apparait aisé d’anticiper et de frapper dans le mille chez l’adversaire.Ces axes stratégiques permettraient à la Côte d’ivoire de sécuriser sa marche vers l’émergence et de donner des signaux forts qui amèneraient les adversaires et surtout les prédateurs à revoir leurs techniques d’approches nous évitant à l’avenir des embuscades d’influences comme celle du Mali.
Une crise multidimensionnelle
« Gagner la guerre avant la guerre » vision stratégique de Thierry Burkhard, Chef d’Etat-Major des Armées françaises, pour qui la guerre se gère en amont et par anticipation, il appartient aux armées africaines et aux Etats de se réapproprier cette vision. En effet e matière de guerre de l’information se défendre c’est avoir perdu alors il est primordial pour une nation comme la Côte d’ivoire qui aspire à l’émergence d’adopter une posture très agressive en la matière ou tout au moins dissuasive. Les armées et les politiques gagneraient à se décomplexer et à s’inspirer des puissances traditionnelles en la matière en les adaptant aux réalités africaines. Une crise qui avait tout l’air d’être exclusivement militaire a fini par montrer qu’elle était d’abord d’influence, puis économique, ensuite politique, et enfin diplomatique. Si le commun des Ivoiriens demande désormais un ordre de mission même pour aller à l’épicerie du quartier, nous espérons qu’à la prochaine tentative nous ne serons pas des gnata. L’intelligence économique est désormais une réalité pour l’Afrique qui il y’a quelques temps était un champ d’expérimentations, aujourd’hui les prédations russes et chinoises ont fini par transformer les nations africaines en acteurs. La France a tout intérêt à changer son positionnement et ses relations avec l’Afrique car sa nouvelle génération n’est pas affectivement attachée à l’Afrique et l’Afrique également développe un sentiment quelque fois démesuré de nationalisme et réclame la diversification de ses partenariats dans le respect de sa souveraineté. Le décryptage des messages de Bamako et d’Abidjan est formel, pour des personnes averties les deux parties sont sur leurs positions et campées dans leurs tranchées ce qui laisse forcément entrevoir un prochain round surtout qu’à Abidjan on est convaincu qu’on ne nous la fait pas de façon impunie. Les rapports de force doivent nous être désormais favorables ou tout au moins, moins dommageables car la Côte d’ivoire a les moyens d’une veille stratégique optimale et d’une prospective efficiente, il suffira d’y mettre du sien. La Côte d’ivoire dernier bastion de la politique d’influence française en Afrique pourra t’elle résister durablement aux stratégies d’influence offensive des BRICS et des Five Eyes en Afrique de l’Ouest ?
Moustapha Diaby-KassambaI
Auditeur de la 37ème promotion MSIE de l'EGE