Alors que la sécurité est le maître-mot à bord des avions de ligne, une pratique appelée « Pay to fly » (payer pour voler) s’est développée. Elle permet à des compagnies aériennes de faire payer des sommes conséquentes à de jeunes pilotes pour obtenir leurs 500 heures de vol minimales. A leur sortie de l’école de pilotage, les étudiants ont accumulé environ 200 heures de vol. Sont-ils qualifiés pour effectuer ce type de vol ? Est-ce une nouvelle forme de revenus pour ces compagnies ?
62 500 € pour obtenir le droit de voler
« Ce sont des heures où vous effectuez votre travail de copilote avec des passagers. Vous n’êtes pas nécessairement rémunéré mais, par contre, vous payez. Ce sont des offres payantes, je ne sais pas si on peut appeler ça des offres d’emploi. Payer entre 20 et 80 000 € pour travailler... Quand je vois ça, je me dis que quelque chose ne va pas bien dans l’industrie de l’aviation. » Julien Fournier, 28 ans et diplômé d’une école privée d’aviation, est amer. Depuis cinq ans, il est à la recherche d’un poste de copilote mais les offres d’emploi sont soit destinées aux pilotes ayant déjà acquis leurs 500 heures de vol, soit liées au système « Pay to fly ». Il s’est confié à l’émission Pièces à conviction diffusée le 23 mars dernier sur France 3.
La Royal Air Maroc est citée
Le « Pay to fly » est un business model né dans l’aviation américaine il y a plus de dix ans. Il consiste à imposer à de jeunes pilotes la réalisation de leurs 500 heures de vol minimales dans des conditions strictes pour obtenir le droit d’exercer leur métier : pas de salaire et le paiement de leur formation pour transporter les passagers de vols commerciaux. Dans le reportage diffusé, une employée d’une école privée de pilotage basée en Lituanie indique que cette formation coûte jusqu’à 62 500 € pour voler avec la Royal Air Maroc par exemple. Le « Pay to fly » semble être accepté dans plusieurs pays : Maroc donc, mais aussi Tunisie, Vietnam, Grèce, Pologne… En France, il est interdit car assimilé à du travail dissimulé.
Le 28 mars, la compagnie aérienne marocaine s’est défendue en publiant un communiqué sur son site internet : « Les propos, de la responsable d'un cabinet lituanien, cités dans le reportage et selon lesquels la compagnie nationale recourt à la formation des pilotes estrangers sans ‘ exiger des évaluations préalables ’ des candidats, sont mensongers. D’autant plus, que Royal Air Maroc n'a jamais collaboré avec ledit cabinet. Aussi, et en regrettant que les réalisateurs du reportage se soient appuyés sur un faux témoignage pour avancer des conclusions erronées, la compagnie a saisi les autorités judiciaires compétentes eu regard au préjudice subi. »
Un business juteux
L’enquête de Pièces à conviction révèle un business juteux : formation, prêt financier et placement des pilotes. Ces activités représentent toute une filière pour maximiser les profits. Ainsi, le groupe Avia Solution détient les sociétés suivantes :
- Baltic aviation academy : une école privée de pilotage.
- Pilot management services : une agence d’offres de prêts pour accéder à la formation de pilote.
- Aviationcv.com : une agence d’intérim pour pilotes.
L’affaire semble bien rôdée, mais assure-t-elle la sécurité des passagers des vols commerciaux ? La réponse est catégorique : « Non », répond le syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) dans le reportage. A propos d’un accident survenu à Lyon en 2013, le bureau d’enquêtes et d’analyses pour sécurité de l’aviation civile (BEA) a pointé du doigt les « connaissances lacunaires » et la « très faible expérience » du copilote recruté par la compagnie grecque Hermès. Malgré les accusations, celle-ci a nié avoir eu recours au « Pay to fly ». Si la pratique est légale dans certains pays, elle n’est pas pour autant avouable…
Aujourd’hui, nombreux sont les jeunes pilotes confrontés à cette impasse et ils n’ont guère le choix. L’émission Complément d’enquête du 26 mars 2014 consacrée à l’aviation civile et diffusée sur France 2 indiquait : « Les compagnies n’embauchent plus. Air France, par exemple, n’a recruté aucun pilote depuis 2009 et ne prévoit pas de le faire avant 2017. Résultat : 80% des jeunes diplômés de l’École nationale de l'aviation civile (ENAC) ne sont pas pilotes de ligne. »
62 500 € pour obtenir le droit de voler
« Ce sont des heures où vous effectuez votre travail de copilote avec des passagers. Vous n’êtes pas nécessairement rémunéré mais, par contre, vous payez. Ce sont des offres payantes, je ne sais pas si on peut appeler ça des offres d’emploi. Payer entre 20 et 80 000 € pour travailler... Quand je vois ça, je me dis que quelque chose ne va pas bien dans l’industrie de l’aviation. » Julien Fournier, 28 ans et diplômé d’une école privée d’aviation, est amer. Depuis cinq ans, il est à la recherche d’un poste de copilote mais les offres d’emploi sont soit destinées aux pilotes ayant déjà acquis leurs 500 heures de vol, soit liées au système « Pay to fly ». Il s’est confié à l’émission Pièces à conviction diffusée le 23 mars dernier sur France 3.
La Royal Air Maroc est citée
Le « Pay to fly » est un business model né dans l’aviation américaine il y a plus de dix ans. Il consiste à imposer à de jeunes pilotes la réalisation de leurs 500 heures de vol minimales dans des conditions strictes pour obtenir le droit d’exercer leur métier : pas de salaire et le paiement de leur formation pour transporter les passagers de vols commerciaux. Dans le reportage diffusé, une employée d’une école privée de pilotage basée en Lituanie indique que cette formation coûte jusqu’à 62 500 € pour voler avec la Royal Air Maroc par exemple. Le « Pay to fly » semble être accepté dans plusieurs pays : Maroc donc, mais aussi Tunisie, Vietnam, Grèce, Pologne… En France, il est interdit car assimilé à du travail dissimulé.
Le 28 mars, la compagnie aérienne marocaine s’est défendue en publiant un communiqué sur son site internet : « Les propos, de la responsable d'un cabinet lituanien, cités dans le reportage et selon lesquels la compagnie nationale recourt à la formation des pilotes estrangers sans ‘ exiger des évaluations préalables ’ des candidats, sont mensongers. D’autant plus, que Royal Air Maroc n'a jamais collaboré avec ledit cabinet. Aussi, et en regrettant que les réalisateurs du reportage se soient appuyés sur un faux témoignage pour avancer des conclusions erronées, la compagnie a saisi les autorités judiciaires compétentes eu regard au préjudice subi. »
Un business juteux
L’enquête de Pièces à conviction révèle un business juteux : formation, prêt financier et placement des pilotes. Ces activités représentent toute une filière pour maximiser les profits. Ainsi, le groupe Avia Solution détient les sociétés suivantes :
- Baltic aviation academy : une école privée de pilotage.
- Pilot management services : une agence d’offres de prêts pour accéder à la formation de pilote.
- Aviationcv.com : une agence d’intérim pour pilotes.
L’affaire semble bien rôdée, mais assure-t-elle la sécurité des passagers des vols commerciaux ? La réponse est catégorique : « Non », répond le syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) dans le reportage. A propos d’un accident survenu à Lyon en 2013, le bureau d’enquêtes et d’analyses pour sécurité de l’aviation civile (BEA) a pointé du doigt les « connaissances lacunaires » et la « très faible expérience » du copilote recruté par la compagnie grecque Hermès. Malgré les accusations, celle-ci a nié avoir eu recours au « Pay to fly ». Si la pratique est légale dans certains pays, elle n’est pas pour autant avouable…
Aujourd’hui, nombreux sont les jeunes pilotes confrontés à cette impasse et ils n’ont guère le choix. L’émission Complément d’enquête du 26 mars 2014 consacrée à l’aviation civile et diffusée sur France 2 indiquait : « Les compagnies n’embauchent plus. Air France, par exemple, n’a recruté aucun pilote depuis 2009 et ne prévoit pas de le faire avant 2017. Résultat : 80% des jeunes diplômés de l’École nationale de l'aviation civile (ENAC) ne sont pas pilotes de ligne. »