Le débat était inévitable. Les contradictions s’exacerbent au cœur de la matrice américaine. Trois forces sont : Donald Trump et ses appuis politiques, les milieux capitalistes nord-américains, les dirigeants politiques locaux (gouverneurs et maires). Donald Trump dont la stratégie est symbolisée par le slogan America First, est obligé de tenir compte de la dégradation industrielle et des impératifs de puissance qui sont liés à cette situation. Les Etats-Unis ne peuvent pas continuer à s’affaiblir de l’intérieur. Une proportion importante de la population vit dans des conditions précaires et n’apparaît plus dans les statistiques du chômage. Le coût de la politique de la puissance américaine (effort militaire, entretien des bases à l’étranger, interventions extérieures) joue sur l’endettement d’un pays qui ne doit pas non plus devenir trop dépendant de l’extérieur en termes économiques. Trump doit donc se battre pour relocalise de l’activité industrielle sur le territoire américain. Les milieux capitalistes américains ne font pas la même analyse car ils privilégient leurs intérêts de court terme et s’intéressent essentiellement au profit qu’ils peuvent réaliser par le biais de la mondialisation des échanges. Ils commencent donc à faire entendre leurs voix par des critiques concernant les mesures « protectionnistes » que souhaite faire appliquer Donald Trump. Ces mêmes milieux sont dans une position de grand écart face à la Chine qui durcit sa législation et oblige les entreprises étrangères à communiquer beaucoup d’informations sur des prétextes juridiques. Si l’enjeu de la protection intellectuelle rejoint les préoccupations de Trump, les milieux financiers et les actionnaires restent arcboutés sur le court terme et se polarisent sur la dénonciation de la politique Trump. De leur côté, les politiques locaux défendent l’investissement étranger sur le territoire. Cela amène des gouverneurs et des maires de grandes métropoles américaines à multiplier les déclarations pour « rassurer » les entreprises étrangères afin de les inciter à poursuive leurs activités à partir du territoire américain ? Ces trois forces ont des intérêts contradictoires. Cette situation est dangereuse car il est de plus en plus difficile dans le modèle libéral occidental d’unifier ces forces dans une vision de long terme. Ce constat est d’autant plus fort que la mondialisation des échanges masque des différences irréconciliables entre puissances. La Chine est un régime totalitaire communiste qui utilise l’économie comme un véritable levier d’accroissement de puissance. Les Etats-Unis ne disposent plus d’une telle unité de pensée au cœur de leur système politico-économique. C’est leur principal point faible, en temps qu’empire voulant continuer à exercer sa suprématie sur les autres acteurs de ce monde.
Christian Harbulot
Christian Harbulot