Le glyphosate est l’herbicide le plus utilisé dans le monde (enregistré dans 130 pays, commercialisé à travers plus de 750 produits). Il est fabriqué notamment par Monsanto sous le nom de Roundup. Utilisé depuis 1974, le brevet le protégeant est tombé dans le domaine public en 1991 hors des Etats-Unis et en 2000 aux Etats-Unis. De plus, les industriels ont développé à partir de 1996 des semences OGM résistantes à cet herbicide. En conséquence, la production de glyphosate a augmenté de façon très importante. En Europe, les autorisations de mises sur le marché pour ce type de produits sont à renouveler tous les 15 ans et l’UE doit actuellement se prononcer pour la période 2016-2031. Des ONG (Greenpeace, Friends of The Earth, Earth Open Source) tentent depuis de nombreuses années de faire interdire ce produit en s’attaquant principalement à Monsanto, société symbole des OGM. Ces ONG mettent en avant de façon systématique les études scientifiques montrant les potentiels effets néfastes du glyphosate soit sur la santé soit sur l’environnement. Monsanto ne peut ainsi plus apposer la mention « biodégradable » sur le RoundUp. En Europe, les différents producteurs d’herbicide se sont regroupés à travers l’organisation Glyphosate Task Force, installée en Allemagne, pays rapporteur auprès de la commission européenne sur le dossier du glyphosate. La demande de renouvellement de l’autorisation de mise sur le marché a été déposée par cette organisation. Le nom de Monsanto est ainsi bien moins visible et la demande a plus de poids auprès des autorités puisque conjointe à l’ensemble des acteurs du marché.
La polémique fait rage sur les études à propos du risque de cancer
Du côté des organismes officiels d’évaluation de la sécurité des produits, la bataille fait également rage. Le CIRC (1) (OMS) a classé en mars 2015 le glyphosate comme « probablement cancérogène pour l’homme » alors que l’EFSA (2) (UE) ne lui reconnaît pas de caractère cancérogène. Les deux institutions ne sont pas d’accord sur les études à prendre en compte pour l’évaluation du risque. Le CIRC ne prend en compte que les études rendues publiques alors que l’EFSA utilise aussi les études des industriels, à l’instar d’autres agences locales : aux Etats-Unis par exemple. Les ONG accusent du coup ces agences d’être à la solde des industriels.
Au sein même des pays européens, des divergences apparaissent. Les ministères de l’agriculture défendent le glyphosate en soutien aux agriculteurs, alors que les ministères de l’environnement le condamnent. Pour les agriculteurs, le glyphosate et les semences résistantes sont synonymes de meilleurs rendements et d’un travail moindre de la terre avant l’ensemencement. La réduction du labour est d’ailleurs avancée comme en argument écologique en faveur du glyphosate par les associations agricoles et les producteurs d’herbicide : avec moins de labour, le CO2 emmagasiné dans le sol n’est pas relâché dans l’atmosphère, ce qui aide à la lutte contre le réchauffement climatique.
Les contradictions européennes
Ces divergences au sein des pays de l’Union ont conduit, entre autres, la France et l’Allemagne à s’abstenir lors du vote de validation du rapport de l’EFSA. Or, si les pays membres ne parviennent pas à se mettre d’accord, la décision reviendra à la commission européenne elle-même. Les gouvernements pourront alors se dédouaner de cette décision vis à vis de leur population. En revanche, l’UE se retrouvera avec le dilemme de satisfaire soit l’opinion publique soit les agriculteurs qu’elle a peu souvent l’occasion de soutenir. L’autorisation de mise sur le marché a été en conséquence prolongée de 18 mois seulement et une décision définitive doit intervenir pour la fin de l’année 2017.
Cependant, Greenpeace a profité de la décision du CIRC pour intenter, aux Etats-Unis, un procès à l’encontre de Monsanto sous la forme d’une Class Action de travailleurs agricoles. Ce procès a permis la déclassification de documents internes à Monsanto abordant le sujet de la dangerosité du glyphosate. Le dossier est donc loin d’être clos !
(1) Centre International de Recherche sur le Cancer
(2) European Food Safety Agency = Agence Européenne de Sécurité des Aliments
La polémique fait rage sur les études à propos du risque de cancer
Du côté des organismes officiels d’évaluation de la sécurité des produits, la bataille fait également rage. Le CIRC (1) (OMS) a classé en mars 2015 le glyphosate comme « probablement cancérogène pour l’homme » alors que l’EFSA (2) (UE) ne lui reconnaît pas de caractère cancérogène. Les deux institutions ne sont pas d’accord sur les études à prendre en compte pour l’évaluation du risque. Le CIRC ne prend en compte que les études rendues publiques alors que l’EFSA utilise aussi les études des industriels, à l’instar d’autres agences locales : aux Etats-Unis par exemple. Les ONG accusent du coup ces agences d’être à la solde des industriels.
Au sein même des pays européens, des divergences apparaissent. Les ministères de l’agriculture défendent le glyphosate en soutien aux agriculteurs, alors que les ministères de l’environnement le condamnent. Pour les agriculteurs, le glyphosate et les semences résistantes sont synonymes de meilleurs rendements et d’un travail moindre de la terre avant l’ensemencement. La réduction du labour est d’ailleurs avancée comme en argument écologique en faveur du glyphosate par les associations agricoles et les producteurs d’herbicide : avec moins de labour, le CO2 emmagasiné dans le sol n’est pas relâché dans l’atmosphère, ce qui aide à la lutte contre le réchauffement climatique.
Les contradictions européennes
Ces divergences au sein des pays de l’Union ont conduit, entre autres, la France et l’Allemagne à s’abstenir lors du vote de validation du rapport de l’EFSA. Or, si les pays membres ne parviennent pas à se mettre d’accord, la décision reviendra à la commission européenne elle-même. Les gouvernements pourront alors se dédouaner de cette décision vis à vis de leur population. En revanche, l’UE se retrouvera avec le dilemme de satisfaire soit l’opinion publique soit les agriculteurs qu’elle a peu souvent l’occasion de soutenir. L’autorisation de mise sur le marché a été en conséquence prolongée de 18 mois seulement et une décision définitive doit intervenir pour la fin de l’année 2017.
Cependant, Greenpeace a profité de la décision du CIRC pour intenter, aux Etats-Unis, un procès à l’encontre de Monsanto sous la forme d’une Class Action de travailleurs agricoles. Ce procès a permis la déclassification de documents internes à Monsanto abordant le sujet de la dangerosité du glyphosate. Le dossier est donc loin d’être clos !
(1) Centre International de Recherche sur le Cancer
(2) European Food Safety Agency = Agence Européenne de Sécurité des Aliments