L’industrie française ne représente plus que 10 % du PIB français en 2019. Ce chiffre n’a pas progressé en 20 ans alors que la production industrielle à l’échelle de l’Union Européenne représente plus du double. Alors qu’une guerre sans merci est menée par les grandes puissances industrielles mondiales, la France a fait le choix de mettre de côté son industrie pour se concentrer sur le secteur tertiaire, au détriment des secteurs industriels hautement stratégiques. Pourtant, ce n’est pas faute de savoir-faire ni de capacité industrielle.
La quête d’opérations financières fructueuses, la délocalisation, la recherche de profit à n’importe quel coût ont inscrit les grands industriels français dans une spirale infernale qui semble fatalement se répéter dans le temps. La conjoncture économique de ces derniers mois fragilise d’autant plus le secteur. La dynamique explosive de la crise du COVID-19 menace en effet près de plusieurs centaines de milliers d’emplois dans l’industrie française. Cette absence de modèle industriel résilient des groupes français en fait des proies faciles pour des organismes étrangers. De nombreuses stratégies de fusions avec des industries étrangères ont abouti à des errements stratégiques qui ont ainsi abouti à la perte de nombre des fleurons industriels français.
L’Ecole de Guerre Economique s’attache à démontrer les différents rapports de forces géoéconomiques auxquelst doivent faire face nos sociétés. En s’appuyant sur une approche IE, il nous parait essentiels de démontrer les multiples tentatives de prédation économique qui affaibliront notre tissu industriel. Ce rapport incite nos décideurs à réfléchir sur des dogmes de marchés et approches contraires à notre culture.
Étymologiquement « le prédateur » renvoi à praedator (latin) qui désigne « pillard » « voleur ». Le Larousse définit le prédateur comme « celui qui vit de proie ». La prédation économique peut alors être définie comme le mode d’action d’une organisation, qui a pour but de capter, piller, s’emparer du patrimoine et du capital d’une entité économique. Parmi ses modes d’actions nous retrouvons l’encerclement cognitif défini par Christian Harbulot « Les stratégies d’encerclement cognitif par la production de normes, de droit, ainsi que par l’orchestration de parties prenantes de la société civile, sont d’autant plus efficaces, qu’elles masquent l’esprit de conquête par des éléments de langage moralisateur[1] ».
Après avoir fusionné avec l’américain FMC technologies en 2017, une scission est annoncée en 2019 qui diviserait le groupe en deux entités. En plein cœur de l’actualité, la scission de TechnipFMC fut repoussée à la suite de la pandémie du COVID19. Les mêmes raisons ont empêché la commission européenne de statuer sur le rapprochement entre les Chantiers de l’Atlantique, fleuron de l’industrie navale, et Fincantieri leader européen dans la construction navale.
Ce rapport questionne alors les fondements de telles stratégies, et nous interroge sur notre capacité à discerner les conséquences résultant de la perte de nos actifs.
Cœur de notre étude, nous commencerons par une présentation académique de l’entreprise Technip avant d’analyser la fusion entre Technip et FMC Technologies. Il est intéressant de comprendre les raisons et la manière dont s’est déroulé la fusion entre ces deux entités, car cela nous procurera une grille de lecture sur une prédation effectuée en partie via un encerclement cognitif. Par la suite, il ne s’agira non pas d’analyser techniquement un cas de prédation économique, mais d’amorcer une réflexion sur les répercussions de la perte d’une industrie stratégique. À travers l’exemple des Chantiers de l’Atlantique, nous présenterons succinctement le contexte de l’entreprise avant de se concentrer sur les enjeux que soulèvent le rapprochement franco-italien et les actions offensives menées par la Chine.
Promotion RIE 3 de l’EGE
[1] EGE. (2020). Cahiers de la Guerre Economique (2e éd., Vol. 2). Paris, France : Emmanuel Thiburs. p.16
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