Bataille technologique et guerre informationnelle : le cas d’école Edison et Tesla
« Tant que les lapins n'auront pas d'historiens, l'histoire sera racontée par les chasseurs... » Howard Zinn. Lorsque l’on gagne une guerre informationnelle comme celle entre Thomas Edison et Nikola Tesla on gagne également la guerre cognitive pour les générations futures. Car Tesla est tombé dans un quasi-oubli jusqu’à aujourd’hui, voire un oubli total si Elon Musk n’avait pas donné ce nom à son entreprise de voiture électrique. Pourtant, Thomas Edison a bien perdu la bataille technologique… Quelle est cette histoire passionnante dont nous allons décrypter ici les mécanismes de guerre informationnelle à l’œuvre ?
L'enjeu de l'électricité
Le début de l’ère industrielle permet à l’électricité, en parallèle des hydrocarbures, de participer au développement du monde moderne par la mécanisation et l’arrivée des machines qui décuplent la force humaine ou celle des animaux (machines en usine, tracteurs, véhicules…) mais également du rythme de travail et de production puisque les ouvriers peuvent, grâce à un éclairage efficace, travailler jour et nuit (naissance notamment des trois-huit). L’électricité est une révolution pour le monde industriel mais aussi pour la société puisqu’elle arrive dans les foyers. Mais comprenons que si l’électricité arrive dans les foyers cela a également une incidence sur les usines de production (c’est un cercle vertueux pour l’industrie). En effet, si un foyer acquière une machine à laver le linge par exemple grâce à l’électricité, l’industrie qui fabrique ce lave-linge aura des clients et pourra fonctionner à son tour.
Nous ne sommes donc pas en présence ici d’avantages en silo : d’un côté l’industrie et de l’autre les foyers et la société mais bien dans un cercle vertueux pour les industriels. La publicité[1] fera alors son entrée pour pousser à la consommation les foyers et gagner des parts de marché pour devenir ce que je considère la plus aboutie des guerres cognitives du siècle.
Beaucoup de recherches et d’innovations concernant l’électricité sont faites aux Etats-Unis pour être le meilleur sur deux facteurs déterminants dans ce que l’on vient de voir à l’instant : le transport et la distribution. On entend par là le fait de faire parcourir l’électricité sur de longues distances tout en limitant les pertes sur les réseaux et de pouvoir délivrer au bout de la chaine de l’électricité avec une tension raisonnable[2] et ce à moindre coût.
C’est à la fin du XIXème siècle que deux courants scientifiques s’opposent concernant ces fameux modes de transport et de distribution de l’électricité puisque l’un, Thomas Edison, milite pour un courant continu appelé aussi DC (Direct Continu) et l’autre, Nikola Tesla, milite quant à lui pour un courant alternatif dit AC (Alternating Current). Précisons à ce stade, et cela peut avoir son importance pour la suite, que Thomas Edison est avant tout un ingénieur/inventeur mais surtout un entrepreneur self made man à l’américaine alors que Tesla est un pur scientifique.
Deux visions de la bataille technologique
C’est en 1884 que Nikola Tesla rejoint Edison pour l’aider à améliorer la qualité du réseau électrique new-yorkais. Travaillant depuis 1882 sur le courant alternatif, Nikola Tesla suggéra alors à Edison d’adopter le courant alternatif au réseau de la ville de New York en lui démontrant que cela résoudrait beaucoup de ses problèmes. Thomas Edison rejeta catégoriquement cette proposition en déclamant que « les idées de Tesla sont brillantes mais strictement inexploitable en pratique ». Pourquoi ce rejet de changer de courant qui parait pourtant, a priori, résoudre tous ses problèmes ? Les brevets déposés par Edison concernent uniquement des inventions sur courant continu. Il perdrait ainsi beaucoup d’argent en renonçant aux redevances qu’il perçoit de ses brevets. De plus, pour transporter l’électricité en courant alternatif, cela nécessite d’avoir beaucoup plus de fil de cuivre ce qui aurait pour conséquence une augmentation conséquente des frais et coûts pour l’entreprise d’Edison. Tesla devient rapidement un dangereux concurrent pour les affaires d’Edison car pour couronner le tout, le courant alternatif, nettement plus compliqué à mettre en œuvre, demande des connaissances très importantes en mathématiques et physique. Ces connaissances pointues, seul Nikola Tesla les a.
En vrai businessman, il avait dès le départ installé à New York sa station centrale de manière judicieuse dans le Lower Manhattan dès 1882. Il avait donc accès directement à côté de chez lui aux financiers de Wall Street dont les portes lui étaient grandes ouvertes et d’un autre côté il avait accès au Wall Street journal qui lui donnait accès aux médias. Ces deux entités sont d’une importance non négligeable dans la guerre de l’information : l’argent et l’accès à la presse. Aujourd’hui, force est de constater que ces campagnes de désinformation n’ont plus besoin de la presse et peuvent être diligentées directement depuis les plateformes de réseaux sociaux[3].
Tesla quitta Edison à peine six mois après l’avoir rejoint à New York. « Chez Edison Electric, nous faisons une innovation mineure tous les 10 jours, et une innovation majeure tous les six mois », explique le patron à une jeune recrue du nom de Nikola Tesla. Il travailla alors d’arrache-pied pour mettre au point un moteur électrique. Le courant alternatif était clairement le plus approprié pour faire parcourir de longues distances au courant car le courant continu, se transmettant mal sur des longues distances, nécessitait la construction de centrales tous les quelques kilomètres, occasionnant des coûts faramineux. Nikola Tesla avait inventé de son côté le seul générateur fiable et économique pour générer, transporter et délivrer du courant électrique sur une longue distance. C’est à ce moment-là, en 1888, qu’un certain George Westinghouse ingénieur et entrepreneur américain, entra en scène. Le générateur de courant alternatif de Tesla attira l’attention immédiate de George Westinghouse, ingénieur multimillionnaire, qui acheta les droits des brevets de Tesla.
Il misa sur Nikola Tesla et son invention de transport et distribution d’électricité longue distance grâce à un ingénieux système de climatisation en plus de ce fameux générateur. Toutes ces inventions précieuses de Tesla permettaient à George Westinghouse de concurrencer la Edison Electric Light Company. En effet, l’entreprise de Thomas Edison ne se contentait de fournir de l’électricité que dans les grandes villes où elle était produite car il n’avait pas la technologie pour la transporter à longue distance contrairement maintenant à Tesla qui pouvait desservir en électricité, grâce à sa nouvelle invention, des villes reculées des Etats-Unis. C’est avec l’aide de Tesla que George Westinghouse va prendre le dessus sur Thomas Edison et son courant continu, courant qui va rapidement montrer ses limites.
Le recours à la guerre de l'information pour tenter d'imposer une innovation
Au bord de la ruine, Thomas Edison se lance alors dans une confrontation informationnelle pour discréditer tous ses rivaux. Il va essayer de prouver par tous les moyens que le courant alternatif de Westinghouse et Tesla est dangereux voire mortel. Tout en prouvant que le courant alternatif émet une tension plus élevée que le courant continu, Edison fait notamment courir des rumeurs de décès des monteurs de lignes causés par l’installation des systèmes de climatisation avec l’aide de nombreux médias[i]. Un seul message devait entrer et être répété et encore répété dans tous les foyers américains : l’alternatif tue. L’objectif ici était d’associer le courant alternatif de Tesla et de Westinghouse à la mort et ainsi d’éliminer la concurrence. Edison met alors en place une immense campagne de propagande et de désinformation. Il engagea notamment un ingénieur, Harold P. Brown, qui se chargera de cette campagne. Pour marquer les esprits des Américains, Brown organisa de nombreuses manifestations publiques d’exécutions à travers tous les Etats-Unis en utilisant le courant alternatif. En effet, il tua devant la foule des chats et des chiens errants, des chevaux et même un éléphant de cirque. Edison de son côté essaya d’imposer dans les journaux l’usage du terme « westinghoused » en référence à George Westinghouse. Cela signifierait en traduction française « se faire Westinghouser » pour remplacer le terme « se faire électrocuter » et ainsi associer son nom à la mort par électrocution.
On voit alors les différentes techniques de guerre informationnelle mises en place par Edison. On peut relever par exemple ce que l’on nomme aujourd’hui les fakes news avec les différentes rumeurs de morts d’ouvriers. On a également l’utilisation de l’une des plus puissantes armes de manipulation des esprits qui est celle de jouer sur les émotions (ici la peur) en exécutant par exemple des animaux pour montrer le danger mortel du courant électrique. Est utilisé également par Edison la manipulation de la langue : ici le détournement voire la création d’un nouveau vocabulaire[ii] au sein de la population[iii].
Pour contrer cette propagande Westinghouse a répondu que les risques étaient gérables et ne l'emportaient pas sur les avantages de son système. Il essaya de prouver également avec Tesla par des « contre- conférences » publiques qu’il s’agissait d’électricité et que, dans tous les cas, courant alternatif ou courant continu il y avait un risque. Ils cherchaient à prouver de manière scientifique que le risque était intrinsèquement lié à l’intensité du courant et donc n’était pas forcément mortel si le courant était de faible intensité. Nikola Tesla, en tant que pur scientifique, en cherchant à démontrer par des formules mathématiques à un public non averti, n’arriva pas à son but. De son côté, Thomas Edison, qui était avant tout un entrepreneur, usa comme nous l’avons vu d’autres mécanismes dont la population était plus réceptive. On peut faire un rapprochement ici avec la pandémie de la Covid-19 où l’on avait d’un côté des scientifiques qui essayaient d’expliquer scientifiquement comment gérer la pandémie et nous avions de l’autre côté une masse de désinformations, fake news[iv] etc… qui utilisait les mêmes procédés que Thomas Edison mais de manière infiniment plus puissante avec aujourd’hui l’aide technologique des réseaux sociaux.
Cette guerre de l’information alla beaucoup plus loin et a entraîné finalement des conséquences beaucoup plus importantes que la simple distribution et alimentation en courant à la population et aux industries. En 1887, un groupe de délégués de l’Etat de New York, ayant assisté et ayant été interpelé par l’exécution d’animaux en utilisant de l’électricité a demandé à Thomas Edison si le procédé pouvait fonctionner pour l’exécution d’un être humain dans le cadre de la peine de mort. Edison étant, de par ses principes, opposé à la peine capitale, n’était pas très enclin à partir sur ce terrain. Il eût alors cette remarque pour faire ce que l’on appelle aujourd’hui un « coup de communication » pour déstabiliser Westinghouse en répondant aux délégués ainsi : « vous devez utiliser le courant de mon concurrent, car il est beaucoup plus mortel ! ». L'État de New York est alors bien décidé à utiliser cette nouvelle méthode d'exécution. George Westinghouse a refusé de coopérer pour fournir un alternateur mais Harold P. Brown a réussi à contourner ce refus en achetant un alternateur à son concurrent directement sur le marché sans que ce dernier ne soit au courant. Le 6 août 1890, le meurtrier William Kemmler est devenu la première personne à être condamnée à mort sur la chaise électrique.
Gagner les esprits, pour gagner les normes, pour gagner un marché
Nous l’avons vu précédemment cette guerre entre Nikola Tesla et Thomas Edison fût cognitive, scientifique et industrielle mais elle avait également comme finalité de gagner les normes du pays pour savoir si les Etats-Unis d’Amérique allaient mettre en place un réseau à courant alternatif ou à courant continu. Leur but : électrifier l’Amérique et changer le monde. Il s’agit bien de la première bataille économique sur une norme technique de l'histoire industrielle. « Une technologie ne conduit pas à une standardisation unique selon une évolution quasi mécanique. C'est plutôt l'inverse : les normes choisies définissent la manière dont une technologie se développe et posent de facto des limites à son évolution. Dans plusieurs États américains, Thomas Edison a poussé à faire voter une loi pour limiter les tensions à 800 volts pour le transport de l'électricité mais sa demande a toujours été refusée.
Dans la guerre des courants que nous étudions ici, l’enjeu est de taille. Celui qui remportera le marché remportera également la normalisation de sa technologie sur tous les Etats-Unis d’Amérique voire dans la plupart des pays du monde. Graham Bell disait : « L'Amérique est un pays d'inventeurs, et les plus grands d'entre eux sont des journalistes ». Il expliquait ainsi qu’une innovation ou une technologie était aussi importante de par sa nouveauté que de par sa présentation au public pour lui faire comprendre l'intérêt ainsi que son mode de fonctionnement. On peut faire un parallèle entre cette phrase de Bell et un Edison qui a tout miser sur la communication pour montrer que sa technologie était meilleure qu'elle ne l'était réellement.
On pourrait faire une comparaison et un parallèle également avec la bataille entre JVC avec son VHS et Betamax par Sony pour le magnétoscope et des nouvelles normes d'enregistrement correspondant. JVC avait alors remporté cette bataille principalement grâce à une équipe de communication très efficace alors que la technologie Betamax était pour l’époque la meilleure des deux. Cependant, dans la guerre entre Edison et Westinghouse, l’issue fût bien différente.
Issue de la rivalité
Le courant alternatif de Westinghouse et Tesla est plus adapté aux longues distances du territoire américain et bien moins coûteux. Il remporte un nombre croissant de marchés. Tesla gagne notamment l’appel d’offre pour réaliser l'électrification de l’immense Exposition universelle de Chicago en 1893 et conçoit en partie la centrale hydroélectrique des Chutes du Niagara qui permet, première mondiale, d'illuminer une ville entière, celle de Buffalo. Le grand avantage du courant alternatif qui était son énorme portée dans les réseaux et son coût plus faible en fit la norme vers la fin du 19ème siècle.
John Pierpont Morgan, fort du pouvoir de ses dollars et après avoir financé les travaux de Thomas Edison et Nikola Tesla dans les années 1870 et 1880, participe à la fondation de l’Edison General Electric Compagny avec Edison. Ce dernier a un concurrent de poids avec The Thomson-Houston Company. Chacune de ces deux sociétés ayant des brevets et technologies indispensables à l’autre, les deux sociétés finissent par fusionner en 1892 pour créer la General Electric Company qui utilisera la technologie développée par Westinghouse. Cette guerre avec Edison laissera leurs deux compagnies (Westinghouse et General Electric) proches de la faillite, notamment à cause des nombreux procès engagés et des lourds investissements. En 1897, Westinghouse informe Tesla qu'il ne peut plus payer ses royalties et arrive même à le convaincre d'y renoncer. Il lui rachète ses droits et ses brevets. Nikola Tesla meurt le 7 janvier 1943 dans sa chambre d'hôtel à New York, seul, sans argent et même couvert de dettes. Il laissera pourtant derrière lui plus de 300 brevets.
Contrairement à la bataille entre JVC et Sony ce n’est pas la meilleure communication qui va l’emporter entre Edison et Tesla (et après avec Westinghouse) mais bien la loi du marché avec des coûts plus faibles et un meilleur usage pour le courant alternatif. En effet, General Electric se lancera à son tour dans la production d'équipements adaptés au courant alternatif. Edison a donc perdu la bataille informationnelle mais a gagné la bataille cognitive. Outre le fait que Tesla n’était pas un entrepreneur ou un communicant mais un scientifique passionné, il a réussi à imposer ses inventions mais s’est vu racheter ses brevets et a tout perdu. Son nom finira presque dans l’oubli si ce n’est de scientifiques ou de passionnés de science-fiction dont il inspira bon nombre d’œuvres. En revanche, nous connaissons beaucoup plus Thomas Edison qui a su s’imposer dans ce combat cognitif qui a influencé plusieurs générations sans qu’elles ne s’en rendent compte.
Comparaison des recherches Google pour le terme « Nikola Tesla » dans le monde sur l’année 2006 sur Google Trends
Comparaison des recherches Google pour le terme « Thomas Edison » dans le monde sur l’année 2006 sur Google Trends
J’ai fait un relevé sur Google Trends des tendances de recherche pour le terme « Nikola Tesla » et « Thomas Edison » pour comparer l’année 2006 et l’année 2021. Il en ressort clairement que les recherches Google pour « Nikola Tesla » ont doublé dans le monde entre 2006 et 2008 alors que les recherches Google pour Thomas Edison ont légèrement baissé. L’hypothèse la plus plausible que l’on peut émettre est la montée en puissance entre ces deux dates de l’entreprise « Tesla » de Elon Musk qui a fait réémerger le personnage Nikola Tesla au grand public. A l’origine, c’est pourtant bien Nikola Tesla qui a inventé et mis sous brevet les découvertes fondamentales sur le courant alternatif qui est devenu la norme de la période industrielle à nos jours et non le courant continu de Thomas Edison.
On peut donc aisément en conclure que la guerre cognitive, qui va bien au-delà de la bataille informationnelle, est redoutable en guerre économique puisqu’elle permet de gagner les esprits. Force est de constater que ce sont, au final, ces esprits qui vont consommer et donc faire la loi du marché.
Adrien Bellenger
Auditeur de la 41ème promotion MSIE de l'EGE
Notes :
[1] Voir à ce sujet la chaine du youtubeur Marketing Mania
2 De nous jours, en courant alternatif, l'électricité est produite sous une tension de quelques kilovolts. Puis, sa tension est augmentée à des dizaines, voire des centaines de kilovolts, pour un transport primaire efficace, suivi de plusieurs transformations sur le réseau pour redescendre à une tension normale pour les foyers par exemple de 120 Volt en Amérique du Nord ou encore 230 Volt en Europe.
3 Voir plus généralement l’article des Echos, Les campagnes de désinformation en plein essor dans le monde ou un exemple concret avec la campagne de désinformation mené sur les réseaux sociaux concernant le nutri-score avec l’enquête Que choisir
4 Celui qui contrôle l’information, contrôle le monde. « Celui qui contrôle les médias, contrôle les esprits », Jim Morrsion
5 Plusieurs exemples existent dont le plus célèbre en France est la création d’un nouveau verbe « positiver » dans les campagnes pulicaires du groupe Carrefour. Quand « on positive » on pense maintenant à la marque Carrefour.
6 Pour aller plus loin voire ici le livre de Philippe Breton « La parole manipulée », Edition la découverte Paris 2019
7 Selon une étude menée par le MIT et révélée sans Science le 9 mars 2018 une information vraie met six fois plus de temps à parvenir à 1500 personnes sur Twitter que si elle était fausse
Sources :
L'autobiographie de Nikola Tesla, Mes inventions, éditions Ethos
Episode 3 de France Culture du podcaste la Grande Traversée : Nikola Tesla, une vie électrique
L’homme électrique, de Martine le Coz, aux éditions Michalon
Histoire de l'électricité, de Christine Blondel, Livre de Poche
The Current War : Les Pionniers de l'électricité, un film d’Alfonso Gomez-Rejon (2017)
Tesla, film de Michael Almereyda (2020)