La Hongrie apparaît comme l’illustration frappante d’un double discours fortement répandu au sein de l’UE et mérite donc une attention toute particulière. Au XIXe siècle, les mesures protectionnistes y étaient déjà valorisées. En effet, durant toute une partie de son histoire, la Hongrie s’est vue vassalisée par une puissance dominante. Après les dominations successives des Ottomans, des Autrichiens puis des Soviétiques, l’UE est désormais considérée dans l’inconscient collectif comme le pouvoir opprimant le rayonnement hongrois.
Candidat à l’entrée dans l’Union depuis 1998 et membre depuis 2004, la Hongrie bénéficiait d’une période transitoire de sept ans (prolongée de trois ans en 2011) pour se mettre en conformité avec le droit communautaire. Cependant, cette phase d’harmonisation, certes nécessaire, ne peut à elle seule expliquer les mesures discriminatoires induites par la stratégie hongroise, premier exemple d’un nationalisme économique assumé au sein de l’UE.
Viktor Orbán, leader du parti nationaliste Fidesz, revient au pouvoir en avril 2010 à travers un argumentaire construit contre le modèle libéral européen qui, selon lui, a failli. Son ministre de l’économie, Matloscy, met immédiatement en place une politique de « repli sur soi » :
- Nationalisations massives et créations de monopoles d’Etat.
- Taxation de secteurs à forte présence étrangère (finance, télécom, énergie, grande distribution notamment).
- Ruptures de contrats avec des multinationales européennes.
- Mise sous tutelle de la banque centrale hongroise.
- Imposition discriminatoire.
Les incompatibilités de ce programme économique avec le droit européen conduisent à des rapports de force successifs avec les institutions bruxelloises. Réticente à l’idée de tout rapport frontal avec l’un de ses membres, qui risquerait de relancer le débat sur sa légitimité, l’UE privilégie la négociation, confortant alors la posture agressive de la Hongrie d’Orbán. La rhétorique du gouvernement hongrois est d’autant plus efficace du fait de la crise économique qui a fortement affecté le pays depuis 2008. En effet, la forte présence de capitaux européens est présentée par le candidat Orbán (2010) comme responsable des indicateurs économiques inquiétants du pays.
Le nationalisme économique mis en place par la Hongrie se couple également d’un double jeu géoéconomique vis-à-vis de l’UE qu’il est intéressant d’observer. Toujours très dépendant des financements européens, le pays n’hésite pourtant pas à se rapprocher de la Russie, au travers d’une centrale nucléaire construite via un emprunt russe (bien entendu contre l’avis de Bruxelles), et de la Chine, par le rachat d’obligation hongroise et de projets industriels. S’agissant de deux concurrents (tant économiques que politiques) de l’UE, la position de la Hongrie est de plus en plus ambigüe. Ces rapprochements illustrent une stratégie plus large et nous conduit à formuler deux conclusions interdépendantes.
La Hongrie, de par son appartenance même à l’UE, ses positions dissidentes vis-à-vis de celle-ci, et sa situation géographique, a su se rendre attractive pour d’autres grandes puissances. En effet, elle constitue une « porte d’entrée » au marché unique, tout en étant un allier politique perturbateur contre Bruxelles. D’autant plus que la Hongrie, comme l’Europe en général, est fortement dépendante de la Russie d’un point de vue énergétique.
Enhardie par le manque de réaction des institutions européennes, la Hongrie actionne à volonté la peur qu’a l’UE de voir s’opérer un rapprochement significatif entre l’un de ses membres et la Russie, et s’en sert comme véritable levier d’influence. Le nationalisme économique hongrois se pense donc à travers une réelle volonté d’accroissement de sa propre puissance, ceci au détriment du bon fonctionnement de l’UE.
Le cas de la Hongrie est révélateur de la présence, au sein de l’Union Européenne, de résurgences nationalistes des Etats. Ces derniers élaborent des stratégies de nationalisme économiques, traduites par l’adoption de « postures ». Ces postures, non exclusives et adaptées aux pays dont elles émergent, révèlent certaines tendances ou tactiques. Tactiques qui sont, à des degrés divers, présentes au sein de tous les pays membres.
Candidat à l’entrée dans l’Union depuis 1998 et membre depuis 2004, la Hongrie bénéficiait d’une période transitoire de sept ans (prolongée de trois ans en 2011) pour se mettre en conformité avec le droit communautaire. Cependant, cette phase d’harmonisation, certes nécessaire, ne peut à elle seule expliquer les mesures discriminatoires induites par la stratégie hongroise, premier exemple d’un nationalisme économique assumé au sein de l’UE.
Viktor Orbán, leader du parti nationaliste Fidesz, revient au pouvoir en avril 2010 à travers un argumentaire construit contre le modèle libéral européen qui, selon lui, a failli. Son ministre de l’économie, Matloscy, met immédiatement en place une politique de « repli sur soi » :
- Nationalisations massives et créations de monopoles d’Etat.
- Taxation de secteurs à forte présence étrangère (finance, télécom, énergie, grande distribution notamment).
- Ruptures de contrats avec des multinationales européennes.
- Mise sous tutelle de la banque centrale hongroise.
- Imposition discriminatoire.
Les incompatibilités de ce programme économique avec le droit européen conduisent à des rapports de force successifs avec les institutions bruxelloises. Réticente à l’idée de tout rapport frontal avec l’un de ses membres, qui risquerait de relancer le débat sur sa légitimité, l’UE privilégie la négociation, confortant alors la posture agressive de la Hongrie d’Orbán. La rhétorique du gouvernement hongrois est d’autant plus efficace du fait de la crise économique qui a fortement affecté le pays depuis 2008. En effet, la forte présence de capitaux européens est présentée par le candidat Orbán (2010) comme responsable des indicateurs économiques inquiétants du pays.
Le nationalisme économique mis en place par la Hongrie se couple également d’un double jeu géoéconomique vis-à-vis de l’UE qu’il est intéressant d’observer. Toujours très dépendant des financements européens, le pays n’hésite pourtant pas à se rapprocher de la Russie, au travers d’une centrale nucléaire construite via un emprunt russe (bien entendu contre l’avis de Bruxelles), et de la Chine, par le rachat d’obligation hongroise et de projets industriels. S’agissant de deux concurrents (tant économiques que politiques) de l’UE, la position de la Hongrie est de plus en plus ambigüe. Ces rapprochements illustrent une stratégie plus large et nous conduit à formuler deux conclusions interdépendantes.
La Hongrie, de par son appartenance même à l’UE, ses positions dissidentes vis-à-vis de celle-ci, et sa situation géographique, a su se rendre attractive pour d’autres grandes puissances. En effet, elle constitue une « porte d’entrée » au marché unique, tout en étant un allier politique perturbateur contre Bruxelles. D’autant plus que la Hongrie, comme l’Europe en général, est fortement dépendante de la Russie d’un point de vue énergétique.
Enhardie par le manque de réaction des institutions européennes, la Hongrie actionne à volonté la peur qu’a l’UE de voir s’opérer un rapprochement significatif entre l’un de ses membres et la Russie, et s’en sert comme véritable levier d’influence. Le nationalisme économique hongrois se pense donc à travers une réelle volonté d’accroissement de sa propre puissance, ceci au détriment du bon fonctionnement de l’UE.
Le cas de la Hongrie est révélateur de la présence, au sein de l’Union Européenne, de résurgences nationalistes des Etats. Ces derniers élaborent des stratégies de nationalisme économiques, traduites par l’adoption de « postures ». Ces postures, non exclusives et adaptées aux pays dont elles émergent, révèlent certaines tendances ou tactiques. Tactiques qui sont, à des degrés divers, présentes au sein de tous les pays membres.