Les conséquences françaises d'un manque de stratégie de puissance dans le domaine de l'économie de la santé
Au début des années 80, le pouvoir politique français estime que l'industrie pharmaceutique n'est pas un secteur stratégique. Des entreprises de valeur sont cédées au capital étranger. Aucune vision nouvelle n'est apparue jusqu'à) une période récente. L'arrivée des nouvelles technologiques a obligé le pouvoir politique à réétudier sur la question mais de manière fragmentaire et sans grille de lecture des pratiques de "puissance" des compétiteurs étrangers.
Le marché intérieur français de la santé - et plus précisément celui des médicaments - repose exclusivement sur l’industrie chimique. Avec l’émergence de l’industrie biotechnologique, le marché français se voit décliner au point de perdre ses avantages concurrentiels face aux puissances étrangères. Les différents instituts de recherche et acteurs gouvernementaux constatent le retard français sur ce nouveau marché, pourtant considéré comme stratégique par son expansion économique et les opportunités qu’il apporte. Du point de vue des exportations, la France se place parmi les leaders. Néanmoins la concurrence s’accroît et fragilise cette position. L'économie française de la santé est notamment fragilisée dans son fonctionnement interne. Les industriels, contraints de s’acclimater aux lourdes normes nationales, s’organisent sans concertation étatique autour de stratégies purement économiques. De leur côté, les start-up et PME innovantes sont regroupées au sein de la HealthTech, afin de suivre la course mondiale de l’innovation, quitte à échapper elles aussi aux logiques de stratégie nationale.
La France possède, d’un autre côté, un fort potentiel dans les nouvelles technologies. En effet, elle se distingue par son cœur « made in France », la bio-impression, la robotisation, l’IA et la R & D forte en biotechnologie. Néanmoins, le manque d’attractivité entraîne une fuite des savoirs et certaines stratégies étrangères aboutissent aux rachats d’innovations françaises Pour la France, l’enjeu majeur consiste dès lors à prendre conscience du caractère hautement sensible de la santé et d’élaborer des politiques publiques dans le cadre d’une stratégie de puissance.
L’utilisation accrue de brevets, de normes réglementaires conjuguées à la création de Health Data Hub et à la mise en œuvre du RGPD vise à protéger les compétences françaises d’actions d’ingérence étrangère. De nouveaux droits apparaissent, notamment sur la question de l’intelligence artificielle et sa responsabilité au sein des relations entre patients, médecins et laboratoires. Néanmoins, l’ensemble de ces mesures a parfois tendance à étouffer davantage les innovations au lieu de les protéger. Enfin, la question des propriétés des données personnelles est au cœur des nombreuses problématiques autour de la santé. Bien que primordiale pour améliorer la qualité des soins, la France souffre d’une fuite de données importante aux profits de ses concurrents directs (États-Unis, Chine).
Etude réalisée par Nicolas Brunet, William Bossy-Guérin, Sarah Cahen, Aysegul Ceylan, Jacques Legros, Mohamed Mehdi Essalhi, Grégoria Mezzano, Julien Pilon, Luc Sawaya et Julien Surzur.
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