FNM-17 [French OAT Futures EUREX] : arme de destruction massive contre la dette française
Deux traders internationaux l'un sur l'ICE (International Commodities Exchange) et l'autre sur le NYMEX (New York Mercantile Exchange) mènent une guerre informationnelle sur Twitter afin d'entrainer les spéculateurs du monde entier à se doter de ce contrat à terme (future) pour s'attaquer à la dette française pendant la campagne présidentielle.
Les enjeux
En avril 2012, une filiale du groupe boursier allemand Deutsche Börse, introduit à quelques jours des présidentielles un produit financier sur l’Eurex (European Exchange) qui s’appelle OAT10y (Obligations à long terme du Trésor français à dix ans). Ce contrat à terme (‘future’ en anglais) constitue un engagement ferme de livraison de l’obligation à une date future définie et pour un prix donné. FNM-17 est tout simplement le nom de code boursier de l’OAT10y. Marc Fiorentino, un spécialiste français du marché financier, avait qualifié à l’époque ce dérivé « d’arme fatale contre la dette française ».
Cinq ans après son introduction et toujours dans le cadre des élections présidentielles, le FNM-17 revient sur le devant de la scène. Début janvier 2017, Le Journal du Net publie un article indiquant que la dette française aurait reculé de 0.5% durant le troisième trimestre de 2016. Un bilan positif sachant que le FNM-17 a subi ‘waterfall’ (chute des prix) tout au long de l’année, qui s’est traduit par une hausse du ‘yield’ (taux d'intérêt). Depuis début 2017, le FNM-17 se trouve donc en boîte d’accumulation. Pour le gouvernement français, il est impératif de maintenir le FNM-17 autour de 148 euros car ce ‘prix’ représente un baromètre de la crédibilité de la dette française à faible taux d'intérêt. Cependant, quelques acteurs de la finance internationale ne l’entendent pas de la même manière et préfèreraient que la France paye un ‘yield’ plus élevé entre 4.5% et 5%. Ce scénario provoquerait un drainage de l’épargne française estimée à près de 4 400 milliards d’euros du patrimoine financier de la France en 2015 selon Marc Fiorentino. Cette gigantesque épargne représente un enjeu pour les spéculateurs internationaux et constituerait en parallèle le socle d’un éventuel renouveau économique français. Tout ceci explique pourquoi l’état français souhaite protéger voire défendre ses positions sur le FNM-17 mais aussi pourquoi certains spéculateurs financiers veulent faire bouger les choses donnant lieu à un échange voire une guerre informationnelle sur Twitter.
Le fonctionnement du marché
Avant d’aller plus loin, il convient de poser les bases contextuelles du fonctionnement du marché. Il s’agit d’une enchère électronique qui publicise des prix TPO (Time, Price and Opportunities). Ce TPO est à 90% psychologique, il se fait sur la peur et la voracité aux gains ‘fear and greed’ car dès que les traders sont en positions ils subissent un déconfort psychologique très important (peur, stress, sentiment de puissance, perte de lucidité). L'utilisation d'algorithmes ne peut se soustraire à ce sentiment déconcertant et surtout ne fait que retarder une tendance. Le marché opère dans un environnement VUCA (Volatility Uncertainty Complexity Ambiguity) à somme nulle. Les gagnants sont ceux qui savent modéliser synthétiquement le marché à l’instant T ou à court terme afin de créer des variations de prix ou des tendances et ceux qui anticipent par l'analyse des prix, ainsi que les suiveurs qui arrivent à rentrer sur le marché à un moment clé. Le reste des acteurs, c’est-à-dire 70%-90%, sont les perdants qui par leur apport de liquidité permettent aux premiers groupes de faire du profit. La modélisation en VUCA se fait via plusieurs flux informationnels constants qui peuvent être manipulés via les agences d'informations financières, les blogs, les courtiers, les agences économiques et les réseaux sociaux notamment Twitter où les spéculateurs internationaux se donnent rendez-vous à l’affût d'informations et de bons deals.
La manœuvre de déstabilisation des traders
Deux traders internationaux ont flairé la bonne affaire en corrélant la publication des sondages concernant les élections présidentielles et le positionnement du future FNM-17. Le premier (Trader A) est un spéculateur international de l'ICE spécialisé sur les monnaies, les spreads, la courbe d'intérêt de l'eurodollar, le libor. Le deuxième (Trader B) est spécialisé sur l'énergie. Trader A est difficilement géo-localisable alors que Trader B semble être basé à Londres. Ils tweetent tous deux en anglais et utilisent une plate-forme d'analyse américaine très rarement utilisée par les traders européens excepté une minorité de scalpeurs intervenant sur les ‘futures’ américains. Nos deux traders publient beaucoup d’informations politico-financières ainsi que de nombreux graphes d’analyse financière.
Tactique 1- Leur cible : la directrice de campagne d'Emmanuel Macron, Laurence Haim, ainsi que la communauté des spéculateurs internationaux. Madame Haim publie régulièrement des informations sur son candidat ; sondages, baisse de la dette française. Les deux traders ne l’entendent pas de la même façon et ont tenté à plusieurs reprises d’interpeller Madame Haim afin d’attirer son attention sur des sondages émanant de la DGSI (Direction Générale de la Sécurité Intérieure) donnant Marine Le Pen en tête. Cette tactique permet aux deux traders d’installer le doute et l’incertitude au sein de la communauté financière internationale. On ne peut cependant pas affirmer qu’ils sont de fervents supporters de la candidate du Front National.
Tactique 2- Leurs cibles : principalement les journalistes des Echos. Il serait présomptueux d’avancer que les journalistes du quotidien économique tels que Etienne Goetz sont de concert avec le Ministère de l’Economie et des Finances car ils peuvent tout simplement être victimes d’une intoxication informationnelle. Cela n’empêche qu’ils se trouvent au cœur de la stratégie de nos deux traders qui s’appuient sur des sites tels que Bloomberg et Zero Hedge pour contrebalancer les informations publiées par Les Echos.
Nos deux traders communiquent ouvertement leur position afin de créer un effet moutonnier auprès de la communauté financière pour qu’ils vendent en masse leurs positions sur ce contrat future. L’objectif est de pousser l’état français à défendre sa position en mettant de la liquidité sur ce contrat à terme. Il est important de rappeler que les banques de marché ont employé la même stratégie informationnelle lors du Brexit poussant ainsi les acteurs à se positionner dans un sens alors qu’elles prenaient des positions contraires à celles annoncées. BlackRock, une grande société de gestion d’actifs, conserverait ses positions sur la dette française malgré l’incertitude qui plane sur les élections. Et pourtant, certains représentants de ce hedge fund ont récemment rencontré des conseillers de Marine Le Pen pour parler d’un probable abandon de l’Euro. Une stratégie de brouillage de pistes dans laquelle les deux traders essaient de tirer leur épingle du jeu grâce à leur connaissance du marché financier.
Quelle finalité ?
La prégnance de nos deux acteurs reste spéculative. Nos deux traders sont-ils la partie visible d’un iceberg ? Travaillent-ils pour des acteurs commerciaux ou non-commerciaux ? En effet, le marché financier est composé de trois types d’acteurs :
1- Les ‘non commercial players’ : banques ou institutions qui ont tendance à trader de manière non directionnelle tout en profitant d'opportunités directionnelles en compte propre. Leur rôle est en général défensif car elles interviennent pour défendre une modélisation préétablie corrélée à des prix pivots.
2- Les ‘commercial players’ : Hedge funds, fonds spéculatifs, investisseurs et des traders en prop shop qui interviennent 24h/24H en trading directionnel hautement spéculatif à moyen terme via des produits dérivés tels que les ‘futures’
3- Les ‘retailers’ : traders, scalpeurs professionnels et petits investisseurs interférents tradant en compte propre, sur les marchés 24H/24h à court terme au comptant (spiel ou naked) avec perte préétablie à l'avance. Ce sont des acteurs très importants pour le marché car leur rôle est d'apporter de la liquidité et de la volatilité.
L’effet de surprise de nos deux traders n’en font pas des attaquants faibles bien au contraire, leurs attaques informationnelles peuvent s’inscrire dans une stratégie plus large où hedge funds et banques essaient de ne pas être pris à contre-pied comme certaines institutions l’ont été lors du Brexit ou encore lors de l’élection de Trump. C’est d’ailleurs sur cet élément cognitif que nos deux traders semblent jouer. Ils s’appuient également sur leurs connaissances du marché publiant graphes, sondages contredisant les dires officiels.
Face à une telle attaque communicationnelle et financière, l’Etat français se retrouve en position d’impuissance avec un FNM-17 qui se dirige inéluctablement vers le sud. En apportant discrètement de la liquidité et du volume sur ce marché, l’Etat français rentre sans le savoir dans le jeu spéculatif des traders. Enfin, si les sondages publiés par les deux traders semblent avancer une victoire du Front National, la guerre asymétrique contre l’Etat français ne constitue qu’un moyen pour atteindre un objectif précis : une augmentation du ‘yield’ qui passerait à 5% et par conséquent l’épargne française de plus de 4000 milliards d’euros.
* Boîte dans laquelle les prix oscillent en attente d’un cours directionnel, une tendance
Les enjeux
En avril 2012, une filiale du groupe boursier allemand Deutsche Börse, introduit à quelques jours des présidentielles un produit financier sur l’Eurex (European Exchange) qui s’appelle OAT10y (Obligations à long terme du Trésor français à dix ans). Ce contrat à terme (‘future’ en anglais) constitue un engagement ferme de livraison de l’obligation à une date future définie et pour un prix donné. FNM-17 est tout simplement le nom de code boursier de l’OAT10y. Marc Fiorentino, un spécialiste français du marché financier, avait qualifié à l’époque ce dérivé « d’arme fatale contre la dette française ».
Cinq ans après son introduction et toujours dans le cadre des élections présidentielles, le FNM-17 revient sur le devant de la scène. Début janvier 2017, Le Journal du Net publie un article indiquant que la dette française aurait reculé de 0.5% durant le troisième trimestre de 2016. Un bilan positif sachant que le FNM-17 a subi ‘waterfall’ (chute des prix) tout au long de l’année, qui s’est traduit par une hausse du ‘yield’ (taux d'intérêt). Depuis début 2017, le FNM-17 se trouve donc en boîte d’accumulation. Pour le gouvernement français, il est impératif de maintenir le FNM-17 autour de 148 euros car ce ‘prix’ représente un baromètre de la crédibilité de la dette française à faible taux d'intérêt. Cependant, quelques acteurs de la finance internationale ne l’entendent pas de la même manière et préfèreraient que la France paye un ‘yield’ plus élevé entre 4.5% et 5%. Ce scénario provoquerait un drainage de l’épargne française estimée à près de 4 400 milliards d’euros du patrimoine financier de la France en 2015 selon Marc Fiorentino. Cette gigantesque épargne représente un enjeu pour les spéculateurs internationaux et constituerait en parallèle le socle d’un éventuel renouveau économique français. Tout ceci explique pourquoi l’état français souhaite protéger voire défendre ses positions sur le FNM-17 mais aussi pourquoi certains spéculateurs financiers veulent faire bouger les choses donnant lieu à un échange voire une guerre informationnelle sur Twitter.
Le fonctionnement du marché
Avant d’aller plus loin, il convient de poser les bases contextuelles du fonctionnement du marché. Il s’agit d’une enchère électronique qui publicise des prix TPO (Time, Price and Opportunities). Ce TPO est à 90% psychologique, il se fait sur la peur et la voracité aux gains ‘fear and greed’ car dès que les traders sont en positions ils subissent un déconfort psychologique très important (peur, stress, sentiment de puissance, perte de lucidité). L'utilisation d'algorithmes ne peut se soustraire à ce sentiment déconcertant et surtout ne fait que retarder une tendance. Le marché opère dans un environnement VUCA (Volatility Uncertainty Complexity Ambiguity) à somme nulle. Les gagnants sont ceux qui savent modéliser synthétiquement le marché à l’instant T ou à court terme afin de créer des variations de prix ou des tendances et ceux qui anticipent par l'analyse des prix, ainsi que les suiveurs qui arrivent à rentrer sur le marché à un moment clé. Le reste des acteurs, c’est-à-dire 70%-90%, sont les perdants qui par leur apport de liquidité permettent aux premiers groupes de faire du profit. La modélisation en VUCA se fait via plusieurs flux informationnels constants qui peuvent être manipulés via les agences d'informations financières, les blogs, les courtiers, les agences économiques et les réseaux sociaux notamment Twitter où les spéculateurs internationaux se donnent rendez-vous à l’affût d'informations et de bons deals.
La manœuvre de déstabilisation des traders
Deux traders internationaux ont flairé la bonne affaire en corrélant la publication des sondages concernant les élections présidentielles et le positionnement du future FNM-17. Le premier (Trader A) est un spéculateur international de l'ICE spécialisé sur les monnaies, les spreads, la courbe d'intérêt de l'eurodollar, le libor. Le deuxième (Trader B) est spécialisé sur l'énergie. Trader A est difficilement géo-localisable alors que Trader B semble être basé à Londres. Ils tweetent tous deux en anglais et utilisent une plate-forme d'analyse américaine très rarement utilisée par les traders européens excepté une minorité de scalpeurs intervenant sur les ‘futures’ américains. Nos deux traders publient beaucoup d’informations politico-financières ainsi que de nombreux graphes d’analyse financière.
Tactique 1- Leur cible : la directrice de campagne d'Emmanuel Macron, Laurence Haim, ainsi que la communauté des spéculateurs internationaux. Madame Haim publie régulièrement des informations sur son candidat ; sondages, baisse de la dette française. Les deux traders ne l’entendent pas de la même façon et ont tenté à plusieurs reprises d’interpeller Madame Haim afin d’attirer son attention sur des sondages émanant de la DGSI (Direction Générale de la Sécurité Intérieure) donnant Marine Le Pen en tête. Cette tactique permet aux deux traders d’installer le doute et l’incertitude au sein de la communauté financière internationale. On ne peut cependant pas affirmer qu’ils sont de fervents supporters de la candidate du Front National.
Tactique 2- Leurs cibles : principalement les journalistes des Echos. Il serait présomptueux d’avancer que les journalistes du quotidien économique tels que Etienne Goetz sont de concert avec le Ministère de l’Economie et des Finances car ils peuvent tout simplement être victimes d’une intoxication informationnelle. Cela n’empêche qu’ils se trouvent au cœur de la stratégie de nos deux traders qui s’appuient sur des sites tels que Bloomberg et Zero Hedge pour contrebalancer les informations publiées par Les Echos.
Nos deux traders communiquent ouvertement leur position afin de créer un effet moutonnier auprès de la communauté financière pour qu’ils vendent en masse leurs positions sur ce contrat future. L’objectif est de pousser l’état français à défendre sa position en mettant de la liquidité sur ce contrat à terme. Il est important de rappeler que les banques de marché ont employé la même stratégie informationnelle lors du Brexit poussant ainsi les acteurs à se positionner dans un sens alors qu’elles prenaient des positions contraires à celles annoncées. BlackRock, une grande société de gestion d’actifs, conserverait ses positions sur la dette française malgré l’incertitude qui plane sur les élections. Et pourtant, certains représentants de ce hedge fund ont récemment rencontré des conseillers de Marine Le Pen pour parler d’un probable abandon de l’Euro. Une stratégie de brouillage de pistes dans laquelle les deux traders essaient de tirer leur épingle du jeu grâce à leur connaissance du marché financier.
Quelle finalité ?
La prégnance de nos deux acteurs reste spéculative. Nos deux traders sont-ils la partie visible d’un iceberg ? Travaillent-ils pour des acteurs commerciaux ou non-commerciaux ? En effet, le marché financier est composé de trois types d’acteurs :
1- Les ‘non commercial players’ : banques ou institutions qui ont tendance à trader de manière non directionnelle tout en profitant d'opportunités directionnelles en compte propre. Leur rôle est en général défensif car elles interviennent pour défendre une modélisation préétablie corrélée à des prix pivots.
2- Les ‘commercial players’ : Hedge funds, fonds spéculatifs, investisseurs et des traders en prop shop qui interviennent 24h/24H en trading directionnel hautement spéculatif à moyen terme via des produits dérivés tels que les ‘futures’
3- Les ‘retailers’ : traders, scalpeurs professionnels et petits investisseurs interférents tradant en compte propre, sur les marchés 24H/24h à court terme au comptant (spiel ou naked) avec perte préétablie à l'avance. Ce sont des acteurs très importants pour le marché car leur rôle est d'apporter de la liquidité et de la volatilité.
L’effet de surprise de nos deux traders n’en font pas des attaquants faibles bien au contraire, leurs attaques informationnelles peuvent s’inscrire dans une stratégie plus large où hedge funds et banques essaient de ne pas être pris à contre-pied comme certaines institutions l’ont été lors du Brexit ou encore lors de l’élection de Trump. C’est d’ailleurs sur cet élément cognitif que nos deux traders semblent jouer. Ils s’appuient également sur leurs connaissances du marché publiant graphes, sondages contredisant les dires officiels.
Face à une telle attaque communicationnelle et financière, l’Etat français se retrouve en position d’impuissance avec un FNM-17 qui se dirige inéluctablement vers le sud. En apportant discrètement de la liquidité et du volume sur ce marché, l’Etat français rentre sans le savoir dans le jeu spéculatif des traders. Enfin, si les sondages publiés par les deux traders semblent avancer une victoire du Front National, la guerre asymétrique contre l’Etat français ne constitue qu’un moyen pour atteindre un objectif précis : une augmentation du ‘yield’ qui passerait à 5% et par conséquent l’épargne française de plus de 4000 milliards d’euros.
* Boîte dans laquelle les prix oscillent en attente d’un cours directionnel, une tendance