Depuis plusieurs années, les cerisiers sont attaqués par une espèce d’insectes diptères, le Drosophila suzukii originaire d’Asie du Sud Est. Cet insecte découvert au Japon en 1916 est arrivé en Europe vers les années 2009. Au contraire des autres mouches des fruits qui sont surtout attirées par les fruits pourris ou fermentés, la femelle de Drosophila suzukii attaque les fruits frais et mûrs de préférence d’une couleur rouge en utilisant son ovipositeur en forme de scie pour pondre ses œufs sous la peau tendre du fruit. Les larves éclosent et se développent à l'intérieur du fruit, en détruisant sa valeur commerciale.
La production française menacée
Afin de traiter au mieux cet insecte, les producteurs en France doivent utiliser du diméthoate, le seul insecticide disponible. Or cet insecticide est interdit sur le sol français en février 2016 à la demande de notre ministre de l’agriculture Mr Le Foll à la commission Européenne. Cette décision a entrainé une véritable crise auprès de nos producteurs. Les pertes de volume liées à la mouche asiatique Drosophila Suzukii qu’il est donc désormais interdit de combattre efficacement sont estimées entre 30% et 40% sur ces récoltes 2016. « Certains ont même tout perdu » déclare Dominique Bouche, président des Jeunes Agriculteurs du département du Vaucluse. L’Espagne, l’Italie, la Grèce et la Slovénie ont également annoncé leur intention de ne pas autoriser le diméthoate sur cerise. Le premier producteur de cerises au monde la Turquie qui souffre énormément pour sa filière fruits et légumes de son embargo avec la Russie, voit le marché européen comme un réservoir potentiel important.
Cette interdiction s’est décidée sans aucune concertation avec le monde des producteurs. L’impact économique d’une telle décision soulève quelques questions sur le traitement du dossier par les pouvoirs publics. On peut s’interroger sur le niveau de connaissance du monde de l’entreprise. Même si Mr Le Foll a mis en place un arrêté en date 21 avril 2016 portant sur la suspension d'importation et de mise sur le marché en France de cerises en provenance d'Etats membres ou de pays tiers où l'utilisation de produits phytopharmaceutiques contenant la substance active diméthoate est autorisée en traitement des cerisiers.
Selon les professionnels de ce secteur en attente d’un moratoire afin de tester des solutions alternatives, les solutions utilisées peuvent être encore plus complexes à analyser pour la santé du consommateur et moins fiables pour le producteur. Dominique Bouche a déclaré « On doit utiliser d'autres insecticides dans de plus grands volumes pour un résultat moindre, témoigne un producteur. J'ai fait cinq traitements au lieu de deux habituellement, L'interdiction du diméthoate a des effets pervers : les fruits sont finalement plus chargés en pesticides et nos coûts de revient explosent. »
Les limites du principe de précaution
Dans certaines exploitations, les charges ont atteint jusqu'à 4 euros le kilo, dépassant le prix de vente aux grossistes. Et Dominique Bouche de rajouter « les cerises turques, traitées au diméthoate sont beaucoup moins chères et ont envahi les supermarchés cet été ». La question se pose d’une étude comparative du risque entre la solution diméthoate et les solutions alternatives pour la santé du consommateur. D'autres molécules chimiques peuvent être utilisées, comme les spinosines ou le cyantraniliprole, mais « elles sont 8 à 10 fois plus chères que le diméthoate et peu efficaces étant donné la rapidité de reproduction du moucheron », explique Emmanuel Aze arboriculteur de la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole français. Autre parade: les filets anti-insectes mais là encore cette solution est trop élevée: 20 à 30.000 euros par hectare. Le président de la fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF) pense que si nous ne faisons rien pour endiguer cet insecte ravageur «on n'aura plus de cerises produites en France d'ici trois ans».
Le marché européen représente une quantité moyenne de 726 510 tonnes (données 2011). Les trois leaders sur notre zone sont : Turquie, Pologne et Italie. Près de 3 milliards de kilos de cerises sont produites dans le monde chaque année, la Turquie reste le premier producteur au monde La France est huitième position avec 50 000 tonnes soit 7% de ce marché. Le Vaucluse est le premier producteur français de cerises. Sous l’égide d’une maison de l’agriculture basée à Avignon, L’AOP Cerises de France a été créé en 2009 par 8 Organisations de Producteurs et fédère plus de 600 producteurs français de cerises. En plein déploiement, l’AOP a depuis sa création doublé son nombre d’adhérents et compte aujourd’hui 17 membres. Force de concentration, l’AOP représente ainsi près de 55% de la production nationale et joue un réel rôle économique important au sein de la filière.
Compte tenu de ce constat, du risque élevé pour cette filière qui regroupe 20 000 emplois, une valeur d’importation de l’ordre de 14 millions d’euros, le ministère de l’agriculture devrait accorder une attention plus soutenue à ce dossier sous peine de voir le prix du kilo de cerises d’origine française atteindre des sommets ou d’être obligé de consommer des cerises en provenance de Turquie ou d’ailleurs traitées au diméthoate.
Eric Del Cotto
La production française menacée
Afin de traiter au mieux cet insecte, les producteurs en France doivent utiliser du diméthoate, le seul insecticide disponible. Or cet insecticide est interdit sur le sol français en février 2016 à la demande de notre ministre de l’agriculture Mr Le Foll à la commission Européenne. Cette décision a entrainé une véritable crise auprès de nos producteurs. Les pertes de volume liées à la mouche asiatique Drosophila Suzukii qu’il est donc désormais interdit de combattre efficacement sont estimées entre 30% et 40% sur ces récoltes 2016. « Certains ont même tout perdu » déclare Dominique Bouche, président des Jeunes Agriculteurs du département du Vaucluse. L’Espagne, l’Italie, la Grèce et la Slovénie ont également annoncé leur intention de ne pas autoriser le diméthoate sur cerise. Le premier producteur de cerises au monde la Turquie qui souffre énormément pour sa filière fruits et légumes de son embargo avec la Russie, voit le marché européen comme un réservoir potentiel important.
Cette interdiction s’est décidée sans aucune concertation avec le monde des producteurs. L’impact économique d’une telle décision soulève quelques questions sur le traitement du dossier par les pouvoirs publics. On peut s’interroger sur le niveau de connaissance du monde de l’entreprise. Même si Mr Le Foll a mis en place un arrêté en date 21 avril 2016 portant sur la suspension d'importation et de mise sur le marché en France de cerises en provenance d'Etats membres ou de pays tiers où l'utilisation de produits phytopharmaceutiques contenant la substance active diméthoate est autorisée en traitement des cerisiers.
Selon les professionnels de ce secteur en attente d’un moratoire afin de tester des solutions alternatives, les solutions utilisées peuvent être encore plus complexes à analyser pour la santé du consommateur et moins fiables pour le producteur. Dominique Bouche a déclaré « On doit utiliser d'autres insecticides dans de plus grands volumes pour un résultat moindre, témoigne un producteur. J'ai fait cinq traitements au lieu de deux habituellement, L'interdiction du diméthoate a des effets pervers : les fruits sont finalement plus chargés en pesticides et nos coûts de revient explosent. »
Les limites du principe de précaution
Dans certaines exploitations, les charges ont atteint jusqu'à 4 euros le kilo, dépassant le prix de vente aux grossistes. Et Dominique Bouche de rajouter « les cerises turques, traitées au diméthoate sont beaucoup moins chères et ont envahi les supermarchés cet été ». La question se pose d’une étude comparative du risque entre la solution diméthoate et les solutions alternatives pour la santé du consommateur. D'autres molécules chimiques peuvent être utilisées, comme les spinosines ou le cyantraniliprole, mais « elles sont 8 à 10 fois plus chères que le diméthoate et peu efficaces étant donné la rapidité de reproduction du moucheron », explique Emmanuel Aze arboriculteur de la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole français. Autre parade: les filets anti-insectes mais là encore cette solution est trop élevée: 20 à 30.000 euros par hectare. Le président de la fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF) pense que si nous ne faisons rien pour endiguer cet insecte ravageur «on n'aura plus de cerises produites en France d'ici trois ans».
Le marché européen représente une quantité moyenne de 726 510 tonnes (données 2011). Les trois leaders sur notre zone sont : Turquie, Pologne et Italie. Près de 3 milliards de kilos de cerises sont produites dans le monde chaque année, la Turquie reste le premier producteur au monde La France est huitième position avec 50 000 tonnes soit 7% de ce marché. Le Vaucluse est le premier producteur français de cerises. Sous l’égide d’une maison de l’agriculture basée à Avignon, L’AOP Cerises de France a été créé en 2009 par 8 Organisations de Producteurs et fédère plus de 600 producteurs français de cerises. En plein déploiement, l’AOP a depuis sa création doublé son nombre d’adhérents et compte aujourd’hui 17 membres. Force de concentration, l’AOP représente ainsi près de 55% de la production nationale et joue un réel rôle économique important au sein de la filière.
Compte tenu de ce constat, du risque élevé pour cette filière qui regroupe 20 000 emplois, une valeur d’importation de l’ordre de 14 millions d’euros, le ministère de l’agriculture devrait accorder une attention plus soutenue à ce dossier sous peine de voir le prix du kilo de cerises d’origine française atteindre des sommets ou d’être obligé de consommer des cerises en provenance de Turquie ou d’ailleurs traitées au diméthoate.
Eric Del Cotto