La guerre secrète de Washington contre de Gaulle, d’Éric Branca, est un ouvrage fondamental pour comprendre la manière dont les Etats-Unis ont imposé la France une relation de dominant/dominé à partir de la défaite de juin 1940 jusqu’à aujourd’hui. Branca prend l’angle d’attaque des relations tumultueuses entre De Gaulle et certains dirigeants américains, à commencer par Roosevelt qui n’hésite pas à jouer un double jeu avec Vichy pour préparer le terrain à son pays dans les futurs enjeux pétroliers du Maghreb. Rares sont les auteurs qui nous permettent de reconstituer des grilles de lecture par leurs écrits. C’est le cas avec Eric Branca qui retrace les différentes étapes de la prise du contrôle de la dynamique de puissance française par une puissance étrangère alliée. L’auteur revient sur les moments décisifs lors du démarrage de la construction européenne. Notons à ce propos que Jean Monnet et « quelques autres grands démocrates » ne sont pas les héros positifs que nous dépeignent régulièrement les dirigeants politiques français. Ils défendent les intérêts d’un camp qui opte pour une relation de dépendance assumée avec les Etats-Unis. La négation d’une autonomie stratégique de l’Europe à l’égard des puissances extérieures est un sujet qui reste d’actualité.
Branca nous donne les éléments pour mieux comprendre le cheminement du général de Gaulle sur cette question décisive. Le créateur de la Ve République a dû faire certaines concessions après la guerre. Pour bénéficier de l’aide américaine qui était accordée avec des buts très intéressés, De Gaulle a décliné la stratégie économique de reconstruction de l’industrie nationale que lui avait proposé Mendès France. Cette dernière s’inscrivait pourtant dans une vision très proche de la sienne. L’ouvrage de Branca est plus faible dans la période 1965-1969. La déstabilisation du régime gaulliste n’est pas due fondamentalement à une manipulation extérieure. De Gaulle n’a pas su expliquer sa politique au peuple français. Il était coincé entre une extrême gauche (PCF compris) qui ne voulait pas composer avec un homme de droite et une majorité qui cherchait avant tout à protéger ses intérêts particuliers. Mais cela ne retire rien à l’intérêt de la démarche d’Éric Branca. Le système français boycotte ce livre. C’est d’autant plus compréhensible qu’il n’a jamais assumé publiquement et électoralement le choix par défaut pris après la Libération, à savoir l’assujetissement aux Etats-Unis d’Amérique.
Bruno Racouchot a donné la parole à Eric Branca dans sa dernière lettre de communication d’influence. Voici l’accroche de son interview.
« Historien et journaliste, Eric Branca vient de consacrer une étude très documentée à la lutte d’influence qui, durant près de trente ans, opposa les Etats-Unis au général de Gaulle (L’ami américain – Washington contre de Gaulle, 1940-1969, Perrin, août 2017). Au-delà des révélations majeures que contient l’ouvrage, nourri des documents déclassifiés qu’a pu consulter l’auteur, ce récit illustre surtout la stratégie déployée par l’hyperpuissance américaine quand un allié, si loyal soit-il à ses engagements, refuse d’abdiquer ses intérêts vitaux. Dans l’entretien qu’il m'a accordé, Eric Branca insiste sur l’un des aspects les moins étudiés en même temps que le plus crucial de cet épisode dont les conséquences se font, plus que jamais, sentir aujourd’hui : la guerre de l’information menée par Washington pour convaincre les Français que quiconque ne partageait pas, en tous points, la vision du monde des Etats-Unis, était un adversaire potentiel. »
Branca nous donne les éléments pour mieux comprendre le cheminement du général de Gaulle sur cette question décisive. Le créateur de la Ve République a dû faire certaines concessions après la guerre. Pour bénéficier de l’aide américaine qui était accordée avec des buts très intéressés, De Gaulle a décliné la stratégie économique de reconstruction de l’industrie nationale que lui avait proposé Mendès France. Cette dernière s’inscrivait pourtant dans une vision très proche de la sienne. L’ouvrage de Branca est plus faible dans la période 1965-1969. La déstabilisation du régime gaulliste n’est pas due fondamentalement à une manipulation extérieure. De Gaulle n’a pas su expliquer sa politique au peuple français. Il était coincé entre une extrême gauche (PCF compris) qui ne voulait pas composer avec un homme de droite et une majorité qui cherchait avant tout à protéger ses intérêts particuliers. Mais cela ne retire rien à l’intérêt de la démarche d’Éric Branca. Le système français boycotte ce livre. C’est d’autant plus compréhensible qu’il n’a jamais assumé publiquement et électoralement le choix par défaut pris après la Libération, à savoir l’assujetissement aux Etats-Unis d’Amérique.
Bruno Racouchot a donné la parole à Eric Branca dans sa dernière lettre de communication d’influence. Voici l’accroche de son interview.
« Historien et journaliste, Eric Branca vient de consacrer une étude très documentée à la lutte d’influence qui, durant près de trente ans, opposa les Etats-Unis au général de Gaulle (L’ami américain – Washington contre de Gaulle, 1940-1969, Perrin, août 2017). Au-delà des révélations majeures que contient l’ouvrage, nourri des documents déclassifiés qu’a pu consulter l’auteur, ce récit illustre surtout la stratégie déployée par l’hyperpuissance américaine quand un allié, si loyal soit-il à ses engagements, refuse d’abdiquer ses intérêts vitaux. Dans l’entretien qu’il m'a accordé, Eric Branca insiste sur l’un des aspects les moins étudiés en même temps que le plus crucial de cet épisode dont les conséquences se font, plus que jamais, sentir aujourd’hui : la guerre de l’information menée par Washington pour convaincre les Français que quiconque ne partageait pas, en tous points, la vision du monde des Etats-Unis, était un adversaire potentiel. »