1974-2020 : le contrat Rafale grec sous l’angle de l’opération Attila

Le samedi 12 septembre 2020, le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a annoncé l’achat de 18 chasseurs Rafale auprès de la France pour 1,7 milliard d’euros, alors que le navire de recherche sismique turc Oruç Reis se trouve au même moment sous escorte militaire dans les zones économiques exclusives (ZEE) grecque et chypriote.

Cette opposition entre Athènes et Ankara fait écho à celle précédent l’invasion turque de Chypre en juillet 1974, avec la campagne d’exploration débutée par le navire de recherche sismique turc Candarli le 29 mai 1974 dans la ZEE revendiquée par la Grèce. La crise actuelle entre les deux pays est donc ancienne, et ne s’avère en réalité n’être qu’une nouvelle étape d’une tension qui dure depuis plusieurs dizaines d’années.

Le contrat Rafale grec s’’inscrit ainsi dans cette continuité, et vient se poser comme un élément sciemment choisi par Athènes afin de gagner un avantage temporaire dans le conflit latent en Méditerranée. Cette stratégie rappelle celle au cœur d’un jeu méditerranéen cousin du Backgammon, appelé tavla en Turquie et tavli en Grèce, où l’objectif est d’avancer ses pions plus rapidement que l’adversaire. Athènes et Ankara semblent historiquement pratiquer celui-ci grandeur nature.

On pourrait par conséquent se demander dans quelle mesure le contrat Rafale grec peut-il être perçu comme un nouveau coup joué par les grecs contre leurs adversaires turcs dans le jeu de puissance en cours depuis des dizaines d’années en Méditerranée orientale, et ce en prenant en compte les leçons tirées de la crise chypriote de 1974.

Le dernier engagement armé majeur entre Ankara et Athènes semble en effet engendrer quelques réminiscences dans la « drôle de guerre » actuelle en Méditerranée.

Pierre-Alexandre Méresse

 

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