La préservation du patrimoine scientifique et technologique de la France passe par la nécessité de déterminer ce qui est stratégique au sein même de ce que crée et produit notre pays. Démontrer que les biotechnologies du secteur de la santé font pleinement partie de cette démarche pourrait se résumer à une question : qu’adviendrait-il si nous en perdions la maitrise et quels seraient les dommages irréversibles pour notre pays ? Aujourd’hui, nous ne pouvons que constater l’inéluctable opération de préemption orchestrée par les Etats et structures privées sur ce qui constitue les pépites encore disponibles au sein de l’hexagone. Beaucoup estiment le processus inéluctable et rejettent d’un revers de main toute option alternative. Pourtant, et dans certains secteurs industriels, le courant s’est clairement inversé, apportant la preuve que ce processus n’est pas une fatalité. Mais ces sorties de tunnel s’accompagnent nécessairement d’une complète révision de nos habitudes et convictions. Cette révision concerne en particulier notre rapport à l’état providence, à la rentabilité in fine de nos projets, et aux échanges transnationaux de données et de produits. Plutôt que de lutter contre le courant, il apparait aujourd’hui pertinent et profitable de jouer avec cette dynamique irréversible.
Un défi à relever
Ecrire l’histoire de l’histoire constitue souvent un exercice délicat dans le sens où les souvenirs décrivant l’ensemble des événements s’estompent au profit des temps forts, voire des tensions. Sans reprendre le thème décrit dans le cahier des charges, l’ampleur de la tâche est rapidement apparue à l’ensemble du groupe. Le cadre était pourtant donné puisque quatre axes de recherche étaient suggérés dans le sujet imposé. Il convenait de respecter la trame de l’exercice et de mettre en pratique les enseignements reçus durant les premiers mois d’adaptation passés au sein de l’EGE.
On nous demandait en substance de mettre en lumière le fait que les biotechnologies de santé étaient un enjeu stratégique pour la France... Autrement dit, si nous décidions de jeter l'éponge, et de perdre le contrôle des financements, des laboratoires, des brevets, des centres de production et de distribution, de l’expertise scientifique, que se passerait-t-il ? Quels seraient les dommages pour l'hexagone?
L’objectif était en effet de porter l’éclairage sur les actions menées en Europe et dans le monde par des entreprises et les nations qui les soutiennent, afin de prendre le contrôle des centres de recherche, des normes et des centres de production au dépend de notre organisation nationale. Nous avions deux mois pour réaliser cette étude lourde et complexe sur un sujet qui nous était totalement étranger à l’exception d’une étudiante mieux au fait de ces enjeux et qui sera dès le début désignée comme notre conseillère technique. Le lancement eut lieu au début de Janvier et la restitution fut planifiée début Mars 2017.
La quête effrénée d’informations ne pouvaient se révéler efficace qu’en cadrant ces recherches et en disséquant les termes du sujet sous quatre angles d’étude :
- Les pays qui ont pris en compte l’importance stratégique des biotechnologies.
- Les biotechnologies de la santé sont un véritable terreau industriel pour la France.
- La question clé du financement.
- Le challenge des biotechnologies de la santé par rapport au débat sur le prix des médicaments.
Dégager les bons objectifs
Le fil rouge et la clé de ce type d’étude consistaient à se placer de l’autre côté du miroir et de questionner l’enjeu. Le plan ne pouvait que découler de cette analyse qui débutait par quelques interrogations :
- Qu’attend la population française susceptible de soutenir les appels de fonds et les initiatives industrielles, voire les politiques porteuses de projet ?
- Pourquoi les entreprises investiraient dans cette discipline puisque la rentabilité n’est pas prouvée à court terme ?
- Pourquoi est-il nécessaire de garantir la protection de nos intérêts nationaux dans ce domaine ? Pourquoi ne pas confier cela aux Chinois ou aux Américains ? Ce protectionnisme est-il souhaitable ? Comment en démontrer l’utilité pour le grand public ?
- Il semble que le constat ne soit pas positif en termes de coordination, de consolidation et de profitabilité. Qu’en est-il réellement ?
- Pourquoi les centres de recherche choisiraient nécessairement les investisseurs français et européens ?
- Etre audible mais comment ?
- Comment susciter de l’empathie sur un sujet méconnu voir malmené ?
- Comment repositionner correctement le principe de précaution en principe d’innovation ?
Ce questionnement se déclinait ensuite sur des objectifs à atteindre :
- Eclairer positivement cet enjeu.
- Dégager les systèmes à l’étranger où cela fonctionne. Réaliser une analyse comparée.
- Mettre en lumière la qualité du modèle français défendu en France et auprès de l’Europe. Gagner en visibilité.
- Soutenir le modèle économique et la profitabilité de cet enjeu.
- Contrebalancer les détracteurs.
Il ne s'agissait pas de réaliser une simple action de communication sur l'aspect stratégique du sujet. Nous devions apporter des éléments destinés à convaincre nos lecteurs. Il n’était finalement pas demandé d'adhérer ou non à cette cause mais de démontrer, en se démarquant du langage scientifique « codé », des références « ésotériques » voire des argumentaires des lobbys plus ou moins de parti pris. Il fallait qu'à la fin du document, le député se dise que c'est une bonne chose pour sa circonscription, que le chercheur réalise qu'il existe autre chose que les fonds américains ou chinois voire les aides classiques de l'état, que l'industriel prenne conscience qu'il y a un vrai profit à faire et que l'électeur potentiel décide d'interroger les élus ou candidats sur ce sujet...
Notre démarche contenait un message subliminal peut-être aussi important que les biotechnologies de la santé: il s'agit de la question de la préservation du potentiel scientifique et technologique de notre pays (en référence à la PPSTN) par une prise de conscience de l'urgence de la situation et l'application des bonnes recettes.
Nous étions dans l'influence pure et il convenait de faire passer le message dès le début de la rédaction du dossier.
Les commanditaires furent particulièrement intéressés par le contenu et les résultats de cette étude réalisée en temps limité et qui donnait un éclairage extérieur pertinent de l’enjeu. Des questions précises incitèrent les auteurs à modifier quelques parties du document de manière à mieux répondre à leurs attentes. Ce document sert d’introduction au débat. L’objectif est de préparer peu à peu le lecteur au colloque qui devrait avoir lieu sur le sujet au mois de septembre 2017.
Note : Dossier réalisé en 2016 par la MSIE 26. Il a été publié en 2017 par Biotechinfo 3.0 dirigée par Thérèse Bouveret.
Un défi à relever
Ecrire l’histoire de l’histoire constitue souvent un exercice délicat dans le sens où les souvenirs décrivant l’ensemble des événements s’estompent au profit des temps forts, voire des tensions. Sans reprendre le thème décrit dans le cahier des charges, l’ampleur de la tâche est rapidement apparue à l’ensemble du groupe. Le cadre était pourtant donné puisque quatre axes de recherche étaient suggérés dans le sujet imposé. Il convenait de respecter la trame de l’exercice et de mettre en pratique les enseignements reçus durant les premiers mois d’adaptation passés au sein de l’EGE.
On nous demandait en substance de mettre en lumière le fait que les biotechnologies de santé étaient un enjeu stratégique pour la France... Autrement dit, si nous décidions de jeter l'éponge, et de perdre le contrôle des financements, des laboratoires, des brevets, des centres de production et de distribution, de l’expertise scientifique, que se passerait-t-il ? Quels seraient les dommages pour l'hexagone?
L’objectif était en effet de porter l’éclairage sur les actions menées en Europe et dans le monde par des entreprises et les nations qui les soutiennent, afin de prendre le contrôle des centres de recherche, des normes et des centres de production au dépend de notre organisation nationale. Nous avions deux mois pour réaliser cette étude lourde et complexe sur un sujet qui nous était totalement étranger à l’exception d’une étudiante mieux au fait de ces enjeux et qui sera dès le début désignée comme notre conseillère technique. Le lancement eut lieu au début de Janvier et la restitution fut planifiée début Mars 2017.
La quête effrénée d’informations ne pouvaient se révéler efficace qu’en cadrant ces recherches et en disséquant les termes du sujet sous quatre angles d’étude :
- Les pays qui ont pris en compte l’importance stratégique des biotechnologies.
- Les biotechnologies de la santé sont un véritable terreau industriel pour la France.
- La question clé du financement.
- Le challenge des biotechnologies de la santé par rapport au débat sur le prix des médicaments.
Dégager les bons objectifs
Le fil rouge et la clé de ce type d’étude consistaient à se placer de l’autre côté du miroir et de questionner l’enjeu. Le plan ne pouvait que découler de cette analyse qui débutait par quelques interrogations :
- Qu’attend la population française susceptible de soutenir les appels de fonds et les initiatives industrielles, voire les politiques porteuses de projet ?
- Pourquoi les entreprises investiraient dans cette discipline puisque la rentabilité n’est pas prouvée à court terme ?
- Pourquoi est-il nécessaire de garantir la protection de nos intérêts nationaux dans ce domaine ? Pourquoi ne pas confier cela aux Chinois ou aux Américains ? Ce protectionnisme est-il souhaitable ? Comment en démontrer l’utilité pour le grand public ?
- Il semble que le constat ne soit pas positif en termes de coordination, de consolidation et de profitabilité. Qu’en est-il réellement ?
- Pourquoi les centres de recherche choisiraient nécessairement les investisseurs français et européens ?
- Etre audible mais comment ?
- Comment susciter de l’empathie sur un sujet méconnu voir malmené ?
- Comment repositionner correctement le principe de précaution en principe d’innovation ?
Ce questionnement se déclinait ensuite sur des objectifs à atteindre :
- Eclairer positivement cet enjeu.
- Dégager les systèmes à l’étranger où cela fonctionne. Réaliser une analyse comparée.
- Mettre en lumière la qualité du modèle français défendu en France et auprès de l’Europe. Gagner en visibilité.
- Soutenir le modèle économique et la profitabilité de cet enjeu.
- Contrebalancer les détracteurs.
Il ne s'agissait pas de réaliser une simple action de communication sur l'aspect stratégique du sujet. Nous devions apporter des éléments destinés à convaincre nos lecteurs. Il n’était finalement pas demandé d'adhérer ou non à cette cause mais de démontrer, en se démarquant du langage scientifique « codé », des références « ésotériques » voire des argumentaires des lobbys plus ou moins de parti pris. Il fallait qu'à la fin du document, le député se dise que c'est une bonne chose pour sa circonscription, que le chercheur réalise qu'il existe autre chose que les fonds américains ou chinois voire les aides classiques de l'état, que l'industriel prenne conscience qu'il y a un vrai profit à faire et que l'électeur potentiel décide d'interroger les élus ou candidats sur ce sujet...
Notre démarche contenait un message subliminal peut-être aussi important que les biotechnologies de la santé: il s'agit de la question de la préservation du potentiel scientifique et technologique de notre pays (en référence à la PPSTN) par une prise de conscience de l'urgence de la situation et l'application des bonnes recettes.
Nous étions dans l'influence pure et il convenait de faire passer le message dès le début de la rédaction du dossier.
Les commanditaires furent particulièrement intéressés par le contenu et les résultats de cette étude réalisée en temps limité et qui donnait un éclairage extérieur pertinent de l’enjeu. Des questions précises incitèrent les auteurs à modifier quelques parties du document de manière à mieux répondre à leurs attentes. Ce document sert d’introduction au débat. L’objectif est de préparer peu à peu le lecteur au colloque qui devrait avoir lieu sur le sujet au mois de septembre 2017.
Note : Dossier réalisé en 2016 par la MSIE 26. Il a été publié en 2017 par Biotechinfo 3.0 dirigée par Thérèse Bouveret.