Si le terme de diplomatie publique apparait régulièrement dans notre quotidien, il revêt la plupart du temps un caractère sulfureux car il est associé à des actions qui échappent à notre contrôle et fait référence à un passé marqué de choix stratégiques violents, parfois contestés. Pourtant, ce mode d’action destiné à soutenir le développement des intérêts des États ou des entreprises constitue aujourd’hui un vecteur officiel, enseigné, abordé souvent en toute transparence, y compris sur les investissements financiers associés.
Les théories qui structurent la diplomatie publique ont fait l’objet d’ouvrages et de recherches académiques. Leur analyse a mis en lumière le fait qu’il semblait utile de mener une étude aussi exhaustive que possible sur les outils employés. Il s’agit de dégager les tendances lourdes d’une part et les spécificités de certains pays passés maîtres dans la mise en œuvre de cet outil de puissance d’autre part.
En France, le rapport du député Jacques Myard publié en 2011, illustre ces propos par une excellente synthèse de ce qu’est la diplomatique publique ou influence diffuse : « Elle vise, au travers de canaux multiples, à préparer un environnement favorable à une décision ou à obtenir gain de cause sans conflit. Cette influence résulte le plus souvent d’initiatives privées mais se révèle très utile pour les États. Le concept de soft diplomacy, défini par Joseph Nye comme le moyen d’amener votre adversaire à adopter naturellement votre position, résulte de l’exploitation intelligente par un État de l’ensemble des atouts que lui offrent ses acteurs économiques, sociaux et culturels ».
Nos travaux mettront en lumière le fait que ces techniques ne reposent pas sur la contrainte mais plutôt sur la volonté de faire adhérer à une cause ou une stratégie. Ces outils ont globalement peu évolué au fil du temps: ils s’appuient sur tous les moyens de communication mis à disposition au fil des évolutions technologiques et sont destinés à approcher les cibles définies au préalable. L’évolution la plus significative vient sans doute de la rapidité grandissante des échanges d’informations, de la dépendance des êtres humains à ces moyens de communication modernes et de la difficulté de procéder à une sélection voire une analyse critique des nombreux éléments reçus. Il n’en reste pas moins que la prise en compte du facteur temps permet encore aujourd’hui de différencier la nature même de ces actions et les outils utilisés : une formation destinée à miser sur des relais au sein des futures élites n’a pas le même tempo, ni la même finalité, que la diffusion d’une information en vue de donner un éclairage particulier à un événement.
Cet essai a également pour but de montrer le caractère humain et omniprésent de ce qui permet à un État ou une entreprise d’exister et de se développer.
Enfin, nous avons souhaité initier notre propos par l’évocation des doctrines militaires qui ont servi de modèles à la diplomatie publique moderne. Il convient de rappeler que certains de ces outils ne peuvent être employés que sur des théâtres d’opération pour des raisons essentiellement légales.
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