L’ouvrage d’Eric Branca, L’ami américain, édité chez Perrin en septembre 2017, est un ouvrage essentiel. Il a fallu attendre plus d’un demi-siècle pour avoir accès à un tel contenu. Il s’agit en l’occurrence du fil conducteur très détaillé des rapports de force entre le général de Gaulle et les Etats-Unis d’Amérique, qui ont marqué la période 1940/1969. Dans cet ouvrage, Eric Brana nous apprend plus que des détails historiques. Il nous donne des clés pour mieux cerner l’évolution des enjeux entre les deux pays. C’est notamment le cas pour ce qui concerne le Président Franklin Delano Roosevelt, seul président américain à être élu à quatre reprises. Le Président progressiste du Parti démocrate qui a mis en œuvre la politique du New Deal après la crise de 1929, avait aussi une approche « très impériale » de la politique américaine. Elle est particulièrement explicite vis-à-vis de la France. La défaite de 1940 révèle la face cachée de cet homme politique qui estime que ce pays ne compte plus sur la scène internationale (traduisez : n’est plus un problème pour l’accroissement de puissance des Etats-Unis). Mais derrière ce cynisme, se cachent des vues près concrètes sur la manière de se positionner sur certains territoires de l’empire colonial français, en particulier dans la région du Maghreb. Washington ne tourne pas le dos au régime de Vichy et passe des accords qui lui donnent une ouverture marchande non négligeable dans cette région du monde.
Roosevelt ne s’arrête pas à cet épisode et il sera aidé par des Français qui défendent en premier lieu les intérêts de la puissance américaine. C’est le cas de Jean Monnet et de quelques autres, moins célèbres, qui vont tirer profit de ces circonstances pour s’enrichir et se donner de l’importance en devenant des agents d’influence pro-américains. Dans cet ouvrage, le personnage Monnet est suivi étape par étape dans les différents rôles qu’il a joués durant et après la guerre. Difficile après cela d’en faire le portait idyllique que nous dressent les médias dès qu’il s’agit de rappeler la genèse de l’Europe. Jean Monnet a surtout servi la cause des Etats-Unis et non ceux d’une Europe indépendante sur le plan stratégique et encore moins ceux d’une France souveraine. Eric Branca prend le temps de reconstituer tous les maillons de la chaîne qui a conduit les pays européens de l’Ouest à accepter la dépendance quasi totale à l’égard de leurs libérateurs.
L’auteur nous rappelle aussi des détails importants sur lesquels les Historiens contemporains ont glissé un peu trop vite. Il est intéressant de noter que le général de Gaulle ne croyait pas à l’empire colonial et était plutôt sur la ligne de Clemenceau et donc opposée à cette volonté de faire exister la France par la conquête de territoires extérieurs en prétextant une fonction d’apporteur de progrès aux peuples africains. Le choix du libéral » Pleven aux dépens de Mendès France qui fut d’ordre tactique à la sortie de la guerre (il fallait obtenir des prêts auprès des Etats-Unis et Pleven était très proche de ce pays). Pleven plaida donc pour une ouverture du pays aux produits made in USA. Mendès France était au contraire pour une industrialisation de la France afin de la mettre à l’abri d’une relation vassale des Etats-Unis. La liste des faits marquants de ce type serait longue à citer. C’est la richesse de l’ouvrage, même si parfois des sous-entendus comme celui sur les conditions de l’évasion du général Giraud peuvent atténuer quelques secondes la puissance de la rhétorique de l’ouvrage. Petit exercice annexe : quel media osera rendre compte du contenu de ce livre ? Cela permettra une fois de mesurer leur audace à exister en dehors de l’Histoire officielle qui se délite de jour en jour un peu plus sous l’effet de démonstrations par l’absurde (affaire Alcatel, Alstom, Airbus). En refermant l’ouvrage d’Eric Branca, il est difficile de croire à la formule passe partout du « meilleur ami de la France ».
Roosevelt ne s’arrête pas à cet épisode et il sera aidé par des Français qui défendent en premier lieu les intérêts de la puissance américaine. C’est le cas de Jean Monnet et de quelques autres, moins célèbres, qui vont tirer profit de ces circonstances pour s’enrichir et se donner de l’importance en devenant des agents d’influence pro-américains. Dans cet ouvrage, le personnage Monnet est suivi étape par étape dans les différents rôles qu’il a joués durant et après la guerre. Difficile après cela d’en faire le portait idyllique que nous dressent les médias dès qu’il s’agit de rappeler la genèse de l’Europe. Jean Monnet a surtout servi la cause des Etats-Unis et non ceux d’une Europe indépendante sur le plan stratégique et encore moins ceux d’une France souveraine. Eric Branca prend le temps de reconstituer tous les maillons de la chaîne qui a conduit les pays européens de l’Ouest à accepter la dépendance quasi totale à l’égard de leurs libérateurs.
L’auteur nous rappelle aussi des détails importants sur lesquels les Historiens contemporains ont glissé un peu trop vite. Il est intéressant de noter que le général de Gaulle ne croyait pas à l’empire colonial et était plutôt sur la ligne de Clemenceau et donc opposée à cette volonté de faire exister la France par la conquête de territoires extérieurs en prétextant une fonction d’apporteur de progrès aux peuples africains. Le choix du libéral » Pleven aux dépens de Mendès France qui fut d’ordre tactique à la sortie de la guerre (il fallait obtenir des prêts auprès des Etats-Unis et Pleven était très proche de ce pays). Pleven plaida donc pour une ouverture du pays aux produits made in USA. Mendès France était au contraire pour une industrialisation de la France afin de la mettre à l’abri d’une relation vassale des Etats-Unis. La liste des faits marquants de ce type serait longue à citer. C’est la richesse de l’ouvrage, même si parfois des sous-entendus comme celui sur les conditions de l’évasion du général Giraud peuvent atténuer quelques secondes la puissance de la rhétorique de l’ouvrage. Petit exercice annexe : quel media osera rendre compte du contenu de ce livre ? Cela permettra une fois de mesurer leur audace à exister en dehors de l’Histoire officielle qui se délite de jour en jour un peu plus sous l’effet de démonstrations par l’absurde (affaire Alcatel, Alstom, Airbus). En refermant l’ouvrage d’Eric Branca, il est difficile de croire à la formule passe partout du « meilleur ami de la France ».