Une offensive du gouvernement dans la guerre contre les anti-vaccins

Depuis quelques années, les idées anti-vaccins se répandent dans la société française. Face à ce constat, la ministre de la santé Marisol Touraine a mandaté la rédaction d’un rapport sur la politique vaccinale en France. Ce rapport lui a été rendu en Janvier 2016. Ses conclusions ont été mises en œuvre dès février 2016 à travers le lancement, toujours par Marisol Touraine, d’un plan d’action pour la rénovation de la politique vaccinale. Deux des axes de ce plan d’action concernent le grand public : assurer une meilleure information d’une part, et lancer une concertation citoyenne sur la vaccination d’autre part.
L’amélioration de l’information du public passe par la création d’un site internet dédié : vaccination-info-service.fr. Les associations anti-vaccins, et notamment la Ligne Nationale pour la Liberté des Vaccinations, sont quant à elles présentent depuis longtemps sur internet à travers les forums et réseaux sociaux mais aussi à travers des sites internet. Le site de la LNLV s’appelle ainsi : infovaccin.fr. Un autre site se nomme infovaccinsfrance.fr. Faire la différence de prime abord entre le site institutionnel et les autres n’est donc pas évident. Par exemple, suivant le libellé de recherche sur Google, le site de la LNLV sortira avant le site du gouvernement dans le résultat de recherche.
Par ailleurs, ce site gouvernemental n’a pas été promu dans les médias contrairement à d’autres sites d’information comme mangerbouger.fr par exemple.
L’autre axe à destination du public concerne le lancement d’une concertation citoyenne sur la vaccination. Le but de cette concertation était d’obtenir des recommandations pour améliorer la couverture vaccinale venant à la fois de professionnels de santé et de citoyens lambda.
La LNLV a été incluse dans ce processus sous la forme d’une intervention auprès des citoyens choisis pour siéger au jury de la concertation. Cependant, la LNLV a mené campagne contre cette concertation, principalement à travers sa page Facebook. Les arguments évoqués :
• Le sujet même de la concertation qui n’est pas le bon pour la LNLV car validant à priori le principe de vaccination,
• Un seul représentant anti-vaccins parmi les intervenants. Les associations anti-vaccins n’ont pas demandé à leurs sympathisants de participer activement à cette opération du gouvernement. La concertation recueillera finalement l’avis d’un peu plus de 10 000 personnes, lorsque les pétitions anti-vaccins recueillent souvent plus de 100 000 signatures.

Le rapport final est rendu publique en décembre 2016 et suscite aussitôt les réactions des anti-vaccins qui pointent une incohérence entre l’objectif final annoncé : suppression de l’obligation de vaccination, et les actions court terme préconisées : augmentation du nombre de vaccins obligatoires. Il faut garder en mémoire que cette notion d’obligation est leur premier argument contre la politique vaccinale française.
Comme pour son site, le gouvernement a très peu communiqué à la fois sur la tenue de cette concertation et sur ses conclusions. A tel point que la parution en février 2017 d’un article de loi mettant en place la responsabilité juridique de l’Etat en cas d’accident lié à l’inoculation d’un vaccin obligatoire est présentée dans la presse comme une victoire des anti-vaccins alors qu’elle est la concrétisation d’une conclusion de la concertation.
La volonté de la part du gouvernement de reprendre l’avantage sur le terrain de l’information est donc bien là mais des faiblesses demeurent dans la mise en œuvre. Le débat est resté sur le terrain des anti-vaccins à travers la question de l’obligation de vaccination. Le grand public a finalement été peu touché par la communication mise en place autour de ces initiatives. L’avantage reste aux anti-vaccins.