La guerre d'Exxon-Mobil et Aramco contre GazProm et la National Iran Oil Company

En 2009, l’émir du Qatar s’est rendu en Syrie pour y rencontrer le président Assad et lui demander l’autorisation de faire passer sur le sol syrien un gazoduc devant servir à alimenter l’Europe en gaz qatari. Fidèle à ses engagements commerciaux avec la Russie, l’alliée de longue date de la Syrie, Assad refuse. Ce sera une guerre, non pas ouverte mais larvée. Ceci peut aussi être connecté avec l’anecdote qui n’en est pas une, rapportée récemment par le grand journaliste d’investigation John Pilger dans un article, et qui vit l’ancien ministre des affaires étrangères français Roland Dumas, se faire approcher directement par des diplomates britanniques à Londres en 2009 au sujet de “quelque chose qui se prépare en Syrie pour le futur”.
Partie de la péninsule arabe sous contrôle Ottoman jusqu’en 1916, la région passe sous mandat britannique jusqu’en 1971 où ce petit état devient “indépendant”. Très riche en ressources de gaz naturel, le Qatar va très vite vendre ses droits d’exploitation au géant pétrolier américain qui a contrôlé à une époque jusqu’à plus de 15% de l’économie des Etats-Unis : Exxon-Mobil, empire pétrolier en direct héritage de l’empire de la Standard Oïl des Rockefeller qui racheta Exxon, puis Mobil, puis BP-Amoco et enfin Chevron-Texaco.
De facto, le refus d’Assad est une des explications sous-jacentes du déclenchement du conflit syrien, bien au-delà des tensions politiques internes à la Syrie. Exxon-Mobil a été impliqué indirectement pour protéger ses intérêts. Le Qatar, c’est à dire Exxon-Mobil, est aussi impliqué dans la future exploitation du gaz naturel trouvé en énorme quantité au large de la Syrie, du Liban et de… Gaza. L’exploitation israélienne de ces ressources passera par Exxon-Mobil. Cette dernière contrôle la majorité de l’exploitation du gaz naturel du Qatar. Le groupe pétrolier américain vient d’investir des milliards de dollars pour des usines de liquéfaction du gaz. Ce gaz doit transiter par gazoduc du Qatar vers la méditerranée et l’Europe via la Syrie, pour concurrencer le gaz russe et le géant Gazprom qui alimente l’Europe.
La Syrie, alliée de la Russie, bénéficie de l’appui de GazProm. Comme l’a dit Poutine dans sa déclaration de Valdaï, la réalité est que le Qatar et l’Arabie Saoudite sont les financiers de cette opération et qu’il s’agit d’une guerre pétro-gazière entre d’un côté les Etats-Unis, le Qatar et l’Arabie Saoudite (Exxon-Mobil / Aramco) et de l’autre La Russie (GazProm) et l’Iran (National Iranian Oil Company ou NIOC). La Syrie est le point de rencontre, et le point de contact de ces deux trajectoires qui étaient en voie de collision depuis déjà un bon moment. Celui-ci est le gaz (et un peu le pétrole) ! L’affaire syrienne est une guerre entre GazProm-NIOC et Exxon/Mobil-Aramco, c’est pourquoi la Russie ne lâchera pas la Syrie ni Assad et que pour l’en déloger, il faudra la battre.