L’Europe ne doit pas devenir une colonie économique des Etats-Unis ou de la Chine

Le salon de l’agriculture vient de se terminer. Les problèmes perdurent. Des étudiants de l’Ecole de guerre Economique ont décidé de créer un site www.ue-idee.org pour élargir le débat sur la question de l’autonomie de la prise de décision de l’Union Européenne dans les grands enjeux économiques en ciblant pour commencer trois grandes problématiques : agriculture, énergie, big data. L’équipe de Knowckers.org reproduit ci-dessous le texte qui lance le débat sur l’agriculture afin de souligner la dimension vitale de ce secteur ‘activités en termes de marché, de défense du mode de vie et de gestion dynamique du territoire :
« La crise des éleveurs n’est que la face émergée de l’iceberg. Si une partie du monde agricole joue aujourd’hui son avenir sur la question des prix, c’est l’ensemble de la population qui connaîtra demain une remise en cause de son mode de vie.
Le monde envie l’alimentation et l’art de vivre qui sont les nôtres. Mais ce qui est considéré comme un acquis après 70 ans de paix et de prospérité est actuellement menacé par une vision purement économique de l’agriculture, qu’elle soit nationale ou européenne.
Un affrontement existe sur le marché mondial. Le Brésil revendique le statut de ferme du monde. La Chine sécurise ses approvisionnements alimentaires. Les Etats-Unis considèrent l’agriculture comme un secteur stratégique. Et nous ?
L’Union européenne reste le premier exportateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires mais si la tendance actuelle perdure, notre production reculera. Alors que la population mondiale ne cesse de croître.
Actuellement, l’Union européenne ne peut pas se mettre en ordre de bataille. Son commissaire européen à l’agriculture et au développement rural ne semble pas envisager l’agriculture comme un enjeu vital pour la satisfaction de nos besoins alimentaires et la préservation de nos territoires. Une telle étroitesse de vue nous met notamment en mauvaise posture dans les négociations sur le Traité transatlantique.
Nous nous affaiblissons par absence de stratégie. Cela a déjà coûté très cher dans le passé. Rappelons-nous comment l’Europe s’est désunie à propos de la question du gaz russe. Rappelons-nous aussi comment l’Europe n’a pas su construire les bases d’une économie numérique. Rappelons-nous qu’aujourd’hui nous dépendons du bon vouloir de firmes américaines pour utiliser Internet.
Il est temps de stopper cette spirale infernale, initiée artificiellement. Elle résulte seulement d’une vision trop candide des relations commerciales, en niant leurs implications stratégiques. Et menace le projet politique européen.
L’accès à la nourriture, à l’eau, à la nature dépend de la manière dont la France va se donner les moyens de développer son agriculture. Ce combat n’est pas seulement celui des agriculteurs, cela doit également devenir celui de la population. La qualité de notre vie et le devenir de nos territoires dépendent du niveau de cette prise de conscience collective.
La bataille a lieu en France mais aussi à Bruxelles ».