Entre 130 et 150 millions de personnes dans le monde sont infectées par le virus de l’hépatite C, 700 000 en meurent chaque année. En France, 230000 personnes sont porteuses d’une hépatite C chronique. Au début des années 2010, un nouveau traitement est trouvé, le Sovaldi : beaucoup plus court (12 semaines), sans effet secondaire et avec plus de 90% de chance de guérison, il représente une grande avancée pour les malades. Mais alors pourquoi le Sovaldi fait-il couler autant d’encre ?
L’histoire du Sovaldi commence en 2011, quand le laboratoire américain Gilead acquiert pour 11 Mds$ la société Pharmasset, détentrice de trois candidats médicaments pour traiter l’hépatite C. Dès 2014, Gilead annonce des ventes record à hauteur de 10 Mds $ et le cours en bourse de l’action triple entre 2013 et 2015. Face à ce marché important, Gilead développe une stratégie adaptée aux capacités financières des populations et des Etats qui, selon leurs systèmes de santé, peuvent décider de rembourser ou non ce médicament. Résultat, la cure de Sovaldi est commercialisée 700€ en Inde, au Brésil ou au Mexique quand son prix est de 40 à 45 000€ dans plusieurs pays d’Europe ou 80 000€ aux Etats-Unis. Gilead justifie ce montant élevé par des frais de développement (notamment les essais cliniques qu’il a financés) et argue des économies attendues liées aux nombreux cancers du foie évités, une des complications majeures de l’Hépatite C. De plus il met en avant que le fait de facturer plus cher aux pays riches permet de financer le traitement des plus pauvres.
Dès septembre 2014, un collectif d’ONG, dont Médecins du Monde (MDM), SOS Hépatites et Aides dénonce le prix jugé exorbitant du médicament qui exclut une partie des malades du traitement. Il demande au gouvernement français de prendre une licence d’office afin d’autoriser les fabricants de génériques à le produire à coût réduit. Le gouvernement n’a pas bougé sur ce point pour l’instant mais l’ONG a déposé un amendement dans le cadre du Projet de loi sur le financement de la sécurité sociale PLFSS) 2017 visant à conditionner le remboursement du Sovaldi à l’existence de la licence d’office. L’examen du PLFSS est encore en cours. En revanche, la ministre de la santé a annoncé vouloir renégocier à la baisse le prix du médicament avec Gilead. Au niveau européen, MDM a contesté auprès de l’Office européen des brevets (OEB) que cette molécule soit suffisamment innovante pour être couverte par un brevet. L’OEB vient de donner partiellement raison à MDM en annulant une partie du brevet du Sovaldi, ce qui pourrait favoriser le développement des génériques.
La bataille fait rage également outre-Atlantique. Un rapport d’enquête du Sénat américain paru en décembre 2015 démontre que le laboratoire était parfaitement conscient que le prix élevé du Sovaldi le met hors de portée de la majorité des patients américains (notamment la classe moyenne non couverte par les aides médicales de l’Etat) et estime que « depuis le départ, l’objectif premier de Gilead est de maximiser son profit, indépendamment des conséquences humaines ». Dans ce pays qui est le seul au monde à autoriser la publicité sur les médicaments sur ordonnance, la puissante American Medical Association (AMA) qui défend les intérêts des médecins et l’éthique de la profession, dénonce régulièrement les impacts négatifs de publicité qui, selon elle, encourage les patients à réclamer les médicaments les plus récents et les plus onéreux, bien qu’ils ne soient pas toujours les plus adaptés. Ces arguments, notamment concernant le Sovaldi, se sont particulièrement fait entendre pendant la dernière campagne présidentielle dont un des thèmes majeurs portait sur les dépenses de santé.
Les rapports d’influence en jeu dans le cas du Sovaldi s’inscrivent dans le contexte plus large de la transformation profonde du modèle économique de l’industrie pharmaceutique confrontée d’une part à l’explosion des maladies chroniques et au développement des thérapies individualisées et d’autre part, à l’entrée sur ces marchés de pays fabricants de médicaments génériques (Inde notamment).
L’histoire du Sovaldi commence en 2011, quand le laboratoire américain Gilead acquiert pour 11 Mds$ la société Pharmasset, détentrice de trois candidats médicaments pour traiter l’hépatite C. Dès 2014, Gilead annonce des ventes record à hauteur de 10 Mds $ et le cours en bourse de l’action triple entre 2013 et 2015. Face à ce marché important, Gilead développe une stratégie adaptée aux capacités financières des populations et des Etats qui, selon leurs systèmes de santé, peuvent décider de rembourser ou non ce médicament. Résultat, la cure de Sovaldi est commercialisée 700€ en Inde, au Brésil ou au Mexique quand son prix est de 40 à 45 000€ dans plusieurs pays d’Europe ou 80 000€ aux Etats-Unis. Gilead justifie ce montant élevé par des frais de développement (notamment les essais cliniques qu’il a financés) et argue des économies attendues liées aux nombreux cancers du foie évités, une des complications majeures de l’Hépatite C. De plus il met en avant que le fait de facturer plus cher aux pays riches permet de financer le traitement des plus pauvres.
Dès septembre 2014, un collectif d’ONG, dont Médecins du Monde (MDM), SOS Hépatites et Aides dénonce le prix jugé exorbitant du médicament qui exclut une partie des malades du traitement. Il demande au gouvernement français de prendre une licence d’office afin d’autoriser les fabricants de génériques à le produire à coût réduit. Le gouvernement n’a pas bougé sur ce point pour l’instant mais l’ONG a déposé un amendement dans le cadre du Projet de loi sur le financement de la sécurité sociale PLFSS) 2017 visant à conditionner le remboursement du Sovaldi à l’existence de la licence d’office. L’examen du PLFSS est encore en cours. En revanche, la ministre de la santé a annoncé vouloir renégocier à la baisse le prix du médicament avec Gilead. Au niveau européen, MDM a contesté auprès de l’Office européen des brevets (OEB) que cette molécule soit suffisamment innovante pour être couverte par un brevet. L’OEB vient de donner partiellement raison à MDM en annulant une partie du brevet du Sovaldi, ce qui pourrait favoriser le développement des génériques.
La bataille fait rage également outre-Atlantique. Un rapport d’enquête du Sénat américain paru en décembre 2015 démontre que le laboratoire était parfaitement conscient que le prix élevé du Sovaldi le met hors de portée de la majorité des patients américains (notamment la classe moyenne non couverte par les aides médicales de l’Etat) et estime que « depuis le départ, l’objectif premier de Gilead est de maximiser son profit, indépendamment des conséquences humaines ». Dans ce pays qui est le seul au monde à autoriser la publicité sur les médicaments sur ordonnance, la puissante American Medical Association (AMA) qui défend les intérêts des médecins et l’éthique de la profession, dénonce régulièrement les impacts négatifs de publicité qui, selon elle, encourage les patients à réclamer les médicaments les plus récents et les plus onéreux, bien qu’ils ne soient pas toujours les plus adaptés. Ces arguments, notamment concernant le Sovaldi, se sont particulièrement fait entendre pendant la dernière campagne présidentielle dont un des thèmes majeurs portait sur les dépenses de santé.
Les rapports d’influence en jeu dans le cas du Sovaldi s’inscrivent dans le contexte plus large de la transformation profonde du modèle économique de l’industrie pharmaceutique confrontée d’une part à l’explosion des maladies chroniques et au développement des thérapies individualisées et d’autre part, à l’entrée sur ces marchés de pays fabricants de médicaments génériques (Inde notamment).