Le terme Fonds Souverain est utilisé pour désigner une entité étatique créée dans le but de transférer de la richesse pour les générations futures d’une nation, promouvoir la stabilité économique en y influençant les forces de production, et pour ce qui concerne les pays riches en commodités, transformer ces richesses physiques en richesse financière. En Mars 2015, les actifs cumulés des fonds souverains étaient estimés à $7.168 Milliards selon le Sovereign Wealth Funds Institute (SWFI). Consécutivement à la chute des cours du pétrole, le Royaume d’Arabie Saoudite lance un nouveau fonds souverain qui devrait peser selon les estimations un peu plus de $2.000 Milliards.
Une histoire déjà ancienne
Le premier fonds souverain reconnu comme tel date de 1954, c’est le Kuwait Investment Authority, qui à cette date contrôle plus de $550 Milliards d’actifs. Les fonds souverains, de par leur stratégie d’investissement à long terme, variant entre 10 et 30 ans, apparaissent comme des investisseurs idéaux, aussi bien par les pays membres de l’OCDE que par les pays dits émergents, surtout dans ce contexte actuel de morosité économique. Ainsi, depuis le début des années 2000, les fonds souverains des pays du Golfe notamment se sont lancés dans des acquisitions tous azimuts en Europe, et ont notamment contribué à la relance de l’économie mondiale après la crise de 2008 en injectant collectivement plus de $100 Milliards dans des banques privées telles que Citigroup, Barclays, Morgan Stanley, Credit Suisse, et Merrill Lynch. Le Qatar Investment Authority avec ses $250 Milliards d’actifs, est devenu l’un des plus grands propriétaires immobiliers des villes de Londres et Paris, et qui est surtout connu pour être le propriétaire du club de football du Paris Saint Germain, et actionnaire de prestigieuses compagnies telles que Harrods, Crédit Suisse, Miramax Films et Volkswagen.
L’Abu Dhabi Investment Authority (Adia), fondée en 1976 et dirigée depuis 2010 par le demi-frère du souverain d’Abu Dhabi n’est pas en reste. Il s’est créé une réputation d’investisseur sophistiqué, opérant indépendamment du gouvernement, et s’est construit un portefeuille estimé à $750 Milliards. Il s’est notamment fait remarquer pour ses offres agressives pour le rachat d’hôtels de renom tels que le Maybourne Hotel Group.
La méfiance de certains gouvernements
Quoique bénéfiques en termes d’impact économique, les fonds souverains continuent à susciter du scepticisme dans bon nombre de gouvernements. Les Etats-Unis ont fait la démonstration de cette prudence en 2005 à propos de la transaction concernant l’acquisition d’Unocal, compagnie d’exploration pétrolière Américaine par la China National Offshore Oil Corporation (CNOOC) . Au début de l’année 2006. Dubaï Ports World (DPW), la compagnie appartenant au fonds Souverain de l’Emirat de Dubaï, saisit le Comité des Investissements Internationaux Américain (CFIUS) afin de valider son intention d’acquisition de la firme britannique P&O. Cette transaction impliquait l’acquisition de facto de plusieurs ports nord-américains par DPW. Le CFIUS approuva la transaction et reçut aussi l’aval de Georges W. Bush, le Président en titre. La réaction hostile de l’opinion publique américaine obligea la Maison Blanche à faire machine arrière au nom du sacrosaint principe de sécurité nationale déjà mis en exergue lors de l’affaire chinoise. En dépit de leur impact économique notable, les Fonds souverains suscitent dix ans plus tard toujours de la méfiance au sein des classes dirigeantes, tant leur influence comme instrument de pénétration des économies nationales demeure une menace crédible.
L’état des lieux en 2016
Un rapport du Sénat réalisé à partir d’une table ronde animée par Jean Arthuis établit un bilan d’étape sur la question des fonds souverains. Nous publions un extrait des propos qu’a tenus Maître Laura Restelli-Brizard, avocat associé au sein du cabinet Squadra Associés lors de ce débat :
« Devons-nous les craindre ? Ils me semblent que les risques industriels causés par leur introduction dans nos économies ne sont pas négligeables. Même si certains pays comme la France se sont dotés d'une législation prévoyant des barrières aux investissements dans certains secteurs phares et d'une loi anti OPA puissante, leur force de frappe est imposante et pourrait avoir un impact négatif sur l'économie occidentale à long terme. De plus, l'absence de réciprocité marquée par le manque d'ouverture de l'économie chinoise aux entreprises étrangères pose problème ».
La création du fonds souverain de l'Inde ne peut pas être dissociée du caractère agressif et protectionniste de la politique industrielle et commerciale de ce pays. Il s’inscrit dans la dynamique de puissance indienne. Il en est de même pour la Russie qui s’appuie sur deux fonds : le Stabilization Fund of the Russian Federation et le Future Generations Fund of the Russian Federation. Ces derniers visent en priorité les entreprises évoluant dans les secteurs des matières premières, services spatiaux et des technologies de l'information. Alors que l’Allemagne développe aussi dans ce domaine ses relations privilégiées avec la Russie (en les préservant des sanctions dues au dossier ukrainien) notamment à travers plusieurs projets avec E.ON, la Grande-Bretagne a empêché Gazprom de rentrer dans le capital du distributeur de gaz Centrica.
Une histoire déjà ancienne
Le premier fonds souverain reconnu comme tel date de 1954, c’est le Kuwait Investment Authority, qui à cette date contrôle plus de $550 Milliards d’actifs. Les fonds souverains, de par leur stratégie d’investissement à long terme, variant entre 10 et 30 ans, apparaissent comme des investisseurs idéaux, aussi bien par les pays membres de l’OCDE que par les pays dits émergents, surtout dans ce contexte actuel de morosité économique. Ainsi, depuis le début des années 2000, les fonds souverains des pays du Golfe notamment se sont lancés dans des acquisitions tous azimuts en Europe, et ont notamment contribué à la relance de l’économie mondiale après la crise de 2008 en injectant collectivement plus de $100 Milliards dans des banques privées telles que Citigroup, Barclays, Morgan Stanley, Credit Suisse, et Merrill Lynch. Le Qatar Investment Authority avec ses $250 Milliards d’actifs, est devenu l’un des plus grands propriétaires immobiliers des villes de Londres et Paris, et qui est surtout connu pour être le propriétaire du club de football du Paris Saint Germain, et actionnaire de prestigieuses compagnies telles que Harrods, Crédit Suisse, Miramax Films et Volkswagen.
L’Abu Dhabi Investment Authority (Adia), fondée en 1976 et dirigée depuis 2010 par le demi-frère du souverain d’Abu Dhabi n’est pas en reste. Il s’est créé une réputation d’investisseur sophistiqué, opérant indépendamment du gouvernement, et s’est construit un portefeuille estimé à $750 Milliards. Il s’est notamment fait remarquer pour ses offres agressives pour le rachat d’hôtels de renom tels que le Maybourne Hotel Group.
La méfiance de certains gouvernements
Quoique bénéfiques en termes d’impact économique, les fonds souverains continuent à susciter du scepticisme dans bon nombre de gouvernements. Les Etats-Unis ont fait la démonstration de cette prudence en 2005 à propos de la transaction concernant l’acquisition d’Unocal, compagnie d’exploration pétrolière Américaine par la China National Offshore Oil Corporation (CNOOC) . Au début de l’année 2006. Dubaï Ports World (DPW), la compagnie appartenant au fonds Souverain de l’Emirat de Dubaï, saisit le Comité des Investissements Internationaux Américain (CFIUS) afin de valider son intention d’acquisition de la firme britannique P&O. Cette transaction impliquait l’acquisition de facto de plusieurs ports nord-américains par DPW. Le CFIUS approuva la transaction et reçut aussi l’aval de Georges W. Bush, le Président en titre. La réaction hostile de l’opinion publique américaine obligea la Maison Blanche à faire machine arrière au nom du sacrosaint principe de sécurité nationale déjà mis en exergue lors de l’affaire chinoise. En dépit de leur impact économique notable, les Fonds souverains suscitent dix ans plus tard toujours de la méfiance au sein des classes dirigeantes, tant leur influence comme instrument de pénétration des économies nationales demeure une menace crédible.
L’état des lieux en 2016
Un rapport du Sénat réalisé à partir d’une table ronde animée par Jean Arthuis établit un bilan d’étape sur la question des fonds souverains. Nous publions un extrait des propos qu’a tenus Maître Laura Restelli-Brizard, avocat associé au sein du cabinet Squadra Associés lors de ce débat :
« Devons-nous les craindre ? Ils me semblent que les risques industriels causés par leur introduction dans nos économies ne sont pas négligeables. Même si certains pays comme la France se sont dotés d'une législation prévoyant des barrières aux investissements dans certains secteurs phares et d'une loi anti OPA puissante, leur force de frappe est imposante et pourrait avoir un impact négatif sur l'économie occidentale à long terme. De plus, l'absence de réciprocité marquée par le manque d'ouverture de l'économie chinoise aux entreprises étrangères pose problème ».
La création du fonds souverain de l'Inde ne peut pas être dissociée du caractère agressif et protectionniste de la politique industrielle et commerciale de ce pays. Il s’inscrit dans la dynamique de puissance indienne. Il en est de même pour la Russie qui s’appuie sur deux fonds : le Stabilization Fund of the Russian Federation et le Future Generations Fund of the Russian Federation. Ces derniers visent en priorité les entreprises évoluant dans les secteurs des matières premières, services spatiaux et des technologies de l'information. Alors que l’Allemagne développe aussi dans ce domaine ses relations privilégiées avec la Russie (en les préservant des sanctions dues au dossier ukrainien) notamment à travers plusieurs projets avec E.ON, la Grande-Bretagne a empêché Gazprom de rentrer dans le capital du distributeur de gaz Centrica.