La multiplication des attaques juridico-informationnelles autour des contrats d’armement
En visite dans le sud-est asiatique, François Hollande a été accueilli le 27 mars à Kuala Lumpur, la première d’un président français depuis juillet 2003. En 2002, le français DCN y avait vendu deux sous-marins Scorpène au détriment d’un conglomérat allemand, et l’heure est venue d’y exporter le Rafale. Le gouvernement local souhaite acquérir 18 chasseurs et d’après les officiels français, Dassault Aviation est seul en lice, ayant évincé ses concurrents que sont le germano-européen Eurofighter et le suédois Saab. De son côté, le premier ministre malaisien Najib Razak s’est bien gardé d’officialiser la moindre commande, insistant sur son indécision.
En parallèle, Najib Razak est directement visé par une enquête en France. En février 2010, un avocat proche de la FIDH, William Bourdon, par ailleurs membre de l’équipe de campagne de François Hollande en 2012, a déposé plainte au nom de l’ONG malaisienne Suaram pour des faits présumés de corruption dans la conclusion des contrats Scorpène. L’affaire refait surface au cours du premier trimestre 2016, avec les mises en examen successives des anciens dirigeants des filiales DCN International et Thalès International Asia par la justice française. Entre temps, en septembre 2012, l’ambassadeur allemand en Malaisie, Günter Gruber, reconnaissait avoir participé au financement de Suaram en 2010, déclenchant immédiatement les accusations d’ingérence des autorités locales ainsi que la suspicion d’une action de déstabilisation au profit du constructeur naval allemand TKMS, fragilisé par les succès commerciaux de son rival français DCNS.
En août 2016, la fuite de la documentation technique du Scorpène indien, quelques mois après « le contrat du siècle » de DCNS conclu en Australie aux dépends de TKMS et des japonais de Mitsubishi, s’inscrit dans cette logique de déstabilisation de l’industriel français. Au même moment, la justice américaine lançait une offensive à l’encontre de Najib Razak, dans une affaire de corruption et de détournement de fonds révélée par le Wall Street Journal et liée au fonds souverain malaisien 1MDB, dans un contexte de tensions en Mer de Chine et d’un possible rapprochement diplomatique entre Kuala Lumpur et Pékin.
En février 2017, TKMS a remporté un contrat en Norvège face à DCNS, sans respecter les termes du dialogue compétitif, sur fond de coopération militaire bilatérale et d’implication directe de la chancelière Angela Merkel. Les probables prochains terrains de confrontation, en Pologne, en Inde et aux Pays-Bas, donneront lieu à de nouvelles tensions politiques, surtout dans la sphère d’influence directe de l’Allemagne.
L’acquisition du Rafale par la Malaisie pourrait donc fournir une exposition médiatique propice aux opérations de guerre de l’information destinées à fragiliser l’avion face à ses concurrents, mais aussi DCNS face à ses adversaires allemands et japonais, et surtout le pouvoir malaisien dans son ensemble. La perspective de voir se rejoindre les intérêts économiques allemands et la géopolitique américaine sur la Malaisie, et d’assister à un possible revirement judiciaire et politique français vis-à-vis d’un de ses partenaires de premier plan, pourrait bien transformer le bijou de Dassault Aviation en opportunité de guerre de l’information, et donc en possible victime collatérale.
En parallèle, Najib Razak est directement visé par une enquête en France. En février 2010, un avocat proche de la FIDH, William Bourdon, par ailleurs membre de l’équipe de campagne de François Hollande en 2012, a déposé plainte au nom de l’ONG malaisienne Suaram pour des faits présumés de corruption dans la conclusion des contrats Scorpène. L’affaire refait surface au cours du premier trimestre 2016, avec les mises en examen successives des anciens dirigeants des filiales DCN International et Thalès International Asia par la justice française. Entre temps, en septembre 2012, l’ambassadeur allemand en Malaisie, Günter Gruber, reconnaissait avoir participé au financement de Suaram en 2010, déclenchant immédiatement les accusations d’ingérence des autorités locales ainsi que la suspicion d’une action de déstabilisation au profit du constructeur naval allemand TKMS, fragilisé par les succès commerciaux de son rival français DCNS.
En août 2016, la fuite de la documentation technique du Scorpène indien, quelques mois après « le contrat du siècle » de DCNS conclu en Australie aux dépends de TKMS et des japonais de Mitsubishi, s’inscrit dans cette logique de déstabilisation de l’industriel français. Au même moment, la justice américaine lançait une offensive à l’encontre de Najib Razak, dans une affaire de corruption et de détournement de fonds révélée par le Wall Street Journal et liée au fonds souverain malaisien 1MDB, dans un contexte de tensions en Mer de Chine et d’un possible rapprochement diplomatique entre Kuala Lumpur et Pékin.
En février 2017, TKMS a remporté un contrat en Norvège face à DCNS, sans respecter les termes du dialogue compétitif, sur fond de coopération militaire bilatérale et d’implication directe de la chancelière Angela Merkel. Les probables prochains terrains de confrontation, en Pologne, en Inde et aux Pays-Bas, donneront lieu à de nouvelles tensions politiques, surtout dans la sphère d’influence directe de l’Allemagne.
L’acquisition du Rafale par la Malaisie pourrait donc fournir une exposition médiatique propice aux opérations de guerre de l’information destinées à fragiliser l’avion face à ses concurrents, mais aussi DCNS face à ses adversaires allemands et japonais, et surtout le pouvoir malaisien dans son ensemble. La perspective de voir se rejoindre les intérêts économiques allemands et la géopolitique américaine sur la Malaisie, et d’assister à un possible revirement judiciaire et politique français vis-à-vis d’un de ses partenaires de premier plan, pourrait bien transformer le bijou de Dassault Aviation en opportunité de guerre de l’information, et donc en possible victime collatérale.