Est-ce la fin de la récréation ? Donald Trump ne fait pas rire une frange du parti républicain. Depuis le verdict du « Super Tuesday » début mars, ils ont le doigt sur la gâchette pour tuer les ambitions présidentielles du trublion milliardaire. Pourquoi ? Les pontes du parti craignent la déroute s’il se présente à l’élection du 8 novembre. Pour contrarier son dessein, certains groupes agissent en coulisse.
Des spots anti-Trump inondent la télé et le web
« Donald Trump est un charlatan, un imposteur (…) Il prend les Américains pour des pigeons », a lancé Mitt Romney, candidat à l’investiture républicaine. Dans l’ombre, la guerre informationnelle fait rage. Katie Packer, responsable de l’équipe de campagne de Romney en 2012, lance des attaques contre Trump via le web. Elle est à la tête du comité d’action politique (political action committee ou PAC) Our Principles. Il a été fondé en janvier 2016. Il édite le site Trumpquestions qui publie des interventions du magnat américain dans les médias pour mettre en exergue ses contradictions et approximations.
Les vidéos publiées sur ce site proviennent de la chaîne YouTube « Our principles PAC ». Lancée le 20 janvier dernier, elle compte 46 vidéos qui ont généré près de 7 millions de vues au total. On y trouve des extraits de débats télévisés mais aussi de véritables spots anti-Trump avec des comédiennes qui reprennent des propos dégradants que le candidat a déjà tenu envers la gent féminine. Ce n’est pas tout, ce comité a prévu de diffuser un spot télévisé sur CNN et Fox News, intitulé « Scam » (arnaque), pour rappeler le scandale de l’Université Trump. En 2013, la juste new-yorkaise a engagé des poursuites contre l’homme d’affaires et lui a réclamé 40 millions de dollars pour avoir « trompé » les élèves.
La courbe des investissements de ces comités suit celle des victoires de Trump...
Un autre PAC, l’« American future fund », présente aussi sur son site des témoignages de personnes qui affirment avoir été flouées par l’Université Trump. Donald Trump dément toute escroquerie. Il a exigé le retrait de ces films et a contre-attaqué en publiant des questionnaires de satisfaction remplis favorablement par deux des plaignants, Bob Guilo et Kevin Scott. Ils sont accessibles sur son site de campagne et un blog dédié à sa défense dans cette affaire. On peut y lire : « 98% des étudiants de l’Université Trump ont évalué le programme comme ‘‘excellent’’, alors que seulement 4% des électeurs inscrits dans l’Etat de New-York ont noté la performance du procureur général de l’Etat de New York, Eric Schneiderman comme ‘‘excellente’’ ». Ce chiffre de 4% correspond sans doute au pourcentage des électeurs inscrits, mais peut-être pas à celui des votants qui est logiquement plus élevé…
Une infographie réalisée par Le Monde et publiée le 16 mars affiche une corrélation manifeste entre les victoires accumulées par Trump et la croissance des investissements des PAC dans la campagne électorale. Coïncidence ? En tout cas, les sites de ces comités affichent bien la mention « Non autorisé par un candidat ou un comité de candidat. » La guerre informationnelle se poursuit pour écarter Donald Trump. En cas d’échec, il restera aux caciques républicains une toute dernière arme : une convention d’investiture ouverte du 18 au 21 juillet pour choisir un autre candidat.