La compagnie Blizzard Entertainment, titan du monde du jeu-vidéo, s’oppose à une partie croissante de sa communauté de joueurs suite à un désaccord survenu au cours du développement de sa licence far : « World of Warcraft » (2004).
En effet, puisqu’il s’agit d’un MMORPG (jeu massivement multijoueur sur internet) le jeu requiert un développement continu et une augmentation progressive du contenu mis à disposition de ses joueurs et clients. Cela est marqué par la sortie successive de « mises à jour » et « d’extensions » qui au fil des ans ont créé un fort consensus d’opposition : un nombre conséquent de joueurs s’est rassemblé et a trouvé des moyens de lutte illégaux pour pouvoir rejouer aux anciennes versions du jeu de Blizzard.
L’explosion et la véritable médiatisation (dans la presse spécialisée) de ce conflit divisant la communauté a eu lieu au cours d’une « Blizz’Con » (Conférence Blizzard) en 2011 durant laquelle le Président de Blizzard, Mike Morhaime, s’est vu questionné sur la possibilité d’ouvrir à ses joueurs des serveurs proposant les premières versions du jeu.
La réponse fut cinglante et déclencha une guerre ouverte :
« You think you do [want to play, Ndlr], but you don’t » (Vous pensez vouloir jouer mais vous ne voulez pas vraiment).
Pouvoir de Blizzard
Dès l’origine du conflit, Blizzard est l’acteur dominant le rapport de force.
De fait, en plus d’une possession légale des brevets, de la licence du jeu ainsi que des éléments de la propriété intellectuelle, tous les joueurs en jouant au jeu accepte une charte interdisant entre autre la duplication ou la réutilisation des données du jeu.
De plus, Blizzard seul possède les « codes originaux » du jeu, ce qui rend les actions pirates excessivement complexe, sans compter sur la vindicte de la communauté en cas d’attaque sur blizzard.
Car oui, Blizzard dispose d’un amour inconditionnel de sa communauté ainsi que de ses opposants, du fait même d’avoir créé cette licence, sujet du conflit. Cet amour et cette paternité confère à la compagnie une légitimité absolue en termes de développement et de progression de la licence.
Enfin, le rachat de Blizzard par Activision a donné un pouvoir financier jusqu’alors jamais atteint par la compagnie.
Dans les faits, cela se traduit par une couverture médiatique exacerbée notamment grâce à la sortie du film « Warcraft : Le commencement » qui participe à creuser l’écart de pouvoir avec la communauté dissidente, car de fait, Blizzard s’est toujours refusé à communiquer ou parler d’un quelconque retour en arrière vers les anciennes versions.
Poids de la communauté
La communauté dissidente n’est pas véritablement quantifiable car multiple et éparpillée.
Le seul véritable liant entre chacun de ses membres est l’existence de « serveurs privés » sur lesquels les joueurs déçus se retrouvent. Suite à la déclaration de M. Morhaime le nombre de serveurs privés a explosé, et de fait le nombre de joueurs y accédant. Et c’est d’entre ces serveurs qu’un champion a émergé : « Nostalrius » le serveur le plus ambitieux et le mieux réalisé jusqu’alors, rivalisant de qualité avec les serveurs officiels de Blizzard.
Ce serveur a connu un engouement fulgurant, notamment du fait qu’ils ont repris à la lettre les règles et fonctionnement de Blizzard, en plus d’avoir réussi l’exploit de faire un « Lancement Européen » de leur serveur. En termes de chiffres, il faut en considérer 3.
Les développeurs de la compagnie avaient annoncés que « quelques centaines de milliers » de joueurs suffiraient très amplement à rentabiliser le projet (puisque le jeu requiert un abonnement de 12€ par mois).
Au pique de sa popularité, World of Warcraft comptait plus de 14 Millions de joueurs, et n’en compte qu’à peine 6 Millions aujourd’hui. Les serveurs Nostalrius quant à eux ont réussi l’exploit de réunir presque 1 Million de joueurs sur leur serveur, et il ne s’agit là que d’un seul serveur privé, de surcroît presque exclusivement européen.
Renversement du rapport de force et dénouement
Face au succès croissant du serveur « Nostalrius » et non de la menace qu’il représentait (le serveur privé étant totalement gratuit), la compagnie Blizzard a fait parvenir une lettre de ses services juridiques enjoignant Nostalrius à fermer son serveur, sous peine de pourvoi en justice au nom de la propriété intellectuelle.
Nous sommes alors en Janvier 2016, et Nostalrius ferme ses portes en écrivant un long communiqué à destination de ses fans dans lequel il exprime son respect pour la compagnie Blizzard et l’enjoint à ouvrir une discussion autour des versions précédentes du jeu, fort d’une année d’activité, de chiffres et de données.
Malheureusement pour Blizzard, ce « coup bas » infligé à sa communauté va se retourner violemment à son encontre, rayonnant à travers toute la sphère vidéo-ludique et allant bien au-delà de sa seule clientèle et communauté :
- En effet, l’ensemble de la communauté vidéo-ludique (on parle ici de centaines de millions de joueurs) prend parti pour Nostalrius sans même forcément connaître la licence ou la compagnie, chaque membre se faisant le relai de la communauté dissidente et de Nostalrius.
- Les plateformes tel que YouTube deviennent une véritable tribune au conflit, si ce n’est un tribunal dont l’audience se mesure en centaine de millions d’auditeurs.
- La presse spécialisée ne parle plus que de cela pendant près d’un mois, à tel point que la presse générale française (notamment) tel que « 20 minutes » ou « Le Monde » se saisisse du sujet.
- Le coup de grâce est porté par le chef d’équipe du développement du jeu original, et n°2 de blizzard, enjoignant M. Morhaime à reconsidérer cette requête, ce cri du cœur d’une communauté de fan qu’il dit prête à payer pour obtenir cet ancien contenu une fois encore (à titre indicatif, seulement 2 millions de joueurs représentent près de 300 millions de dollars de chiffre d’affaire annuel, ne coutant que l’ouverture des serveurs).
Ce renversement du rapport de force a été si violent pour Blizzard que la compagnie finit par céder durant l’été 2016 et accepta de recevoir l’équipe de développeurs du serveur privé Nostalrius, afin de discuter voir négocier de la possible ouverture de serveurs officiels permettant d’accéder aux anciennes versions, mettant fin à des années de conflit.
En effet, puisqu’il s’agit d’un MMORPG (jeu massivement multijoueur sur internet) le jeu requiert un développement continu et une augmentation progressive du contenu mis à disposition de ses joueurs et clients. Cela est marqué par la sortie successive de « mises à jour » et « d’extensions » qui au fil des ans ont créé un fort consensus d’opposition : un nombre conséquent de joueurs s’est rassemblé et a trouvé des moyens de lutte illégaux pour pouvoir rejouer aux anciennes versions du jeu de Blizzard.
L’explosion et la véritable médiatisation (dans la presse spécialisée) de ce conflit divisant la communauté a eu lieu au cours d’une « Blizz’Con » (Conférence Blizzard) en 2011 durant laquelle le Président de Blizzard, Mike Morhaime, s’est vu questionné sur la possibilité d’ouvrir à ses joueurs des serveurs proposant les premières versions du jeu.
La réponse fut cinglante et déclencha une guerre ouverte :
« You think you do [want to play, Ndlr], but you don’t » (Vous pensez vouloir jouer mais vous ne voulez pas vraiment).
Pouvoir de Blizzard
Dès l’origine du conflit, Blizzard est l’acteur dominant le rapport de force.
De fait, en plus d’une possession légale des brevets, de la licence du jeu ainsi que des éléments de la propriété intellectuelle, tous les joueurs en jouant au jeu accepte une charte interdisant entre autre la duplication ou la réutilisation des données du jeu.
De plus, Blizzard seul possède les « codes originaux » du jeu, ce qui rend les actions pirates excessivement complexe, sans compter sur la vindicte de la communauté en cas d’attaque sur blizzard.
Car oui, Blizzard dispose d’un amour inconditionnel de sa communauté ainsi que de ses opposants, du fait même d’avoir créé cette licence, sujet du conflit. Cet amour et cette paternité confère à la compagnie une légitimité absolue en termes de développement et de progression de la licence.
Enfin, le rachat de Blizzard par Activision a donné un pouvoir financier jusqu’alors jamais atteint par la compagnie.
Dans les faits, cela se traduit par une couverture médiatique exacerbée notamment grâce à la sortie du film « Warcraft : Le commencement » qui participe à creuser l’écart de pouvoir avec la communauté dissidente, car de fait, Blizzard s’est toujours refusé à communiquer ou parler d’un quelconque retour en arrière vers les anciennes versions.
Poids de la communauté
La communauté dissidente n’est pas véritablement quantifiable car multiple et éparpillée.
Le seul véritable liant entre chacun de ses membres est l’existence de « serveurs privés » sur lesquels les joueurs déçus se retrouvent. Suite à la déclaration de M. Morhaime le nombre de serveurs privés a explosé, et de fait le nombre de joueurs y accédant. Et c’est d’entre ces serveurs qu’un champion a émergé : « Nostalrius » le serveur le plus ambitieux et le mieux réalisé jusqu’alors, rivalisant de qualité avec les serveurs officiels de Blizzard.
Ce serveur a connu un engouement fulgurant, notamment du fait qu’ils ont repris à la lettre les règles et fonctionnement de Blizzard, en plus d’avoir réussi l’exploit de faire un « Lancement Européen » de leur serveur. En termes de chiffres, il faut en considérer 3.
Les développeurs de la compagnie avaient annoncés que « quelques centaines de milliers » de joueurs suffiraient très amplement à rentabiliser le projet (puisque le jeu requiert un abonnement de 12€ par mois).
Au pique de sa popularité, World of Warcraft comptait plus de 14 Millions de joueurs, et n’en compte qu’à peine 6 Millions aujourd’hui. Les serveurs Nostalrius quant à eux ont réussi l’exploit de réunir presque 1 Million de joueurs sur leur serveur, et il ne s’agit là que d’un seul serveur privé, de surcroît presque exclusivement européen.
Renversement du rapport de force et dénouement
Face au succès croissant du serveur « Nostalrius » et non de la menace qu’il représentait (le serveur privé étant totalement gratuit), la compagnie Blizzard a fait parvenir une lettre de ses services juridiques enjoignant Nostalrius à fermer son serveur, sous peine de pourvoi en justice au nom de la propriété intellectuelle.
Nous sommes alors en Janvier 2016, et Nostalrius ferme ses portes en écrivant un long communiqué à destination de ses fans dans lequel il exprime son respect pour la compagnie Blizzard et l’enjoint à ouvrir une discussion autour des versions précédentes du jeu, fort d’une année d’activité, de chiffres et de données.
Malheureusement pour Blizzard, ce « coup bas » infligé à sa communauté va se retourner violemment à son encontre, rayonnant à travers toute la sphère vidéo-ludique et allant bien au-delà de sa seule clientèle et communauté :
- En effet, l’ensemble de la communauté vidéo-ludique (on parle ici de centaines de millions de joueurs) prend parti pour Nostalrius sans même forcément connaître la licence ou la compagnie, chaque membre se faisant le relai de la communauté dissidente et de Nostalrius.
- Les plateformes tel que YouTube deviennent une véritable tribune au conflit, si ce n’est un tribunal dont l’audience se mesure en centaine de millions d’auditeurs.
- La presse spécialisée ne parle plus que de cela pendant près d’un mois, à tel point que la presse générale française (notamment) tel que « 20 minutes » ou « Le Monde » se saisisse du sujet.
- Le coup de grâce est porté par le chef d’équipe du développement du jeu original, et n°2 de blizzard, enjoignant M. Morhaime à reconsidérer cette requête, ce cri du cœur d’une communauté de fan qu’il dit prête à payer pour obtenir cet ancien contenu une fois encore (à titre indicatif, seulement 2 millions de joueurs représentent près de 300 millions de dollars de chiffre d’affaire annuel, ne coutant que l’ouverture des serveurs).
Ce renversement du rapport de force a été si violent pour Blizzard que la compagnie finit par céder durant l’été 2016 et accepta de recevoir l’équipe de développeurs du serveur privé Nostalrius, afin de discuter voir négocier de la possible ouverture de serveurs officiels permettant d’accéder aux anciennes versions, mettant fin à des années de conflit.