Les grands éditeurs de revues scientifiques s’appuient sur 3 services pour justifier leur existence et le coût qu’ils représentent pour la recherche et sa lecture : la préparation éditoriale, la validation par les pairs (peer review) et la diffusion des articles (soit par hébergement en accès libre, soit sur abonnements).
Les articles des scientifiques sont relus par d’autres scientifiques, et sélectionnés – ou non – pour être publiés. Cela représente une manne de 7 à 10 milliards d’euros au niveau mondial, avec des marges qui vont souvent jusqu’à 30 %. Mais il y a de nombreuses failles dans cette pratique, utilisées avec des objectifs et des résultats assez différents
C’est en octobre 2013 qu’une action d’un journaliste scientifique, John Bohannon, va avoir un impact médiatique déterminant et déclencher une tempête dans l’édition scientifique. Journaliste à la revue américaine Science, celui-ci va faire étudier par 255 éditeurs de revues scientifiques en accès libre un faux article sur le traitement du cancer par le lichen, dont l’absurdité était facilement détectable.
Il faut savoir qu’un chercheur doit absolument publier pour affirmer sa valeur à ceux qui financent sa recherche. Pour cela, il faut impérativement être sélectionné par une revue, donc passer un comité de lecture, et payer, ou faire payer par son institution des frais d’édition (APC) qui vont de $90 à parfois $1,500 voire $3,000. Sur ce besoin se greffent un grand nombre d’éditeurs plus ou moins professionnels, profitant de la manne des fonds de la recherche.
L’article de Bohannon sera accepté par 157 des 255 éditeurs approchés. Cette action, qui ne visait que les éditeurs qui ne font pas payer d’abonnements, sera largement commentée dans les milieux scientifiques comme dans la presse, participera à la formalisation et la reconnaissance de la liste du bibliothécaire américain Beall répertoriant tous les éditeurs-prédateurs, à fuir, donc.
Une occasion pour les gros éditeurs comme Elsevier, Springer ou Wiley de contester le sérieux de ces publications en accès libre, qu’ils combattent par ailleurs de toutes leurs forces.
Ces éditeurs vont pourtant se retrouver à leur tour sous les feux des projecteurs, en particulier suite à la découverte d’un chercheur français, Cyril Labbé de l’université de Grenoble :
3 étudiants du MIT de Harvard ont inventé en 2005 un logiciel capable de générer des articles scientifiques automatiquement, Scigen, en surface très convaincants mais vides de toute réalité, signés par des chercheurs fantômes répondant à l’occasion aux doux noms de Marge Simpson ou Orson Welles
Et c’est plus de 120 de ces faux articles que Cyril Labbé va repérer chez Springer et IEEE (Institute of Electrical and Electronic Engineers), compte-rendu de colloques qui n’ont jamais eu lieu…
Ce qui remet cette fois en cause l’efficacité des éditeurs payants, mais surtout le fonctionnement du peer review tout court.
Voilà une guerre par le contenu – factice – qui n’a pas fini de sévir. L’été 2015, le même John Bohannon a monté de toutes pièces une nouvelle étude, validée et publiée, très largement reprise dans la presse générale, prouvant que le chocolat fait maigrir…
Les articles des scientifiques sont relus par d’autres scientifiques, et sélectionnés – ou non – pour être publiés. Cela représente une manne de 7 à 10 milliards d’euros au niveau mondial, avec des marges qui vont souvent jusqu’à 30 %. Mais il y a de nombreuses failles dans cette pratique, utilisées avec des objectifs et des résultats assez différents
C’est en octobre 2013 qu’une action d’un journaliste scientifique, John Bohannon, va avoir un impact médiatique déterminant et déclencher une tempête dans l’édition scientifique. Journaliste à la revue américaine Science, celui-ci va faire étudier par 255 éditeurs de revues scientifiques en accès libre un faux article sur le traitement du cancer par le lichen, dont l’absurdité était facilement détectable.
Il faut savoir qu’un chercheur doit absolument publier pour affirmer sa valeur à ceux qui financent sa recherche. Pour cela, il faut impérativement être sélectionné par une revue, donc passer un comité de lecture, et payer, ou faire payer par son institution des frais d’édition (APC) qui vont de $90 à parfois $1,500 voire $3,000. Sur ce besoin se greffent un grand nombre d’éditeurs plus ou moins professionnels, profitant de la manne des fonds de la recherche.
L’article de Bohannon sera accepté par 157 des 255 éditeurs approchés. Cette action, qui ne visait que les éditeurs qui ne font pas payer d’abonnements, sera largement commentée dans les milieux scientifiques comme dans la presse, participera à la formalisation et la reconnaissance de la liste du bibliothécaire américain Beall répertoriant tous les éditeurs-prédateurs, à fuir, donc.
Une occasion pour les gros éditeurs comme Elsevier, Springer ou Wiley de contester le sérieux de ces publications en accès libre, qu’ils combattent par ailleurs de toutes leurs forces.
Ces éditeurs vont pourtant se retrouver à leur tour sous les feux des projecteurs, en particulier suite à la découverte d’un chercheur français, Cyril Labbé de l’université de Grenoble :
3 étudiants du MIT de Harvard ont inventé en 2005 un logiciel capable de générer des articles scientifiques automatiquement, Scigen, en surface très convaincants mais vides de toute réalité, signés par des chercheurs fantômes répondant à l’occasion aux doux noms de Marge Simpson ou Orson Welles
Et c’est plus de 120 de ces faux articles que Cyril Labbé va repérer chez Springer et IEEE (Institute of Electrical and Electronic Engineers), compte-rendu de colloques qui n’ont jamais eu lieu…
Ce qui remet cette fois en cause l’efficacité des éditeurs payants, mais surtout le fonctionnement du peer review tout court.
Voilà une guerre par le contenu – factice – qui n’a pas fini de sévir. L’été 2015, le même John Bohannon a monté de toutes pièces une nouvelle étude, validée et publiée, très largement reprise dans la presse générale, prouvant que le chocolat fait maigrir…