Une vidéo circule actuellement sur les réseaux sociaux. Il montre la situation catastrophique de la masse de sans abris qui vivent sous des tentes à San Francisco. Contrairement aux idées reçues, ces SDF sont aussi des blancs et non les minorités raciales habituelles qui vivent dans les ghettos sans mur des cités industrielles en crise des Etats-Unis d'Amérique. Le mythe de l'american way of life est en train de subir le contrecoup de l'affaiblissement économique de la puissance américaine, notamment par la progression fulgurante du modèle économique chinois qui ne cesse de prendre au dépourvu le monde occidental. Désormais, les Etats-Unis ne se battent plus pour défendre une suprématie géo-économique internationale mais pour sauver leur économie nationale menacée.
La Chine se révèle être une puissance qui a été beaucoup plus astucieuse que prévue. Lorsque l'URSS s'est effondrée, les milieux décisionnaires américains ont cru qu'ils allaient pouvoir instrumentaliser un pouvoir communiste chinois sur la défensive ET qui, pour survivre, était obligé de s'ouvrir au monde extérieur.Beaucoup pensaient à Washington que pas ce régime communiste était sur le déclin et était à la merci de groupes intérieurs graves comme ce fut le cas lors des événements de la place Tien An Men. Les plus cyniques pensaient qu'il ne survivrait pas longtemps à la contagion consumériste que le monde occidental exportait en son sein par le biais des zones économiques spéciales. Grave erreur ! Depuis la fin des années 80, Pékin n'a de cesse d'éviter ce piège. Les communistes chinois ont su tirer les enseignements des politiques d'accroissement de puissance par l'économie comme celle que le Japon a élaboré en plusieurs séquences pour éviter la colonisation occidentale (XIXe siècle : ère Meiji; années 30 : création de l'Etat du Mandchoukouo; politique de conquête commerciale de l'après guerre coordonnée partiellement par des organismes étatiques tel que le MITI).
Comme me le faisait remarquer Olivier de Maison Rouge, les Etats-Unis ne se battent plus dans une logique impériale mais se replient sur un nationalisme économique de circonstance. C'est ce que confirment également les études menées au sein de l'Ecole de Guerre Economique . Le modèle impérial nord-américains'est déplacé du monde matériel vers le monde immatériel (GAFA, économie numérique, Internet, technologies spatiales). Si les Etats-Unis d'Amérique ont perdu leur domination marchande et industrielle sur le monde matériel, ils restent pour l'instant largement dominants dans la construction du monde immatériel. Les élites de la côte ouest en lien très étroit avec les milieux décisionnaires de Washington exercent un pouvoir sans limites en créant une relation de dépendance systématique avec leurs alliés et les économies émergentes.
Les pays européens sont pris dans la nasse, coincés entre la guerre commerciale qui opposent les Etats-Unis et la Chine et les jeux parasitaires géopolitiques de la Russie et de l'Iran dans certaines parties chaudes du monde (Ukraine, Moyen Orient. Leur désir de reconstruire l'Organisation Mondiale du Commerce ressemble aux tentatives de la Société Des Nations pour sauvegarder la paix avant la seconde guerre mondiale. Il est symptomatique de constater l'absence de grille de lecture pertinente des élites françaises et européennes comme le manifeste cet étonnement par rapport au double jeu chinois (étatisation progressive des champions nationaux pour mieux contrôler la mise ne oeuvre de leur politique chinoise d’accroissement de puissance par l'économie).
L'école de pensée sur la guerre économique que nous avons crée au printemps se donne pour objectif de sortir les nouveaux "somnambules" de leur discours incantatoire à partir de la connaissance produite depuis trente ans sur cette thématique par les membres de cette école de pensée. Infoguerre se fera l'écho régulier de leurs communications et de leurs travaux qu'il est plus urgent de faire connaître.
Christian Harbulot
Lire à ce propos les deux PDF suivants :
Le premier a été rédigé par Ahmed Graouch :
Leslimiteslegitimitépuissanceoccidentale.asd
Et le second par Nicolas Moinet :
Communication&Influence_juillet_2018_Nicolas_Moinet