La carence du CIRC en matière d’intelligence économique dans l’affaire des Monsanto Papers
Le débat initié par le journal Le monde sur les « Monsanto Papers » souligne une fois de plus le décalage qui existe entre le monde scientifique et la dure réalité de la guerre économique.
Dans la campagne d’intoxication et d’intimidation menée par Monsanto contre le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC), Monsanto a bien employé des agents du renseignement économiques, des lobbyistes, des alliés parlementaires. Ce groupe agroalimentaire est aussi à l’origine des publications de caractère politiques favorables à son agenda. La campagne d’intimidation de Monsanto s’est déroulée dans deux contextes bien distincts sur le plan socioculturel : l’Europe et les Etats-Unis. Selon Le Monde, les chercheurs des deux côtés de l’Atlantique ont été contactés, néanmoins, Monsanto a davantage ciblé les chercheurs d’origine américaine. Cela s’explique sans doute par le fait qu’aux Etats-Unis, les relations entre les entreprises, les lobbys et les législateurs sont plus étroites et favorables qu’en Europe. Comme à l’accoutumée, Monsanto et ses cabinets de conseil ont bien exploité ses marges de manœuvre auprès des institutions juridiques et gouvernementales nord-américaines pour discréditer l’image du CIRC dans l’opinion publique et par effet rebond fragiliser ses sources de financement.
Le CIRC qui était sa cible principale, a été complètement prise au dépourvu. Le CIRC aurait-il pu anticiper le fait qu’un projet de recherche traitant des effets cancérigènes d’un produit d’une société multinationale puisse déclencher une riposte de sa part ? La réponse est oui. Et c’est là où le bât blesse.
Une telle stratégie agressive a déjà été identifiée dans le passé lorsque le groupe Philip Morris s’est attaqué à la fin des années 80 (Eric Eugène, Le lobbying est-il une imposture ? Paris, éditions le Cherche Midi, 2002), à l’image de l’Organisation Mondiale de La Santé (OMS). Philip Morris a d’abord mis au point une politique de suivi de l’action de ses contradicteurs dont l’OMS par un renforcement de son système de veille. Les axes d’orientation ont été mieux définis afin de tracer notamment les actions de l’OMS contre le tabac, de cartographier les réseaux scientifiques hostiles et de multiplier les opérations de lobbying (création de groupes d’opinion pro-fumeurs, contrôle et renforcement des think tank, lancement d’une expertise parallèle à l’OMS pour parasiter son discours par le biais du centre international d’information sur le tabac Infotab et le centre de recherche scientifique de Cupertino. Dans ce déploiement offensif de l’information, la communication n’a pas été oubliée. Philip Morris a cherché à cette époque à améliorer sa relation avec les médias avec l’appui de journalistes réputés. Puis dans un second temps, Philip Morris a décidé de contrer l’OMS en fragilisant son image par une série d’attaques informationnelles : critique de l’organisation bureaucratique de l’OMS, remise en cause de sa gestion et de ses dépenses, dénigrement du résultat de certaines études du fait de « la manipulation de statistiques », polémique sur la liste des priorités de l’OMS (la lutte contre la pauvreté doit primer sur la)lutte contre le tabagisme, pression sur l’association Japanese Shipbuilders Association qui versait 600 mille dollars à l’OMS).
L’intelligence économique a la capacité de produire cette mémoire opérationnelle qui fait tant défaut aux scientifiques. De manière générale, les chercheurs préfèrent encore s’enfermer dans le monde aseptisé de la recherche. L’affaire du CIRC n’est qu’un épisode supplémentaire de la démonstration de leur carence en matière de management de l’information. Sortis de leur cœur de métier, les scientifiques sont très vulnérables aux attaques informationnelles ca ils n’arrivent pas à s’exprimer ou de se défendre pour contrer des opérations de déstabilisation orchestrées par les adversaires redoutables que peuvent être des entreprises mais aussi des acteurs de la société civile, bien plus professionnels dans l’art de la guerre de l’information par le contenu.
Dans la campagne d’intoxication et d’intimidation menée par Monsanto contre le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC), Monsanto a bien employé des agents du renseignement économiques, des lobbyistes, des alliés parlementaires. Ce groupe agroalimentaire est aussi à l’origine des publications de caractère politiques favorables à son agenda. La campagne d’intimidation de Monsanto s’est déroulée dans deux contextes bien distincts sur le plan socioculturel : l’Europe et les Etats-Unis. Selon Le Monde, les chercheurs des deux côtés de l’Atlantique ont été contactés, néanmoins, Monsanto a davantage ciblé les chercheurs d’origine américaine. Cela s’explique sans doute par le fait qu’aux Etats-Unis, les relations entre les entreprises, les lobbys et les législateurs sont plus étroites et favorables qu’en Europe. Comme à l’accoutumée, Monsanto et ses cabinets de conseil ont bien exploité ses marges de manœuvre auprès des institutions juridiques et gouvernementales nord-américaines pour discréditer l’image du CIRC dans l’opinion publique et par effet rebond fragiliser ses sources de financement.
Le CIRC qui était sa cible principale, a été complètement prise au dépourvu. Le CIRC aurait-il pu anticiper le fait qu’un projet de recherche traitant des effets cancérigènes d’un produit d’une société multinationale puisse déclencher une riposte de sa part ? La réponse est oui. Et c’est là où le bât blesse.
Une telle stratégie agressive a déjà été identifiée dans le passé lorsque le groupe Philip Morris s’est attaqué à la fin des années 80 (Eric Eugène, Le lobbying est-il une imposture ? Paris, éditions le Cherche Midi, 2002), à l’image de l’Organisation Mondiale de La Santé (OMS). Philip Morris a d’abord mis au point une politique de suivi de l’action de ses contradicteurs dont l’OMS par un renforcement de son système de veille. Les axes d’orientation ont été mieux définis afin de tracer notamment les actions de l’OMS contre le tabac, de cartographier les réseaux scientifiques hostiles et de multiplier les opérations de lobbying (création de groupes d’opinion pro-fumeurs, contrôle et renforcement des think tank, lancement d’une expertise parallèle à l’OMS pour parasiter son discours par le biais du centre international d’information sur le tabac Infotab et le centre de recherche scientifique de Cupertino. Dans ce déploiement offensif de l’information, la communication n’a pas été oubliée. Philip Morris a cherché à cette époque à améliorer sa relation avec les médias avec l’appui de journalistes réputés. Puis dans un second temps, Philip Morris a décidé de contrer l’OMS en fragilisant son image par une série d’attaques informationnelles : critique de l’organisation bureaucratique de l’OMS, remise en cause de sa gestion et de ses dépenses, dénigrement du résultat de certaines études du fait de « la manipulation de statistiques », polémique sur la liste des priorités de l’OMS (la lutte contre la pauvreté doit primer sur la)lutte contre le tabagisme, pression sur l’association Japanese Shipbuilders Association qui versait 600 mille dollars à l’OMS).
L’intelligence économique a la capacité de produire cette mémoire opérationnelle qui fait tant défaut aux scientifiques. De manière générale, les chercheurs préfèrent encore s’enfermer dans le monde aseptisé de la recherche. L’affaire du CIRC n’est qu’un épisode supplémentaire de la démonstration de leur carence en matière de management de l’information. Sortis de leur cœur de métier, les scientifiques sont très vulnérables aux attaques informationnelles ca ils n’arrivent pas à s’exprimer ou de se défendre pour contrer des opérations de déstabilisation orchestrées par les adversaires redoutables que peuvent être des entreprises mais aussi des acteurs de la société civile, bien plus professionnels dans l’art de la guerre de l’information par le contenu.