Le Syndicat des Rédacteurs de la Presse Agricole (SYRPA) propose à ses adhérents des rencontres avec des intervenants au fait des problématiques agricoles, sur des sujets qui ont trait aux métiers de la communication.
Le 14 septembre 2016 , il organisait un débat à Rennes, sur le thème Les agriculteurs au cœur d’une guerre économique ?, auquel participaient Christian Harbulot, directeur de l’Ecole de Guerre Economique, Jacques Carles, Frédéric Courleux et Xavier Regnault, respectivement délégué général, conseiller en charge de la direction des études et directeur de la stratégie et du développement de Momagri (Mouvement pour une organisation mondiale de l’agriculture).
Pour Christian Harbulot, la tension concurrentielle avec le système agricole américain s’exacerbe depuis trente ans. « Les lobbies américains très présents à Bruxelles cherchent à imposer leurs normes : la financiarisation du système agricole et une vision du produit qui est loin d’être rassurante si on mesure les résultats du mode de vie américain (obésité et augmentation croissante des maladies dues à une alimentation trop riche en sucre, en graisse et additifs chimiques. »
Comment faire face ? En suivant les stratégies offensives des puissances concurrentes, en ne réduisant plus l’agriculture à une somme de considérations techniques, et en définissant des axes stratégiques qui prennent en compte l’ensemble de la problématique agricole : marché, territoire, environnement, santé et alimentation, art de vivre.
Mais face au risque d’encerclement informationnel (lobbies, ONG, associations de consommateurs, Etat) le monde agricole n’est pas resté inactif.
En particulier, la démarche initiée à travers l’expérience de Momagri est très importante.
Influencée par des entités qui présentent de la connaissance présentée comme neutre, Bruxelles reprend un discours anglo-saxon focalisé sur la loi du marché. Jusqu’à quand ?
Jacques Carles présente ensuite Momagri, think tank et do tank visant à faire évoluer les prises de décisions dans le domaine agricole et agroalimentaire aux plans national, européen et international, via un processus de lobbying stratégique de long terme fondé sur des savoir-faire intégrés à plusieurs niveaux, de l’intelligence économique au lobbying stratégique en passant par la recherche.
Pour Momagri, l’agriculture est au cœur d’une vision stratégique globale, aussi veut il promouvoir un système de régulation des marchés agricoles à l’échelle mondiale, dans le respect des équilibres économiques, sociaux et environnementaux, et en particulier, (ne) favoriser le développement des échanges (que) dans la mesure où ils contribuent à améliorer la condition de tous les agriculteurs, et à optimiser la sécurité d’approvisionnement pour tous les pays.
Or, dans un contexte géopolitique tendu, Momagri constate que les politiques agricoles se renforcent partout, sauf en Europe, l’Union Européenne étant la seule puissance à réduire son soutien budgétaire à l’agriculture.
Dans ce contexte, entre désinformation et mésinformation, face à l’interventionnisme structurel des Etats-Unis et de la Chine, les négociations internationales sur le commerce reposent sur des fondements biaisés.
Il est donc urgent de repenser la politique agricole commune, et Momagri a rassemblé ses analyses et propositions dans un Livre Blanc, un nouveau cap stratégique pour la PAC.
Frédéric Courleux présente plus en détail les propositions de Momagri, qui partent du constat que l’Union Européenne reste seule prisonnière d’un paradigme anti-interventionniste en agriculture qu’il s’agit de déconstruire.
Le « découplage » : il s’agit pour les réformateurs de la PAC de découpler le soutien au revenu de la production, afin de réduire les distorsions sur les marchés, ce qui revient à nier la volatilité des marchés agricoles et ramène la PAC à des mesures d’achat de la paix sociale. MOMAGRI propose en revanche des aides contra-cycliques permettant de rendre à la PAC sa légitimité agricole et économique.
Le « bien public », justification d’un « verdissement » de la PAC réduite à des objectifs environnementaux. Ce verdissement est inefficace, il faut reconnaître les efforts déjà consentis er sécuriser les agriculteurs si l’on veut favoriser une meilleure prise en compte de l’environnement.
La « résilience » : rendre plus résilientes les exploitations agricoles, démarche qui butte sur l’impossibilité d’assurer tous les risques. Il faut combiner les solutions assurantielles pour les risques maîtrisables et l’intervention publique pour les crises.
La « régulation », à ne pas opposer au marché, comme le fait la doxa de l’Union européenne pour qui dérégulation et synonyme d’ouverture commerciale, donc de stabilité. Il faut construire les bases d’une nouvelle gouvernance mondiale, en commençant par une coordination des politiques agricoles
Enfin Xavier Regnault présente l’Agence Momagri, la première agence de notation agricole et alimentaire, créée par et pour les acteurs du monde agricole.
Il s’agit de construire des outils d’aide à la décision, de mesure et d’évaluation, pour :
- Réaliser des notations
- Développer des indicateurs
- Concevoir des modèles
- Produire des études
… destinés à mieux comprendre les marchés et les politiques agricoles.
L’Agence Momagri s’appuie sur un réseau d’experts provenant des entreprises fondatrices : La Coop Fédérée du Québec, Euralis, Limagrain, FNPSMS, Invivo, Crédit Agricole
Les clients doivent être les acteurs susceptibles d’impacter le monde agricole : Etats, institutions internationales, investisseurs, ONG, entreprises.
A ce jour, l’Agence Momagri a réalisé :
Trois indicateurs :
- SGPAA (Soutiens Globaux à la Production Agricole et Alimentaire) qui conduit à un processus de notation
- ISA (Indicateur de Solvabilité Alimentaire) donne lieu à des notations classant différents Etats (Communication janvier 2016)
- FAPSI (Indice de Stabilité des Politiques Agricoles et Alimentaires) construit pour le compte de la FAO
Un modèle d’équilibre général calculable, construit pour mieux rendre compte de la réalité du fonctionnement des marchés agricoles, les modèles actuels ne prenant en compte ni les spécificités de l’agriculture, ni la spéculation.
L’Agence Momagri propose également des prestations d’évaluation, audit, due diligence et analyse stratégique sur des problématiques agricoles et agro-alimentaires, dans les domaines liés à l’investissement, les risques et opportunités.
Elle élabore enfin des études spécifiques et sur-mesure exploitant toutes les ressources de l’Agence: réseau d’experts, modèles et indicateurs.
Ces études peuvent prendre la forme de fiches pays, fiches marchés, notes d’analyse, notes de synthèses. Exemples : fiches marchés du riz, du colza.